Qu'en pensez vous ?Chômage en hausse, entreprises sur la défensive, banques frileuses et ménages soumis à une rigueur inattendue: le mal s'étend au-delà de la sphère financière. L'Europe et ses dirigeants sauront-ils enfin le stopper?
Xavier Bertrand, le ministre du Travail, a préféré prendre les devants : la veille de la publication des chiffres du chômage du mois d'octobre, il a annoncé la couleur : "Pas bons." "Et chacun sait qu'ils ne peuvent pas être bons à cause d'une crise dont on ne sort pas encore et qui parfois même, sur le terrain, s'intensifie."
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Cette succession de mauvaises nouvelles témoigne d'un fait incontestable : les économies européennes - et singulièrement la France - sont entrées dans un cercle vicieux. Côté entreprises, les indicateurs ont viré au rouge : selon Eurostat, les commandes industrielles dans la zone euro ont enregistré une forte chute en septembre par rapport au mois d'août (- 6,4 %). En France, elles ont reculé de 6,2 %, tandis que la production manufacturière décrochait de 1,7 %. "Les niveaux d'activité ne sont pas ceux de la fin 2008, loin s'en faut, tempère Bruno Cavalier, chef économiste d'Oddo Securities, dans sa dernière note de conjoncture, mais la chute des derniers mois est tout de même d'une extrême rapidité." En octobre, l'avis des économistes, mesuré par le Consensus Forecast, misait encore sur une croissance de 0,9 % en France en 2012, prévision déjà inférieure à celle de Bercy (1 %). Mais un grand nombre d'experts parient désormais sur une croissance nulle ou négative l'an prochain.
Des milliers de suppressions de postes en Europe
En attendant, la litanie des plans sociaux a repris, et pas seulement dans l'automobile : la Société générale et BNP Paribas ont annoncé plusieurs milliers de suppressions de postes en Europe ; dans la pharmacie, les laboratoires vont aussi dégraisser - quelque 3 000 postes en moins au niveau européen. Décompte toujours en cours...
Depuis quelques mois, le tissu industriel français se déchire chaque jour un peu plus : ici, c'est une raffinerie qui va cesser son activité (Berre-l'Etang, dans les Bouches-du-Rhône, 1 200 salariés), là, c'est un papetier qui stoppe sa production (Alizay, dans l'Eure, 330 salariés),
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Comment en est-on arrivé là ? "La chute de la croissance a en fait commencé cet été, aux Etats-Unis, puis en Europe, analyse Bruno Cavalier. Comme elle n'avait pas été anticipée, il a fallu revoir en urgence toutes les équations à la baisse."
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A ce tableau noir, il faut ajouter un dernier coup de fusain : les plans de rigueur. Ils se répandent partout en Europe, sous la pression conjuguée des marchés et de l'Allemagne, qui, pour l'heure, continue, contre vents et marées, à refuser que la Banque centrale européenne intervienne massivement pour aider les pays en difficulté. Cette politique déflationniste pourrait, selon certains experts, aggraver encore la situation dans laquelle est plongé le Vieux Continent depuis deux ans. D'autant qu'outre-Rhin la première puissance économique de la zone apparaît à son tour fragilisée.
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Les syndicats, eux, sont déjà sur le pied de guerre : ils appellent les salariés à se mobiliser le 13 décembre, tandis qu'au niveau européen une journée d'action européenne "contre l'austérité" était organisée ce 30 novembre. L'Europe à la sauce germanique, ce n'est pas le moindre de ses paradoxes, ressemble ainsi de plus en plus à une Grèce - version poids lourd - ployant sous les dettes et les contradictions. Pour elle, l'année 2012 s'annonce déjà comme celle de tous les dangers. Retrouvez l'intégralité de cet article sur
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