Qu'en pensez vous ?La taxe Tobin, autrefois décriée, aujourd'hui réclamée
D'après Le Jdd :
Entre autres mesures proposées par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à l'issue de leur rencontre mardi : l'instauration d'une taxe sur les transactions financières.
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En 1972, le prix Nobel d'économie, James Tobin, propose la création d'une taxe sur les transactions monétaires internationales, à un taux faible, compris entre 0,05% et 1%. Objectif : freiner la spéculation à court terme.
En décembre 1997, dans un éditorial publié dans Le Monde diplomatique et intitulé Désarmer les marchés, Ignacio Ramonet propose, en pleine crise des marchés asiatiques, la création d'une taxe sur toutes les transactions financières. Il suggère la mise en place d'une ONG appelée "Association pour une taxe Tobin d'aide aux citoyens".
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La taxe Tobin devient la taxe Tobin-Spahn, quand le professeur allemand Paul Bernd Spahn en propose une nouvelle analyse. Il envisage une instauration de cette taxe à un double niveau : un faible taux applicable aux transactions financières tant que celles-ci restent dans les limites d'une moyenne convenue ; un taux élevé (80%) qui s'applique automatiquement en cas d'instabilité financière. Elle est très vite décriée, ses opposants mettant en avant l'impossibilité d'appliquer une telle taxe au niveau mondial, les entraves au marché et au libre-échange qu'elle suppose et les menaces d'exode des capitaux qu'elle ferait peser.
En 2003, les présidents français Jacques Chirac et brésilien Lula évoquent la création d'une taxe sur les billets d'avion dont le produit serait utilisé pour aider les pays en développement.
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La France an adopte le principe à l'hiver 2005. Puis en septembre 2006, l'Assemblée générale de l'ONU valide la création d'UNITAID. Trente pays se sont engagés à instaurer une taxe sur les billets d'avion, dont l'Espagne, le Royaume-Uni et l'Afrique du Sud. Vingt-cinq pays ont promis d'y contribuer, parmi lesquels l'Allemagne, l'Inde et la Belgique.
En septembre 2009, en pleine crise financière, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, déclare, avant le G20 de Pittsburgh, qu'une taxe mondiale destinée à réduire les comportements à risque des banques "vaut le coup d'être examinée".
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Mais l'idée ne fait pas l'unanimité, loin de là. Outre les marchés financiers, Américains et Canadiens ne cachent pas leur scepticisme. Un constat partagé par le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) de l'époque, Dominique Strauss-Kahn. Il juge alors que sa mise en place est impossible et propose la création d'une taxe FMI fonctionnant sur le principe d'une prime d'assurance payée par les banques. A l'issue du G20, une étude de faisabilité est toutefois confiée au Fonds.
De son côté, Nicolas Sarkozy a fait de l'instauration d'une taxe sur les transactions financières l'une des "priorités de la présidence française du G20". Pour le chef de l'Etat, il s'agit d'une question de "morale compte tenu de la crise financière que nous venons de traverser, utile pour dissuader la spéculation et efficace pour trouver de nouvelles ressources pour le développement". En février 2011, le président français confie à Bill Gates une "mission sur le financement du développement", dont le cofondateur de Microsoft devra présenter les conclusions au sommet du G20 à Cannes, les 3 et 4 novembre prochains.
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En mars 2011, le Parlement européen la mise en place d'une telle taxe à l'échelle européenne, qui permettrait de dégager 200 milliards d'euros.
En avril 2011, 1.000 économistes de 53 pays écrivent aux ministres des Finances du G20 pour les exhorter à mettre en place cette taxe. C'est la taxe "Robin des Bois". Objectif : lutter contre la pauvreté, le changement climatique et soutenir les populations frappées par la crise économique. "Même à des taux très bas de 0,05% ou moins, cette taxe pourrait collecter des centaines de milliards de dollars chaque année et tempérer les excès spéculatifs", écrivent-ils. Parmi ces économistes, figurent notamment les prix Nobel Joseph Stiglitz, Paul Krugman et Jeffrey Sachs. Ils évoquent une taxe "techniquement réalisable et moralement juste".
En juin 2011, la Commission européenne propose à son tour l'introduction d'une taxe sur les transactions financières destinée à alimenter le futur budget de l'UE.
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Le 10 août, Jean-Louis Borloo propose à son tour une taxe dont le produit serait affecté à un fonds de stabilisation anti-spéculation et dont le taux serait modulé en fonction des attaques des marchés. "Les crises, ça sert à ça : à se rendre compte qu'une évidence s'impose. Techniquement, ça peut être mis en place très rapidement sur des taux infinitésimaux [de l'ordre de] 0,01%. Il y a des moments où la révolution doit se faire.
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A l'occasion d'un sommet de crise organisé à l'Elysée le 16 août, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy annoncent qu'ils vont proposer la mise de cette taxe aux instances européennes dès la rentrée.
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En pleine crise de la dette, la ministre de l'Economie, Valérie Pécresse, suggère que le produit de cette taxe soit redistribué non seulement pour l'aide au développement mais aussi pour la réduction des déficits publics. De son côté, le PS reprend, dans son projet pour l'élection présidentielle de 2012, la proposition des socialistes européens sur l'instauration d'une taxe sur les transactions financières de 0,05%. Elle serait également affectée au financement de l'aide aux pays en développement et à la réduction des déficits des Etats membres.
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