Je partage ton point de vue selon lequel la réalité financière a été traité par des gens irresponsables et cupides, cependant revenir au standard or ou argent ne changera manifestement rien au schmilblic.
La monnaie n'est pas « une commodité », et le considérer comme tel est preuve d'une fausse conception radicale de sa nature. C'est essentiellement un système de « tickets », une demande pour des marchandises, des biens ou des services, et sa fonction est de favoriser une production ordonnée et la distribution de ces biens et de ces services.
« La caractéristique essentielle et distinctive d'une banque et d'un banquier est de créer et d'émettre du crédit payable à vue ; et ce crédit est destiné à être mis en circulation et à remplacer l'argent dans toutes ses destinations. Une banque, par conséquent, n’est pas un office de prêts ou d'emprunts d'argent : c'est proprement une fabrique de crédits.
« Dans le langage de la banque, un dépôt et une émission de crédit sont une seule et même chose.
« L'on croit communément que les bénéfices d'un banquier consistent dans la différence de l'intérêt qu'il paie pour l'argent qu'il emprunte et l'intérêt qu'il touche pour l'argent qu'il prête. La réalité est que les bénéfices d'un banquier consistent exclusivement en bénéfices qu'il peut faire en créant et en émettant du crédit en excès du numéraire qu'il tient en réserve.
M. J.‑M. Keynes dit à bon droit :
« Dans un système bancaire fermé, il n'y a aucune limite à la quantité d'argent bancaire, c'est-à-dire de crédits que les banques peuvent créer en toute sécurité, pour autant qu'elles soient toutes d’accord et marchent en cadence ».
Le crédit est fondé sur la crédulité, la bonne foi, la confiance. Sa limite, ajoutons-le, est purement affaire de psychologie.
Le crédit est de deux sortes : le crédit réel et le crédit financier.
Le crédit réel, que ce soit celui d'un individu ou d'une communauté d'individus, est la capacité de cet individu ou de cette communauté de produire des marchandises ou de fournir ses services.
Le crédit financier est l'instrument qui met le crédit réel en mouvement et le convertit en marchandises et services actuels. Il devrait, à tout moment, représenter le crédit réel. Il n'en est, aujourd'hui, qu'un pâle reflet. C'est le sang de la société, c'est l’air nécessaire à la vie du commerce moderne.
Puisqu'il remplit une fonction si importante, il devrait être conséquemment sous le contrôle de la société, tandis qu'aujourd'hui il est entre les mains de quelques particuliers et sous leur contrôle exclusif. Ce qui est un comble, c'est que l'Etat ait abdiqué tout contrôle entre les mains de ces particuliers, et qu'il s'adresse à eux pour obtenir un crédit qui n'appartient qu'à lui !
Observons en outre que les banques ne prêtent JAMAIS leur capital souscrit ou leurs dépôts ; ce qu'elles prêtent, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, c'est le droit de l'emprunteur de tirer sur les consommateurs une traite qui sera honorée par eux, et d'en utiliser les ressources en main-d’œuvre et en matières.
W.G. SERRA