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La Banque de France a ajouté sa voix au concert d'avertissements sur l'activité dans l'hexagone. Si officiellement la prévision de croissance de 2% pour 2011 n'est pas menacée, le deuxième semestre et l'année 2012 s'annoncent semés d'embûches. 8 raisons de s'inquiéter :
Après un début d'année en fanfare et les communiqués de victoire du gouvernement, les mauvaises nouvelles s'accumulent pour l'activité économique de la France. La croissance de l'économie française devrait freiner brutalement à 0,2% au deuxième trimestre, après 0,9% au premier, selon une nouvelle prévision de la Banque de France publiée vendredi. Soit deux fois moins que les 0,4% envisagés jusqu'à présent. Cette prévision est conforme à celle de l'Insee qui table toutefois sur un rebond au second semestre qui permettrait de réaliser une croissance de 2% sur l'ensemble de l'année. Soit l'objectif que s'est fixé le gouvernement ou encore l'estimation récemment publiée par le FMI pour notre pays. Il n'en reste pas moins que la multiplication des indicateurs négatifs en l'espace d'à peine quelques jours amènent à s'inquiéter, si ce n'est sur l'atteinte de ces objectifs chiffrés, du moins sur la santé exacte de l'économie française. Tour d'horizon.
L'effet de restockage est terminé Après avoir destocké pendant les vaches maigres, les entreprises ont entrepris de reconstituer leurs stocks au moment de la reprise. Cela a été un des facteurs techniques déterminants de la bonne performance de la production industrielle au premier trimestre. Les variations des stocks ont en effet contribué à hauteur de +0,7 point à la croissance des trois premiers mois de l'année. Mais cet effet dopant est désormais terminé. Les stocks se situent "très légèrement au dessus du niveau désiré" selon l'enquête de la banque de France auprès des entreprises.
Le climat des affaires se dégrade L'indicateur du climat des affaires de la Banque de France est tombé en juin en dessous de sa moyenne de long terme (100 points): dans l'industrie, il passe à 99 points (contre 103 en mai) et dans les services il s'établit à 99 points (contre 100). Après s'être effondré avec la crise puis être remonté au-dessus de sa moyenne, l'indicateur rechute donc nettement. Les perspectives sont à la simple stabilité dans l'industrie, et à la progression à rythme modéré dans les services.
L'activité et les carnets de commandes ne progressent plus L'activité en France a fortement baissé de régime en juin, selon le cabinet Markit qui publie un indice PMI très suivi par les économistes. Dans l'industrie manufacturière, les fabricants n'ont jamais si peu produit que depuis juillet 2009. Et dans les services, les prestataires signalent la plus faible hausse de leur marche des affaires depuis six mois. Pas surprenant si l'on regarde de près le niveau des carnets de commandes. Le taux d'expansion des nouvelles affaires, tous secteurs confondus, affiche un plus bas depuis 22 mois. Du coup, les ventes augmentent faiblement aussi bien sur le marché intérieur qu'à l'export.
Le déficit du commerce extérieur bat tous les records Le solde négatif de balance commerciale a atteint 7,4 milliards d'euros en mai après 7,2 milliards en avril, selon les statistiques des Douanes publiées jeudi. Des chiffres jamais vus. Sur les cinq premiers mois de l'année, il s'établit ainsi à 33,4 milliards: un montant en hausse de 60% sur un an qui représente déjà près des deux tiers du déficit annuel 2010. Il devrait donc battre en 2011 le record historique annuel de plus de 55 milliards atteint en 2008, au plus fort de la crise. "Ce qui se passe est très grave", a d'ailleurs reconnu le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Pierre Lellouche. De façon structurelle, ce déficit géant pose en effet la question de la compétitivité des entreprises françaises, car, outre la facture énergétique, il est lié à une progression très faible des exportations industrielles. Mais cette piètre performance va plomber à très court terme la croissance française. Au premier trimestre, le commerce extérieur avait déjà retiré 0,4 point à la progression du PIB.
Le moteur de la consommation est en panne Les achats de biens des ménages français ont diminué de 0,8% en mai après s'être repliés de 1,4% en avril et de 0,9% en mars. Il faut remonter à l'été 2008, juste avant l'éclatement de la crise financière, pour retrouver trois mois consécutifs de baisse de la consommation en France. Ce nouveau recul a constitué une surprise pour tous les analystes qui tablaient au contraire sur un fort rebond après la chute enregistrée en avril. Apparemment, la hausse des prix, qu'il s'agisse de l'énergie ou des prix alimentaires, commence à faire des dégâts. De quoi poser la question d'une panne éventuellement prolongée du moteur traditionnel de la croissance française. D'autant que les chiffres du chômage ne poussent pas à l'optimisme.
La baisse du chômage subit un coup d'arrêt Après quatre mois consécutifs d'amélioration des chiffres du chômage, l'annonce d'une nette hausse de 0,7% du nombre des demandeurs d'emploi en mai a fait l'effet d'une douche froide. Le total des personnes en quête d'emploi, incluant celles ayant exercé une activité réduite, a bondi encore plus fortement de 1% à 4,078 millions, soit son plus haut niveau depuis la crise de 2008. Malgré sa prévision de croissance de 2% cette année, l'Insee ne prévoit d'ailleurs pas de franche embellie, et table sur un taux de chômage ramené à 9% à fin 2011, contre 9,2% au premier trimestre, alors que le gouvernement espérait un passage du taux sous la barre des 9%.
Les faillites d'entreprises restent élevées Conséquence directe de la faiblesse de la consommation, les défaillances d'entreprises enregistrées en France au deuxième trimestre se sont stabilisées à un niveau élevé, a indiqué jeudi la société Altares. Malgré la reprise économique, leur nombre n'a en effet baissé que de 0,3% sur la période, avec 14.397 jugements de sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation judiciaire. Les trois quarts des entreprises défaillantes emploient moins de 3 salariés. "Plutôt présentes dans les métiers de bouche, de la restauration, des services à la personne ou du commerce, ces structures peinent à résister dans un contexte de consommation des ménages atone".
Le bâtiment ne va pas si bien que ça Quand le bâtiment va tout va, dit l'adage. S'il dit vrai, le retour à la hausse de la construction de logements neufs en 2011 après trois années de baisse doit être porteur d'espoir. Les professionnels envisagent en effet une progression de 2,2% cette année ce qui va se traduire par des embauches. Mais cette embellie risque d'être de courte durée car le marché de l'immobilier est menacé de blocage. Il est en effet confronté à un double mouvement de hausse, celle des prix du m2 et de celle des taux d'intérêt. Une coïncidence qui n'avait pas été observée depuis 2000 et qui risque de plomber les ventes, aussi bien dans le neuf, que dans l'ancien, comme l'a indiqué récemment Century 21. Or le marché immobilier nourrit le marché secondaire de l'équipement de la maison. Ce qui risque également de peser sur la consommation des ménages.
L'expansion
A plus tard,