La France et l'Allemagne font front commun pour régler la crise de la dette de la zone euro. Tel est le message qu'ont voulu une nouvelle fois faire passer Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à Berlin dimanche soir. Le président français a promis "des réponses durables, globales et rapides avant la fin du mois" pour que "l'Europe arrive au G20 unie et avec les problèmes résolus".
Les marchés le croiront-ils ? Rien n'est moins sûr. Car depuis le début de la crise, les dirigeants européens enchaînent les plans de secours, chacun censé apporter le remède miracle. Sans succès. Le dernier en date, adopté il y a à peine plus de deux mois (le 21 juillet) est déjà caduc. Et chaque fois, la zone euro est obligée d'adopter de nouvelles mesures jugées inenvisageables quelques mois plus tôt. Tour d'horizon des reculades successives des Européens.
Aide à la Grèce
Décidé en mai 2010, le premier plan d'aide à la Grèce prévoyait 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans, le temps qu'Athènes se remette d'une crise ponctuelle de liquidité. Un an plus tard, le 21 juillet, les Européens ont été obligés d'acter l'insuffisance de cette mesure. Non seulement ils vont remettre la main à la poche pour 109 milliards d'euros, mais en plus ils ont été obligés de rallonger le taux et la durée des prêts déjà consentis pour éviter qu'Athènes ne soit étranglée par les remboursements. Autant de mesures dont on sait déjà qu'elles ne suffiront pas...
Restructuration de la dette
Les Européens sont donc contraints d'envisager une nouvelle restructuration de la dette grecque. Une solution longtemps exclue par l'ensemble de ses dirigeants. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, la qualifiait pourtant il y a encore quelques mois de "scénario de l'horreur" et Jürgen Stark - chef économiste de la BCE qui a depuis démissionné - de "catastrophe". Les Grecs eux-mêmes ne voulaient pas en entendre parler : "Nous continuons à penser que la dette publique grecque est soutenable (...) il n'est pas question de restructurer", déclarait encore en mai dernier l'ancien ministre des Finances grec Georges Papaconstantinou.
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C'est pourtant bien ce qui a fini par arriver le 21 juillet. Contraints de remettre la main à la poche, les Européens se sont résignés, sous la pression de l'Allemagne, à faire payer les banques.
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En clair, les banques européennes - au premier rang desquelles les banques françaises - pourraient voir la valeur de leurs titres grecs divisée par deux !
C'est précisément le scénario qui affole les marchés depuis des mois : les investisseurs n'ont jamais cru que la Grèce serait en mesure de tout rembourser comme le juraient la main sur le coeur les Européens. Aujourd'hui, ceux-ci sont bien obligés de constater que la dette grecque ne se réduit pas. Au contraire, elle est hors de contrôle.
Recapitalisation des banques
Il faut donc recapitaliser les banques, et d'urgence, pour permettre aux établissements européens d'encaisser le choc d'une restructuration. Fin août, lorsque Christine Lagarde avait fait ce constat elle avait récolté une volée de bois vert. Force est de constater aujourd'hui qu'elle avait raison.
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Ce sont d'ailleurs les successeurs de Christine Lagarde à Bercy qui ont nié le plus longtemps l'évidence : "Les banques françaises n'ont pas besoin d'être recapitalisées davantage. Depuis 2008, elles ont augmenté leurs fonds de 50 milliards d'euros", jugeait encore fin septembre la ministre du Budget Valérie Pécresse alors que la Commission européenne avait déjà retourné sa veste.
Étendue du Fonds de secours européen
C'est que la France a peur pour son triple A. Pour conserver la meilleure note possible tout en soutenant ses banques, Paris compte donc sur le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Les mesures visant à étendre le rôle du fonds ne sont même pas encore ratifiées par l'ensemble des parlements nationaux que, déjà, les Européens réfléchissent à la meilleure façon de décupler sa capacité. Ce qu'ils s'étaient refusés à faire le 21 juillet au moment de leur adoption.
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