http://gaulliste-villepiniste.hautetfor ... crise.htmlLa planche à billets : solution contre la crise ?
Après avoir étudié les enjeux de la dette et les solutions qui peuvent être mises en place, la conclusion est simple : la monétisation est sans doute la seule voie viable pour l’Europe et la France. Mais quelles pourraient en être les modalités ?
L’austérité, seule, n’est pas une solution
En effet, la voie de l’austérité a toutes les chances d’être une voie sans issue dans les circonstances actuelles. Les niveaux de déficit et de dette sont trop importants et la croissance trop faible pour que les pays européens puissent mettre en œuvre des programmes d’austérité sans prendre le risque considérable de rentrer dans une déflation économique où la baisse des dépenses de l’Etat annihilerait toute croissance, sans pour autant parvenir à réduire les déficits à zéro.
Mais du coup, s’il n’y a pas de croissance et toujours des déficits, alors le poids de la dette va continuer à augmenter et la situation risque d’empirer au lieu d’être résolue. Car comment espérer la moindre croissance dans des pays où le volume des dépenses publiques va baisser en moyenne de 10% en trois à quatre ans alors que ces dépenses représentent en général la moitié de l’économie ? La demande privée pourra au mieux compenser, et encore…
La monétisation, la seule voie possible
Du coup, la solution pourrait être le refinancement des Etats par leurs banques centrales. Après tout, ces banques centrales refinancent depuis près de deux ans l’ensemble des établissements bancaire à des coûts dérisoires (1% ou moins aux Etats-Unis et en Europe). Pourquoi les banques centrales ne pourraient-elles pas prêter aux Etats, à 0% (ou un petit peu plus pour ne pas trop encourager le recours à la dette), ce qui serait une solution solide aux problèmes actuels. En effet, les Etats pourraient se passer des marchés, tout en économisant des intérêts.
En outre, cette solution préserve les intérêts des créditeurs actuels qui n’auraient plus de soucis à se faire sur la capacité des Etats à les rembourser, ce qui pourrait restaurer un climat de confiance plus favorable à la croissance. En outre, cette solution pose la question plus globale de la justification du système actuel qui refuse aux banques centrales de créer de la monnaie pour les Etats en Europe (ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne) et le permet aux banques privées.
Encore plus loin, la planche à billets ?
Au final, la solution préconisée par de plus en plus d’économistes apparaît assez raisonnable. Mais il y a une autre voie encore plus hétérodoxe, qui consisterait à faire carrément fonctionner la planche à billet, comme ce que fait épisodiquement le Japon depuis quelques années, c’est-à-dire créer ex nihilo de l’argent. Cette solution en épouvanterait beaucoup qui répondront en évoquant le spectre de l’hyperinflation. Cependant le contexte actuel amène à modérer ces critiques.
En effet, pour la première fois depuis longtemps, la masse monétaire a tendance à légèrement baisser. En outre, avec un chômage massif et des capacités de production sous-utilisées, le risque d’inflation est aujourd’hui totalement nul. Au contraire, un peu de création monétaire pourrait être le carburant pour relancer l’économie, l’éviter de sombrer dans la déflation et même légèrement relever le niveau d’inflation qui est sans doute un peu trop bas aujourd’hui.
Bref, au-delà des politiques d’austérité, dont on peut sérieusement douter de la capacité à résoudre nos problèmes, il existe d’autres solutions. Heureusement, elles commencent à émerger dans le débat public, indiquant aux citoyens qu’il y a d’autres issues que les politiques de Herbert Hoover.
Plutôt que de persister dans des politiques d'austérité totalement contre-productives et dont le seul but est de satisfaire les "marchés", pourquoi ne pas réfléchir à cette alternative crédible que constitue la monétisation des dettes souveraines (couramment appelée "planche à billets") ?
L'argument souvent avancé contre cette monétisation des dettes souveraines est le risque de l'inflation que pourrait engendrer l'augmentation de la masse monétaire en circulation. Mais comme l'article le montre très bien, ce risque est aujourd'hui très relatif. Et puis il vaut peut-être un peu d'inflation que la récession économique et les dramatiques politiques d'austérité actuelles.
Rappelons qu'une telle politique est interdite en France depuis 1973, et qu'elle a été ensuite gravée dans le marbre des traités européens.
Un petit retour en arrière nous amène à constater que cette interdiction est une des causes principales de nos déficits publics actuels.
http://www.liberation.fr/economie/01012 ... ire-d-etatLa planche à billets, une affaire d’Etat
La plupart des pays du monde développé souffrent désormais du poids excessif de leurs dettes publiques, dont le niveau dans l’Union européenne s’échelonne de 47% du PIB pour le Danemark à 153% pour la Grèce. En France, elle a atteint 86% du PIB, soit une proportion proche de celle des Etats-Unis.
Mais le sujet de préoccupation le plus prégnant concerne le poids considérable du service de la dette dans le budget des Etats. En France, le paiement des intérêts de la dette est devenu cette année le premier poste du budget avec 46,9 milliards d’euros, devant ceux de l’Education nationale et de la Défense. Or, comme le diagnostique régulièrement la Cour des comptes, d’un déficit budgétaire au suivant, l’économie française enregistre des taux de croissance insuffisants pour permettre d’espérer mieux qu’une stabilisation de la dette. Pourtant, en 1974, la dette publique française ne représentait que 14,5% du PIB. Comment en est-on arrivé là ?
Pour le comprendre, il convient de se rappeler que, jusqu’en 1973, l’Etat partageait avec les banques privées le pouvoir de création monétaire. Concrètement, l’Etat pouvait emprunter auprès de sa banque centrale et lui rembourser au fur et à mesure de ses recettes, sans intérêts. Or, par la loi 73-7 du 4 janvier 1973, le Parlement français a supprimé cette possibilité en votant que «le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France». L’article 123 du traité de Lisbonne a même consacré cette règle à l’échelle de l’Union européenne : «Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des Etats membres, ci-après dénommées "banques centrales nationales", d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux […] organismes ou entreprises publics des Etats membres.»
En pratique, cela signifie que les administrations publiques s’obligent à emprunter sur les marchés à obligations, avec intérêts. Ce sont les fameuses obligations assimilables Trésor (OAT). Depuis 1974, l’Agence France Trésor doit ainsi rémunérer les titres de sa dette, alors qu’auparavant l’Etat ne payait aucun intérêt. Or, la somme actualisée de tous les intérêts de la dette payés depuis 1974 représente en France près de 1 200 milliards d’euros, sur les 1 641 milliards du total de la dette publique.
L’idée vertueuse de ce mécanisme entré en vigueur en 1974 était d’inciter l’Etat à moins s’endetter, et donc à moins dépenser, afin de limiter les risques d’inflation. Or, avec le recul, on s’aperçoit que les curseurs économiques qui prévalaient avant cette réforme institutionnelle de 1974 sont bien plus enviables que depuis - notamment sur le front de la dette publique et de l’inflation - celle-ci s’étant même emballée au début des années 1980. Et de fait, selon le FMI, plus un Etat est endetté et plus ses marges de manœuvre sont réduites et ses phases de croissance limitées, avec les conséquences sociales que l’on connaît.
En outre, en participant aux adjudications des obligations d’Etat, les banques perçoivent des intérêts par un simple jeu d’écritures comptables, obligations qui sont ensuite intégrées dans divers produits financiers. Si le monopole de la création monétaire des banques peut se justifier pour les prêts aux entreprises et aux particuliers, à raison de la charge administrative que cela représente, la ponction massive et durable effectuée par les banques sur les budgets des Etats est une anomalie considérable préjudiciable aux citoyens.
Maurice Allais, notre unique prix Nobel d’économie, l’avait bien vu, et allait même jusqu’à préconiser, en 1999, dans un ouvrage intitulé la Crise mondiale aujourd’hui, que la création monétaire ne relève que de l’Etat. Une voie intermédiaire pourrait consister à redonner à l’Etat le droit d’emprunter sans intérêt à la banque centrale, dans une limite raisonnable proportionnelle à son PIB et d’une façon concertée dans le cadre de l’Union européenne.
La communauté internationale n’a aujourd’hui plus d’autre choix que de sortir intelligemment de ce système à la légitimité contestable, dans le respect de la valeur des obligations d’Etat existantes, sauf à devoir assumer à terme une hypoxie des économies, une succession de plans d’austérité et une montée du chômage.
Evidemment, les traités européens, les statuts de la BCE, les Allemands, nous interdisent aujourd'hui de recourir à cette alternative. On s'aperçoit ainsi que l'Europe, loin de nous renforcer, ne fait que nous affaiblir, et nous enfonce encore davantage dans la crise. Sortir de l'UE, sortir de l'euro, nous rendra notre souveraineté économique et monétaire et rendra possible toute politique monétaire alternative à la politique actuelle.