Qu'en pensez vous ?Alain Minc, économiste, consultant et auteur de La Machine égalitaire (Grasset).
"La contribution exceptionnelle de 3% proposée par le gouvernement donne, pour la première fois, un chiffre à la richesse. 500.000 euros de revenus par an et par personne, peut-être moitié moins après son passage devant le Parlement. C’est un symbole. Il ne touche que 10.000 contribuables : les riches des riches. Nous ne sommes ni en 1789 ni en 1981, mais les nantis savent qu’il y a un nouveau prix fiscal à payer. Avec la crise économique, la frustration monte et on demande à la fiscalité de corriger les écarts. Cette frustration est particulièrement forte en France du fait de notre matrice culturelle : le vieux culte de l’égalité aux dépens des libertés individuelles imposé par la Révolution et notre héritage catholique qui se nourrit de la méfiance à l’égard de l’argent. Mais c’est aussi une frustration à l’égard des puissants qui cumulent l’argent et le pouvoir, en l’occurrence un marqueur classique du populisme. La contribution exceptionnelle est un premier garde-fou. On ne va pas s’en tenir là.
Pour évaluer qui est riche et taxer la richesse, il faudrait établir une cartographie beaucoup plus large. Ce sera un des thèmes forts de la présidentielle et des prochains budgets. À compter des années 1980, les inégalités de capital se sont accrues car les taux d’intérêt sont devenus plus élevés que l’inflation. Pendant les Trente Glorieuses, du fait de la hausse des prix, on s’enrichissait en s’endettant. Aujourd’hui, c’est l’inverse.
(...)
La richesse est moins bien partagée. Il y a 30 ans, 1% des plus riches Américains et Européens absorbaient 8% du revenu national. Aujourd’hui, ils concentrent 25% de la richesse outre-Atlantique et 9% en Europe.
(...)
En France, si l’on cumule IR et CSG, elle est de 32% sur le capital et de 48% sur le travail. Cet alignement de bon sens se fera quel que soit le résultat de l’élection présidentielle. La révolution fiscale prônée par Thomas Piketty qui veut fusionner l’impôt sur le revenu et la CSG serait extrêmement brutale pour l’ensemble de la classe moyenne, la base même de l’électorat socialiste." Retrouvez l'intégralité de cet article sur Le Jdd.fr
A plus tard,