La zone euro en danger ?

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Cobalt

La zone euro en danger ?

Message non lu par Cobalt » 12 juil. 2011, 10:14:00

 




"Une bande organisée de spéculateurs cherche à faire tomber les pays de la zone euro" Edouard Tétreau, associé-gérant de Mediafin, conseil en stratégie, professeur à HEC, estime que le moment est venu de mettre les spéculateurs hors d'état de nuire.rts de taux entre l’Allemagne et l’Italie sont à des niveaux historiques. Pourquoi les marchés financiers s’attaquent-ils à ce pays ?
D’abord, ce ne sont pas "les marchés financiers", mais une bande organisée de spéculateurs, mobiles, bien armés et à ce jour anonymes, qui cherchent à faire tomber les pays de la zone euro les uns après les autres. Grâce aux efforts de la BCE et de l’Eurogroupe, cette bande a, à ce jour, raté son coup. Elle a même perdu de l’argent sur la Grèce qui n’a pas fait défaut, contrairement à ce que certaines agences de ratings, étonnamment complices, voudraient nous faire croire. Aujourd’hui, cette bande s’attaque à l’Italie, l’Espagne. Demain, ce sera au tour de la France. Le moment est venu demettreces spéculateurs hors d’état de nuire.
N’est-il pas un peu facile de désigner toujours les spéculateurs ?
Ce qui est facile, c’est de ne pas nommer les choses et de laisser faire. A l’heure actuelle, certains fonds d’investissements et établissements bancaires, américains, britanniques mais aussi européens – c’est un comble – ont un intérêt financier à mettre des pays européens en faillite. Ils le font en achetant des CDS sur les dettes européennes, en vendant des titres à découvert, en alimentant le marché de rumeurs, qui font les choux gras et les gros titres d’une certaine presse financière. La première mesure des autorités de marché et des dirigeants politiques doit être, au nom de la transparence des marchés, de forcer l’identification de ces spéculateurs. Quels fonds ont intérêt à faire tomber l’Europe ? Quels établissements arment ces fonds avec des prêts, ou des titres – parfois à leur insu ? Après avoir rendu public ce listing, il faut –vite- se donner les moyens de blacklister ces institutions. Au nom de quel masochisme devrait-on continuer de les laisser opérer sur le marché européen ? [Nous sommes actuellement dans une guerre financière qui ne dit pas son nom. Elle réclame des mesures à la hauteur des enjeux. En résumé : une institution prise en flagrant délit d’attaque sur les dettes souveraines européennes doit se voir interdire l’accès aux marchéseuropéens. Ni plus, ni moins.Dans cette guerre, je suis pour le moins perplexe face à la myopie des marchés financiers, qui tirent quotidiennement sur la zone euro, oubliant que deux Etats souverains ont des finances publiques au moins aussi délabrées que la Grèce : la Grande-Bretagne (un déficit correspondant à 9% du PIB) et les Etats-Unis, qui pourraient faire défaut dans quinze jours sur leur dette, et qui ne savent pas s’ils vont faire 1.500 ou 1.700 milliards de dollars de déficits en 2011. La timidité des américaines agences de notation sur le sujet est aussi curieuse que leurs triple A sur les subprimesde 2008… ]
Qu’attendent les responsables politiques européens pour réagir ?
Je ne sais pas. C’est maintenant que ça se passe. Cet automne, il sera trop tard. Trois actions doivent être entreprises : 1. Dans les prochains jours, le listing et le "blacklisting" des institutions spéculant contre la zone euro. 2. Une initiative franco-allemande sur les marchés, par exemple un achat massif de dettes souveraines espagnoles et italiennes. Nos amis allemands le savent : si ces pays font défaut, leurs banques sautent. La solidarité européenne est aussi une bonne politique nationale. 3. Avant le 2 août prochain, date à laquelle les Etats-Unis auront atteint leur plafond de dette autorisé par la loi, nomination d’un ministre européen des finances ayant pour mission première la mutualisation des dettes nationales européennes. C’est l’heure de vérité de l’Europe : soit chacun se replie sur son pré carré national, et tout le monde est perdant ; soit nous sortons de la crise par le haut, avec une union fédérale budgétaire et fiscale, et donc politique.
Tout cela nécessite du temps ?
S’il a fallu quelques heures pour décider une opération militaire en Lybie, on peut se donner quelques jours pour endiguer la spéculation, et quelques semaines pour unir les forces des Trésors allemand, français, italien, espagnol. Après, nous aurons le temps de passer aux choses sérieuses : la remise en ordre de nos finances publiques, à commencer par la France ; la responsabilisation de l’Allemagne face à son engagement européen, notamment en termes de défense ; et la constitution des Etats-Unis d’Europe.
Propos recueillis par Robert Jules




pierre30
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Message non lu par pierre30 » 12 juil. 2011, 12:20:00

Pas facile de dire si c'est réaliste ou pessimiste.

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johanono
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Message non lu par johanono » 13 juil. 2011, 13:43:00

Evidemment que la zone euro est condamnée. C'était une hérésie de vouloir faire une monnaie commune à des pays au caractéristiques économiques, budgétaires et financières très différentes. Aujourd'hui, certains de ces pays ont du mal à rembourser leurs dettes. La solution, pour eux, serait de sortir de la zone euro pour pouvoir dévaluer et/ou créer de la monnaie. Mais une sortie de l'euro par un ou plusieurs pays serait un cuisant échec politique pour les zélotes européistes. Pour garder politiquement la face, ils sont prêts à dépenser des centaines de milliards d'euros en aides destinées à alimenter un puits apparemment sans fonds. Mais ça va durer combien de temps ?

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 13 juil. 2011, 14:05:00

Je n'arrive pas à me prononcer,mais maintenant des gens compétant,disent l'euro condamné,et ils sont un sur deux,pratiquement,alors ? 

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 13 juil. 2011, 14:28:00


 
Dettes de la Grèce, de l'Italie… La zone euro peut-elle exploser ?
Par Pascal Riché | Rue89





La pression des marchés sur la dette italienne relance l'hypothèse de l'explosion de la zone euro. Explications.

Image

Tant que la Grèce était dans la mire des marchés financiers, l'euro était encore solide. Après tout, si la dette grecque est importante quand on la compare au PIB de ce pays, c'est une goutte d'eau quand on la compare au PIB de la zone euro. Elle représente plus de 150% du premier, mais 4% du second.
Mais les choses deviennent sérieuses depuis que les marchés « testent » la dette italienne, répandant des rumeurs, faisant grimper le coût du crédit. La zone euro est-elle en danger ? Explicateur.
ImagePourquoi la spéculation sur la dette italienne inquiète-t-elle ?

La dette de ce pays est autrement plus lourde. La dette italienne représente 1 900 milliards d'euros, soit plus de cinq fois celle de la Grèce. Ou encore plus de 20% du PIB de la zone euro.
L'économie italienne pèse à elle seule deux fois plus lourd que celle de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal, les trois pays déjà secourus par l'Union.
Angela Merkel a téléphoné lundi à Silvio Berlusconi pour le presser de faire adopter son budget d'austérité. Et elle lui a fait savoir, histoire de bien montrer qui en Europe était le patron et qui était le « i » de Pigs (acronyme de groupe de pays : Portugal, Italie, Grèce et Espagne) :
« L'Italie doit envoyer elle-même un signal important qui est l'adoption d'un budget répondant à des exigences d'économies et de consolidation. J'ai téléphoné hier (lundi, ndlr] à cet effet au président du Conseil. »

Pour protéger l'Italie (et au-delà, la zone euro), il faudrait commencer par régler le cas grec, ce qui mettrait fin aux pressions des marchés financiers. Les ministres des Finances européens passent leur temps en réunion sans parvenir à se mettre d'accord. Ce qui n'est pas forcément la bonne méthode.
ImageL'austérité budgétaire est-elle une solution ?
La Grèce ne parvient pas, seule, à honorer le service de sa dette publique. Et étant donné les prévisions de la Commission européenne, cette dette ne va pas diminuer dans les mois qui viennent : le déficit annuel de la Grèce continuera à avoisiner les 10% en 2011 et 2012 (voir le tableau), ce qui ne manquera pas d'alourdir le fardeau.
[table cellpadding="0" cellspacing="0" border="1"][tr][td valign="top" width="259"] La Grèce (source : Commission européenne)

[/td][td valign="top" width="79"] 2010
[/td][td valign="top" width="79"] 2011 (estimation)

[/td][td valign="top" width="79"] 2012 (estimation)

[/td][/tr][tr][td valign="top" width="259"] Croissance du PIB
[/td][td valign="top" width="79"] - 4,5%
[/td][td valign="top" width="79"] - 3,5%
[/td][td valign="top" width="79"]  ?
[/td][/tr][tr][td valign="top" width="259"] Déficit public (% du PIB)
[/td][td valign="top" width="79"] - 10,5
[/td][td valign="top" width="79"] - 9,5
[/td][td valign="top" width="79"] - 9,3
[/td][/tr][tr][td valign="top" width="259"] Poids des intérêts de la dette (% du PIB)
[/td][td valign="top" width="79"] 5,6
[/td][td valign="top" width="79"] 6,7
[/td][td valign="top" width="79"] 7,4
[/td][/tr][tr][td valign="top" width="259"] Déficit hors charges liées à la dette (% du PIB)
[/td][td valign="top" width="79"] - 4,9
[/td][td valign="top" width="79"] - 2,8
[/td][td valign="top" width="79"] - 1,8
[/td][/tr][tr][td valign="top" width="259"] Dette publique (en % du PIB)
[/td][td valign="top" width="79"] 143 %
[/td][td valign="top" width="79"] 158 %
[/td][td valign="top" width="79"] 166 %
[/td][/tr][tr][td valign="top" width="259"] Taux de chômage
[/td][td valign="top" width="79"] 12,6
[/td][td valign="top" width="79"] 15,2
[/td][td valign="top" width="79"] 15,3
[/td][/tr][/table] Pour tenter de corriger la situation, le FMI et une partie des pays européens exigent un redoublement de l'austérité budgétaire (plus d'impôts, moins de dépenses). Mais cette méthode ne fonctionne pas : en 2010, le tour de vis budgétaire a représenté 5,7% du PIB, aggravant la récession (le PIB a reculé de 4,5%). Or, seule la croissance apportera les recettes fiscales suffisantes pour rembourser la dette.
Les marchés savent tout cela. Et coupent donc tout crédit à la Grèce. Le FMI et les pays européens doivent donc se substituer à eux, en catastrophe. D'où la crise actuelle.
Image La restructuration de la dette grecque est-elle envisageable ?
C'est la solution proposée par les Allemands, mais contre laquelle se bat le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet.
Angela Merkel, qui a récemment subi quelques défaites électorales, est sous la pression des électeurs allemands : ceux-ci en ont marre de payer pour les Grecs ou pour leurs créanciers, les banques privées.
Bizarrement, les électeurs français semblent plus insouciants sur le sujet.
L'idée des Allemands est simple : constater que la Grèce ne pourra pas payer et aménager sa dette pour qu'elle puisse le faire. Ce qui peut se faire de deux façons :
  • un abandon d'une partie de la dette – pour désigner cette décote, les financiers parlent de façon amusante de « haircut », de « coupe de cheveux » ;
  • un rééchelonnement – allongement de la durée des échéances.
    [/list:u]
    Ou les deux. Dans tous les cas, c'est une façon de constater un « accident » de paiement. Et c'est cela qui fait peur à Jean-Claude Trichet ou à certains pays comme la France.
    Jusque-là, aucun pays européen n'avait été en situation de défaut de paiement, à la différence des pays d'Amérique latine. Ceux qui résistent à la restructuration craignent un effet de contagion. Ils redoutent qu'en faisant un tel précédent, on fragilise l'ensemble de l'Europe. Les taux d'intérêt exigés des pays européens seront en effet désormais plus élevés, les créanciers exigeant une « prime » pour risque de défaut de paiement. Selon l'institut Terra Nova :
    « Une telle décision serait déstabilisante pour l'ensemble de la zone euro, et aurait des conséquences négatives à terme pour la Grèce qui se verrait refuser pendant plusieurs années l'accès aux marchés financiers, comme après un défaut. »

    Les Français sont souçonnés d'avoir des motivations moins nobles que leurs arguments économiques : ils ont intérêt à protéger leurs banques, moins solides que les banques allemandes.
    Quant à la BCE, qui a repris une partie de la dette grecque, elle perdrait également des plumes, et donc du prestige. Ce qui n'est jamais très bon pour une banque centrale.
    ImageQuelles conséquences pour l'euro ?

    Sur le marché, l'euro baisse un peu, mais c'est plutôt une bonne nouvelle pour les industriels européens, à commencer par les Allemands. Là n'est pas le problème.
    Le danger qui pèse sur l'euro, c'est le risque de voir un pays décider d'en sortir, et qu'il soit suivi par d'autres. Qui aurait intérêt à quitter la monnaie unique dans les circonstances actuelles ? Deux hypothèses sont généralement avancées :
    • l'Allemagne, lassée d'avoir à jouer les locomotives financières de la zone euro, déciderait de retrouver son cher Deutsche mark, celui sur lequel elle a bâti sa prospérité après la Seconde Guerre mondiale.
      Mais à la vérité, l'Allemagne, pays exportateur, est un des pays qui profite le plus de la zone euro. L'Allemagne a en effet su, en comprimant ses salaires, gagner en compétitivité par rapport aux autres pays de la zone. Et comme par définition ceux-ci n'ont pas pu dévaluer leur monnaie comme ils le faisaient auparavant, cet écart de compétitivité se maintient à son profit ;
      [/list:u]
      • les pays lourdement endettés pourraient décider de quitter la zone euro, afin de retrouver leur monnaie et la dévaluer. Un tel choix n'a rien d'évident : d'un côté, une dévaluation renchérirait le coût de la dette ; de l'autre, la dévaluation pourrait, par le jeu des exportations, favoriser la croissance du pays concerné, et donc faciliter in fine le paiement de la dette. Quel effet l'emporterait ? Les avis sont partagés.
        En mai, le site de Der Spiegel a affirmé que le gouvernement grec se préparait à sortir de l'euro, ce que ce dernier a démenti avec la dernière énergie.
        [/list:u]
        Image
        L'hypothèse d'une explosion de l'euro, jusque-là avancée comme un jeu intellectuel, est désormais prise au sérieux. Que faire pour l'éviter ? Mieux cimenter la zone euro, en institutionalisant les mécanismes de solidarité entre les différents pays. Il ne suffira pas pour cela d'augmenter l'enveloppe du Fonds de secours financier (qui peut actuellement prêter 400 milliards d'euros). Il faudra « européaniser » la dette grecque (en clair, la racheter, garantir son remboursement, ou alors créer un grand emprunt pour la consolider).
        Et pour éviter à l'avenir d'autres crises de ce type sans sacrifier l'euro, il faudra faire avancer l'intégration politique de l'Europe. Qui y est prêt ?
        Illustration et graphique : Coyote tentant de tuer Bip Bip (Warner Bros) ; niveau des dettes en pourcentage du PIB des pays de la zone euro (source : Commission européenne).


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mps
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Message non lu par mps » 13 juil. 2011, 15:17:00

En fait, l'euro est dans l'oeil du cyclone pour différentes raisons, dont principalement l'abominable dette grecque.

Cela crée de l'activité boursière, des journées à la baisse (très lucratives) des remontées plus discrètes.

Mais surout, pourquoi lesd agences de notation sont-elles si virulentes ? Elles menaçaient la semaine dernière d'encore dégrader le Portugal et l'Espagne, elles l'ont fait hier avec l'Irlande, sans raison objective particulière. Il s'agit de masquer la quasi banqueroute des USA !

Parce que personne n'en parle, ou très peu, mais il y a un formidable blocage entre Obama, qui veut encore creuser la dette pour faire roucouler ses électeurs, et le Congrès qui dit NIET !

La monnaie étant fiduciaire, moins on parle du dollar, mieux il se porte, et c'est pourquoi on focalise sur l'euro.   Nous ne devons pas rester insensibles, poursuivre nos crash tests des banques, la réduction des dettes publiques, mais pas non plus paniquer.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Message non lu par FIFE » 13 juil. 2011, 15:32:00

Pour moi, l'euro est condamné!
On n'aurait jamais du faire la connerie d'instituer une monnaie unique pour des économies aussi différentes.
On va le payer maintenant, bien qu'on l'ait déjà payer lors de la mise en cervice de cette monnaie....

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politicien
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Message non lu par politicien » 13 juil. 2011, 20:05:00

Bonjour,

La crise de la zone euro en sept questions

 
 
Malgré le risque d'un défaut grec, les États européens peinent toujours à s'accorder sur une solution pour sauver le pays de la faillite.
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1 : Quel est le point de départ de cette crise ?
C'est la situation budgétaire catastrophique de la Grèce qui hante toujours les marchés. Le déficit budgétaire de la Grèce ne se résorbe pas: il s'élève toujours à 10,5% du PIB alors que la dette publique grecque ne se réduit pas et atteint 150% du PIB. Malgré un prêt de 110 milliards consenti en mai 2010 par la zone euro et le FMI, il est acquis que la Grèce sera incapable de se refinancer sur les marchés, comme prévu, en 2012, en raison des taux d'intérêts exorbitants que lui imposent les créanciers: 15,8% pour des prêts à 10 ans. En juin dernier, le Conseil européen et le FMI ont accepté de prêter à nouveau 110 milliards d'euros à la Grèce, en échange d'économies drastiques et de privatisations massives, mais ce second plan de sauvetage, promis pour juillet 2011, n'est pas finalisé. Il a été repoussé à septembre, au grand dam des marchés qui s'impatientent. Car, contrairement au premier plan de sauvetage, financé à 100% par de l'argent public - États et FMI -, le second plan impliquera - c'est la condition posée par Berlin, premier créancier de la zone euro -, une participation de 30% du secteur privé (banques, assurances, fonds de pension). Or, depuis des semaines, les États de la zone euro et les institutions européennes sont divisés sur les modalités de cette participation privée. Faute d'accord sur ce point, c'est le second sauvetage de la Grèce qui est en suspens avec, à la clé, un nouveau risque de faillite d'un État de la zone euro.

2 : Les créanciers privés paieront-ils?
Au printemps dernier, à mesure que s'impose l'idée d'un deuxième plan d'aide à la Grèce, Berlin exige d'y associer ses créanciers privés. Banques, assureurs, fonds de placement devront payer, aux côtés de l'Union européenne et du FMI. Cette position allemande est d'abord politique: outre-Rhin, l'opinion est de plus en plus remontée contre une facture qui ne cesse de s'alourdir, avec les sauvetages successifs de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal. Et Angela Merkel vient de perdre plusieurs scrutins régionaux importants. «Faire payer les banques», ce serait un tribut estimé à 30 milliards d'euros sur trois ans. La Banque centrale européenne (BCE) est contre: «Toute participation des banques doit être volontaire», martèle-t-on à Francfort. Car, en vertu des codes et des usages en vigueur sur les marchés, quand un créancier consent «volontairement» un aménagement de ses crédits, son débiteur n'est pas en «défaut» de paiement. Le «défaut», c'est schématiquement l'incapacité du débiteur à rembourser ce qu'il doit dans le calendrier prévu, ce qui «oblige» son créancier à faire une croix sur une partie de ses avoirs. Mais cette définition générique est sujette à interprétation, notamment de la part des agences de notation. Les plus brillants esprits de la zone euro essaient donc de trouver un plan impliquant les créanciers privés et suffisamment attractif pour que ceux-ci y participent volontairement ou, du moins, en donnent l'apparence. En vain, à ce stade.

3 : Quelles seraient les conséquences d'un défaut?
Pourquoi est-il si important que la Grèce ne fasse pas défaut? Après tout, les investisseurs ont déjà conscience que la Grèce n'est pas en mesure de faire seule face à ses dettes. Mais l'officialisation du défaut de paiement d'Athènes aurait des conséquences jugées d'autant plus effrayantes qu'elles sont incertaines.
Ce qui est sûr, c'est qu'un défaut obligerait toutes les banques à déprécier la valeur de tous leurs emprunts grecs. Première victime: les banques grecques, qui seraient en pertes, et surtout risqueraient d'être boycottées sur les marchés. Qui prêterait de l'argent à des institutions dont une grande part des actifs aurait fondu? Deuxième victime: l'État grec. À court terme, il risque d'avoir à soutenir ses banques - mais avec quel argent? - et à long terme, d'être lui aussi banni des marchés. À titre d'exemple, l'Argentine, dix ans après sa faillite, ne peut toujours pas réemprunter sur les marchés. Troisième victime: la BCE. Elle aussi détient des obligations grecques en masse. Et elle serait face à un sacré dilemme. Théoriquement, elle ne peut pas accepter d'emprunts d'un pays en défaut en contrepartie des financements qu'elle accorde aux banques de la zone euro. Ce serait sa propre solidité qu'elle mettrait en jeu. Mais les événements pourraient lui forcer la main et l'obliger à fournir de l'oxygène aux banques grecques, voire à d'autres banques de la zone euro si sur les marchés le cas d'Athènes devait faire tâche d'huile.

4 : Pourquoi ce phénomène de contagion?
Faute de solution globale, et définitive à la crise de la zone euro, les marchés attaquent les «maillons faibles» de l'Euroland, les uns après les autres: après la Grèce en 2009 et 2010, ils ont fait plonger l'Irlande fin 2010, puis le Portugal au printemps. Ces trois pays sont aujourd'hui sous assistance financière du FMI et de la zone euro, qui leur prête de l'argent, par tranche, en échange de plans d'austérité draconiens. Accouchés dans la douleur, ces trois plans de sauvetage n'ont pas empêché la contagion de se poursuivre. Aujourd'hui, l'Italie et l'Espagne et peut-être la Belgique sont en ligne de mire. Tous ces États ont en commun une dette publique très élevée, supérieure à 90% de leur produit intérieur brut (PIB), et une croissance faible, deux éléments susceptibles de mettre en danger leur solvabilité, c'est-à-dire leur capacité à rembourser leur dette. Si l'Italie est attaquée aujourd'hui, c'est aussi pour des raisons politiques: les marchés doutent de sa capacité à faire appliquer le plan de rigueur de 40 milliards d'euros, adopté jeudi dernier en Conseil des ministres. La contagion est difficile à éviter en Europe, car la zone euro est, depuis sa création, une union monétaire incomplète: chacun État est responsable de son budget. Il n'y a pas de solidarité automatique, ni de transferts d'un pays à l'autre. C'est la fameuse clause de «non-sauvetage» - «no bail out» - inscrite dans les traités de l'UE.

5 : Pourquoi les marchés s'affolent-ils?
Les boursiers ont horreur de l'inconnu. «Le mini-krach qui s'est emparé des marchés est parti de l'incapacité des ministres des Finances de la zone euro à se mettre d'accord sur la finalisation du second plan de sauvetage de la Grèce, alors que tout le monde pensait que le dossier était réglé», estime Didier Fauchier Magnan, directeur général de la Société parisienne de gestion.
Face à tant d'indécision, les spéculateurs ont profité de la faiblesse politique de l'Italie et de ses énormes déséquilibres financiers pour tester la capacité de l'Europe à venir au secours de la troisième économie de la zone euro. Avec une dette publique 5,5 fois plus élevée que la Grèce, l'effet panique était assuré. «Ce qui a précipité la chute, c'est qu'à la différence des emprunts grecs ou portugais, les emprunts d'État italiens sont dans les portefeuilles des plus grandes institutions financières, rappelle Benjamin Melman, directeur chez Edmond de Rothschild IM. Dès lors, au moindre doute sur la solvabilité de l'Italie tout le monde a vendu en même temps.» L'intervention de la Banque centrale européenne et l'adoption par Rome d'un plan de rigueur ont calmé les esprits, mais sans signal fort des dirigeants européens sur leur capacité à régler le problème de la réduction des déficits, la spéculation sur les pays les plus vulnérables reprendra de plus belle. C'est ce que redoutent tous les professionnels.

6 : Que peuvent faire les gouvernements?
À court terme, les gouvernements de la zone euro doivent apporter une réponse à la crise grecque en finalisant, le plus vite possible, le second plan de sauvetage de 110 milliards d'euros promis depuis un mois. Faute d'accord entre les gouvernements, les détails du plan ont été remis au mois de septembre, mais la pression des marchés est telle qu'une solution devra émerger cet été. Avec deux options extrêmes possibles: un nouveau sauvetage grec 100% public, qui calmerait immédiatement les marchés, mais impliquerait un virage politique à 180 degrés de Berlin; ou une participation du secteur privé, plus ou moins importante, qui risque d'être interprétée comme un défaut par les agences de notation, avec des conséquences imprévues sur les marchés. Ni la BCE ni les banques n'y sont favorables.
Entre ces deux extrêmes, il y a toute une gamme de solutions de court terme possible pour alléger le fardeau de la dette grecque : baisse des taux d'intérêt, rallongement des délais de remboursement, poursuite des rachats de dettes par la BCE. Les gouvernements peuvent aussi racheter eux-mêmes la dette des pays les plus malmenés, via le Fonds européen de stabilisation financière (FESF), ce qui allégerait le bilan des banques. Mais à plus long terme, tous les experts convergent pour dire qu'il faut avancer sur la voie du «fédéralisme budgétaire», avec le lancement d'un emprunt européen: le fameux «Eurobond».

7
: Quels risques pour les épargnants?
Une aggravation de la crise mettrait les banques en difficulté. Mais lorsque la chute de Lehmann Brothers avait déjà fait redouter la faillite de certaines d'entre elles, le soutien des États avait été rapide et sans faille. Dans le pire des cas, les clients bénéficient d'une garantie qui couvre leurs dépôts (comptes à vue, mais aussi livrets bancaires, comptes à terme…) à hauteur de 100.000 euros en cas de défaut de leur banque, pour tous les établissements de l'Union européenne.
Et l'assurance-vie? Les fonds en euros sont investis à hauteur d'un tiers environ en emprunts d'État, dont une part très faible (parfois 1% à 2% seulement) en titres grecs. Les assureurs n'ont pas à comptabiliser de moins-values (même si les marchés obligataires plongent) tant qu'ils conservent leurs titres. En revanche, une restructuration de la dette d'Athènes se solderait par une perte ou au moins une réduction des intérêts servis par l'État grec. Avec à la clé une légère diminution des rendements servis aux épargnants sur leur placement préféré. La baisse serait en revanche plus forte si l'Italie ou l'Espagne faisaient elles-mêmes défauts, ce qui est encore très improbable. Le vrai danger? Que les rumeurs affolent les souscripteurs et les conduisent à des retraits massifs. Les assureurs ne pourraient pas forcément céder leurs actifs suffisamment vite pour y faire face. Et ils ont le droit, face à des situations exceptionnelles, de demander des délais.

Le Figaro.fr
 
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Message non lu par Francis XV » 14 juil. 2011, 03:00:00

Bah Euro ou pas Euro le problème est ailleurs, il est surtout est-il sensé d'avoir une banque centrale indépendante du pouvoir politique, est-il sensé que les états doivent emprunter sur les marchés je ne le pense pas.

Si on revient aux anciennes monnaies avec la même gestion privée de la monnaie je crains fort que celà ne change rien au problème.

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Message non lu par GIBET » 14 juil. 2011, 04:46:00

pierre30 a écrit :Pas facile de dire si c'est réaliste ou pessimiste.
C'est très réaliste et très bien informé
GIBET
Le silence est un ami qui ne trahit jamais

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 14 juil. 2011, 07:32:00

Francis XV a écrit : Bah Euro ou pas Euro le problème est ailleurs, il est surtout est-il sensé d'avoir une banque centrale indépendante du pouvoir politique, est-il sensé que les états doivent emprunter sur les marchés je ne le pense pas.

Si on revient aux anciennes monnaies avec la même gestion privée de la monnaie je crains fort que celà ne change rien au problème.
Je ne peux pas dire que j'ai tout assimilé sur la finance loin de là,mais je ne comprends pas,en effet,que les banques ne soient pas d'état ?

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Message non lu par mps » 14 juil. 2011, 12:41:00

Il y en a eu : elles ont toutes croulé ou ont dû fisionner avec le grands partenaires privés.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

pierre30
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Message non lu par pierre30 » 14 juil. 2011, 12:53:00

Le danger pour l'euro existe actuellement à cause des différents problèmes aux USA et dans l'UE qui se produisent au même moment.
Je reste résolument optimiste. L'UE et l'euro ne sont pas que des outils techniques. Il proposent aux populations européennes des objectifs de société.

L'abandon de ces objectifs plongerait les européens dans le marasme.

Les dirigeants européens actuels font pâle figure; Merkel en particulier.

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Les banques n'ont pas vocation à appartenir à l'état. Elles sont la partie privée d'un dispositif au sein duquel elles sont associées à la banque centrale qui en constitue la partie publique. Nationaliser les banques serait couper une jambe à ce dispositif. Et c'est la raison pour la-quelle les tentatives dans ce sens ont été abandonnées.

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mps
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Message non lu par mps » 14 juil. 2011, 15:36:00

+ 1 !
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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GIBET
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Message non lu par GIBET » 14 juil. 2011, 17:35:00

La zone Euro tiendra grâce aux structures financières internationales qui contrent actuellement la guerre financières que des spéculateurs européens engagent pour gagner beaucoup d'argent se foutant totalement des ruines sociales qu'ils provoquent. Ce n'est pas leur problème . C'est une bulle spéculative de mille milliards de dollars qui est entrée en lutte. En Grèce elle a perdu son pari. Elle va se reporter ailleurs . Elle est plus riche que le FMI mais heureusement certains jouent à la baisse et d'autres à la hausse. Ce groupe de spéculateurs n'est pas un groupe cohérent heureusement et ce sont des gens pressés qui ne s'attardent pas en cas de perte. Malheureusement leurs actions affaiblissent à chaque fois les actions obstacles de la défense. S'il n'y avait pas l'Euro et une formidable solidarité financière le pays à monnaie faible serait mort.
Alors l'Euro va tenir encore longtemps car il ne peut en être autrement . Si l'Allemagne avait intérêt à sortir de l'Euro ce serait fait ...mais elles sait ce qui lui en couterait. Alors elle poste égoïstement d'autres vers la porte des banques européennes en essayait de convaincre la Grèce de retourner à sa monnaie ...toute seule ! (ben voyons!!)
Décidément sur ce forum certains tellement obnubilés par la grandeur économique de leur Parti qu'il oublient de lire des revues économiques. Je vous en conseille une excellente et facile lire  C'est "Challenges" voir www.challenges.fr
Ce n'est pas un journal de gauche!!
GIBET
Nota: j'ai voté oui car elle est menacée. Mais elle tiendra!!
Le silence est un ami qui ne trahit jamais

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