Faut-il favoriser les baisses de salaires en période de cris

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politicien
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Message non lu par politicien » 04 mai 2011, 22:12:00

Bonjour,
A l'heure où les Français sont inquiets pour leur pouvoir d'achat et réclament des hausses de salaire, la proposition est plutôt osée: permettre aux entreprises de baisser les salaires et la durée du travail, de façon temporaire, en période de crise de l'activité. C'est un rapport récent du Conseil d'analyse économique (CAE), intitulé "refonder le droit social", qui le préconise. Les auteurs, Gilbert Cette, professeur d'économie à l'Université de la Méditerranée, et Jacques Barthélemy, avocat-conseil en droit social, avaient déjà publié en 2010 un rapport préconisant plus de "fléxicurité" dans le droit du travail français, notamment en accordant un primat aux accords d'entreprise sur les conventions collectives de branche. Le credo est le même dans la mouture de 2011.    L'idée d'autoriser des baisses de salaires est en revanche nouvelle. Les deux experts s'appuient sur l'exemple de l'Allemagne, qui dispose d'un cadre plus souple en matière de contrat de travail. Entre le premier trimestre 2008 et le deuxième trimestre 2009, le produit intérieur brut français s'est deux fois moins contracté que le PIB allemand (3,5% contre 6,5%), note le rapport. En revanche, l'emploi et le chômage sont restés stables outre-Rhin, tandis que la France perdait 500 000 emplois, souligne-t-il. Cet écart d'ajustement sur le marché du travail s'explique en partie par un recours plus important au chômage partiel outre-Rhin.    Mais selon les économistes du CAE, la principale raison est la mise en oeuvre en Allemagne "d'accords collectifs d'entreprises permettant, contre des garanties de maintien de l'emploi, des baisses transitoires de la durée du travail et des salaires". "On peut légitimement se demander quel a été l'ajustement le plus protecteur des salariés: la flexibilité transitoire et conventionnellement décidée des salaires et de la durée du travail associée au maintien de l'emploi observée en Allemagne, ou les destructions d'emplois associées à la rigidité à la baisse des salaires observées en France?", interroge Gilbert Cette.   Les salariés sont-il prêts à ces sacrifices?  En France, il y a déjà des précédents en matière de sacrifice des salariés. En 2004 déjà, Bosch avait poussé les salariés de son usine de Vénissieux, sous la menace d'une délocalisation, à accepter de travailler 36 heures payées 35, de renoncer à leurs primes et de voir leurs salaires bloqués pendant trois ans. Plus récemment, les salariés de GM à Strasbourg et de Continental en Midi-Pyrénées ont également accepté de sacrifier une partie de leurs RTT, de leurs primes et de geler leurs salaires en contrepartie du maintien de l'emploi.    Les cas de baisse pure et simple des salaires sont plus rares. "De tels accords peuvent s'incorporer au contrat de travail en Allemagne, ce qui n'est pas le cas en France, le salaire étant un élément substantiel du contrat de travail qui ne peut être abaissé qu'avec l'accord individuel du salarié", souligne le rapport du CAE. Les deux auteurs suggèrent donc aux partenaires sociaux de négocier un accord national interprofessionnel qui définirait les conditions dans lesquelles ces procédures à l'allemande pourraient entrer en vigueur dans l'Hexagone.    Ce texte préciserait les éléments du contrat de travail susceptibles d'être temporairement modifiés par un accord d'entreprise (durée du travail et salaires par exemple). Il fixerait les conditions pour y recourir (baisse durable de l'activité ou menace de faillite), l'ampleur et la durée des concessions, et bien sûr les contreparties (embauches et ou maintien de l'emploi). Transposé dans le code du travail, cet accord interprofessionnel s'appliquerait à chaque salarié. Il entrerait ensuite en vigueur via un accord entre l'entreprise et les représentants syndicaux majoritaires.  Sauvegarde de l'emploi ou régression sociale?  Côté patronal, cette proposition est plutôt bien accueillie. Le Medef n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet, mais l'UIMM et la CGPME sont ouvertes au débat. "Nous sommes favorables à l'approche du CAE", déclare Jean-François Pilliard, délégué général du puissant syndical de la métallurgie, dans un article paru dans Le Monde daté du 4 mai. "Pourquoi pas?", indique au quotidien Geneviève Roy, vice-présidente du syndicat patronal des petites entreprises.    Côté syndical, les réactions sont plus contrastées. "Quand une entreprise est en difficultés, la question de la préservation de l'emploi en contrepartie d'une baisse des salaires se pose souvent, relève Marcel Grignard, secrétaire général adjoint de la CFDT." Nous sommes favorables à cette proposition mais sa mise en oeuvre doit se faire dans le cadre d'un accord national entre les partenaires sociaux et sous surtout sur certaines conditions, comme de ne pas toucher au Smic ou d'interdire cette possibilité aux entreprises qui ont versé des dividendes massifs à leurs actionnaires", précise le syndicaliste.    La CGT, en revanche, est clairement opposée à cette proposition. "Au nom d'une liberté contractuelle vis-à-vis du droit du travail, on légalise le dumping social, s'irrite Michel Doneddu, secrétaire confédéral. Les entreprises pourront en effet se lancer dans une concurrence sur les coûts de la main d'oeuvre, faisant fi des accords collectifs. C'est une régression sociale!"  
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Adeline
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Message non lu par Adeline » 04 mai 2011, 22:49:00

Il me semble que c'est ce qui se passait, en période de crise, alors que nombreux ouvriers se retrouvaient en chômage technique, durant certaines périodes et que les intérimaires n'étaient plus employés. Je crois que c'est aussi ce qui a permis à certaines entreprises de ne pas complètement couler.

un artisan
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Message non lu par un artisan » 04 mai 2011, 22:59:00

Une PME se doit d'avoir un prévisionnel conséquent, donc ne viendront interférer que des nons paiements,voir des événements conjoncturels ,mais qui ne doivent en aucun cas remettre la pérennité de l'ensemble en jeu...Une économie de (nombre employés que * X )*1687 H ne répond quasi jamais au véritable déficit,mais par contre effet fort méconnu permet à l'entreprise d'être exonérée de l'ursaaf ,la cram etc etc....Statistiquement (capeb) toutes les boîtes (93%) qui ont recours à ce subterfuge ferment sous deux ans ou quatre...
Imaginons cela pour les banques comme dernièrement, ce processus n'a pas été imaginé....
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mps
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Message non lu par mps » 04 mai 2011, 23:09:00

Je crois que les baisses de salaires sont de bien mauvais signaux, même s'il faut donner parfois de l'air aux entreprises.

Cela peut se faire, dans des conjonctures particulières, par le chômage partiel étendu aux employés et aux cadres des PME : la formule a sauvé des dizaines de milliers d'emploi en Belgique pendant la crise.

Je crois qu'il est indispensable de faciliter les licenciements, parce que plus ils sont procéduriers et compliqués, plus ils freinent l'embauche.

Mais je suis décidément contre la baisse des salaires : déprimant pour les gens, cela ne changera rien à nos handicaps de compétititivité, à moins que la baisse envisagé ne soit de 90 % ! icon_biggrin  

Par contre, il faut limiter les augmentations à l'index, pour éviter un signaltout aussi négatif,aux entrepreneurs cette fois.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Libre Plume
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Message non lu par Libre Plume » 04 mai 2011, 23:47:00


Il se peut que certaines sociétés améliorent leurs positions avec la reprise économique, sans qu’il y ait une baisse des salaires.

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GIBET
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Message non lu par GIBET » 05 mai 2011, 00:26:00

Mais il n'y a qu'à tester après tout puisque c'est parait-il incontournable (sauf pour les hauts salaires qui eux augmentent grâce au Conseil d'administration à participations croisées où les PDG d'une boite sont administrateurs de 2 ou 3 autres histoires d'avoir un chaînage qui évite toute mauvaise surprise dans les décisions).
Il existe un point de rupture social ...comme dans tous les "matériaux" mais là on ne sait pas le calculer. Avec la droite idiote que nous avons et des études qui toutes nous invitent à oublier les niveaux de vie antérieurs, nous verrons bien quand il sera atteint! :D :D
Je suis sûr que s'il y a crise il y aura des expertes belges pour nous expliquer que nous sommes des Français et que notre emblème c'est le coq, c'est animal, disait Coluche, qui chante à tue tête avec les deux pieds dans la m..de
Alors restons-y, nous sommes ... payés pour çà!!
GIBET
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Nombrilist
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Message non lu par Nombrilist » 05 mai 2011, 10:17:00

Surtout, n'augmentons pas les petits salaires, ça pourrait relancer la consommation. Horreur !

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mps
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Message non lu par mps » 05 mai 2011, 10:23:00

sottise, encore ...
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Message non lu par un artisan » 05 mai 2011, 10:32:00

Pour ceux qui privilégient les pertes de salaires ,deux questions sous quels critères et après déterminés ceux ci ,serait il possible de les appliquer sur l'effet inverse ,une entreprise faisant des bénéfices donc se doit d'en distribuer en partie aux ouvriers et employés...Epargnez moi svp la farce de primes de 1000 euros....
Une constante cependant les salaires n'ont augmenté de 0.6% depuis 1973 (en francs constants) le cac 40 de 400 % en 20 ans et cerise sur le gateau de plus de 10% en 4 ans,vous avez dit crise ,ben voyons....
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Message non lu par wesker » 06 mai 2011, 13:31:00

Je crois que les salariés, durant 3 ans ont fourni des efforts, en acceptant le gel de leur rémunération et en mesurant les difficultés auxquelles leurs entreprises furent parfois confrontés.

Evidemment, des baisses de salaires généralisées sont autant inacceptables que des hausses généralisées seraient irréalistes dans un pays en crise. Chacune des entreprises étant différentes et ayant affronté la crise de manière adaptée. De plus une baisse des salaires aurait un impact sur l'économie qui serait desastreux, dans un climat où la confiance doit être rétablie, ces propositions sont assez irresponsables ! Le ressenti des travailleurs, à entendre les profits seraient justifiés et avant de promouvoir cette mesure, il convient de vérifier la réalité des difficultés que rencontrent leur entreprise.

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Message non lu par un artisan » 06 mai 2011, 15:06:00

Apparemment nous sommes loin de la sortie de crise et pourtant les traders,banques et tous les actionnaires du cac 40 s'engraissent largement.
Faut il en déduire que seul l'ouvrier est une denrée négligeable ?
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Message non lu par mps » 06 mai 2011, 15:53:00

Peux-tu me dire en quoi nous sommes encore en crise ?
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Message non lu par Nombrilist » 06 mai 2011, 16:46:00

800 000 emplois détruits en à peine 2 ans. Salaires gelés. Resserrage budgétaire concernant le service publique. Et doublement du taux de suicide à FT.

un artisan
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Message non lu par un artisan » 06 mai 2011, 17:38:00

mps a écrit :Peux-tu me dire en quoi nous sommes encore en crise ?
Simple raisonnement basique , une société qui est endettée à hauteur de 80.7 % de son CA n'est pas en crise ,en France mais purement liquidée depuis des lustres...L'état français ,donc le peuple est endetté au delà du raisonnable, cet état de fait n'est pas concevable dans une société capitaliste tout bonnement.
De plus une société qui comporte au sein même de son peuple ,un chomeur ou précaire pour 3 actifs ,sans l'aspect dette est malade...
Car tout cela résulte du simple fait comptable ,mais il faut prendre en compte que toutes les caisses sont exangues Nous atteignons réellement les 100% du CA OU du PIB.. Ne reste plus à utiliser ce qui permettait à nos dirigeants d'endetter le pays ,l'augmentation inéluctable des impôts..Ne doutons pas que cela aura encore un effet bénéfique pour notre pays...Le seul frein qu'aura cette mesure ,ne sera que la rue et sa cohorte de personnes  en ayant ras le bol tout simplement...
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Message non lu par mps » 06 mai 2011, 18:22:00

Une crise, par définition, est un mouvement violent et de courte durée. Techniquement, elle a duré ce qu'ont duré les restrictions aux échanges inter-bancaires. Elle est terminée depuis longtemps.

la dette est une maladie récurrente depus des dizaines d'années, et n'a que peu à voir avec la crise, voire très peu.

Le chômage a toujours, dans ces circonstances, un "effet-retard" : personne n'a perdu sa place le jour où  a éclaté la crise, ce chômage est venu progressivement bien entendu, et partira tout aussi progressivement (mettons un cycle de 3 ans).  Ce qui persistera au-delà sera un chômage endémique.

Le toilettage des dépenses inutiles, le blocage des salaires sont des mesures stucturelles indispensables, justifiées non par "la crise" mais bien par la panade endémique.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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