Les SCOP, alternative à la financiarisation de l'économie

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johanono
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Message non lu par johanono » 23 nov. 2010, 20:45:00

Dans les Scop, « les salariés ont tendance à se sentir plus impliqués »

Les sociétés coopératives et participatives (Scop) sont des entreprises un peu particulières: les salariés détiennent la majorité du capital, et ça change pas mal de choses...

Imaginez une entreprise où les salariés détiennent la majorité du capital, votent pour choisir leur patron et se partagent les bénéfices. Peu connu, et pourtant ancien, le statut des Scop - pour «sociétés coopératives et participatives» - a plutôt bien survécu à la crise économique. A l'occasion du mois de l'économie sociale et solidaire, focus sur ces entreprises pas tout à fait comme les autres.

On compte aujourd'hui en France quelque 2000 entreprises Scop, employant 40.000 personnes, dans des secteurs d'activités très différents. Développé au XIXe siècle dans l'industrie, l'imprimerie et le bâtiment (qui représente encore 20% des Scop), le statut de Scop s'est fait une nouvelle jeunesse ces quinze dernières années avec les services à la personne (nettoyage, jardinage...) ou des projets originaux, parfois à dimension sociale.

Le modèle des Scop repose sur trois principes démocratiques: une partie des salariés possèdent au moins 51% du capital. Sociétaires de leur boîte, ils élisent le patron en assemblée générale, où se votent aussi les comptes et se discutent les orientations stratégiques. Quelle que soit la somme investie dans le capital, ils possèdent une voix. Quant à la répartition des bénéfices, au moins un quart des bénéfices annuels est reversé aux salariés, qu'ils soient sociétaires ou non.
«On n'est pas chez les Bisounours»

Pour autant, «on n'est pas chez les Bisounours! lance Pascal Trideau, le directeur de la Confédération générale des Scop. Nous avons la même exigence d'efficacité que les entreprises classiques».

«C'est leur entreprise, leur fric. Les salariés ont donc tendance à se sentir plus impliqués, plus motivés. C'est un atout économique réel, quand on voit par exemple les dégâts que peuvent engendrer les changements d'actionnaires», explique Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives économiques, l'une des seules entreprises de presse à avoir conservé le statut de Scop.

Du coup, font valoir les promoteurs des Scop, les salariés se sentent bien dans leur entreprise. La preuve: l'ancienneté y est importante, et les arrêts maladie plus rares que dans une boîte classique.

Autre avantage: «Le fait d'avoir une AG où un homme égale une voix, cela suppose la possibilité d'un désaccord. Même si ça se produit très rarement, l'impact est très net sur le comportement du patron, sur sa manière de s'adresser aux gens», poursuit Guillaume Duval. «Le management est forcément plus participatif», ajoute Sylvie Nourry, de l'Union régionale des Scop Ile-de-France. «Le dirigeant ne peut pas décider tout seul dans son bureau. Il doit avoir envie de partager ses idées, sa stratégie», complète Pascal Trideau, avant de préciser: «On ne se réunit pas non plus tous les jours pour décider de tout.»
«La principale limite, c'est la complexité du business»

Plus la taille de l'entreprise grandit, plus le fonctionnement démocratique se complexifie. La moitié des Scop compte plus de dix salariés, mais 9% dépassent les 50 employés. «A deux, vous discutez le vendredi. A 50, vous faites des réunions par petits groupes. Et dans des entreprises comme Chèque déjeuner [1 800 salariés en 2009, ndlr], la démocratie se structure: les membres du conseil d'administration vont en faire le compte-rendu. Les informations sont communiquées, et à l'inverse sont aussi remontées du terrain vers les dirigeants», explique Sylvie Nourry.

«La principale limite, c'est la complexité du business, analyse Guillaume Duval. Chez nous, par exemple, la politique tarifaire concernant les abonnements est très complexe, il faut vraiment être dedans pour comprendre et intervenir. Certains salariés peuvent rester en chemin....Pour compenser, on fait un travail très régulier d'information».


Charles-Henri Montaut, PDG d'UTB, une grosse Scop du bâtiment en région parisienne, pointe une autre difficulté: «Du fait du partage des bénéfices avec les salariés-sociétaires, fatalement le chef d'entreprise récupère moins d'argent à la fin de l'année que dans une entreprise classique... Pas évident d'attirer des patrons, il faut une forme de vocation», conclut-il.


http://www.liberation.fr/economie/01012 ... -impliques


Le SCOP ne sont probablement pas une solution miracle, mais un bon moyen de lutter contre l'influence des marchés financiers sur nos entreprises. Et tout instrument de lutte contre la financiarisation de l'économie est bon à prendre... 

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 23 nov. 2010, 20:54:00

Le SCOP ne sont probablement pas une solution miracle, mais un bon moyen de lutter contre l'influence des marchés financiers sur nos entreprises. Et tout instrument de lutte contre la financiarisation de l'économie est bon à prendre... 

Oui,en effet c'est très bien.

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 23 nov. 2010, 21:00:00

+1.
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mps
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Message non lu par mps » 24 nov. 2010, 07:57:00

La clé de la réussite, c'est que les salariés sont des capitalistes.

Ils ont donc une vue plus saine que ceux qui marinent dans leur "lutte des classes" à la petite semaine.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Message non lu par lancelot » 24 nov. 2010, 08:37:00

Ce n'est pas le cas. L'actionnariat (obligatoire) dans une scop n'est justement pas un placement capitaliste :

http://www.scop.coop/societe-cooperativ ... uction.htm

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Message non lu par mps » 24 nov. 2010, 12:33:00

Si, dans la mesure où ils  travaillent à leur compte.
Cela les motive, les pousse au rendement à la qualité des prestations, aux économies.

Beaucoup de capitalistes ne visent nullement la revente de leurs biens.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

lancelot
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Message non lu par lancelot » 24 nov. 2010, 13:08:00

Non, ils visent à la rémunération de leur capital, ici l'axe c'est :

- Les réserves consolident les fonds propres et constituent un patrimoine commun. Elles visent à garantir l'indépendance et la pérennité de la Scop au profit des générations futures. Elles ne peuvent en conséquence être partagées entre les associés (c'est pourquoi elles sont appelées réserves impartageables). Au cas où il décide de ne pas rester associé dans la Scop, un coopérateur ne peut prétendre à valoriser ses parts par prélèvement sur ces réserves. La Scop lui rembourse ses parts sociales au nominal, ou au plus réajusté de l'indice des prix.

- Chaque associé salarié de la coopérative dispose d'une voix pour voter lors des assemblées. Ensemble, les coopérateurs ont toujours la majorité. Les associés extérieurs peuvent détenir (ensemble) jusqu'à 35% des droits de vote, voire jusqu'à 49% si l'associé extérieur est une société coopérative. Cette disposition vise à élargir les possibilités de partenariat avec d'autres entreprises.

- Un poids égal pour chaque associé : les votes en Assemblée se font sur la base du principe " une personne, une voix ", indépendamment du montant du capital détenu.


On est très loin de la définition du capitalisme ....

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Message non lu par El Fredo » 24 nov. 2010, 14:39:00

Les SCOP sont à l'opposé du capitalisme. Le principe du capitalisme est de séparer les actionnaires d'une part et les travailleurs d'autre part, les premiers tirant bénéfice (par les dividendes) du travail des seconds, dividendes venant se soustraire à la richesse de l'entreprise. Les SCOP sont une forme de propriété collective par les travailleurs sur l'entreprise, dont la richesse fruit de leur travail reste dans l'entreprise et n'est pas captée par un acteur extérieur. Même si la frontière apparaît moins claire dans le cas d'actionnaires-travailleurs, ce sont deux systèmes fondamentalement différents (notamment par le fait qu'un travailleur quittant son entreprise capitaliste conserve ses actions, tandis que les parts d'une SCOP ne peuvent quitter l'entreprise).

Le Canard Enchaîné est une SCOP depuis sa création, et c'est l'un des rares organes de presse à avoir des finances saines.
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Message non lu par johanono » 24 nov. 2010, 23:23:00

D'un certain côté, on peut quand même dire que les salariés d'une SCOP sont des capitalistes, en ce sens qu'ils sont propriétaires du capital de leur entreprise. Mais bon, à la limite, peu importe, c'est un débat assez accessoire. 


Sinon, pour le Canard enchaîné, je ne savais pas, en revanche, le journal Alternatives économiques est également une SCOP. 

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Message non lu par racaille » 24 nov. 2010, 23:26:00

Des travailleurs qui sont propriétaires collectifs de leur outil de production, c'est carrément une partie de la définition du communisme.

http://www.google.fr/#hl=fr&expIds=1725 ... 8,27744&xh…
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Message non lu par lancelot » 24 nov. 2010, 23:34:00

ben oui ... quand même ....

Nos amis capitalistes de droite (pléonasme ?) ,ne savent décidément plus ou se situer. Si ça continue ils vont voter massivement pour mélanchon ... icon_cheesygrin

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Message non lu par racaille » 24 nov. 2010, 23:38:00

C'est la capacité du capitalisme à tout récupérer et à tout passer à la moulinette, c'est dans sa nature comme c'est aussi dans celle de ses thuriféraires^^
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Message non lu par lancelot » 24 nov. 2010, 23:41:00

icon_biggrin effectivement.

Cela étant l'euro qui joue au yoyo depuis 15 jours ne m'arrange pas .... j'avais une commande à passer et j'ai merdé ... (1.42 il y a une semaine et 1.34 aujourd'hui .... Pfff ! ) icon_cheesygrin

Pardon pour ce hors sujet destiné à Racaille ....

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Message non lu par El Fredo » 24 nov. 2010, 23:46:00

Remarquez, c'est une bonne piste pour introduire subrepticement le socialisme : il suffit de le rebaptiser "capitalisme collectif" et même les droiteux finiront par voter pour icon_mrgreen
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Message non lu par racaille » 24 nov. 2010, 23:56:00

@Lancelot : C'est très hors-sujet effectivement, mais message reçu :D

@El Fredo : Ton idée de renommer le collectivisme est bien tendance, tu pourrais vendre ça à Séguéla et t'offrir ta première Rolex alors que tu es encore juvénile^^ ;)

La notion de propriété collective est assez méconnue parce qu'il n'y a jamais vraiment eu d'exemples à l'échelle d'une nation. Dans la tête des gens c'est simple, c'est soit la propriété privée soit la nationalisation par l'Etat, comme si on ne pouvait pas penser en dehors de cette tension qui est ancrée dans toutes les têtes à cause de la guerre froide. L'idée d'une propriété collective peut paraitre difficile à comprendre pour qui l'important ne se trouve pas dans l'être mais dans l'avoir.
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