http://www.marianne2.fr/Sondage-80-des- ... nnisme-eur…Sondage: 80% des Français pour un protectionnisme européen
Une vingtaine d’économistes et d’intellectuels, regroupés dans l’association « Manifeste pour un débat sur le libre-échange », ont voulu mettre en question le libre-échange intégral en organisant un sondage. Les résulats sont édifiants et encourageants pour la thèse du protectionnisme européen.
Combien faut-il de temps pour qu’une idée s’impose à nos élites ? Voilà déjà un moment que l’ouvrier de Peugeot a compris que le combat qu’on lui impose est du genre de ceux que l’on voit dans le film Gladiateur : l’adversaire est surarmé tandis que le héros combat avec un coup de poignard dans le dos.
Bref, les Français d’en bas sont depuis longtemps acquis à l’idée protectionniste. Un précédent sondage publié par la Tribune en 2004 l’avait d’ailleurs mesuré : 54% des Européens se montraient favorables au protectionnisme européen. Avec la crise, l’opinion favorable au protectionnisme grandit en France : ainsi 80% des personnes interrogées dans le sondage IFOP, dont on lira les résultats ci-dessous, sont favorables à un protectionnisme aux frontières de l’Europe.
Le contraste est saisissant avec la légèreté avec laquelle le sujet est traité par la classe politique comme par les éditorialistes. Les uns et les autres écartent la proposition d’un haussement d’épaules, comme si le protectionnisme était une option d’un autre âge. Même des éditorialistes à priori peu portés sur l’économie, comme Alain Duhamel, Jean-Michel Aphatie ou Jean-Marie Colombani, considèrent le protectionnisme comme une sorte d’âge de fer de la politique économique, comme s’il existait un sens de l’histoire nous écartant définitivement de toute politique publique dans ce domaine, comme si le marché avait pour toujours rélégué la décision d’état au musée de la préhistoire moderne.
Durant la moitié de sa vie un professeur comme Maurice Allais, seul prix nobel d’économie français, s’était heurté au même genre de black-out. Or, nous sommes peut-être en train de sortir de cette aberration qui voit un peuple percevoir plus clairement que ses élites la réalité d’une situation : les travailleurs français (ou italiens ou espagnols, etc) n’ont aucune chance de devenir plus compétitifs que les travailleurs chinois, indiens, ou même, pour d’autres raisons, allemands. Avec les pays émergents, le désavantage compétitif, structurel, se situe à la fois au niveau de salaires 30 à 40 fois plus bas que ceux pratiqués en Europe et à celui d’une monnaie fortement sous-évaluée, surtout dans le cas chinois ; avec l’Allemagne le déficit de compétitivité est ponctuel mais réel : il réside dans l’adoption par l’Allemagne d’une TVA sociale qui contribue à une baisse de plus de 10% ddu coût du travail, comme l’a expliqué Jacques Sapir à plusieurs reprises, notamment dans ces colonnes.
Longtemps, nos dirigeants et l’écrasante majorité de nos économistes ont prétendu que l’ouverture à tous vents de l’économie française et européenne était bénéfique pour l’emploi et le pouvoir d’achat : ce que nous perdions en emplois industriels d’un côté, nous le retrouvions en emplois de service ou en pouvoir d’achat de l’autre. Double contre-vérité : les emplois de service sont étroitement liés à l’activité industrielle, et la grande distribution ainsi que les transporteurs captent à leur profit le différentiel de coût de production. Et puis, à quoi bon payer moins cher son écran plat si l’on doit, chômage des jeunes oblige, garder ses enfants trentenaires sous son toit ?
Ce mur de verre de la mondialisation heureuse est en train d’être percé. Même des personnalités comme Michel Rocard ou Valérie Giscard d’Estaing réalisent que l’Europe va dans le mur en poursuivant une politique de libre-échange intégral avec des partenaires qui, eux, blindent leurs marchés. En se regroupant dans une association « Manifeste pour un débat sur le libre-échange », une vingtaine d’économistes et d’intellectuels ont voulu lancer le débat par ce sondage. Les résultats dépassent les espérances des plus militants d’entre eux. Nous relayons bien volontiers cette initiative.
L’état d’esprit face à la situation économique et sociale de la France
Globalement, quel est votre état d’esprit face à la situation économique et sociale actuelle de la France ?
Le jugement à l’égard des conséquences de l’ouverture des frontières sur l’économie française
Diriez-vous qu’en matière économique, l’ouverture importante des frontières de la France et de l’Europe aux marchandises des pays comme la Chine ou l’Inde et l’ouverture de ces pays aux produits français a eu globalement des conséquences très positives, assez positives, assez négatives, très négatives ou aucune conséquence sur... ?
L’impact perçu de l’ouverture des frontières
Diriez-vous qu’en matière économique, l’ouverture importante des frontières de la France et de l’Europe aux marchandises des pays comme la Chine ou l’Inde et l’ouverture de ces pays aux produits français est globalement une très bonne, plutôt bonne, plutôt mauvaise ou très mauvaise chose ou bien ni une bonne, ni une mauvaise chose pour... ?
L’anticipation de l’impact de l’ouverture des frontières sur l’emploi en France
Pensez-vous que sur les dix prochaines années, l’ouverture des frontières de la France et de l’Europe aux marchandises provenant de pays tels que la Chine ou l’Inde et l’ouverture de ces pays aux produits français aura globalement des effets ... ?
Le jugement à l’égard du faible niveau des taxes sur les produits importés des pays émergents
Aujourd’hui, les produits importés des pays tels que la Chine ou l’Inde sont peu taxés en France. Etes-vous favorable ou opposé à ce choix ?
Le souhait à l’égard d’une évolution de ces taxes
Et faudrait-il selon vous... ?
Les conséquences perçues d’une augmentation des taxes sur les produits importés des pays émergents
Selon vous, une augmentation des droits de douane perçus aux frontières de la France ou de l’Europe sur les produits importés de pays tels que la Chine ou l’Inde aurait-elle des conséquences positives, des conséquences négatives ou aucune conséquence sur... ?
L’échelle à laquelle la hausse des droits de douane doit s’appliquer
Si les pouvoirs publics décident d’augmenter les droits de douane, faut-il le faire... ?
L’adhésion à l’égard d’un renforcement des droits de douane en France en cas de refus européen
Si nos partenaires européens ne veulent pas relever les droits de douanes aux frontières de l’Europe, faut-il alors les relever aux frontières de la France ?
La perception de l’importance du protectionnisme dans la campagne pour 2012
Dans le cadre de la campagne pour l’élection présidentielle de 2012, l’ouverture économique des frontières et le montant des droits de douane devra-t-il être selon vous un sujet... ?
Les acteurs devant porter le débat sur les droits de douane
Et parmi les acteurs suivants, lesquels vous semblent devoir porter en priorité le débat sur le montant des droits de douane ? En premier ? En second ?
Personnellement, seriez-vous prêt à signer une pétition pour qu’un débat sur le relèvement des droits de douanes entre l’Europe et le reste du monde soit organisé au Parlement européen, sachant qu’un million de signatures est nécessaire ?
Quelle heureuse nouvelle que voici ! Enfin les Français commencent-ils à réaliser les méfaits du libre-échangisme et les avantages qu'il y aurait à revenir au protectionnisme. Certes, l'UMPS qui nous dirige reste encore globalement acquise aux thèses euro-mondialistes, mais il faut espérer que la pression de l'opinion publique puisse faire changer nos élites d'avis.