4.589 milliards d'euros pour les banques européennes

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racaille
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Message non lu par racaille » 06 déc. 2010, 22:16:00

Les Etats européens ont apporté 1.100 milliards d'aides aux banques en 2009

04 Décembre 2010 Par Martine Orange

Il est des chiffres que les milieux financiers, pourtant avides de données en tout genre, préfèrent oublier. Ceux publiés par la Commission européenne mercredi font manifestement partie du nombre. D'ailleurs, leur publication a donné lieu à un silence assourdissant. Pourtant, au moment où des pays de la zone euro sont poussés les uns après les autres au bord du gouffre, où les marchés financiers ne cessent de donner des leçons de rigueur aux Etats en exigeant toujours plus de sacrifices sur les budgets sociaux, censés être à l'origine de tous les maux, il n'est pas inutile de regarder ce que les Etats européens, choisissant d'éviter toute douleur aux banques, ont consenti pour soutenir le système financier depuis le début de la crise.

Selon les statistiques établies par la Commission européenne, «le volume des aides publiques en faveur du secteur financier, autorisées par la Commission européenne entre octobre 2008 et octobre 2010, s'est élevé à environ 4.589 milliards euros». Il faut répéter le chiffre tellement il est hallucinant: 4.589 milliards d'euros. Cela représente l'équivalent des PNB (produit national brut) de l'Allemagne et de la France confondues. Comprenant ce que ce montant peut avoir d'effrayant, la Commission s'empresse d'en diminuer l'impact. Il ne s'agissait, souligne-t-elle, que d'autorisations données à des aides publiques. Cela donne malgré tout l'idée des efforts que les Etats étaient prêts à consentir pour sauver le système financier.

Dans la réalité, poursuit la Commission européenne, une partie seulement a été dépensée. «Le montant des aides publiques effectivement utilisé en 2009 a été nettement moins élevé, puisqu'il a atteint 1.106,6 milliards d'euros, contre 957 milliards d'euros en 2008», précise le communiqué. Mais, assure Bruxelles, ces aides ont eu des répercussions très limitées sur l'endettement public des Etats. En un mot, il ne faut surtout pas croire que les Etats paient pour les banques. Et ces aides, bien entendu, n'ont rien à voir avec la crise actuelle de l'euro.

A l'appui de sa démonstration, la Commission explique que 76% des aides (soit 840 milliards d'euros) ont été accordées sous la forme de prêts et de garanties publiques pour faciliter le maintien du crédit interbancaire. «Ces prêts et ces garanties n'ont une incidence sur les finances publiques que s'il y est fait appel», insiste la Commission européenne.

Le coût du sauvetage du système financier est donc des plus limités, selon ses calculs. En 2009, les Etats ont dépensé 132 milliards d'euros (12% des aides) pour recapitaliser les établissements bancaires et une centaine de milliards (9% des aides dépensées) pour financer des structures ad hoc héritant d'actifs toxiques des banques. Rien d'insupportable à écouter la Commission européenne. A titre de comparaison, cependant, l'ensemble des aides publiques des Etats européens pour le reste de l'économie s'est élevé à 73 milliards d'euros.

La position de la Commission européenne tendant à minimiser les engagements hors bilan des Etats pour sauver les banques doit cependant être relativisée. Car ces derniers peuvent représenter des bombes à retardement comme vient de le découvrir l'Irlande. A l'automne 2008, les garanties offertes par le gouvernement irlandais sur ses banques devaient coûter à peine 1,5 milliard d'euros au budget de l'Etat. En 2009, selon les statistiques européennes, le gouvernement n'a dépensé que 11 milliards d'euros pour son système financier. Mais la machine s'est emballée en quelques mois. L'addition s'élève aujourd'hui à plus de 50 milliards. Et le plan de sauvetage élaboré avec le FMI et l'Union européenne prévoit de remettre au pot au moins 30 milliards d'euros supplémentaires pour aider le système financier irlandais.

Les relevés européens recèlent d'autres surprises, sur la France notamment.

Image
aides autorisées et réellement versées en 2008 et 2009© commission européenne

Depuis des mois, le gouvernement français assure que le sauvetage des banques françaises n'a rien coûté aux finances publiques. Mieux, l'Etat a gagné de l'argent grâce aux banques, n'a cessé de répéter la ministre des finances, Christine Lagarde. L'essentiel de cette présentation gouvernementale porte en fait sur les 21 milliards d'euros apportés sous la forme de prêts subordonnés aux huit plus grandes banques et que celles-ci se sont empressées de rembourser à la fin de 2009.

Mais il y a eu d'autres aides, soigneusement passées sous silence. L'Etat a d'abord recapitalisé Dexia et la BPCE (née de la fusion entre les Banques populaires et les Caisses d'épargne) à hauteur respectivement de 3 et 5 milliards d'euros. En parallèle, une structure spéciale, la Société de financement de l'économie française (la Sfef) a été créée pour lever des fonds sur les marchés avec la garantie de l'Etat pour le compte des établissements financiers. Ayant obtenu l'autorisation de lever jusqu'à 260 milliards d'euros, la Sfef n'a fait appel aux marchés que pour 77 milliards, jusqu'à sa fermeture au 31 décembre 2009. Mais la dette continue à courir au moins jusqu'en 2015. Enfin, une enveloppe de 22 milliards, provenant du surplus des fonds récoltés sur le Livret A, a été mise à la disposition des banques afin de faciliter le crédit aux entreprises.

Au total, le sauvetage du système financier français pendant la crise s'est élevé à 128 milliards d'euros, mis à la charge des finances publiques, si on s'en tient aux comptes publics. Les statistiques européennes font apparaître des chiffres un peu différents. Le gouvernement français a sollicité l'autorisation d'aides pour un montant de 351 milliards d'euros, nettement moins que l'Allemagne (592 milliards) ou la Grande-Bretagne (850 milliards). Entre 2008 et 2009, un total de 210 milliards d'euros a effectivement été dépensé, soit sous forme de garanties, soit sous forme de recapitalisation, selon Bruxelles. C'est-à-dire nettement plus que ce qui a été officiellement annoncé.

Comment expliquer cette différence? Le ministère des finances, comme à son habitude, n'a pas daigné nous répondre. Cela suscite malgré tout quelques interrogations tant sur la solidité du système financier français que sur l'importance des engagements publics pour l'aider. Car une partie de ces aides se retrouve dans l'endettement public. Et à écouter les orthodoxes de la finance, le trou de la sécurité sociale est insupportable mais pas le déficit créé pour aider les banques. Mais à part cela, comme l'a répété dernièrement le directeur général de BNP Paribas, Baudoin Prot, «les banques françaises n'ont aucunement contribué aux origines de la crise» et les aides de l'Etat de l'époque n'ont rien «coûté aux contribuables».
http://www.mediapart.fr/journal/economi ... ns-ont-app…

J'adore la conclusion de cet article !D
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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johanono
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Message non lu par johanono » 07 déc. 2010, 00:03:00

J'ignore tout ce qui s'est passé en Europe. Je ciblerai donc mon propos sur la France. Et en France, il y a beaucoup de malentendus au sujet de l'aide aux banques. On entend circuler les chiffres les plus astronomiques. Sous-entendu : le plan de sauvetage des banques a ruiné les finances publiques, et aujourd'hui, ce sont les citoyens qui payent cette aide en supportant une politique de rigueur. Mais il ne faut pas oublier qu'en France, le soutien aux banques s'est essentiellement opéré sous forme de prêts, qui ont aujourd'hui été remboursés. Alors j'ignore les détails de l'affaire Dexia, mais en toute hypothèse, il est donc faux de dire que le sauvetage des banques a coûté plusieurs centaines de milliards d'euros aux contribuables français. Le chiffre de 128 milliards d'euros avancé par l'article est tout à fait hasardeux et non vérifié.

Ceci dit, si les banques ont autant mobilisé l'attention des décideurs publics, c'est parce que leur faillite aurait été catastrophique pour toute l'économie. On ne pouvait pas prendre le risque de laisser de grandes banques françaises et européennes faire faillite.

Et si ce plan de sauvetage a été rendu nécessaire, c'est surtout parce que les grandes banques avaient subitement perdu beaucoup d'argent sur les marchés financiers, et que ces pertes menaçaient les dépôts des Français. La question à poser est donc celle de la séparation des banques de dépôt et des banques d'affaires. Cette suggestion a été formulée par quelques économistes et élus politiques, mais elle est malheureusement encore loin d'aboutir.

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mps
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Message non lu par mps » 07 déc. 2010, 08:31:00

Bien d'accord. N'oublions pas non plus qu'au moment de la crise, des banques qui ne perdaient rien du tout se sont trouvées tout aussi mal prises: en attendant des inventaires de porte-feuilles, la suspicion était de rigueur, les échanges inter-bancaires gelés, et il  fallait donc la garantie des Etats et des apports pour décoincer la situation.

Personne n'a donné un cent aux banques ! Au contraire, en leur prêtant à des taux confortables, les Etats se sont remarquablement enrichis.

Ajoutons en outre quen remerciement de leur garantie dans des périodes difficiles, les Etats touchent actuellement :
- les derniers intérêts de prêts non-remboursés (anecdotique,ils le sont  quasi tous)
- des ressources fiscales colossales dont ils auraient dû se passer en cas de faillites ;
- d'importants moyens récurrents fondé sur la garantie des Etats, et assimilés à une "assurance" dont les banques paient désormais la prime.

Il n'y a donc aucun déficit dû aux banques, mais une formidable source de financement pour les Etats !

Une fois de pous, Media part peut aller se rhabiller icon_confused
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Nombrilist
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Message non lu par Nombrilist » 07 déc. 2010, 11:32:00

"Personne n'a donné un cent aux banques ! Au contraire, en leur prêtant à des taux confortables, les Etats se sont remarquablement enrichis."

Oui, enfin à mon avis, les banques se sont empressées de récupérer cet argent dans les poches des clients sous forme de frais divers. Faut pas se faire d'illusions. M'enfin en même temps, les gens n'ont qu'à changer de banque. C'est aussi leur faute.

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Message non lu par mps » 07 déc. 2010, 14:52:00

Quel est à ton avis le budget des "frais divers" prélevés sur les comptes en regard du budget total, ou de l'emprunt ?

On fait dans l'art naïf, à présent ? icon_biggrin icon_biggrin icon_biggrin
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Message non lu par Nombrilist » 07 déc. 2010, 15:08:00

A 30 euros de plus par an ponctionnés sur 40 millions de compte ? 1.2 milliards en une seule année.

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Message non lu par mps » 07 déc. 2010, 18:19:00

Une banque aurait 40 millions de comptes ?
Avec les bébés, les vieillesqui garde t leurs sous dans leurs jupons, ceux qui n'ont pas un rond, et ceux qui placent à la Poste, cela m'étonnerait ! icon_biggrin

Mais ces 30 euros, est-ce trop pour rémunérer un petit compte qui ne rapporte strictement rien à la banque ?
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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 07 déc. 2010, 19:04:00

De mémoire les frais bancaires sont en France d'environ 70€ par an. Sachant que la France est l'un des rares pays où la possession d'un compte bancaire est une obligation pratique, et que de nombreux français ont plusieurs comptes, on peut en effet tabler sur au moins 40 millions de comptes. Ce qui fait au bas mot 2,8 Md€ ponctionnés en frais bancaires tous les ans, soit une part substantielle des bénéfices du secteur de la banque de détail.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

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Message non lu par racaille » 07 déc. 2010, 20:14:00

Nombrilist a écrit :"Personne n'a donné un cent aux banques ! Au contraire, en leur prêtant à des taux confortables, les Etats se sont remarquablement enrichis."

Oui, enfin à mon avis, les banques se sont empressées de récupérer cet argent dans les poches des clients sous forme de frais divers. Faut pas se faire d'illusions. M'enfin en même temps, les gens n'ont qu'à changer de banque. C'est aussi leur faute.
Je crois que j'ai trouvé un établissement sympathique mais il faut encore que je me renseigne avant de changer.

--> http://www.credit-cooperatif.fr/

Pour un type comme moi qui a juste besoin d'un compte-chèque et d'une carte Visa ça a l'air parfait.
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lancelot
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Message non lu par lancelot » 07 déc. 2010, 20:38:00

El Fredo a écrit : De mémoire les frais bancaires sont en France d'environ 70€ par an. Sachant que la France est l'un des rares pays où la possession d'un compte bancaire est une obligation pratique, et que de nombreux français ont plusieurs comptes, on peut en effet tabler sur au moins 40 millions de comptes. Ce qui fait au bas mot 2,8 Md€ ponctionnés en frais bancaires tous les ans, soit une part substantielle des bénéfices du secteur de la banque de détail.
Et encore, tu ne parles que des frais forfaitaires ... car de nombreuses opérations anodines sont facturées la peau des fesses ....
La banque de détail rapporte gros et est sans risque et le levier haussier est très tentant.

Si l'on compare les frais bancaires d'il y a 20 ou 30 ans et maintenant  il est amusant de voir que les opérations qui auparavant coutaient, car il fallait du personnel pour traiter les opérations, ne coutent plus rien mais sont facturées 10 fois plus cher.

Les banquiers sont des faisans ... la chasse est ouverte, profitez en.

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Message non lu par racaille » 07 déc. 2010, 20:58:00

Et ou c'est ça qui est révoltant, il existe des frais bancaire pour lesquels la banque fait un profit de 100% !
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Message non lu par Nombrilist » 07 déc. 2010, 20:59:00

Le Canard Enchaîné avait recensé 180 astuces des banques pour nous ponctionner du pognon.

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 07 déc. 2010, 21:02:00

racaille a écrit :Je crois que j'ai trouvé un établissement sympathique mais il faut encore que je me renseigne avant de changer.

--> http://www.credit-cooperatif.fr/

Pour un type comme moi qui a juste besoin d'un compte-chèque et d'une carte Visa ça a l'air parfait.
Tiens justement le collectif Sauvons les Riches a détourné l'appel au Bankrun de Cantonna en proposant une alternative intéressante au simple vidage de compte : ils ont cloturé leur compte à la Société Générale et ouvert un nouveau au Crédit Coopératif :

http://www.lepoint.fr/societe/des-membr ... etournent-…

En plus le CC est lui-même sous statut de coopérative.
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Message non lu par racaille » 07 déc. 2010, 21:16:00

Merci pour le lien El Fredo. Je cherche à en savoir plus sur cet établissement, ainsi que sur la NEF et aussi la Banque Postale (connue mais bon, je découvre un peu vu que je suis à la même agence BNP depuis 20 ans^^).

A priori, si le Crédit Coopératif est à capable d'assurer les mêmes services de base que la BNP, je ne vois rien qui m'empêche de changer de banque afin de mieux coller à mon éthique personnelle.
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Cobalt

Message non lu par Cobalt » 07 déc. 2010, 21:16:00

Et bien l'appel même farfelu de cantona aura donné des idées constructives,le seul ennui de cette banque citée plus haut ,c'est qu'elle n'est que sur internet,ça ne va pas véritablement m'arranger,mais je vais le faire quand même,ce sera ma participation à un mouvement qui doit prendre de l'ampleur,pour que les choses changent,comme disait Rose dans Titanic lolll.
Et faire passer le message à tous mes contacts,militons !

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