La BCE renoue avec la hausse des taux, c'est grave ?

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politicien
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Message non lu par politicien » 07 avr. 2011, 21:27:00

Bonjour,
La BCE a mis fin jeudi à la période la plus accommodante de son histoire en annonçant une hausse de son principal taux directeur de 25 points de base, à 1,25%. Il était bloqué à son niveau plancher de 1% depuis mai 2009. Et il faut remonter à juillet 2008 pour retrouver une décision de hausse des taux. Même si le relèvement est encore très limité, il s'agit donc bien d'un tournant dans la politique monétaire européenne. Et il est d'autant plus remarquable que la BCE est la première grande banque centrale à opter pour un resserrement.  Pourquoi augmenter les taux?  Ce n'est pas un mystère, c'est bien sûr l'inflation qui a conduit le conseil des gouverneurs de la BCE à prendre cette décision. Et à l'unanimité. Le mois dernier, déjà, la hausse des prix avait amené Jean-Claude Trichet à admettre qu'un relèvement « modéré » était désormais possible dès la prochaine réunion. Et comme les prix ont continué d'accélérer en mars, passant de 2,4% à 2,6% en rythme annuel, l'affaire était pliée. L'objectif officiel à moyen terme de la BCE est en effet de maintenir l'inflation à un niveau « proche mais inférieur à 2% ». Cela n'empêche pas les critiques de cette décision de souligner que l'inflation est essentiellement liée aux matières premières, à commencer par le pétrole. Et que l'inflation sous-jacente - hors ces produits volatils - reste maîtrisée. Ce que reconnaît la BCE. Tout en ajoutant que les prix alimentaires augmentent aussi.  Pourquoi la BCE tire-t-elle la première ?  La décision de la BCE pourrait laisser penser que la hausse des prix est particulièrement inquiétante dans la zone euro. Tel n'est pas le cas. Le même jour, la banque d'Angleterre a en effet maintenu son taux d'intérêt directeur au niveau encore plus bas de 0,5% alors que l'inflation outre Manche atteint les 4%. L'Angleterre a clairement fait le choix de continuer à soutenir l'activité au maximum alors que l'austérité plombe l'activité.   De son côté, Jean-Claude Trichet met en avant « les effets de second tour » de la flambée du pétrole. En clair, il craint que les autres prix se mettent à bouger dans la foulée. Il a déjà eu l'occasion de dire qu'augmenter les salaires dans ce contexte serait « la dernière bêtise à faire ». Il a récidivé jeudi en faisant sa priorité de la lutte contre ces effets de second tour. "C'est notre message très très fort à l'intention de tous ceux qui fixent les prix et des partenaires sociaux", a-t-il dit.   D'autres hausses sont-elles à venir ?  C'est la question clé car la hausse de jeudi - finalement assez limitée - avait déjà été anticipée. Interrogé, Jean-Claude Trichet a évité de redire, comme le mois dernier, qu'il ne faudrait pas considérer une première hausse comme « le début d'une série ». Il s'est contenté d'indiquer que la BCE continuerait de « prendre les mesures appropriées » pour défendre son objectif d'inflation. Une formulation qui laisse tous les scénarios ouverts. Moyennant quoi, les analystes tablent sur une ou deux autres hausses d'ici la fin de l'année, ce qui porterait le taux directeur à 1,75%, voire 2%.  Et si ça continue, quelles conséquences ?  Une hausse des taux par la banque centrale a potentiellement plusieurs effets négatifs sur l'activité. Car les banques qui se refinancent auprès d'elle vont répercuter cette augmentation du coût de leurs ressources sur leurs clients, qu'il s'agisse des entreprises ou des ménages. Et c'est encore plus vrai pour les banques les plus fragiles qui ont moins accès au marché. Au final, c'est la consommation et l'investissement qui risquent de souffrir. Mais les effets varieront suivant les pays. C'est en particulier le cas dans le domaine immobilier. Là où les crédits logement à taux variables dominent, la hausse des taux de la BCE aura pour conséquence d'alourdir immédiatement la charge de remboursement des emprunteurs. Or les taux variables représentent 90% des prêts immobiliers en Espagne et en Italie. En France, où les taux fixes règnent à 90%, la hausse a pour effet d'exclure du marché des candidats à la propriété.  Et concernant l'euro ?  Le marché des changes n'a pas attendu l'annonce de jeudi pour prendre acte de la hausse du taux directeur de la BCE. La monnaie unique a pris près de 3% depuis la pré-annonce de Jean-Claude Trichet. De fait, l'augmentation du taux rend automatiquement la monnaie unique plus attractive et entraîne son appréciation. Ainsi, l'euro oscillait jeudi autour du seuil de 1,43 dollar, son plus haut niveau depuis la mi-janvier 2010. S'il va permettre d'acheter plus facilement du pétrole, cet euro fort va en revanche pénaliser les exportations de tous les pays de la zone euro. Et d'abord ceux qui dépendent de la compétitivité prix pour imposer leurs produits. Un handicap de plus pour les pays qui peinent à redresser leur économique.
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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 07 avr. 2011, 21:30:00

Trichet n'a pas voulu prendre le risque que la zone euro puisse faire un peu de croissance cette année icon_mrgreen
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artragis
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Message non lu par artragis » 07 avr. 2011, 21:45:00

Un article de Alternatives économiques, à ce propos dit que la décision est bonne, mais prise un peu trop tôt pour être plainement efficace et sans risque.
http://zestedesavoir.com une association pour la beauté du zeste.

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mps
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Message non lu par mps » 08 avr. 2011, 09:35:00

En fait, les taux étaient anormalement bas, et le sont encore après cette hausse peu importante. Une situation artificielle et de conjoncture, qui devait rendre les investissements plus faciles, mais qui plumait complètement l'épargne (qu'il s'agisse de la pelote d'un particulier ou des réserves d'une société).

Un quidam qui place ses économies à 1,2 %, alors que la dépréciation monétaire est supérieure, perd tout simplement de l'argent.

C'était donc une mesure désespérée, malsaine, visant à confisquer sournoisement l'épargne. Avec les conséquences inflatoires qui ne doivent leur modération qu'à la crise que nous avons connue, mais qui tendait à s'emballer : pourquoi épargner quand cette épargne fond au lieu de rapporter ?

Donc, si ces taux soldés ont plumé les épargnants et incité à la consommation et aux investissements, l'effet délétère faisait son chemin.

N'oublions pas que l'argent circule: un dépôt fait à 1,...% en France sera nécessairement replacé par la banque dans un pays extra européen offrant de meilleurs taux : après l'appauvrissement de l'épargnant, c'est celui de la zone euro qui était en route, dasun processus de lente hémorragie interne.

La rétribution modérée et raisonnable du capital ne peut se situer sous la barre des 5 %. Nous en sommes encore loin, et il n'est pas question d'apporter une correction trop brutale au système délicat de l'économie, mais c'est évidement vers cela que l'on va.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 08 avr. 2011, 10:21:00

Si l'épargne était spoliée, tant mieux : en période de crise comme maintenant on a besoin de liquidités.
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Message non lu par mps » 08 avr. 2011, 11:54:00

Zozo :-)

L'épargne, ce sont des liquidités. Indirectes, parce que le réinvestissement se passe via les banques et caisses,mais bien réel !
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Message non lu par El Fredo » 08 avr. 2011, 12:11:00

N'importe quoi. A part les livrets A et équivalent, l'immense majorité de l'épargne n'est pas liquide.
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Message non lu par wesker » 08 avr. 2011, 13:59:00

Je pense que cette mesure portera un coup à la croissance !

Evidemment, l'objectif de la BCE se limitant au contrôle de l'inflation, elle se moque éperdument des difficultés que rencontrent les entreprises sur les marchés des liquidités et les conséquences de cette mesure. C'est d'ailleurs le fait qu'il est impossible d'aobtenir un équilibre satisfaisant pour des économies aux structures très différentes que je conteste le fonctionnement des institutions européennes.

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Message non lu par mps » 08 avr. 2011, 17:56:00

N'importe quoi. A part les livrets A et équivalent, l'immense majorité de l'épargne n'est pas liquide.
Un concours de Lapalicade ?

Si l'épargne est liquide, elle peut être prêtée à des particuliers,par exemple.

Sous toutes ses autres formes (actions, obligations, fonds de placement) elle est encore immédiatement injectée dans l'économie.

Elle permet aux entreprises de se développer,de créer del'emploi, de rechercher des produits nouveaux, de les commercialiser, etc.

Sans l'épargne,il n'y a plus d'économie
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Message non lu par lancelot » 08 avr. 2011, 21:31:00

 
Sans l'épargne,il n'y a plus d'économie
 ....  .... c'est un peu réducteur.

l'économie au sens propre ce n'est pas que le crédit.

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Message non lu par El Fredo » 08 avr. 2011, 22:51:00

mps a écrit :Si l'épargne est liquide, elle peut être prêtée à des particuliers,par exemple.

Sous toutes ses autres formes (actions, obligations, fonds de placement) elle est encore immédiatement injectée dans l'économie.
Sous forme d'investissement, donc non liquide. Merci d'avoir joué.
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GIBET
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Message non lu par GIBET » 09 avr. 2011, 03:13:00

Vos avis sont très péremptoires, ceux des économistes sont beaucoup plus nuancés.
D'abord la hausse du taux de la BCE a été faite pour juguler l'inflation qui est la bête noire de Trichet.
Or les économistes soulignent que le retour de l'inflation est exclusivement lié à l'envolée des cours des matières premières importées, am lors que l'inflation hors énergie et matières premières ne dépasse pas 1%; Le salaire moyen horaire a m^me reculé de 0,5% en un an. la hausse des taux ne sert donc à rien disent de nombreux économistes car le chômage élevé dans la zone jugule le risque d'une spirale inflationniste des salaires. Le risque d'inflation n'est pas européens e il est grand dans les économies émergentes.Le professeur d'économie de Paris XIII Dominique Plihon avance mê que pour relancer la croissance donc l'emploi il faudrait encourager l'inflation , ce que nous avons dit à plusieurs sur ce forum. "Une inflation vers 4% par an serait plutôt saine. Elle éroderait les dettes et permettrait de transférer en partie les charges dess débiteurs, les contribuables, vers les créanckiers, c'est à dire les marchés financiers"
Personnellement je partage cette analyse.
En réalité ce qui fait peur ce sont les accords salariaux a Allemands avec des augmentations de 3 à 5%. L'Allemagne qui a fait sa croissance en sacrifiant ses salariés veut rattraper le retard social et entraîner ce surenchérissement du crédit. Les plus rassurés bien sûr ce sont les banques qui aiment ce discours de Trichet qui préserve les marchés financiers.
En tout cas on prend des risques sur la croissance car plan d'austérité et impossibilité de faire appel à du crédit moins cher, cela se traduira par du ralentissement.Déjà l'Euro grimpe par rapport au dollars et ce n'est pas fini donc il sera plus difficile d'exporter. Comme la croissance se fait par l'exportation on est mal parti.
Alors fallait-il le faire ou non? Il est clair que la BCE empêchera toute relance de la consommation par crainte de l'inflation. Le discours de Baroin et sa relance pas la consommation n'est donc pas pour demain...Et si 1 français sur 2 renoncent à acheter actuellement la tendance ne va pas s'améliorer....à moins que cela fasse baisser le prix de l'immobilier. Moi je suis prêt à parier que non!!!
GIBET

Nota: l'épargne liquide du livret A sert principalement le logement via la caisse des dépôts et Consignation qui gère cette manne pour l'essentiel
Le silence est un ami qui ne trahit jamais

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mps
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Message non lu par mps » 09 avr. 2011, 09:22:00

Pas d'accord, bien entendu !

Commençons par la fin : l'épargne n'a rien à voir (ou très peu) avec le logement. C'est un comportement naturel et responsable, qui s'intensifie quand lasituation économique est incertaine. A titre indicatif, la Belgique est un pays de propriétaires, et cependant :



L'épargne accumulée par les Belges sur leurs livrets ne cesse d'augmenter et a atteint fin février un montant total de 218,3 milliards d'euros sur les comptes d'épargne réglementés du pays, contre 216,967 milliards fin janvier, selon un bilan de la Banque nationale rapporté vendredi dans La Libre Belgique et L'Echo.
En décembre 2010, près de 4 milliards supplémentaires se sont ajoutés sur les carnets de dépôts et en janvier c'était 2,14 milliards.
Cette tendance à épargner toujours davantage a débuté en octobre 2008, en pleine crise financière, et traduit l'inquiétude des ménages quant à leur situation économique à l'avenir et leur manque de confiance dans les actifs à risques, expliquent les quotidiens

Vient alors la critique générale du soit-disant économiste de "Parsi XIII" (!). Nos exportations ne tombent pas du ciel dans les containers : ellessont produites souvent à partir de produits importés, qu'ils s'agisse de matières premières ou d'énergie. Plus nous payons ces produits cher, plus chers seront nos produits finis.

Autres facteurs, les capitaux. si, en raison d'un taux directeur trop bas, les capitaux européens sont mal rémunérés, ils se transportent évidemment d'un seul clic vers des placements plus rentables. Or, ces capitaux, c'est le sang de nos économies.

La hausse va-t-elle décourager des investissements personnels, comme l'acquisition d'un logement ? Non. ce qui décourage, c'est l'instabilité et le manque de perspectives d'avenir.
On a conu un marché immobilier très florissant, quand les taux frisaient ... les 10 % !
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papibilo

Message non lu par papibilo » 09 avr. 2011, 09:41:00

La hausse des taux de la BCE a comme conséquence immédiate une appréciation de l'euro face au dollar. Ce type de décision conduit donc à réduire nos capacités d'exportation. Et donc réduit nos capacités de croissance. A nuancer cependant car nos importations, en particulier en pétrole qui a une fâcheuse tendance à augmenter très vite doivent nous coûter moins cher. Mais c'est une vue très court terme, puisque il vaut mieux acheter moins  et vendre plus pour réduire le chômage.
Si vous rajoutez à cela que l'augmentation des taux conduit à accroître les difficultés des PIGS (Portugal en tête en ce moment), c'est une décision lourde de conséquences négatives. Mais Trichet se fout éperdument de l'économie, il ne voit qu'une chose: l'euro doit être fort.
Il conviendrait donc de mettre en place une gouvernance économique d'urgence.
Enfin, reconnaissons aussi que si le taux est passé de 1% à 1.25% ce serait moins catastrophique si c'est à ce taux que les états pouvaient emprunter. Malheureusement, il faut rajouter à cela la marge des acteurs financiers.

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Message non lu par El Fredo » 09 avr. 2011, 10:30:00

mps a écrit :Commençons par la fin : l'épargne n'a rien à voir (ou très peu) avec le logement.
Le monsieur te dis que l'épargne liquide, constituée dans leur immense majorité de Livrets A, sert à financer le logement social, ce qui est rigoureusement exact.
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