Les aberrations de la libéralisation des services publics

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johanono
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Message non lu par johanono » 15 mai 2011, 16:57:00

Les aberrations de la libéralisation des services publics

Depuis quinze ans, la droite et les socialistes suivent l’Europe pour mettre en place la libéralisation des services publics. Mais alors qu’ils nous promettaient un meilleur service et des prix moins élevés, nous avons exactement l’inverse. Il n’y a que les profits qui progressent.

Les conséquences ubuesques de la libéralisation

Nous avons déjà fait l’expérience plus limitée de la libéralisation des renseignements téléphoniques. Et le résultat est très simple : une explosion spectaculaire des prix, une plus grande complexité pour le client et au final, les seuls gagnants sont les médias qui empochent les recettes de publicité et les actionnaires qui n’ont pas bu la tasse. Bref, la libéralisation des renseignements téléphoniques n’a clairement pas profité à l’intérêt général, largement dégradé depuis la fin du 12.

Mais l’avancée de la libéralisation a aujourd’hui des conséquences encore plus incroyables. On apprend ainsi que la SNCF poursuit RFF (Réseau Ferré de France) pour obtenir davantage de créneaux pour ses trains de marchandise auprès du régulateur du rail. Avant, la SNCF gérait seule le réseau et les trains. Aujourd’hui, pour satisfaire Bruxelles, l’entreprise a été coupée en deux (pour permettre de la concurrence), ce qui impose l’arbitrage d’un régulateur !

Le cas des tarifs d’EDF est tout aussi abracadabrantesque. Le Point ose ainsi écrire sans la moindre ironie que la loi Nome, destinée à « doper la concurrence », « pose les bases d’une forte hausse des tarifs de l’électricité ». Bref, la gestion législative semble encore plus complexe, l’Etat est contraint d’intervenir et les tarifs progressent fortement (alors qu’étant donné que 80% de notre électricité est d’origine nucléaire, nos tarifs devraient être relativement stables)…

Pour la dé-libéralisation des services publics

N’est-il pas temps aujourd’hui de faire un bilan de ces libéralisations qui n’ont apporté aucun des bénéfices escomptés ? Le service ne s’améliore pas, les prix ont tendance à monter, tout devient plus difficile pour le client qui doit essayer d’échapper aux chausse-trappes des différents fournisseurs et même l’Etat se voit contraint d’agir pour trancher les conflits entre les autorités de régulation et les différents acteurs de marchés complexifiés et bureaucratisés du fait de la libéralisation.

Fondamentalement, il faut comprendre que certains marchés sont des monopoles naturels. Quand les investissements sont si lourds que seuls deux ou trois acteurs peuvent être présents ou qu’il faut collectiviser la production et ne libéraliser que la commercialisation (qui ne représente qu’une fraction du coût), la libéralisation n’a aucun sens. De facto, elle produit un oligopole où les quelques acteurs présents n’ont aucun intérêt à mener une guerre des prix préjudiciable à tous.

Du coup, même sans le moindre comportement délictueux, les différents acteurs ne se battent pas sur le prix et profitent de facto d’une rente financière. La production d’énergie, le transport ferroviaire, la distribution du courrier, les autoroutes, ne sont clairement pas des activités où la libéralisation apporte quoique ce soit. Ces secteurs doivent rester dans le service public. Et on pourrait se poser la question pour la distribution de l’eau, voir même la téléphonie.

Les tenants de la libéralisation à tout crin se heurtent aujourd’hui à une réalité qui démontre que la privatisation des services publics est lourdement préjudiciable à l’intérêt général et ne profite qu’aux actionnaires qui profitent d’une situation d’oligopole. Il faut donc revenir en arrière.
http://gaulliste-villepiniste.hautetfor ... blics.html

Une fois de plus, une analyse détaillée de la libéralisation des services publics nous conduit à penser que la concurrence coûte beaucoup plus cher que les services publics...

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Nombrilist
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Message non lu par Nombrilist » 15 mai 2011, 17:09:00

J'ai toujours pensé cela, même gamin.

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Ilikeyourstyle
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Message non lu par Ilikeyourstyle » 15 mai 2011, 17:10:00

Je cherche vainement la démo sur ce blog de Laurent Pinsolle, mais n'y trouve que de vagues imprécations. On s'en fout, on a signé avec l'UE sur la libéralisations des services publics, libéralisons. Ceux qui voudraient faire croire qu'il n'y a pas d'électricité en Allemagne, pas de téléphone en Hollande, pas d'eau en France ou d'internet au UK prennent les gens pour des billes, il y a tout celà. 

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Ilikeyourstyle
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Message non lu par Ilikeyourstyle » 15 mai 2011, 17:16:00

Nombrilist a écrit :J'ai toujours pensé cela, même gamin.
Moi quand j'étais gamon dans les 60s, la commune n'avait pas encore de réseau d'eau potable, EDF nous coupait le jus 3 fois par semaine tellement la fourniture était limitée et instable et le réseau pourri, et pour le téléphone il y en avait un pour 5 maisons. Vive le service public version 1945. 


Alors moi venir me dire que là où on en est , c'est à dire l'eau, l'assainissement, le téléphone, téléphone portable et internet, il faut renationaliser le tout d'urgence, çà me fait doucement rigoler. On se lamente avec les services de renseignements téléphoniques (pas terrible c'est vrai) , mais on oublie de dire que les opérateurs privés ont équipés complètement la France au niveau téléphone portable et internet en quoi, 15 ans pour le portable et 10 ans pour l'ADSL à peine. 

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Message non lu par Nombrilist » 15 mai 2011, 17:21:00

Qu'on renationalise, j'aimerais bien, mais le mal est fait, et retourner en arrière me semble malheureusement impossible. Même si elle était restée étatique, FT s'en serait très bien sorti pour l'internet, vu que tout était déjà prêt. Pour le mobile, j'en sais rien, on ne peut pas rejouer le match. Mais y a pas de raison.

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johanono
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Message non lu par johanono » 15 mai 2011, 17:21:00

Même qu'en 1945, le service public était incapable de fournir l'ADSL à chaque foyer. Quelle nullité, le service public version 1945 !  icon_mrgreen

Georges
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Message non lu par Georges » 15 mai 2011, 17:24:00

Nombrilist a écrit :Qu'on renationalise, j'aimerais bien, mais le mal est fait, et retourner en arrière me semble malheureusement impossible. Même si elle était restée étatique, FT s'en serait très bien sorti pour l'internet, vu que tout était déjà prêt. Pour le mobile, j'en sais rien, on ne peut pas rejouer le match. Mais y a pas de raison.
Il est parfaitement possible de nationaliser puis de socialiser.

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mps
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Message non lu par mps » 15 mai 2011, 17:44:00

Bon, ne rigolons pas, tous les services publics sont devant le même choix : se privatiser ou mourir.

Ils sont incapables de faire face à la concurrence et de se passer des subsides dont ils vivaient.

Les derniers encore en activité ont des dettes définitives.

Les banques publiques ont fusionné depuis longtemps avec de grandes banques privées, la téléphonie et le reste sont privés,l'opératur public gardant le réseau,et si malque ça ne va guère durer et,pour prendre l'exemple belge de la très petite SNCB, sont déficit dépasse des 3 milliards d'euros,pour un service merdique.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Message non lu par Nombrilist » 15 mai 2011, 17:54:00

C'est clair que la SNCB, c'est merdique. Les trains prennent tout de suite une heure de retard dès qu'il pleut trois gouttes. Mais je doute qu'un service privé ferait mieux.

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johanono
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Message non lu par johanono » 15 mai 2011, 17:58:00

La politique de démantèlement des services publics entamée un peu partout en Europe depuis une trentaine d'années participe avant tout d'une idéologie libérale : il faut démanteler les services publics car leur existence porte atteinte au principe de libre concurrence. En filigrane, il y a aussi l'idée que la mise en concurrence permettra de faire baisser les prix et d'offrir de meilleurs prestations aux clients usagers. Or l'expérience montre qu'il n'en est rien.

Par exemple, l'ouverture à la concurrence du marché de l'énergie est un piège pour beaucoup de clients :

http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet ... ntion-aux-…

De même, l'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire fait craindre plus d'accidents :

http://www.lefigaro.fr/societes/2009/07 ... 565-sncf-l…

Autre exemple : en 2008, un rapport du Sénat, s'appuyant lui-même sur une étude de la Cour des comptes, avait révélé que les frais de gestion sont plus élevés dans les assurances privées qu'à la Sécurité sociale :

http://www.senat.fr/rap/r07-385/r07-3850.html

Il y a donc une réalité, que les libéraux ne veulent pas voir : la concurrence coûte plus cher que les services publics.

un artisan
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Message non lu par un artisan » 15 mai 2011, 18:02:00

Ilikeyourstyle a écrit :
Nombrilist a écrit :J'ai toujours pensé cela, même gamin.


Moi quand j'étais gamon dans les 60s, la commune n'avait pas encore de réseau d'eau potable, EDF nous coupait le jus 3 fois par semaine tellement la fourniture était limitée et instable et le réseau pourri, et pour le téléphone il y en avait un pour 5 maisons. Vive le service public version 1945. 


Alors moi venir me dire que là où on en est , c'est à dire l'eau, l'assainissement, le téléphone, téléphone portable et internet, il faut renationaliser le tout d'urgence, çà me fait doucement rigoler. On se lamente avec les services de renseignements téléphoniques (pas terrible c'est vrai) , mais on oublie de dire que les opérateurs privés ont équipés complètement la France au niveau téléphone portable et internet en quoi, 15 ans pour le portable et 10 ans pour l'ADSL à peine. 


Les opérateurs privés ne sont absolument pour rien dans l'évolution et dans la répartition du net...C'est l'état qui a décidé de consacrer des milliards dans la fibre, dans les stations émettrices et réceptrices, dans le pehd etc...J'ai exercé dans ce domaine pendant trois ans....L'eau , est gérée par les communes, et dans les prix aucune comparaison possible entre une gestion communale et une privée...L'électricité ,est il besoin de préciser que l'énergie fournie par EDF est toujours à ce jour la moins chère...Enfin le portable ,orange serait il plus cher qu'un bouygues...L'eau et l'énergie doivent rester public....Le téléphone portable reste un gadget...
Démocratie :le pouvoir pour les poux de manger les lions Clémenceau

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mps
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Message non lu par mps » 15 mai 2011, 23:25:00

Nombrilist :oui, la SNCD,c'est aussi ruineux que merdique !
Mais moins que ne l'étaient les Bristish Railways avant leur privatisation.
A présent, c'est propre, c'est beau, c'est rapide, c'est régulier.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

lancelot
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Message non lu par lancelot » 15 mai 2011, 23:47:00

Y'a pas à dire, le privé c'est trop bien et le public c'est caca.....

Hélas .... cela ne veut rien dire, tout comme son contraire (le privé c'est caca .... etc ....).

Nombre de boite privées se sont vautrées comme des daubes, et des entreprises étatiques très publiques se sont révélées performantes.

Le Pb est  : si c'est privé, faut faire du bénéf alors que si c'est public, c'est pas plus cher, voire moins, mais c'est moins bien parce que les salariés ne bossent pas, vu qu'ils ne sont pas intéressés aux résultats.

Résumons donc le monde en deux camps, cela sera plus simple:

préfères tu un monde ou le fait de ne pas vouloir s'enrichir plus que de nature est un péché ou a minima une source d'immobilisme (selon toi) , ou un monde ou le profit est la seule vertu peu importe le résultat ?, même si les acteurs non décisionnaires, à savoir les salariés n'en tireront de toute façon pas les marrons du feu, vu que le profit se fait a un autre niveau : celui des actionnaires .... (qui ne travaillent pas)

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Message non lu par Ilikeyourstyle » 16 mai 2011, 01:43:00

johanono a écrit :Même qu'en 1945, le service public était incapable de fournir l'ADSL à chaque foyer. Quelle nullité, le service public version 1945 !  icon_mrgreen
Tu pourais nous épargner ce genre d'imbécilité. 

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Message non lu par mps » 16 mai 2011, 08:22:00

Lancelot, tu devrais faire de la politique ! icon_biggrin icon_biggrin icon_biggrin

Personne n'a rien contre les monopoles publics, tant qu'ils ne verrouillent pas le secteur économique grâce à des subventions sans fonds.

Deuxième aspect : ces monopoles publics sont peu ou prou confrontés à d'énormes besoins en adaptations technologiques, ce qui implique des investissements dont ils n'ont pas le premier sou.  Ils ont donc besoin de recapitalisations copieuses, et de gestion prévisionnelle possible.  Le plus souvent, ce sont cesorganismespublics qui demandent de pouvoir s'ouvrir aux capitaux privés.

Troisièmement : publics,privés ou un mix des deux, ces organismes (postes,chemins de fer, etc) ne seront pas rentables avant bien longtemps . Leurs investisseurs sont donc uniquement de gros institutionnels qui sèment en sachant qu'ils ne récolteront que dans 20 ou 30 ans si tout va bien. Et la bête est si peu appétissante que les Etats sont obligés de détenir encore une part importante du capital, voire de fournir le complément au privé en prêts subordonnés.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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