Une alternative à l’austérité budgétaire : le plan Stiglitz

Venez discuter et débattre de l'actualité économique
Répondre
Avatar du membre
El Fredo
Messages : 26459
Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
Parti Politique : En Marche (EM)
Localisation : Roazhon
Contact :

Message non lu par El Fredo » 23 déc. 2010, 17:15:00

http://alternatives-economiques.fr/blog ... e-alternat…
Une alternative à l’austérité budgétaire : le plan Stiglitz

Ce sera le choc de politique économique de l’année 2011 : les pays européens réalisent, enfin, la coordination de leur politique budgétaire. Malheureusement, c’est pour engager tous en même temps des politiques d’austérité qui vont tuer la demande intérieure de la zone. Pouvait-on faire autrement dans la mesure où il était nécessaire de maîtriser les déficits pour empêcher un dérapage incontrôlable des dettes publiques ? Oui.

Comme le souligne l’économiste Patrick Artus, l’Europe pourrait connaître en 2011 non pas une simple croissance faible mais un effondrement de l’activité. La probabilité en est accrue du fait de la réaction négative de la demande intérieure que produiront les politiques massives d’austérité budgétaire engagées sur le continent. Selon Artus, l’effet dépendra « du niveau du multiplicateur budgétaire qui mesure l’effet de variation des déficits publics sur la croissance. Or, si l’on en juge à partir des évolutions déjà observées en Irlande et en Grèce où en 2010 la croissance s’est effondrée avec la rigueur, ce multiplicateur semble élevé en Europe ».

Compte tenu du besoin de maîtriser les déficits pour empêcher une progression incontrôlée des dettes publiques, l’Europe était-elle condamnée à subir ce multiplicateur d’austérité ? Non, répond l’économiste américain Joseph Stiglitz, dont les analyses de la situation budgétaire américaine s’appliquent en grande partie à l’Europe.

Que propose Stiglitz ?
Côté dépenses, à la fois de nouveaux investissements et des économies. C’est le bon moment pour développer les investissements publics : car le retour sur investissement en matière de santé, d’éducation, de transport, de conversion écologique, etc., est élevé ; car les taux d’intérêt sont bas ; et parce que les acteurs privés sont en phase de désendettement et ne soutiennent pas la croissance. Toutes ces conditions font que le multiplicateur de dépenses publiques et sûrement élevé en ce moment, de 1,5 à 2 avance Stiglitz – une dépense de 100 entraîne des revenus de 150 à 200 – avec un rendement des investissements publics bien supérieur à leur coût.

Dans le même temps, l’économiste américain propose de faire des économies sur d’autres dépenses. Celles d’équipement militaire hors lutte contre le terrorisme. Mais, surtout, celles qui concernent les multiples subventions aux grandes entreprises qui ne font qu’accroître leur capacité à distribuer des dividendes. Il cible plus particulièrement les subventions agricoles qui, aux Etats-Unis comme en France, bénéficient essentiellement aux grosses exploitations, les compagnies pétrolières et les labos pharmaceutiques.

Côté recettes, face à l’explosion des inégalités de revenus, Stiglitz propose une augmentation de 5 points de pourcentage de la taxation des hauts revenus et de ne plus avoir une fiscalité privilégié pour les gains en capital et les dividendes par rapport aux revenus salariaux. Il suggère également d’instaurer de nouveaux impôts : faire payer les pollueurs, ceux qui dégradent l’environnement mais également ceux qui polluent le bon fonctionnement de la finance. A partir du moment où les établissements financiers savent qu’ils seront sauvés en cas de forte crise, ils doivent payer cette assurance. Stiglitz propose une taxe sur les bonus, sur les transactions financières, sur la taille et l’effet de levier des banques – plus elles empruntent pour leurs activités, plus elles devraient payer.

A cet égard, on peut remarquer qu’une taxe sur les transactions financières existe déjà : celle que nous font payer les banques sur nos transactions individuelles ! Les marges des banques en la matière sont très élevées : Stiglitz propose de les limiter et d’obliger les banques à en partager le résultat avec l’Etat.

Le plan Stiglitz ne vise ainsi rien de moins qu’à mettre en œuvre une politique permettant de réduire le poids de la dette publique, d’améliorer l’environnement, d’avoir plus de croissance et une société plus juste ! Un projet auquel les pays européens ont malheureusement préféré l’austérité à outrance et ses conséquences désastreuses sur l’emploi et la pauvreté.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

Avatar du membre
Golgoth
Messages : 22140
Enregistré le : 15 mars 2010, 00:00:00
Localisation : Chez moi

Message non lu par Golgoth » 23 déc. 2010, 18:52:00

Je trouve tout cela très bien. Malheureusement, on va faire exactement le contraire, réduire l'investissement public sauf militaire, et augmenter les exonérations aux entreprises. Et le pire c'est qu'il y a aura un grand nombre de benêts économiques pour applaudir.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

Avatar du membre
El Fredo
Messages : 26459
Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
Parti Politique : En Marche (EM)
Localisation : Roazhon
Contact :

Message non lu par El Fredo » 23 déc. 2010, 19:28:00

In other news : Moody's s'apprête à dégrader le Portugal parce que les plans d'austérité vont flinguer la croissance :

http://www.businessweek.com/news/2010-1 ... y-moody-s-…

Mais bon, il parait qu'il faut souffrir pour rétablir les profits des financiers l'économie...
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

Répondre

Retourner vers « Economie »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré