Maurice Allais analyse la crise financière

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johanono
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Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par johanono » 19 sept. 2011, 21:52:17

Ce texte de Maurice Allais a été publié en 1998, à l'occasion de la crise financière asiatique. Il est cependant tout à fait d'actualité.

Voici les propositions de réforme les plus intéressantes qu'il formulait à l'époque, et dont on ferait bien de s'inspirer aujourd'hui :
3. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires

Des facteurs majeurs

Si nous considérons non seulement l'Histoire de ces dernières décennies, mais également celle des deux derniers siècles, et sans doute celle de ceux qui les ont précédés, les facteurs monétaires et financiers apparaissent certainement comme ayant une importance tout à fait exceptionnelle dans le fonctionnement de toute économie.

Si en effet des conditions monétaires et financières appropriées ne sont pas assurées, l'expérience montre qu'il ne saurait y avoir ni efficacité de l'économie, ni équité de la distribution des revenus. L'instabilité économique, la sous-production, l'iniquité, le sous-emploi, la détresse et la misère qui en résultent, sont des fléaux majeurs.

Cependant, les profonds désordres qui se sont constatés ne peuvent en aucune façon être considérés comme le résultat inévitable du fonctionnement d'une économie de marchés; ils ont été, et ils sont généralement, les conséquences des politiques financières et monétaires mises en œuvre dans un cadre institutionnel inapproprié.

Plus que jamais, des réformes, très profondes et radicales, sont nécessaires :
- réforme du système du crédit ;
- stabilisation de la valeur réelle de l'unité de compte ;
- réforme des marchés boursiers ;
- réforme du système monétaire international.

Le système du crédit

En fait, le système actuel du crédit, dont l'origine historique a été tout à fait contingente [accidentelle, non nécessaire], apparaît comme tout à fait irrationnel, et cela pour huit raisons au moins :
- la création (ou la destruction) irresponsable de monnaie et de pouvoir d'achat par les décisions des banques et des particuliers ;
- le financement d'investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme ;
- la confusion de l'épargne et de la monnaie ;
- la très grande sensibilité du mécanisme du crédit à la situation conjoncturelle ;
- l'instabilité foncière qu'il engendre ;
- l'altération des conditions d'une efficacité maximale de l'économie ;
- l'altération de la distribution des revenus ;
- et enfin l'impossibilité de tout contrôle efficace du système du crédit par l'opinion publique et le Parlement, en raison de son extraordinaire complexité.

Au regard d'une expérience d'au moins deux siècles quant aux désordres de toutes sortes et à la succession sans cesse constatée de périodes d'expansion et de récession, on doit considérer que les deux facteurs majeurs qui les ont considérablement amplifiées, sinon suscitées, sont la création de monnaie et de pouvoir d'achat ex nihilo par le mécanisme du crédit et le financement d'investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme.

Il pourrait cependant être facilement pallié à ces deux facteurs par une réforme d'ensemble qui permettrait, sinon de mettre fin aux fluctuations conjoncturelles, tout au moins d'en diminuer considérablement l'ampleur.

Cette réforme doit s’appuyer sur deux principes tout à fait fondamentaux :

Ø La création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul. Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement de la création de monnaie bancaire.

Ø Tout financement d’investissement à un terme donné doit être assuré par des emprunts à des termes plus longs, ou tout au moins de même terme.

La réforme du mécanisme de crédit doit ainsi rendre impossibles à la fois la création de monnaie ex nihilo et l’emprunt à court terme pour financer des prêts à plus long terme, en ne permettant que des prêts à des échéances plus rapprochées que celle correspondant aux fonds empruntés.

Cette double condition implique une modification profonde des structures bancaires et financières reposant sur la dissociation totale des activités bancaires telles qu’elles se constatent aujourd’hui et leur attribution à trois catégories d’établissements distincts et indépendants :

1. des banques de dépôt assurant seulement, à l’exclusion de toute opération de prêt, les encaissements et les paiements, et la garde des dépôts de leurs clients, les frais correspondants étant facturés à ces derniers, et les comptes des clients ne pouvant comporter aucun découvert ;

2. des banques de prêt empruntant à des termes donnés et prêtant les fonds empruntés à des termes plus courts, le montant global des prêts ne pouvant excéder le montant global des fonds empruntés ;

3. des banques d’affaires empruntant directement au public ou aux banques de prêt et investissant les fonds empruntés dans les entreprises.

· Dans son principe, une telle réforme rendrait impossibles la création monétaire et de pouvoir d’achat ex nihilo par le système bancaire et l’emprunt à court terme pour financer des prêts de terme plus long. Elle ne permettrait que des prêts de maturité plus courts que ceux correspondant aux fonds empruntés.

Les banques de prêt et les banques d’affaires serviraient d’intermédiaires entre les épargnants et les emprunteurs. Elles seraient soumises à une obligation impérative : emprunter à long terme pour prêter à plus court terme, à l’inverse de ce qui se passe aujourd’hui[20].

Une telle organisation du système bancaire et financier permettrait la réalisation simultanée de conditions tout à fait fondamentales :

Ø l’impossibilité de toute création monétaire et de pouvoir d’achat en dehors de celle de la monnaie de base par les autorités monétaires ;

Ø la suppression de tout déséquilibre potentiel résultant du financement d’investissements à long terme à partir d’emprunts à court ou à moyen terme ;

Ø l’expansion de la masse monétaire globale, constituée uniquement par la monnaie de base, au taux souhaité par les autorités monétaires[21] ;

Ø une réduction majeure, sinon totale, de l’amplitude des fluctuations conjoncturelles[22] ;

Ø l’attribution à l’État, c’est-à-dire à la collectivité, des gains provenant de la création monétaire, et l’allègement en conséquence des impôts actuels ;

Ø un contrôle aisé par l’opinion publique et par le Parlement de la création monétaire de la création monétaire et de ses implications.

Tous ces avantages seraient essentiels. Les profonds changements que leur obtention implique se heurteraient naturellement à de puissants intérêts et à des préjugés fortement enracinés.

Mais, au regard des crises majeures que le système actuel du crédit n’a cessé de susciter depuis au moins deux siècles, et continue à susciter aujourd’hui, et que les autorités monétaires se révèlent toujours incapables de maîtriser, cette réforme apparaît comme une condition nécessaire de survie d’une économie décentralisée et de son efficacité.

La réforme de l’indexation. La stabilisation de la valeur réelle de l’unité de compte

Le fonctionnement d’une économie de marché repose sur un très grand nombre d’engagements sur l’avenir. L’efficacité de l’économie, comme l’équité, implique que ces engagements soient respectés, que les calculs économiques ne soient pas faussés, et que ni les créanciers ni les débiteurs ne soient spoliés. Il convient donc que l’application de tous les contrats ne soit pas pervertie par les variations du pouvoir d’achat de l’unité de compte.

En fait, face à ces variations, seule une indexation en valeur réelle de tous les engagements sur l’avenir, et en particulier de tous les prêts et emprunts et de tous les contrats de salaire à durée limitée[23], pourrait assurer un fonctionnement à la fois efficace et équitable de l’économie.

Elle impliquerait l'obligation légale d'assortir à l'avenir tous les emprunts à moyen et long terme de l'État, des entreprises et des particuliers, d'une garantie en pouvoir d'achat, en principal et en intérêts, cette garantie étant assurée par l'indexation en valeur réelle des remboursements et des intérêts, par référence à l'indice général des prix.

Une telle indexation reviendrait à introduire implicitement dans l'économie, pour toutes les opérations sur l'avenir, une unité de compte de valeur stable, unité dont l'utilisation est indispensable pour son fonctionnement correct, tant pour assurer son efficacité que pour ne pas compromettre l'équité de la répartition des revenus[24].

Il importe de bien comprendre la nature d'un tel système d'indexation. Il ne s'agit pas d'enserrer l'économie dans un système de contraintes incompatibles et impossibles à supporter. Il s'agit simplement de la rendre plus efficace, de la libérer, pour une large part, de toutes les contraintes attachées à l'incertitude de l'avenir, et d'établir pleinement le principe de l'honnêteté dans l'exécution des contrats. Le fonctionnement d'un tel système tendrait à rendre impossible toute distorsion des prix et des revenus. Il permettrait de préserver à la fois l'efficacité de l'économie et l'équité de la répartition des revenus[25].

Par elle-même, l'indexation serait fondamentalement réductrice d'incertitude quant à l'avenir, et elle serait ainsi génératrice d'efficacité[26]. En tout cas, refuser l'indexation des engagements sur l'avenir équivaudrait à institutionnaliser la perversion de tous les calculs économiques et la spoliation des débiteurs ou celle des créanciers.

La réforme des marchés boursiers

Que les bourses soient devenues de véritables casinos, où se jouent de gigantesques parties de poker, ne présenterait guère d'importance après tout, les uns gagnant ce que les autres perdent, si les fluctuations générales des cours n'engendraient pas, comme elles le font, de profondes vagues d'optimisme et de pessimisme, qui influent considérablement sur l'économie réelle. Là apparaît le caractère déraisonnable et nocif du cadre institutionnel actuel des marchés boursiers. Le système actuel est fondamentalement antiéconomique et défavorable à un fonctionnement correct des économies. Il ne peut être avantageux que pour de très petites minorités.

Pour être fondamentalement utiles, ce qu'ils peuvent être, les marchés boursiers doivent être réformés :
- le financement des opérations boursières par la création de moyens de paiement ex nihilo par le système bancaire, doit être rendu impossible ;
- les marges correspondant aux achats et ventes à terme doivent être considérablement augmentées et elles doivent consister en liquidités ;
- la cotation continue des cours doit être sup­primée et remplacée sur chaque place financière par une seule cotation par jour pour chaque valeur ;
- les programmes automatiques d'achat et de vente doivent être supprimés ;
- la spéculation sur les indices et les produits dérivés doit être supprimée.

Une seule cotation par jour sur chaque place pour chaque valeur serait de loin préférable ; elle réduirait considérablement les coûts, et elle serait favorable à tous les investisseurs, petits et grands. Plus un marché est étendu et plus les cours qui s'y établissent sont significatifs et équitables.

La réforme du système monétaire international

La structure monétaire internationale d'aujourd'hui est marquée par des perversions majeures :
- l'instabilité des taux de change flottants ;
- les déséquilibres des balances de paiements courants ;
- des dévaluations compétitives ;
- le développement d'une spéculation effrénée sur les marchés des changes ;
- l'utilisation mondiale, comme unité de valeur, du dollar dont la valeur réelle sur le plan international est extraordinairement instable et imprévisible ;
- la contradiction fondamentale entre une libération totale des mouvements de capitaux à court terme et l'autonomie des politiques monétaires nationales.

Une réforme du système monétaire interna­tional, un nouveau Bretton-Woods, est abso­lument nécessaire. Elle impliquerait notamment :
- l'abandon total du système des changes flottants et son remplacement par un système de taux de change fixes, mais éven­tuellement révisables ;
- des taux de change assurant un équilibre effectif des balances des paiements[27] ;
- l'interdiction de toute dévaluation compétitive ;
- l'abandon total du dollar comme monnaie de compte, comme monnaie d'échange, et comme monnaie de réserve sur le plan international ;
- la fusion en un même organisme de l'Organisation mondiale du commerce et du Fonds monétaire international ;
- la création d'organisations régionales ;
- l'interdiction pour les grandes banques de spéculer pour leur propre compte sur les changes, les actions, et les produits dérivés ;
- et finalement l'établissement progressif d'une unité de compte commune sur le plan international, par un système approprié d'indexation.
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/m ... s_1998.htm

lancelot
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Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par lancelot » 19 sept. 2011, 22:18:30

HA ... tiens, le retour de la crise asiatique .... c'est pas à cette époque que la gauche s'en est remarquablement bien tirée, largement devant les autres pays de la zone euro, pourtant bien fréquentée à cette époque ? (lol)

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racaille
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Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par racaille » 19 sept. 2011, 22:50:32

J'ai commencé à m'intéresser au système monétaire il y a quelques mois et, ce que je trouve rassurant, c'est que ces idées de réformes je les retrouve de plus en plus souvent sur le web. Et pas forcément sous la plume d'économistes universitaires mais d'internautes du commun qui commencent enfin à comprendre comment fonctionnent les mécanismes de ce grand hold-up planétaire. Ca commence à faire son chemin et ça vient autant de gauche comme de droite - ce qui est normal car, lorsqu'il y a escroquerie, il n'y a pas de victimes de gauche ou de victimes de droite.

Pour réaliser de telles réforme il faudrait réunir des conditions folles, ce qui me ferait dire qu'il y a plus de chance d'instaurer la sainte Anarchie sur Terre que d'interdire la spéculation sur les taux de change ou d'empêcher le trading haute fréquence. Il faudrait déjà commencer par bombarder Wall Street et une bonne partie de Washington DC. Ensuite on pourrait mettre du LSD dans les bouteilles d'eau que s'enfilent les décideurs politiques européens et les banquiers centraux lorsqu'ils sont en conférence au sommet ; ça permettrait éventuellement de les forcer à desserrer leur anus durant une demi-journée de leur vie. A ce moment là, on peut envisager de lutter contre la propagande massive des forces libérales qui inonde la société 24/7, de l'université à l'entreprise en passant par BFMTV ; pour que les réformes sus-citées puissent trouver écho auprès de la population il convient de faire sortir la plèbe de son sommeil hypnotique. Ca pourrait commencer par rappeler tout simplement que l'économie, la finance, la monnaie et le système bancaire ne sont que des moyens et non des fins en soi autour desquelles nous serions tenus d'organiser nos vies.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par caillera » 19 sept. 2011, 23:55:44

Je suis content d'avoir pousser Racaille a s'interesser à la finance et à ses abus.
ça m'évite de taper des posts.

donc je plussoye juste.
+1
:)
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Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par Ilikeyourstyle » 20 sept. 2011, 00:39:56

Beaucoup se réclament de Maurice Allais , y compris Marine Le Pen. Laissez Maurice Allais dormir en paix. Les solutions des crises actuelles ne sont pas des crises monétaires, c'est une crises causée par la mauvaise gestion des gouvernements occidentaux, l'excès d'étatisme et de dépense publique, la démagogie et la politique. Lisez plutôt le dernier de Closets , il y a quelques pages fumantes ...

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Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par Nombrilist » 20 sept. 2011, 08:20:03

C'est malhonnête de dire ça. Ce qui nous a foutu dedans, c'est d'avoir sauvé les banques.

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Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par El Fredo » 20 sept. 2011, 09:28:50

C'est clair que prétendre que la crise actuelle a son origine dans la gestion des états et non dans le bordel institutionnalisé du système financier, c'est franchement révisionniste.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

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Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par Narbonne » 20 sept. 2011, 10:35:12

Qui a changé la loi sur le financement de l'etat (VGE) ? : Etat
Qui emprunte et signe en bas de la page ? : Etat
Qui emprunte et signe en bas de la page en Grece ? : Etat grec
Qui a signé pour être dans l'OMC : L'Etat
Qui a accepté le traité de Lisbonne, contre le vote des citoyens: L'Etat
Qui a créé un deficit chronique des etats : L'Etat

C'est les representants du peuple qui nous ont mis dans cette situation.

Les representants du peuple sont devenus le clergé de la noblesse ( les actionnaires)
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.

Cobalt

Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par Cobalt » 20 sept. 2011, 11:18:26

Non,ce sont les peuples qui en veulent toujours plus et l'état cherche à le satisfaire ,jusqu'à chirac et ce n'est plus possible.

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Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par johanono » 20 sept. 2011, 13:42:20

Ilikeyourstyle a écrit :Beaucoup se réclament de Maurice Allais , y compris Marine Le Pen. Laissez Maurice Allais dormir en paix. Les solutions des crises actuelles ne sont pas des crises monétaires, c'est une crises causée par la mauvaise gestion des gouvernements occidentaux, l'excès d'étatisme et de dépense publique, la démagogie et la politique. Lisez plutôt le dernier de Closets , il y a quelques pages fumantes ...
C'est plutôt réducteur, comme vision des choses. Tu as raison sur un point : si les Etats n'avaient aucun déficit public, il n'y aurait pas de crise de la dette. Mais on ne peut pas réduire la crise de la dette à cette question. D'autres questions doivent être posées. Pourquoi la Grèce, moins endettée que le Japon, doit-elle emprunter plus cher ? Le fait est que si la Grèce pouvait emprunter au même taux que la France, elle ne serait pas dans la même panade qu'aujourd'hui. Pourquoi les Etats doivent-ils emprunter auprès d'établissements financiers qui eux-mêmes empruntent à la BCE, et pourquoi ne peuvent-ils pas emprunter directement à la BCE ? Est-il normal d'aligner les "plans de sauvetage" des banques de la Grèce alors qu'on sait que la Grèce ne pourra jamais rembourser ? Est-il normal que le contribuable soit obligé de casquer pour sauver les banques qui ont des créances pourries ? Est-il normal que les aléas des marchés financiers puissent mettre en péril des banques de dépôts qui n'ont plus de fonds propres suffisants ? Comme le souligne Fredo, le bordel généralisé des marchés financiers a grandement contribué à la crise actuelle. Maurice Allais avait le mérite d'apporter des réponses à cela. Dommage qu'il n'ait pas été davantage écouté.

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Ilikeyourstyle
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Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par Ilikeyourstyle » 20 sept. 2011, 14:40:23

El Fredo a écrit :C'est clair que prétendre que la crise actuelle a son origine dans la gestion des états et non dans le bordel institutionnalisé du système financier, c'est franchement révisionniste.
Bah quelle grosse blague. Celà fait bien 12 ans en arrière qu'un type très bien placé pour être au courant (épouse chef de service à Bercy, énarque ...) m'a expliqué que ce qui foutait le bordel sur les marchés financiers , faisait monter les taux d'intérêt en Europe , aux USA et au Japon, c'était les déficits publics. J'ai bien compris ce qu'il m'avait dit ... et çà a contribué à me faire un petit credo économique et politique. Il avait tout à fait raison, et on a le résultat.
johanono a écrit :
Ilikeyourstyle a écrit :Beaucoup se réclament de Maurice Allais , y compris Marine Le Pen. Laissez Maurice Allais dormir en paix. Les solutions des crises actuelles ne sont pas des crises monétaires, c'est une crises causée par la mauvaise gestion des gouvernements occidentaux, l'excès d'étatisme et de dépense publique, la démagogie et la politique. Lisez plutôt le dernier de Closets , il y a quelques pages fumantes ...
C'est plutôt réducteur, comme vision des choses. Tu as raison sur un point : si les Etats n'avaient aucun déficit public, il n'y aurait pas de crise de la dette. Mais on ne peut pas réduire la crise de la dette à cette question. D'autres questions doivent être posées. Pourquoi la Grèce, moins endettée que le Japon, doit-elle emprunter plus cher ? Le fait est que si la Grèce pouvait emprunter au même taux que la France, elle ne serait pas dans la même panade qu'aujourd'hui. Pourquoi les Etats doivent-ils emprunter auprès d'établissements financiers qui eux-mêmes empruntent à la BCE, et pourquoi ne peuvent-ils pas emprunter directement à la BCE ? Est-il normal d'aligner les "plans de sauvetage" des banques de la Grèce alors qu'on sait que la Grèce ne pourra jamais rembourser ? Est-il normal que le contribuable soit obligé de casquer pour sauver les banques qui ont des créances pourries ? Est-il normal que les aléas des marchés financiers puissent mettre en péril des banques de dépôts qui n'ont plus de fonds propres suffisants ? Comme le souligne Fredo, le bordel généralisé des marchés financiers a grandement contribué à la crise actuelle. Maurice Allais avait le mérite d'apporter des réponses à cela. Dommage qu'il n'ait pas été davantage écouté.
Il y a des raisons dans la façon dont est traitée la Grèce. La question n'est pas simplement de savoir si A est plus endetté que B en volume ou en ratio de PIB, la question est de savoir si A ou B sont solvables; la notion de solvabilité inclue beaucoup d'autres paramètres que la dette ou le PIB, par eemple: réserves, déficit et son évolution, croissance et potentiel de croissance, solidité politique, influence politique et militaire du pays, richesses naturelles, évolution démographique, profil économique dans un continent donné.
Ainsi la France ou la Grande-Bretagne sont plus endettées que l'Espagne en ratio, mais sur l'ensemble des critères ci-dessus il est est jugé que l'économie espagnole est en plus mauvais état que la française ou la britannique, et l'Espagne est plus mise à l'index que la France ou la Grande-Bretagne.
Ainsi il est jugé que le Japon , pays technologique , pourra payer ses dettes alors que la Grèce ne pourra pas.
Concernant la Grèce, les plans de sauvetage sont accumulés car c'est peut-être le moindre mal. Si la Grèce fait défaut, une dizaine de banques dont les 3 françaises vont à leur tour être en défaut. Que vont faire les gouvernements ? nationaliser ? avec de l'argent fictif émis par la BCE ? autant que la BCE émette des assignats pour couvrir la Grèce ...

Sinon deux nouvelles ce jour:
- la note de la dette italienne est dégradée par S&P
- Siemens a retiré ses dépôts à la SG ....

Ambience ...

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Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par racaille » 20 sept. 2011, 18:45:10

Narbonne a écrit :Qui a changé la loi sur le financement de l'etat (VGE) ? : Etat
Qui emprunte et signe en bas de la page ? : Etat
Qui emprunte et signe en bas de la page en Grece ? : Etat grec
Qui a signé pour être dans l'OMC : L'Etat
Qui a accepté le traité de Lisbonne, contre le vote des citoyens: L'Etat
Qui a créé un deficit chronique des etats : L'Etat

C'est les representants du peuple qui nous ont mis dans cette situation.

Les representants du peuple sont devenus le clergé de la noblesse ( les actionnaires)
On devrait plutôt parler de coproduction, les politiciens incriminés s'étant bornés à légitimer - légaliser même - un système conçu par les banques privées pour leur intérêt propre.
Ilikeyourstyle a écrit :
El Fredo a écrit :C'est clair que prétendre que la crise actuelle a son origine dans la gestion des états et non dans le bordel institutionnalisé du système financier, c'est franchement révisionniste.
Bah quelle grosse blague. Celà fait bien 12 ans en arrière qu'un type très bien placé pour être au courant (épouse chef de service à Bercy, énarque ...) m'a expliqué que ce qui foutait le bordel sur les marchés financiers , faisait monter les taux d'intérêt en Europe , aux USA et au Japon, c'était les déficits publics. J'ai bien compris ce qu'il m'avait dit ... et çà a contribué à me faire un petit credo économique et politique. Il avait tout à fait raison, et on a le résultat.
Les déficits publics sont peut-être un problème, cela dit ça n'a pas grand chose à voir avec l'opacité du marché et du système bancaire, avec les ventes à découvert, avec le marché du gré à gré hors bilan, avec les produits financiers, dérivés et cds machins trucs, avec le trading haute fréquence, etc.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par johanono » 20 sept. 2011, 21:18:54

Ilikeyourstyle a écrit :
El Fredo a écrit :C'est clair que prétendre que la crise actuelle a son origine dans la gestion des états et non dans le bordel institutionnalisé du système financier, c'est franchement révisionniste.
Bah quelle grosse blague. Celà fait bien 12 ans en arrière qu'un type très bien placé pour être au courant (épouse chef de service à Bercy, énarque ...) m'a expliqué que ce qui foutait le bordel sur les marchés financiers , faisait monter les taux d'intérêt en Europe , aux USA et au Japon, c'était les déficits publics. J'ai bien compris ce qu'il m'avait dit ... et çà a contribué à me faire un petit credo économique et politique. Il avait tout à fait raison, et on a le résultat.
johanono a écrit :
Ilikeyourstyle a écrit :Beaucoup se réclament de Maurice Allais , y compris Marine Le Pen. Laissez Maurice Allais dormir en paix. Les solutions des crises actuelles ne sont pas des crises monétaires, c'est une crises causée par la mauvaise gestion des gouvernements occidentaux, l'excès d'étatisme et de dépense publique, la démagogie et la politique. Lisez plutôt le dernier de Closets , il y a quelques pages fumantes ...
C'est plutôt réducteur, comme vision des choses. Tu as raison sur un point : si les Etats n'avaient aucun déficit public, il n'y aurait pas de crise de la dette. Mais on ne peut pas réduire la crise de la dette à cette question. D'autres questions doivent être posées. Pourquoi la Grèce, moins endettée que le Japon, doit-elle emprunter plus cher ? Le fait est que si la Grèce pouvait emprunter au même taux que la France, elle ne serait pas dans la même panade qu'aujourd'hui. Pourquoi les Etats doivent-ils emprunter auprès d'établissements financiers qui eux-mêmes empruntent à la BCE, et pourquoi ne peuvent-ils pas emprunter directement à la BCE ? Est-il normal d'aligner les "plans de sauvetage" des banques de la Grèce alors qu'on sait que la Grèce ne pourra jamais rembourser ? Est-il normal que le contribuable soit obligé de casquer pour sauver les banques qui ont des créances pourries ? Est-il normal que les aléas des marchés financiers puissent mettre en péril des banques de dépôts qui n'ont plus de fonds propres suffisants ? Comme le souligne Fredo, le bordel généralisé des marchés financiers a grandement contribué à la crise actuelle. Maurice Allais avait le mérite d'apporter des réponses à cela. Dommage qu'il n'ait pas été davantage écouté.
Il y a des raisons dans la façon dont est traitée la Grèce. La question n'est pas simplement de savoir si A est plus endetté que B en volume ou en ratio de PIB, la question est de savoir si A ou B sont solvables; la notion de solvabilité inclue beaucoup d'autres paramètres que la dette ou le PIB, par eemple: réserves, déficit et son évolution, croissance et potentiel de croissance, solidité politique, influence politique et militaire du pays, richesses naturelles, évolution démographique, profil économique dans un continent donné.
Ainsi la France ou la Grande-Bretagne sont plus endettées que l'Espagne en ratio, mais sur l'ensemble des critères ci-dessus il est est jugé que l'économie espagnole est en plus mauvais état que la française ou la britannique, et l'Espagne est plus mise à l'index que la France ou la Grande-Bretagne.
Ainsi il est jugé que le Japon , pays technologique , pourra payer ses dettes alors que la Grèce ne pourra pas.
Concernant la Grèce, les plans de sauvetage sont accumulés car c'est peut-être le moindre mal. Si la Grèce fait défaut, une dizaine de banques dont les 3 françaises vont à leur tour être en défaut. Que vont faire les gouvernements ? nationaliser ? avec de l'argent fictif émis par la BCE ? autant que la BCE émette des assignats pour couvrir la Grèce ...

Sinon deux nouvelles ce jour:
- la note de la dette italienne est dégradée par S&P
- Siemens a retiré ses dépôts à la SG ....

Ambience ...
Potentiel de croissance, solidité politique, influence politique et militaire du pays, profil économique... Tout ceci est quand même très vague et subjectif. Ce qui est certain, c'est que la Grèce est moins endettée que beaucoup de pays qui ont pourtant moins de mal à se financer. Ce qui est certain, c'est que si la Grèce pouvait se financer au même taux que l'Allemagne, elle ne serait pas dans la panade dans laquelle elle se trouve aujourd'hui. Et au vu des critères subjectifs que tu énonces, on comprend bien que les marchés financiers obéissent à des mécanismes irrationnels. Donc non, la crise de la dette n'est pas uniquement liée à la mauvaise gestion des finances publiques des pays concernés. Elle est également provoquée par le fonctionnement irrationnel et erratique des marchés financiers.

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El Fredo
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Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par El Fredo » 20 sept. 2011, 21:43:47

Ilikeyourstyle a écrit :
El Fredo a écrit :C'est clair que prétendre que la crise actuelle a son origine dans la gestion des états et non dans le bordel institutionnalisé du système financier, c'est franchement révisionniste.
Bah quelle grosse blague. Celà fait bien 12 ans en arrière qu'un type très bien placé pour être au courant (épouse chef de service à Bercy, énarque ...) m'a expliqué que ce qui foutait le bordel sur les marchés financiers , faisait monter les taux d'intérêt en Europe , aux USA et au Japon, c'était les déficits publics. J'ai bien compris ce qu'il m'avait dit ... et çà a contribué à me faire un petit credo économique et politique. Il avait tout à fait raison, et on a le résultat.
C'est ça, et tu vas nous expliquer que si les banksters ont titrisé des tas de saloperies à la pelle avant de coller une étiquette AAA dessus, c'est la faute des déficits. Et tu nous expliquera par quel miracle l'Espagne et l'Irlande, qui avaient zéro déficits avant la crise, se retrouvent le plus dans la m.... aujourd'hui (notamment le second qui était présenté comme le parangon du libéralisme). Je pense que ton type très bien placé a légèrement abusé de l'argument d'autorité et a privilégié l'explication qui sied le plus confortablement à son idéologie. La crise actuelle est avant tout une crise de la dette privée.

Sinon concernant le problème général de la dette européenne, puis-je te suggérer de jeter un oeil à mon message ici, qui a le mérite de clarifier un peu la situation :

http://actu-politique.info/viewtopic.ph ... 30#p125330
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Papibilou
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Re: Maurice Allais analyse la crise financière

Message non lu par Papibilou » 23 sept. 2011, 11:17:43

Je retiens l'idée de Allais que la création de monnaie revient aux états et non aux banques.

Il s'ensuit forcément que les états ne doivent pas emprunter aux banques et que les banques doivent séparer leurs activités de dépôt et d'investissement.

Mais aussi que le levier permettant aux banques de prêter 100 quand elles ont 20 en dépôt est également à proscrire.

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