La Commission européenne veut rendre la PAC plus écologique

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johanono
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Message non lu par johanono » 20 nov. 2010, 00:32:00

L'Europe va verdir sa politique agricole

Le « verdissement » des aides directes est, sans surprise, la mesure phare du projet de réforme de la politique agricole commune adopté par la Commission de Bruxelles. Des propositions détaillées sont attendues en juillet prochain. Avec un risque : que le budget ne soit pas à la hauteur.

À la place de l'aide directe actuelle, l'agriculteur aura le choix, soit de la « rentabilité économique », et ne recevra alors qu'un paiement de base, soit du développement durable, et bénéficiera de ce fait d'un paiement supplémentaire : tel est, décrit par Dacian Ciolos, l'élément le plus novateur du document général sur l'avenir de la Pac, présenté, hier, par la Commission européenne. Cette option du « verdissement » des aides pour l'après-2013 a été immédiatement critiquée par les organisations professionnelles et coopératives de l'Union européenne, qui voient là une atteinte de plus, sans véritable compensation, à la compétitivité des exploitations.

Un souci d'équité

Le commissaire à l'agriculture parle, lui, d'un « vrai choix de société ». Il préconise aussi une répartition plus équitable des soutiens, au profit des nouveaux États membres, avec l'abandon des références historiques. Car, pour lui, il faut en finir avec « l'Europe agricole à deux vitesses ». Le paiement direct moyen atteint, en effet, 271 €/ha dans l'Union européenne, mais varie de quelque 460 € aux Pays-Bas à 95 € en Lettonie, en passant par 300 € pour la France.

« Même en France », premier bénéficiaire de la Pac aujourd'hui, « j'espère qu'il y aura des agriculteurs qui vont gagner à la faveur de la réforme, car il y a des ajustements à faire entre différents secteurs, entre différentes régions », souligne Dacian Ciolos.

Pour le reste, la Commission propose d'améliorer les mesures de gestion de marché, dont le rôle resterait celui d'un « filet de sécurité ». Elle suggère aussi d'intégrer la gestion des risques ¯ assurances, fonds mutuels ¯ dans la politique de développement rural et compte aborder la question du rééquilibrage des pouvoirs au sein de la chaîne alimentaire dans des propositions pour le secteur laitier qui seront présentées en décembre et serviront de test. Ces orientations pour la prochaine réforme de la Pac seront détaillées dans des textes législatifs qui seront soumis aux Vingt-Sept et au Parlement européen en juillet prochain.

Mais une inconnue de taille hypothèque d'ores et déjà la négociation : l'ampleur du budget agricole européen après 2013. Mardi, les pourparlers entre les gouvernements et les eurodéputés sur le budget communautaire 2011 ont échoué. Cet épisode en dit long sur l'état d'esprit qui animera les dirigeants de certains pays lorsqu'ils devront fixer le futur cadre financier de l'Union et donc l'enveloppe réservée à l'agriculture.


Finalement, le plus grand risque pour la Pac, ce n'est pas tel ou tel projet de réforme, mais l'absence de plus en plus évidente d'ambition européenne.


http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet ... 4_actu.Htm


Le souci de conditionner les aides à des critères écologiques est plutôt louable. Toutefois, il ne faut pas oublier que les agriculteurs sont avant tout des professions indépendantes, et qu'ils veulent d'abord vivre de leur production. Et pour cela, le plus important, ce sont les prix rémunérateurs : les cours doivent être suffisamment élevés pour leur permettre de vivre de leur production. Dans ce cas, les aides publiques ne sont plus nécessaires. En revanche, avec une politique écologique, le risque est de transformer les agriculteurs en espèces de fonctionnaires que l'on subventionne pour leur rôle écologique, en oubliant que ce sont d'abord des producteurs qui dans l'idéal doivent vivre de leur production. 

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Nombrilist
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Message non lu par Nombrilist » 20 nov. 2010, 00:36:00

Perso, ça ne me dérange pas de "fonctionnariser" nos agriculteurs. Le productivisme pur en agriculture nous a déjà envoyé dans le mur par le passé. D'où la PAC qui permet de réguler les choses et en plus d'orienter les productions en fonction des besoins globaux de la société.

Et je ne sais pas d'où tu sors qu'un agriculteur veut vivre de sa production. Un agriculteur ne crache pas sur les subventions. Donc, ce qui l'intéresse (et encore heureux), c'est de toucher des ronds.

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johanono
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Message non lu par johanono » 20 nov. 2010, 00:54:00

Oui, le productivisme pur nous a envoyé dans le mur, nous sommes bien d'accord. Mais on peut très bien refuser à la fois la "fonctionnarisation" des agriculteurs et le productivisme. La façon dont les agriculteurs sont rémunérés dépend de la structure du marché. Pour offrir des prix rémunérateurs aux agriculteurs, il faut des marchés régulés et une forme de protectionnisme, mais ce n'est pas du tout inconciliable avec des modes de production plus respectueux de l'environnement. 

Ensuite, il ne faut pas oublier que les agriculteurs sont des professions indépendantes. Les subventions sont un pis-aller qui leur permet de vivre à défaut d'avoir des prix rémunérateurs. Mais dans l'idéal, une majorité d'entre eux souhaite des prix rémunérateurs. Lisons, par exemple, les propositions de la Coordination rurale. Certes, la Coordination rurale n'est pas le syndicat majoritaire dans la profession agricole, mais ces propositions semblent refléter un état d'esprit assez communément partagé.

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 20 nov. 2010, 10:36:00

Tant que la spéculation sur les matières premières sera permise il sera très difficile d'assurer un revenu aux agriculteurs.
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Message non lu par Golgoth » 21 nov. 2010, 08:38:00

Le problème est que nous nous mettons en concurrence avec des pays où les normes sociales et environnementales ne sont pas les même. En agriculture c'est particulièrement vrai.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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johanono
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Message non lu par johanono » 21 nov. 2010, 10:13:00

Tout à fait, et c'est cette concurrence qui est génératrice d'instabilité et qui fait chuter les cours. Concrètement, nos producteurs sont obligés de s'aligner sur les prix proposés par d'autres concurrents étrangers, et s'ils ne le font pas, leurs clients (la grande distribution) vont voir ailleurs. Au final, les cours chutent, et ils n'arrivent plus à vivre de leur production. Mais l'Europe est riche et a de l'argent à dépenser, donc elle compense cette chute des cours par des subventions, sauf que ça ne suffit pas. En résumé, dans l'espoir de quelques marchés (le mythe du "pétrole vert" de la France), on est en train d'organiser la ruine de toute notre filière agricole.

papibilo

Message non lu par papibilo » 22 nov. 2010, 09:58:00

El Fredo a écrit :Tant que la spéculation sur les matières premières sera permise il sera très difficile d'assurer un revenu aux agriculteurs.
Tout à fait. Je pense que c'est l'un des sujets dont le G20 doit s'emparer au plus tôt, sinon on court à la catastrophe humanitaire. On a  vu, il y a deux ans que le nombre de personnes qui souffraient de la faim avait grossi d'un coup de plusieurs centaines de millions. Tout cela parce que les prix augmentent et ça affame des populations et quand ils diminuent  ça affame les agriculteurs.
Enfin, la réforme de la PAC devra prendre en compte la taille des exploitations afin de subventionner de manière dégressive. On se rappelle que parmi les plus gros subventionnés on trouve la reine d'Angleterre et le prince de Monaco. On se doute que ces gens là ont besoin de la PAC pour vivre.
En tous cas, l'UE devrait aborder l'idée d'un prix minimum en deçà duquel les agriculteurs sont supposés ne pouvoir survivre. Et l'on a besoin d'eux.

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