Qu'en pensez vous ?Moody's Investors Service a donné lundi 17 octobre un premier coup de canif à la sacro-sainte note "AAA" de la France, en annonçant qu'elle se donnait trois mois pour déterminer si sa perspective "stable" était toujours justifiée au vu de la dégradation de la situation économique.
"Au cours des trois prochains mois, Moody's va surveiller et évaluer cette perspective stable (de la note du pays), au regard des progrès effectués par le gouvernement pour mettre en oeuvre" les mesures annoncées de réduction du déficit budgétaire, souligne l'agence de notation dans un communiqué.
Le ministre de l'Economie François Baroin a réagi mardi en déclarant que la France "mettra tout en oeuvre" pour conserver sa note.
"C'est une condition nécessaire pour protéger notre modèle social...", a-t-il ajouté.
(...)
Talisman financier
La France bénéficie actuellement de la meilleure note possible de la part de Moody's (un "Aaa"), comme de la part de ses grandes concurrentes Standard & Poor's et Fitch Ratings. Cette note élevée lui permet d'emprunter sur les marchés dans des conditions très favorables pour financer ses déficits budgétaires.
Si la perspective de cette note devait être revue à "négative", cela impliquerait que Moody's serait susceptible de l'abaisser à moyen terme (le plus souvent à une échéance de trois à douze mois). Et la France deviendrait ainsi le nouveau grand pays, après les Etats-Unis, à perdre le précieux talisman financier.
L'agence prend bien soin de préciser que cet examen entre dans le cadre de son étude annuelle sur les comptes de la France et qu'il ne s'agit pas encore --à ce stade-- d'une décision sur la note du pays.
(...)
Détérioration de ses ratios d'endettement
Outre la capacité du gouvernement français à tenir ses engagements budgétaires, Moody's indique qu'elle prendra en compte dans sa réflexion "tout nouveau développement négatif de l'économie ou des marchés financiers".
Dans son communiqué, Moody's relève que la solidité financière du gouvernement français, certes encore très élevée, "s'est affaiblie, comme c'est aussi le cas pour d'autres pays de la zone euro, car la crise économique et financière dans le monde a conduit à une détérioration de ses ratios d'endettement, qui sont désormais parmi les plus faibles des pays notés +Aaa+".
Pour Moody's, il est donc "crucial" pour la France de conserver "la confiance des investisseurs sur sa capacité et sa volonté de s'attaquer à des défis imprévus".
Or "la France pourrait faire face à un certain nombre de défis dans les mois à venir -- comme par exemple la nécessité d'apporter un soutien additionnel à d'autres pays européens ou à son propre système bancaire, ce qui pourrait accroître de manière significative les engagements que doit supporter le budget du pays", note Moody's.
"La détérioration des ratios d'endettement et la possibilité de voir apparaître de nouvelles dettes potentielles exercent une pression sur la perspective stable de la note +Aaa+ du pays", souligne l'agence. Pour Moody's, le gouvernement français a désormais moins de marge de manoeuvre (...) qu'en 2008" lors de la crise des "subprimes".
(...)
Ecart entre les taux français et allemands
L'écart entre le taux des obligations d'Etat françaises à 10 ans (OAT) et celui des titres d'Etat allemands de même maturité (Bund) a atteint mardi un record.
Pour la première fois, l'écart entre les taux des deux pays a dépassé un point de pourcentage, pour atteindre 103 points de base (1,03 point) vers 09H50 (07H50 GMT), en forte hausse par rapport à son niveau de lundi, à 95 points de base (0,95 point de pourcentage).
Malgré l'augmentation de l'écart avec les taux allemands, les taux français s'affichaient relativement stables. L'obligation française à 10 ans voyait ainsi son taux à 3,045%, contre 3,046% lundi soir en clôture.
(...)
Cela signifie que pour s'assurer contre le défaut de paiement de l'Etat français sur une dette de 10 millions d'euros à échéance de cinq ans, un investisseur devra s'acquitter de 193.000 euros par an.
La France est l'entité, publique ou privée, qui concentre le plus important volume de CDS au monde, après avoir détrôné l'Italie durant l'été.
Retrouvez l'intégralité de cet article sur Challenges.fr
A plus tard,