Voici un point de vue intéressant de Pierre Gattaz, président du Groupe des Fédérations Industrielles (GFI) paru sur le blog du Figaro, pour lancer le débat sur la réindustrialisation
Qu'en pensez vous ?Pierre Gattaz, président du Groupe des Fédérations Industrielles (GFI), plaide pour que les responsables politiques, les dirigeants de banque, les chefs d'entreprise et l'Etat unissent leurs forces pour réussir la réindustrialisation de la France.
Après avoir connu " les trente glorieuses", notre industrie a subi "les 20 calamiteuses" sous les quolibets des défenseurs du "fabless", des rêveurs du tout service ou du tout finance, des intellectuels de la "répartition mondiale du travail" et des idolâtres des seules lois du marché comme règles du monde. Conséquence: elle ne représente plus que 15% du PIB marchand en 2011, contre plus de 23% en 1980 et 27% en 1974.
L'industrie a certes cédé du terrain mais elle est loin d'avoir perdu le combat. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: elle représente encore en France, en 2011, 80% de nos exportations et 85% de nos brevets dans la recherche privée. Un emploi industriel génère deux ou trois emplois de service associé comme l'ingénierie, l'informatique, la logistique....
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Alors que faire?
Nous proposons une approche collective où chaque acteur doit jouer son rôle, dans une détermination sans faille, et dans la durée. Car réindustrialiser le pays sera un processus long, sans doute 10 ans.
L'Etat,tout d'abord, doit redonner une ambition, une vision pour le pays, à 15 ou 20 ans. Comme le font les Chinois, les Coréens, les Indiens et même les Allemands sans l'avouer. Il doit aussi s'assurer que les stratégies monétaires,environnementales, fiscales, sociales, réglementaires... soutiennent et confortent la croissance et les emplois industriels en lien avec cette vision, et non l'affaiblissent. Un Etat "industry friendly".
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Les grands groupes doivent revenir à leur ambition d'être de véritables locomotives de filières, ou de "chefs de meutes" notamment à l'exportation. Leurs acheteurs doivent considérer leurs fournisseurs, non pas comme des coûts d'exploitation à réduire, mais comme des vecteurs de compétitivité par l'innovation et un investissement pour le long terme.
Les PME et ETI doivent encore plus exporter et se concentrer sur l'innovation, la qualité et le service, pour livrer à l'heure des produits innovants et irréprochables, et devenir ainsi les meilleurs alliés de leurs clients. L'innovation dans la recherche et développement bien sûr, mais aussi dans les processus de fabrication, les matériaux et les technologies sont la base d'une industrie performante.
Les enseignants et les chercheurs, partenaires naturels de l'industrie, doivent comprendre les bases de l'économie et aimer leur industrie. Comprendre que les usines et les entreprises sont les "joyaux de la couronne" qui, en finalité de leur enseignement et de leurs travaux de recherche, créent des emplois et des richesses pour le pays et pour nos enfants.
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Enfin, les politiques doivent s'attaquer avec détermination aux déficits de la France, sans augmenter nos taxes et nos impôts, déjà arrivés à des niveaux records, mais en utilisant par exemple davantage les technologies et le numérique, pour faire plus avec moins! C'est possible! Nos entreprises le prouvent chaque jour.
Ce ne sera qu'à ces conditions et avec la participation de tous que l'on pourra de nouveau réindustrialiser le pays et réconcilier l'économie, la technologie et l'humain.
Pour être fort en Europe et dans le monde, il nous d'abord être fort en France. Nous avons tous les ingrédients de la réussite. Il nous manque seulement l'ambition, la volonté collective et le passage à l'action. Une France qui se bat ensemble pour son industrie et ses exportations et qui gagne. Il faut y croire. C'est le moment d'y croire.
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A plus tard,