Ce qui arriverait si la France avalait la potion irlandaise

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 25 nov. 2010, 15:05:00

http://www.lexpansion.com/economie/ce-q ... -avalait-l…
Ce qui arriverait si la France avalait la potion irlandaise

Le gouvernement irlandais a présenté un plan de rigueur draconien visant à diviser par dix le déficit public. C'est la condition à une aide financière européenne. La population, qui a déjà fait de nombreux sacrifices, va encore payer le prix fort. Pour bien se rendre compte de ce que représente cet effort, Lexpansion.com a appliqué les mêmes recettes à la France. Economie-fiction.

L'Union européenne et le FMI vont voler au secours des banques irlandaises, octroyant à Dublin un prêt de 85 milliards d'euros. En contrepartie, le gouvernement irlandais s'engage à ramener son déficit public de 32% à 3% du PIB en 2014. Pour y parvenir, le Premier ministre Brian Cowen a présenté mercredi 24 novembre un nouveau plan de d'austérité - le quatrième depuis 2008 -, qui prévoit d'économiser 15 milliards d'euros sur quatre ans, dont 6 milliards dès 2011.

Ces économies nouvelles représentent 10 points du PIB irlandais. L'équivalent de l'ajustement budgétaire déjà réalisé depuis l'été 2008 - annonce du premier plan de rigueur. Au total donc, les Irlandais auront, s'ils tiennent leurs objectifs, réalisé en six ans un effort d'ajustement budgétaire d'environ 30 milliards d'euros, 20 points de PIB. En France, le plan de réduction du déficit public prévoit de ramener celui-ci à 3% en 2013, soit un effort équivalent à 4,7 points de PIB (95 milliards d'euros). Un programme d'austérité sans précédant et dont l'effort est a priori suffisant.

Mais pour bien comprendre ce qui attend les Irlandais, nous avons tenté d'appliquer les recettes de Dublin à la France. Que se passerait-il si François Fillon annonçait un effort de réduction du déficit de 200 milliards d'euros, l'équivalent de 10 points du PIB tricolore? "La France serait coulée", analyse Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. Mathématiquement, cet ajustement permettrait aux finances publiques françaises de repasser dans le vert et d'afficher un excédent d'environ 50 milliards d'euros. Mais la rigueur a des effets plus dévastateurs que productifs.

Prestations sociales et dépenses publiques sont essentielles à la croissance
Les Irlandais, qui se serrent déjà la ceinture depuis deux ans, s'apprêtent à souffrir encore davantage pendant les quatre prochaines années. Les mesures d'austérité dévoilées mercredi prévoient une réduction de 2,8 milliards d'euros de dépenses sociales, et notamment des allocations chômage, la baisse de 1 euro du salaire minimum horaire, une hausse de deux points de la TVA, la mise en place d'un nouvel impôt sur la propriété et une lourde augmentation des frais d'inscription à l'université.

En France, la protection sociale représente 45% des dépenses publiques. Les réduire de 11% permettrait sans conteste de réduire le déficit public, mais à quel prix ? Si le pouvoir d'achat des ménages français s'est maintenu en 2008 et a légèrement progressé en 2009, alors que les salaires ont stagné et que le chômage a augmenté, c'est en grande partie grâce au recul du poids des prélèvements obligatoire (mesures d'exonération fiscale du plan de relance, de la loi Tepa...) et à l'accélération des prestations sociales (minima sociaux, allocations chômage et familiales, mesures exceptionnelles en faveur des ménages modestes dans le cadre du plan de relance...).

"Par ses mécanismes redistributifs, le système socialo-fiscal a joué en 2009 un rôle majeur dans une économie fragilisée où les pertes d'emplois ont été nombreuses", note l'Insee dans son récent rapport sur la société française. Les dépenses des administrations publiques, notamment en matière d'éducation et de santé, sont "des prestations en nature qui augmentent la consommation des ménages et concourent aussi à la réduction des inégalités", ajoute le rapport.

"Le modèle social français a servi d'amortisseurs aux effets de la crise, souligne Mathieu Plane. Augmenter les impôts et réduire les dépenses publiques auraient un impact très négatif sur le pouvoir d'achat des ménages, donc la consommation, principal moteur de la croissance. Le faire de façon aussi brutale que l'Irlande plongerait de nouveau la France en récession, avec en toile de fond une hausse massive du chômage et de la pauvreté."

Supprimer la moitié des postes de fonctionnaires
L'autre levier sur lequel joue le gouvernement irlandais pour réduire le déficit public est sa masse salariale. Outre une baisse des salaires de 5 à 15% en décembre 2009, le nombre de fonctionnaires a été diminué de 120.000 en 2009 et 2010. Le quatrième plan de rigueur prévoit près de 25.000 suppressions de postes supplémentaires d'ici 2014. A cette date, les effectifs de la fonction publique irlandaise auront été amputés de 45%.

En France, une telle thérapie de choc conduirait à supprimer deux millions de postes dans la fonction publique, alors que le rythme de croisière de la politique de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, en oeuvre depuis 2007, est de l'ordre de 30.000 postes supprimés par an.

Or 80% des fonctionnaires français sont concentrés sur trois ministères: l'Education nationale (40% à elle seule), l'Intérieur et la Défense. "Supprimer la moitié des effectifs de la fonction publique signifie transférer au privé l'école et la sécurité du pays", note Mathieu Plane.
En résumé, si la France avalait la potion austère irlandaise, elle signerait la mort de son modèle sociale et public. Ce qui ne manquerait pas de susciter un mouvement social de grande ampleur. En Irlande la crise financière se double déjà d'une crise politique. L'ampleur de l'austérité pourrait cette fois-ci conduire à une crise sociale majeure.
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Cobalt

Message non lu par Cobalt » 25 nov. 2010, 15:30:00

Mais finalement quel sont les projets d'avenir que l'on promet à ces gens pour qu'ils se plient bon gré mal grè à ces règles ?
Quel est le but et l'issu de telle mesure ?

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 25 nov. 2010, 16:22:00

Cobalt a écrit :Mais finalement quel sont les projets d'avenir que l'on promet à ces gens pour qu'ils se plient bon gré mal grè à ces règles ?
Aucun. Surtout quand on hypothèque la prospérité future en augmentant fortement les frais d'inscription dans les universités. Mais les Irlandais ont une mentalité de crève-la-dalle qui leur permet de s’accommoder de niveau de survie fortement dégradés, du moins jusqu'à un certain point.
Quel est le but et l'issu de telle mesure ?
Rassurer les marchés, qui en réalité s'en foutent. Comparons l'évolution des CDS spreads de pays ayant des situations similaires, Irlande vs. Espagne par exemple. L'Irlande qui applique une politique de rigueur très dure depuis près de 2 ans est passée de 200 points début août à 580 points maintenant :

http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=CT777651:IND

L'Espagne, beaucoup plus "laxiste", est passée de 180 points à 300 :

http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=CSPA1U5:IND

Si on compare les courbes on constate une tendance continue à la hausse pour l'Irlande, et une tendance beaucoup plus stable pour l'Espagne (surtout pour août-octobre). Pourtant les pays étaient dans des situations comparables avant la crise (excédents budgétaires, bulle immobilière, etc.).

(CDS = credit default swaps, en gros c'est une assurance contre un défaut de paiement d'un Etat emprunteur).
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Cobalt

Message non lu par Cobalt » 25 nov. 2010, 16:26:00

C'est impensable comme concept quel intérêt ont alors les gens qui les y obligent ?

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Message non lu par El Fredo » 25 nov. 2010, 17:27:00

Ils pensent sincèrement que ces "réformes" sont indispensables, par pure incompétence et orthodoxie économique. Le contre-exemple de l'Islande est édifiant.
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Message non lu par mps » 26 nov. 2010, 09:04:00

Vous parlez dans le vide.

Un Etat qui représenterait 10 % du marché de l'emploi peut par exemple restreindre ses effectifs sans grande douleur, alors qu'un Etat mêle tout, qui a confondu les genres, et représente 60 % de cet emploi verra toute restriction marquer l'économie en général.

Autre constat : c'est bien beau de soutenir la consommation, à condition que ce ne soit pas au détriment de finances saines. Sinon, ce n'est jamais que plomber l'avenir des générations suivantes.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Message non lu par El Fredo » 26 nov. 2010, 13:39:00

Cite-moi un seul pays dont l'Etat représente 60% de l'emploi, à part la Corée du Nord. Et puis on ne parle pas seulement d'emploi mais de dépenses publiques, d'investissements, etc. Que l'Etat cesse ses projets de travaux publics et des boites hyper rentables comme Vinci vont vite se casser la g...... On dirait que tu n'as jamais entendu parler de l'effet multiplicateur.
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Message non lu par mps » 27 nov. 2010, 11:04:00

L'effet multiplicateur est sans aucun intérêt s'il porte sur la dette !

Tu parles comme une mère qui, pour donner le sens de l'argent, imposerait à ses enfants de payer 2 euros par repas, mais leur filerait 3.000 euros à l'entrée du mois ! Fou ce que la famille y gagnerait !!!


L'emploi créé par les Etats, c'est une emplâtre sur une jambe de bois.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 27 nov. 2010, 11:18:00

Quoi qu'il en soit il n'y a pas d'argent pour payer des fontionnaires et le PS va bien se garder d'être aux affaires en 2012 car ils le savent.
C'est ainsi,et pour moi ce n'est même pas la politique de sarko cela remonte à pompidou qui s'est laissait aller en cédant  aux chants des sirènes de la finance,et ce système et mal depuis giscard tous aprés n'ont fait que l' agraver,il faut sortir totalement du capitalisme,en Europe et dans le monde et en fait on y vient,parce que nous n'avons plus les moyens de nos ambitions,on ne peut plus indéfiniment construire à crédit et c'est ce que l'on fait depuis 40 ans,tout à une fin et c'est la fin.

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Message non lu par Nombrilist » 27 nov. 2010, 11:57:00

"L'emploi créé par les Etats, c'est une emplâtre sur une jambe de bois."

Mégalol.

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Message non lu par politicien » 27 nov. 2010, 11:58:00

Bonjour,

Tu peux développer nombrilist s'il te plait ?

Merci,
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » Le débat ne s'arrête jamais sur Actu-Politique

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Message non lu par Nombrilist » 27 nov. 2010, 12:00:00

Y a-t-il vraiment besoin ?

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Message non lu par El Fredo » 27 nov. 2010, 12:13:00

mps a écrit :L'effet multiplicateur est sans aucun intérêt s'il porte sur la dette !

Tu parles comme une mère qui, pour donner le sens de l'argent, imposerait à ses enfants de payer 2 euros par repas, mais leur filerait 3.000 euros à l'entrée du mois ! Fou ce que la famille y gagnerait !!!


L'emploi créé par les Etats, c'est une emplâtre sur une jambe de bois.
:mdr:
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Cobalt

Message non lu par Cobalt » 27 nov. 2010, 12:21:00

Nombrilist a écrit :Y a-t-il vraiment besoin ?

Je crois que oui.Pourquoi mps n'aurait pas raison sur ce coup là ?

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Message non lu par Nombrilist » 27 nov. 2010, 12:46:00

Ce sont les dépenses publiques qui font vivre le BTP (Vinci, Effage et plein d'autres) ou des publicitaires comme Decaux ou des armuriers comme Dassault. Pour ne citer que ces exemples là. Pas de dépense publique, pas de boulot pour des centaines de milliers de personnes. Pourquoi crois-tu que pour relancer le pays, l'Etat et les collectivités ont lancé plein de chantiers de rénovations dans toutes les villes de France ?

Et même au niveau voiture, l'Etat a renouvelé le parc de la police ou de la gendarmerie !

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