Incroyable : le travail inutile existe aussi dans le privé!

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 29 nov. 2010, 15:39:00

http://www.marianne2.fr/Incroyable-le-t ... i-dans-le-…
Incroyable : le travail inutile existe aussi dans le privé!

On croyait que les grandes entreprises étaient d'une efficacité redoutable… Mais comme les administrations, celles-ci connaîtraient désormais le règne du travail inutile et de la paperasserie sans intérêt, comme nous l'explique Eugène.

Je suis tombé par hasard sur un article étonnement lucide qui décrit une nouvelle tendance dans les grandes entreprises : la profusion de travail inutile et sans valeur ajoutée. Petite visite au pays du travail sans valeur ajoutée qui s’insinue dans notre vie au bureau sans que nous y prenions garde !

Au départ, les administrations étaient réputées pour avoir une grande part de paperasseries inutiles, redondantes ou qui ne servent à rien au final. Cette dérive paperassière a permis à certains d’affirmer que l’entreprise privée est certainement plus efficace que les administrations et que c’était une raison nécessaire et suffisante pour tout privatiser. Tout le monde gagnerait en efficacité. Pourtant, force est de constater que cette gangrène touche tous les secteurs, tous les types d’activité des entreprises dès qu’elles ont une certaine taille. Les PME sont épargnées car, elles n’ont pas la possibilité de perdre du temps et de l’argent, sinon, soyez sur qu’elles le feraient ! Ainsi, des administrations et des grandes entreprises, aucune des deux n’est aujourd’hui vraiment la plus efficace. La palme de l’efficacité revient donc aux PME, malgré le manque (parfois) cruel d’outils, de méthodes et de personnel bien formé qui foisonne en revanche dans les grandes entreprises. Le comble du travail inutile est que dans les grandes entreprises, non seulement la paperasse sans intérêt est abondante mais elle s’accompagne de tâches ridicules et sans valeur ajoutée. Exemples ?

Calculer une myriade d’indicateurs que personne n’utilise et qui grossit d’année en année au point d’occuper des troupes entières à les compiler. Un nouveau problème, une nouvelle dérive est constatée ? Hop, la contre-mesure de quelques managers obscures est d’ajouter un indicateur pour surveiller le problème. Souvent l’indicateur n’est choisi que parce qu’il semble bon mais sans penser à la difficulté et au temps nécessaire pour le calcul de ce dernier, ni à ce qu’on en fera lorsqu’il sera calculé. Comme personne ne se préoccupe de tous ces indicateurs qui s’accumulent, personne ne s’occupe de l’obsolescence de ces derniers ni de leur redondance. La compilation de toutes ces données prend parfois plusieurs jours. Il arrive que certains oublient de le faire, puis parfois devant l’absence de réaction du destinataire, le rapport finit par disparaître définitivement. C’est l’issue la plus optimiste et la plus rare de cette course aux indicateurs. La plupart du temps, ils sont réclamés et leur absence est sévèrement reprochée au fautif. Croyez-vous que, puisqu’ils sont attendus, ces rapports sont utiles ? Souvent ce n’est pas le cas. D’abord parce que si les indicateurs étaient réellement bons et utiles, ceux qui sont coupables en cas de mauvais chiffres, ont tout intérêt à les trafiquer afin de ne pas être inquiétés. C’est le cas par exemple du taux de résolution des affaires dans les commissariats. Alors qu’une enquête sur une organisation criminelle est longue et coûteuse en temps, arrêter un SDF et le relâcher immédiatement  compte autant dans le calcul de l’indicateur ! Lorsqu’au contraire les indicateurs sont mauvais et inutiles, l’ensemble de l’activité autours de ces indicateurs est inutile ! Ainsi se construit le travail inutile dans l’entreprise.

Autre exemple classique dans les grandes entreprises. Pendant la crise, nous avons tous entendu dire de la bouche des patrons « cash is king » : « l’argent frai est roi ». En effet, les actionnaires demandant des rentabilités fortes aux entreprises, elles doivent se focaliser sur le « cash ». Or cette course au cash est fortement génératrice de gâchis et de travail inutile. Le cash est faible en ce moment ? Pour remédier à cette situation sévèrement surveillée par la direction, des actions contre-productives sont faites comme supprimer tous les prestataires de service. Sur le moment, cela donne effectivement une bouffée de cash, mais pour l’organisation du travail et les projets en cours c’est à la fois un danger et une grande perte de rendement. Surtout si la situation devient si fragile qu’il faut d’urgence reprendre tous les prestataires (du moins ceux qui sont encore libres !) quelque semaine plus tard sous peine de perdre les clients de l’entreprise ! Autre conséquence du règne du cash : les circuits de signatures sans fin. Dans les entreprises que je visite, je vois parfois jusqu’à trente signatures pour une simple demande d’achat de 1000€. Imaginez quelle est la valeur ajoutée de tout ce circuit où la très grande majorité des signataires ne sont que des gratte-papier dans cette opération. De quelle efficacité parlons-nous si l’un des derniers signataires finalement refuse de signer ? Nous sommes précisément dans le monde du travail inutile.

Nous ne citerons pas les nombreux autres exemples que tout le monde connaît : réunions sans but ni résultat. Réunions sans compte-rendu et plan d’actions. Plans d’actions non suivis qui, de fait, ne servent à rien. Réunions d’équipes qui durent parfois jusqu'à 4 heures et qui mobilisent une quinzaine de personnes. Réunions de projection de PowerPoint sans intérêts et dont chaque planche est écrite en police 8pt. Organigrammes d’une hauteur vertigineuse qui ne sont créés que pour surélever et rendre artificiellement plus puissants ceux qui ont injectés des couches hiérarchiques sous eux.

Oui, l’auteur du site www.lifestyleignition.com a vu juste : « le travail inutile est un cancer. Le travail inutile tue ». Comme disait Albert Camus : « il n’est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir ». Je vous laisse découvrir ce petit article que j’ai eu grand plaisir à traduire tant il est caricatural de la situation des grandes entreprises modernes.

LE TRAVAIL INUTILE S'EST INSINUÉ DANS VOTRE BUREAU ET DANS LES TOUS RECOINS DE VOTRE ACTIVITÉ. ET IL DÉTRUIT L'AMÉRIQUE ! (NDLT: ET LA FRANCE !)

Travail Inutile (TI): un projet ou une tâche qui maintient une ou plusieurs personnes occupées, mais qui n'a pas de valeur ajoutée. Il sert à maintenir l'illusion vivante qu'il y a encore quelque chose de productif en cours de réalisation.
Le travail en bureaux paysagers a rendu le TI célèbre. Votre entreprise a fait du travail inutile une partie intégrante des activités de la journée quotidienne de travail. Nous en rions parce que c'est drôle. Nous en rions parce que c'est vrai.

Et nous l'acceptons. « Travailler pour l'amour du travail ».

Parfois, nous savons que nous faisons du TI. Parfois, le TI est idéalement déguisé. D'autres fois, nous ne voulons pas savoir que nous en faisons. Il peut même être rassurant d'avoir des montagnes de travail inutile, des projets inutiles, et des tâches inutiles parce qu'alors nous nous sentons plus en sécurité. Votre première réaction pourrait être : « mais de quoi, bon sang, parle-t-il ?! Je ne fais pas de travaux inutiles ! ». Vous pouvez même faire du travail inutile en le sachant et vous sentir à l’aise avec cela. Vous êtes payés pour à la fin du mois. Le Travail Inutile fait partit de l’ADN des processus des grandes entreprises.

Combien de fois avez-vous été chargé d'une tâche ou d’un projet et vous avez pensé:
Comment cela peut-il encore être productif ?
Est-ce que c’est vraiment ce qu'ils veulent me voir faire?
Quel est le but de tout cela?
Je ne peux pas croire à quel point c'est inefficace! Il doit y avoir une meilleure méthode
.

Les travaux inutiles rendent les cadres brillants en apparence, car il semble que leurs subalternes sont occupés et occupés avec des projets importants qui apportent une valeur ajoutée. Il donne une bonne image des employés, car il semble que quelque chose de substantiel est en train d’être accompli. Cependant, le travail inutile ne fait rien d’autre que de pomper l'argent, les ressources et le temps d'une organisation. Combien des 40, 60 ou 80 heures de la semaine de travail sont dédié à un travail efficace ? Avec toutes les « importantes » réunions, conférences téléphoniques, les flots d’e-mail sans fin, et les messageries vocales, il peut être difficile de faire la distinction entre le travail réel et travail fictif. Bien souvent, le travail fictif et le vrai travail se ressemblent. Vous pourriez même ne pas reconnaître que votre travail est inutile et n’en vaut pas la peine. Vous assumez qu’il y a un but à votre travail, mais vous ne savez pas lequel. Vous ignorez que votre travail n’a aucune valeur. Tout le monde dans la hiérarchie de l'entreprise qu'il en soit conscient ou non est impliqué d'une certaine façon dans la l’engrenage du travail inutile.

Des usines de travail inutile à travers le monde « pondent » rapports préliminaires sur rapports préliminaires que personne ne verra. Les gens assistent à des réunions inutiles et sans programme clair dont le seul aboutissement est généralement la programmation d'autres réunions. Des projets sans fin sont commencés sans une vision claire ou un plan de mise en œuvre. Et la fin de ce processus infernal n’est pas visible.

Le travail inutile est un cancer qui n’a pas de traitement connu.
Le public c'est caca. Le privé c'est trop bien. (spéciale dédicace à Golgoth)
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

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mps
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Message non lu par mps » 29 nov. 2010, 17:01:00

Le propre des grands ensemble est d'investir bien trop en administration interne.  Là où, dans une PME, un patron et une secrétaire font tourner 30 hommes, on trouve déjà dans des unités de 200 personnes jusqu'à 120 ne s'occupant que de l'intérieur.

Puis viennent les données "à tout hasard". Fruit de demi-chefs anxieux, il faut tout collationner et étiquetter pour le cas très improbable où la haute direction voudrait le compte exact des attache-tout ... Syndrôme d'incompétence.

Mais ces gaspillages humains sont loin d'être la règle.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Golgoth
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Message non lu par Golgoth » 29 nov. 2010, 19:33:00

Je suis très choqué par ce que lis. Que fait le Marché ? icon_mrgreen
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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johanono
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Message non lu par johanono » 29 nov. 2010, 20:12:00

mps a écrit : Le propre des grands ensemble est d'investir bien trop en administration interne.  Là où, dans une PME, un patron et une secrétaire font tourner 30 hommes, on trouve déjà dans des unités de 200 personnes jusqu'à 120 ne s'occupant que de l'intérieur.

Puis viennent les données "à tout hasard". Fruit de demi-chefs anxieux, il faut tout collationner et étiquetter pour le cas très improbable où la haute direction voudrait le compte exact des attache-tout ... Syndrôme d'incompétence.

Mais ces gaspillages humains sont loin d'être la règle.
Tout à fait. La véritable différence n'est pas entre le public et le privé, mais entre les petites et les grosses structures. Dès qu'une structure, même privée, grossit, elle devient plus difficile à gérer : les managers ne sont pas propriétaires de leur outil de production et ne se sentent pas plus responsables que les salariés de base. Dans une petite structure, le patron est propriétaire de l'outil de production, les salariés connaissent leur patron et se sentent davantage concernés par la bonne marche de l'entreprise. 

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racaille
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Message non lu par racaille » 30 nov. 2010, 14:38:00

johanono a écrit :les managers ne sont pas propriétaires de leur outil de production et ne se sentent pas plus responsables que les salariés de base. Dans une petite structure, le patron est propriétaire de l'outil de production, les salariés connaissent leur patron et se sentent davantage concernés par la bonne marche de l'entreprise. 
Surtout si ces gros patrons peuvent profiter d'un parachute doré même s'ils mettent la boite en faillite. Ca doit bien aider à se déresponsabiliser et à générer la gabegie qui est très bien décrite par l'article posté par El Fredo.

Doit-on aussi en conclure que plus l'entreprise est grosse, plus elle aime se regarder le nombril ?
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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mps
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Message non lu par mps » 01 déc. 2010, 09:13:00

Racaille  tu devrais déplacer ton intervention vers "farces et lieux communs" icon_biggrin

Les parachutes dorés te font rêver ? Combien y a-t-il de "patrons" qui y ont droit ? Dans la pratique, la plupart sont rémunérés aux résultats, et n'ont rien à gagner de la dégligue de leur boite. 
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Message non lu par racaille » 01 déc. 2010, 13:33:00

Non les parachutes dorés ne me font pas rêver, je trouve même cela plutôt honteux pour ne rien te cacher. Particulièrement lorsqu'ils récompensent un type qui a coulé la boite dont il avait la charge.

Je me demande bien ce qui te pousse à me poser une pareille question... Est-ce uniquement parce que je dis du mal de ces parachutes ? Pour reprendre l'analogie désormais culte fournie Nicolas Sarkozy et en l'appliquant ici, on pourrait en conclure que si je dis du mal de la pédophilie c'est donc que les pédos me font rêver. Imparable !
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

lancelot
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Message non lu par lancelot » 01 déc. 2010, 13:35:00

icon_cheesygrin Bien vu !

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Message non lu par Nombrilist » 01 déc. 2010, 13:36:00

Excellent ! Je t'envoie de suite la police.

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GIBET
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Message non lu par GIBET » 01 déc. 2010, 16:29:00

Dites donc sur ce forum quand vous jouez au ping-pong vous n'arrivez jamais à faire tenir la balle sur le haut du filet? icon_mrgreen
GIBET
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Message non lu par Nombrilist » 01 déc. 2010, 16:33:00

Faire tenir la balle sur le haut du filet ? Je n'arrive pas à comprendre ce que ça veut dire.

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