Automobile : les dégâts de la délocalisation

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Nombrilist
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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par Nombrilist » 09 févr. 2012, 19:15:14

Ou alors on se dit qu'on a atteint un confort suffisant, et on opte pour la décroissance.

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El Fredo
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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par El Fredo » 09 févr. 2012, 20:36:57

T'inquiète johanono, on a bien compris que tu préfères sauvegarder un emploi d'ouvrier plutôt qu'un emploi de chercheur ou d'ingénieur. On a bien compris que tu privilégies un modèle obsolète d'industrie lourde qui n'est plus viable que dans les pays en développement. On a bien compris que tu te focalises sur des secteurs du passé et que tu méprises les secteurs d'avenir.

Tu es passéiste, nostalgique d'un âge d'or que tu n'as jamais connu.
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Ilikeyourstyle
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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par Ilikeyourstyle » 09 févr. 2012, 20:49:07

johanono a écrit :Je ne fais pas partie de ces gauchistes qui dénoncent à bon compte les "patrons voyous". Les patrons recherchent l'intérêt de leur entreprise. S'ils décident de supprimer des emplois en France et d'ouvrir des usines à l'étranger, c'est probablement parce qu'ils pensent qu'une telle stratégie sert les intérêts de leur entreprise. Je ne leur en veux pas. Je ne leur demande pas de faire du social.

Sauf que moi, ce qui m'intéresse, c'est l'intérêt général de la France. Or quand des entreprises françaises suppriment des emplois en France et construisent des usines à l'étranger, cela n'arrange pas la situation de l'emploi en France.

Donc la question à poser est : que peut faire un gouvernement français pour faire en sorte que ces entreprises françaises préservent l'emploi en France ?

Il ne s'agit pas d'interdire les licenciements. L'interdiction des licenciements est une mesure idiote : si l'entreprise n'est plus rentable, elle n'aura plus d'argent pour payer ses salariés, peu importe qu'il y ait ou non une interdictions des licenciements.

Un gouvernement français doit faire en sorte que les entreprises françaises ne soient plus financièrement obligées de délocaliser. Or dans le système actuel qui met nos entreprises en concurrence avec des entreprises implantées dans des pays à bas coûts de production, nos entreprises sont obligées de délocaliser. Donc le meilleur moyen de préserver l'emploi en France reste de protéger nos entreprises de cette concurrence déloyale.
Tu poses le problème d'une façon complètement erronée. Le problème, ce n'est pas que les entreprises françaises de taille multinationales investissent en France ou au Mozambique, elles investissent là où elles ont intérêt à le faire. L'intérêt national, c'est que des entreprises de tous les pays viennent investir en France, construisent des usines et recrutent des salariés. Pour çà, il faut que l'investissement en France soit attractif et compétitif. Il ne l'est plus depuis plusieurs années, la faute aux 35 heures, retraite à 60 ans, 5 semaines de CP et 45% de PO, sans parler d'un climat socio-politique épouvantable.

Georges
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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par Georges » 09 févr. 2012, 21:11:06

"la faute aux 35 heures, retraite à 60 ans, 5 semaines de CP et 45% de PO, sans parler d'un climat socio-politique épouvantable."

Tu oublies : mai 68, le front populaire, la mort de Louis XVI...

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Lucas
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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par Lucas » 09 févr. 2012, 21:16:48

Plus sérieusement, je me demande comment aujourd'hui il est possible qu'on puisse produire des voitures sur le sol Français.

Et pourquoi on obligerait nos constructeurs à le faire ?

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Golgoth
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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par Golgoth » 09 févr. 2012, 21:18:28

Pourquoi ? Parce que ce secteur bénéficie régulièrement de l'obole publique.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par Ilikeyourstyle » 09 févr. 2012, 21:55:18

Georges a écrit :"la faute aux 35 heures, retraite à 60 ans, 5 semaines de CP et 45% de PO, sans parler d'un climat socio-politique épouvantable."

Tu oublies : mai 68, le front populaire, la mort de Louis XVI...
Exactement, les FM, les régicides, les communistes, anarcho-syndicalistes, socialistes, écologistes et autres diables rouges au drapeau sanglant.

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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par politicien » 09 févr. 2012, 22:02:53

Bonjour,

Un peu de sérieux s'il vous plait...
C'est un symbole cruel pour l'Europe. Renault inaugure, jeudi 9 février, à Tanger, au Maroc, une usine capable de produire, avec 6 000 ouvriers, 40 0000 véhicules destinés essentiellement au marché européen. Au même moment, le constructeur automobile japonais Mitsubishi vient d'annoncer la fermeture de son usine de Born, au Pays-Bas, qui emploie 1 500 personnes.

Depuis la fermeture de Vilvorde (Belgique) par Renault en 1997, il s'agit de la cinquième usine à mettre la clé sous la porte en Europe : PSA avait fermé son site de Ryton (Grande-Bretagne) en 2007, Opel celui d'Anvers (Belgique) en 2010, et Fiat celui de Palerme (Italie) en 2011. Cette vague ne devrait pas s'arrêter.

(...)

Devant le Sénat, mardi 7 février, Denis Martin, le directeur industriel de PSA Peugeot Citroën, a assuré que "l'on ne peut pas imaginer que toutes les usines restent". Avant d'ajouter : "Je ne veux pas fermer d'usine, mais quand il n'y a pas de clients, les usines ne peuvent tourner." "Entre 2007 et 2011, le marché européen s'est contracté de manière très importante. En quatre ans, le nombre de voitures vendues a chuté de 16 à 13,5 millions, rappelle Yann Lacroix, responsable des études sectorielles chez Euler Hermes. En 2012, le marché pourrait baisser à 13 millions de véhicules. A ces niveaux de vente, la question des surcapacités se pose."

(...)

CHÔMAGE PARTIEL
Les constructeurs européens mobilisent tous les autres leviers. Outre le chômage partiel, pour préserver temporairement leurs équipes, ils ont décidé de réduire la voilure, en supprimant des lignes de production afin de supporter les pertes de volumes vendus. Pour rendre plus compétitives leurs usines, les industriels les "compactent". C'est grâce à une réorganisation physique de ses lignes de production, que l'usine PSA de Poissy a gagné le droit de produire la nouvelle 208, qui sera lancée au printemps.

Enfin, tous les constructeurs, qu'ils soient allemands, français ou italiens, ont transféré la production des plus petits modèles dans les pays de la périphérie de l'Europe, de l'Europe orientale à la Turquie. Et, au lieu d'exporter vers les pays émergents, les européens s'y installent afin d'offrir des produits meilleur marché.

(...)

Selon un cadre de PSA, "la différence de coût de la main-d'œuvre est de 1 à 3 entre la France et la Slovaquie". Une 208 slovaque coûte 500 à 1 000 euros de moins qu'une française.

Chez Renault, calcule M. Tavares, "l'écart de coût de production d'une Clio de Flins, en France, et de Bursa, en Turquie, est de 1 300 euros". Fort de ce constat, le constructeur, qui ne produit plus en France que le quart des voitures qu'il vend, veut concentrer, à terme, ses usines hexagonales sur le haut de gamme.
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A plus tard,
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El Fredo
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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par El Fredo » 09 févr. 2012, 22:06:08

Pour en revenir à Renault et son usine marocaine, je pense non seulement que ça ne menace pas l'emploi en France mais que c'est même plutôt une bonne nouvelle pour l'emploi en France. Explications :

Il y a une chose essentielle à comprendre dans le marché automobile, c'est qu'il est très segmenté et à plusieurs niveau. Il est d'abord segmenté au niveau de la gamme : citadine, routière, berline, coupé, monospace, etc. Mais il est aussi segmenté au niveau des marques : low cost, budget, premium... L'intérêt d'un groupe automobile est d'occuper tous les segments.

Les constructeurs les plus puissants en Europe sont les Allemands, notamment parce qu'ils sont présent sur tous ces segments et surtout sur le segment des marques premium (Mercedes, Audi, BMW...). Au point que même Opel, l'une des marques les moins fiables du marché, fait sa pub sur le "Deutsche Qualität".

Volkswagen par exemple dispose de la marque Škoda dont les usines sont dans des pays à bas coûts et commercialise une gamme low cost mais profitant du label de qualité VW. L'ancienne marque low cost Seat, située en Espagne, est devenue une déclinaison sportive et racée des modèles de la maison mère. Ajoutons enfin la marque premium Audi. Sans parler des marques de luxe Lamborghini, Bugatti et Bentley. On voit que la stratégie de Volkswagen porte ses fruits puisque malgré de nombreux sites situés à l'étranger la situation des ouvriers allemands est plutôt enviable, de plus la marque bénéficie d'une image excellente qui tire les ventes de tous les modèles de la gamme, et celle-ci couvre tous les secteurs possibles et imaginables.

On a une situation comparable en Italie avec Fiat, mais avec une image de qualité plus variable...

En France le groupe PSA dispose d'une large gamme de véhicules, mais également d'une marque premium : Citroën. Qui dispose à son tour d'un label super-premium : la nouvelle gamme DS. Peu importe que les 206+ par exemple soient produites à l l'étranger, elles visent de plus petits budgets et nécessitent des coûts salariaux plus faibles qu'en France. Ce qui permet de libérer du capital productif (usines et employés) en France pour développer les modèles à haute valeur ajoutée ainsi que les étendards de la gamme (3008, DS5, hybrides etc). Ajoutons que la R&D et la motorisation, soit les activités vitales et stratégiques du groupe, sont en France.

Renault souffre d'une image assez faible à l'étranger, elle est très repliée sur son marché national (Clio et Mégane sont des carton), et elle est inexistante hors d'Europe (contrairement aux allemandes présentes sur toute la planète). Son alliance avec Nissan est une bonne chose qui lui permet d'atteindre des marchés supplémentaires (le crossover Qashqai, autre carton). Et sa filiale Dacia couvre le segment low cost (Logan, Sandero et Duster, autres cartons). Mais il manque à Renault une image premium qui lui permettrait de couvrir les segments à forte valeur ajoutée, comme PSA avec Citroën et DS. La stratégie récente de Renault vise le véhicule électrique, dont les développements se font en France. Renault mise très gros sur cette affaire, probablement sa survie. Implanter cette usine Dacia à Tanger va lui permettre d'atteindre des volumes de production très importants, que ses usines roumaines aux limites de leurs capacités n'auraient pu fournir. Ça va générer du cash qui va pouvoir financer d'autres projets. Je ne serais pas étonné que Renault développe ensuite un label premium qui lui permette d'atteindre la clientèle haut de gamme qu'elle a perdu depuis les temps glorieux de la Safrane.

Enfin, j'écoutais un spécialiste du secteur ce midi sur France info, qui citait une étude montrant que Renault avait pris bien soin de ne pas cannibaliser sa gamme avec ses modèles low cost, et en effet les Dacia ont dans la pratique concurrencé les occasions et certainement pas les modèles de la marque. On peut donc s'attendre au même effet avec les futurs Scénic-like de chez Dacia qui seront fabriqués dans cette fameuse usine de Tanger.


Donc pour moi prendre l'exemple de cette usine comme archétype de la délocalisation et de la désindustrialisation française, c'est manquer de profondeur d'analyse dans le domaine de l'automobile. Ça n'a vraiment rien à voir avec Continental ou Lejaby par exemple.
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artragis
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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par artragis » 10 févr. 2012, 07:38:06

Renaud = 3ème producteur mondial quand même. Très bon en Russi (rachat de Lada), très bon au Brésil et en Argentine, on il est devant les allemands.

Par contre, si le Duster est une voiture low cost, ce sont les modèles à 17-18000€ qui sont achetés (toute option comprises) ce qui permet à renaud de générer bien plus de cash qu'avec les Sandero (qui étaient pourtant déjà un bon succès).

Mais comme je le disais sur PSA, ce sont surtout les DS et les 3008 qui sont produites en France et qui ont un très bon rayonnement à l'étranger même si en France ça peine à venir.
Enfin la France a Faurencia, Renaud et PSA qui produisent d'excellent moteurs que l'on trouve dans presque toutes les voitures, de l'américaine à l'allemande. Il y a juste un ou deux artifices ajoutés pour simuler le "grondement" de l'américaine et le "ronronnement" de l'allemande. Il me semble aussi que Fiat a signé un contrat avec PSA à la fin 2011 pour ce qui est des moteurs.
Tout ça produit en France.
Ce qui place PSA juste derrière Airbus en ce qui concerne les entreprises qui exportent en France.
http://zestedesavoir.com une association pour la beauté du zeste.

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johanono
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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par johanono » 10 févr. 2012, 08:26:44

Ilikeyourstyle a écrit :
johanono a écrit :Je ne fais pas partie de ces gauchistes qui dénoncent à bon compte les "patrons voyous". Les patrons recherchent l'intérêt de leur entreprise. S'ils décident de supprimer des emplois en France et d'ouvrir des usines à l'étranger, c'est probablement parce qu'ils pensent qu'une telle stratégie sert les intérêts de leur entreprise. Je ne leur en veux pas. Je ne leur demande pas de faire du social.

Sauf que moi, ce qui m'intéresse, c'est l'intérêt général de la France. Or quand des entreprises françaises suppriment des emplois en France et construisent des usines à l'étranger, cela n'arrange pas la situation de l'emploi en France.

Donc la question à poser est : que peut faire un gouvernement français pour faire en sorte que ces entreprises françaises préservent l'emploi en France ?

Il ne s'agit pas d'interdire les licenciements. L'interdiction des licenciements est une mesure idiote : si l'entreprise n'est plus rentable, elle n'aura plus d'argent pour payer ses salariés, peu importe qu'il y ait ou non une interdictions des licenciements.

Un gouvernement français doit faire en sorte que les entreprises françaises ne soient plus financièrement obligées de délocaliser. Or dans le système actuel qui met nos entreprises en concurrence avec des entreprises implantées dans des pays à bas coûts de production, nos entreprises sont obligées de délocaliser. Donc le meilleur moyen de préserver l'emploi en France reste de protéger nos entreprises de cette concurrence déloyale.
Tu poses le problème d'une façon complètement erronée. Le problème, ce n'est pas que les entreprises françaises de taille multinationales investissent en France ou au Mozambique, elles investissent là où elles ont intérêt à le faire. L'intérêt national, c'est que des entreprises de tous les pays viennent investir en France, construisent des usines et recrutent des salariés. Pour çà, il faut que l'investissement en France soit attractif et compétitif. Il ne l'est plus depuis plusieurs années, la faute aux 35 heures, retraite à 60 ans, 5 semaines de CP et 45% de PO, sans parler d'un climat socio-politique épouvantable.
Mais que les entreprises investissent là où elles ont intérêt à le faire, je le conçois tout à fait, et je ne le leur reproche même pas. Sauf qu'un gouvernement français doit faire en sorte qu'elles aient financièrement intérêt à investir en France au lieu d'investir à l'étranger.

Nous sommes en concurrence avec des pays à bas coûts de production, donc si nous voulons nous en sortir, nous avons le choix entre baisser drastiquement nos coûts de production, ou bien nous protéger de cette concurrence internationale.

Baisser les coûts de production, cela a ses limites. Sauf à diviser les salaires par deux et/ou à supprimer toute protection sociale, la France ne sera jamais aussi compétitive que les pays de l'Est en termes de prix. Une telle stratégie de baisse des coûts de production peut certes prendre la forme de la TVA sociale, mais à part ça, son impact sera limité.

Reste donc à se protéger de cette concurrence internationale.

Comme je l'ai dit, je ne crois pas à la stratégie consistant à investir dans la recherche et développement ou l'économie de la connaissance.
El Fredo a écrit :Pour en revenir à Renault et son usine marocaine, je pense non seulement que ça ne menace pas l'emploi en France mais que c'est même plutôt une bonne nouvelle pour l'emploi en France. Explications :

Il y a une chose essentielle à comprendre dans le marché automobile, c'est qu'il est très segmenté et à plusieurs niveau. Il est d'abord segmenté au niveau de la gamme : citadine, routière, berline, coupé, monospace, etc. Mais il est aussi segmenté au niveau des marques : low cost, budget, premium... L'intérêt d'un groupe automobile est d'occuper tous les segments.

Les constructeurs les plus puissants en Europe sont les Allemands, notamment parce qu'ils sont présent sur tous ces segments et surtout sur le segment des marques premium (Mercedes, Audi, BMW...). Au point que même Opel, l'une des marques les moins fiables du marché, fait sa pub sur le "Deutsche Qualität".

Volkswagen par exemple dispose de la marque Škoda dont les usines sont dans des pays à bas coûts et commercialise une gamme low cost mais profitant du label de qualité VW. L'ancienne marque low cost Seat, située en Espagne, est devenue une déclinaison sportive et racée des modèles de la maison mère. Ajoutons enfin la marque premium Audi. Sans parler des marques de luxe Lamborghini, Bugatti et Bentley. On voit que la stratégie de Volkswagen porte ses fruits puisque malgré de nombreux sites situés à l'étranger la situation des ouvriers allemands est plutôt enviable, de plus la marque bénéficie d'une image excellente qui tire les ventes de tous les modèles de la gamme, et celle-ci couvre tous les secteurs possibles et imaginables.

On a une situation comparable en Italie avec Fiat, mais avec une image de qualité plus variable...

En France le groupe PSA dispose d'une large gamme de véhicules, mais également d'une marque premium : Citroën. Qui dispose à son tour d'un label super-premium : la nouvelle gamme DS. Peu importe que les 206+ par exemple soient produites à l l'étranger, elles visent de plus petits budgets et nécessitent des coûts salariaux plus faibles qu'en France. Ce qui permet de libérer du capital productif (usines et employés) en France pour développer les modèles à haute valeur ajoutée ainsi que les étendards de la gamme (3008, DS5, hybrides etc). Ajoutons que la R&D et la motorisation, soit les activités vitales et stratégiques du groupe, sont en France.

Renault souffre d'une image assez faible à l'étranger, elle est très repliée sur son marché national (Clio et Mégane sont des carton), et elle est inexistante hors d'Europe (contrairement aux allemandes présentes sur toute la planète). Son alliance avec Nissan est une bonne chose qui lui permet d'atteindre des marchés supplémentaires (le crossover Qashqai, autre carton). Et sa filiale Dacia couvre le segment low cost (Logan, Sandero et Duster, autres cartons). Mais il manque à Renault une image premium qui lui permettrait de couvrir les segments à forte valeur ajoutée, comme PSA avec Citroën et DS. La stratégie récente de Renault vise le véhicule électrique, dont les développements se font en France. Renault mise très gros sur cette affaire, probablement sa survie. Implanter cette usine Dacia à Tanger va lui permettre d'atteindre des volumes de production très importants, que ses usines roumaines aux limites de leurs capacités n'auraient pu fournir. Ça va générer du cash qui va pouvoir financer d'autres projets. Je ne serais pas étonné que Renault développe ensuite un label premium qui lui permette d'atteindre la clientèle haut de gamme qu'elle a perdu depuis les temps glorieux de la Safrane.

Enfin, j'écoutais un spécialiste du secteur ce midi sur France info, qui citait une étude montrant que Renault avait pris bien soin de ne pas cannibaliser sa gamme avec ses modèles low cost, et en effet les Dacia ont dans la pratique concurrencé les occasions et certainement pas les modèles de la marque. On peut donc s'attendre au même effet avec les futurs Scénic-like de chez Dacia qui seront fabriqués dans cette fameuse usine de Tanger.

Donc pour moi prendre l'exemple de cette usine comme archétype de la délocalisation et de la désindustrialisation française, c'est manquer de profondeur d'analyse dans le domaine de l'automobile. Ça n'a vraiment rien à voir avec Continental ou Lejaby par exemple.
Jusqu'au jour où on apprendra que cette nouvelle usine produit également des voitures destinées au marché français. Quand des modèles vendus en France sont fabriqués en France et que les modèles qui les remplacent sont fabriqués à l'étranger, moi j'appelle ça de la délocalisation.

La spécialisation des constructeurs français dans les modèles luxueux risque de ne pas suffire. Car pour beaucoup de Français, luxe = allemand. Beaucoup de Français qui veulent une voiture luxueuse préfèreront une voiture allemande. On peut le regretter, mais c'est ainsi. Du coup, le marché potentiel pour les voitures type DS de chez Citroën reste limité. L'usine PSA de Rennes s'est spécialisée dans les modèles haut de gamme. Sauf que récemment, les ouvriers de cette usine étaient en chômage technique... Certes, une telle image de marche peut se changer, mais ça prend du temps.

Par ailleurs, j'ai de gros doutes sur le fait que les Dacia puissent générer du cash pour Renault. En effet, la marge est très faible sur ces modèles, je doute que Renault gagne de l'argent avec.

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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par El Fredo » 10 févr. 2012, 09:22:07

johanono a écrit :Jusqu'au jour où on apprendra que cette nouvelle usine produit également des voitures destinées au marché français. Quand des modèles vendus en France sont fabriqués en France et que les modèles qui les remplacent sont fabriqués à l'étranger, moi j'appelle ça de la délocalisation.
Les Dacia sont déjà commercialisées en France. Et elles n'ont pas remplacé les Renault sur le marché Français puisque les deux marques visent des segments différents.
La spécialisation des constructeurs français dans les modèles luxueux risque de ne pas suffire. Car pour beaucoup de Français, luxe = allemand. Beaucoup de Français qui veulent une voiture luxueuse préfèreront une voiture allemande. On peut le regretter, mais c'est ainsi. Du coup, le marché potentiel pour les voitures type DS de chez Citroën reste limité.
Qui parle de se spécialiser dans les modèles haut de gamme ? Au contraire les constructeurs se diversifient pour couvrir tous les segments, relis mon message. Quant à l'image des voitures françaises, elle s'améliore fortement, la DS5 a fait tourner pas mal de têtes jusqu'aux USA et en Asie.
Par ailleurs, j'ai de gros doutes sur le fait que les Dacia puissent générer du cash pour Renault. En effet, la marge est très faible sur ces modèles, je doute que Renault gagne de l'argent avec.
Renault génère des montagnes de cash avec Dacia, renseigne-toi un peu. C'est cette marque qui tire les résultats du groupe vers le haut. L'essentiel de sa croissance se fait hors Europe sur d'autres marques du groupe. Renault ne pourrait pas survivre sur sa seule marque historique peu présente hors d'Europe, qui est un marché à faible croissance.

http://www.francesoir.fr/actualite/econ ... 74973.html
Modifié en dernier par El Fredo le 10 févr. 2012, 09:28:56, modifié 1 fois.
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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par Vincendix » 10 févr. 2012, 09:24:34

Quelle incohérence chez beaucoup de nos compatriotes, si un industriel Français construit une usine dans un pays comme le Maroc, c'est une question de rentabilité évidemment, et puis, pourquoi créer une usine en France et faire venir de la main-d’œuvre étrangère, c'est mieux de fixer les gens dans leur pays, éventuellement de voir quelques émigrés retourner chez eux, souvent avec une expérience. Je connais des cas de retour, des anciens manœuvres sont devenus chefs de service, contremaîtres et même ingénieurs.
Comme un collier de joyaux rares dont le fil rompu laisse lentement tomber des gouttes de lumière, la vie égrène nos jours.Georges Clemenceau

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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par johanono » 10 févr. 2012, 10:39:18

El Fredo a écrit :
johanono a écrit :Jusqu'au jour où on apprendra que cette nouvelle usine produit également des voitures destinées au marché français. Quand des modèles vendus en France sont fabriqués en France et que les modèles qui les remplacent sont fabriqués à l'étranger, moi j'appelle ça de la délocalisation.
Les Dacia sont déjà commercialisées en France. Et elles n'ont pas remplacé les Renault sur le marché Français puisque les deux marques visent des segments différents.
Non, on ne peut pas dire que les Dacia et les Renault visent des segments différents. Celui qui achète une Dacia Sandero aurait pu acheter une Renault Twingo ou une Renault Clio. Celui qui achète un Dacia Duster aurait pu acheter une Renault Clio breack. C'est à chaque fois la même clientèle qui est visée.

Certes, il se dit aussi que les Dacia viennent surtout concurrencer le marché de l'occasion. Sauf que les gens qui achètent un véhicule neuf doivent pour cela vendre ou faire reprendre leur véhicule d'occasion. Si les voitures d'occasion se vendent mal parce que beaucoup d'acquéreurs potentiels préfèrent acheter une Dacia neuve, cela a un impact sur le marché du neuf.
La spécialisation des constructeurs français dans les modèles luxueux risque de ne pas suffire. Car pour beaucoup de Français, luxe = allemand. Beaucoup de Français qui veulent une voiture luxueuse préfèreront une voiture allemande. On peut le regretter, mais c'est ainsi. Du coup, le marché potentiel pour les voitures type DS de chez Citroën reste limité.
Qui parle de se spécialiser dans les modèles haut de gamme ? Au contraire les constructeurs se diversifient pour couvrir tous les segments, relis mon message. Quant à l'image des voitures françaises, elle s'améliore fortement, la DS5 a fait tourner pas mal de têtes jusqu'aux USA et en Asie.
Je ne te parle pas de la spécialisation du constructeur, j'ai bien compris que Renault est un constructeur généraliste qui couvre tous les segements, je te parle de la spécialisation de l'emploi en France. Si on accepte que tous les petits véhicules vendus en France soient produits à l'étranger, ça veut dire qu'on accepte que l'emploi dans l'automobile en France soit spécialisé sur la fabrication de voitures haut de gamme. C'est ce que tu acceptes quand tu écris ceci :
En France le groupe PSA dispose d'une large gamme de véhicules, mais également d'une marque premium : Citroën. Qui dispose à son tour d'un label super-premium : la nouvelle gamme DS. Peu importe que les 206+ par exemple soient produites à l l'étranger, elles visent de plus petits budgets et nécessitent des coûts salariaux plus faibles qu'en France. Ce qui permet de libérer du capital productif (usines et employés) en France pour développer les modèles à haute valeur ajoutée ainsi que les étendards de la gamme (3008, DS5, hybrides etc). Ajoutons que la R&D et la motorisation, soit les activités vitales et stratégiques du groupe, sont en France.
Donc tu acceptes que l'on ne produise plus en France que des voitures haut de gamme. Je te réponds qu'une telle mutation sera dévastatrice pour l'emploi dans l'automobile en France, pour les raisons déjà indiquées. La meilleure preuve se trouve à Rennes. L'usine PSA de Rennes, spécialisée dans les voitures hauts de gamme, supprime de nombreux emplois en ce moment.
Par ailleurs, j'ai de gros doutes sur le fait que les Dacia puissent générer du cash pour Renault. En effet, la marge est très faible sur ces modèles, je doute que Renault gagne de l'argent avec.
Renault génère des montagnes de cash avec Dacia, renseigne-toi un peu. C'est cette marque qui tire les résultats du groupe vers le haut. L'essentiel de sa croissance se fait hors Europe sur d'autres marques du groupe. Renault ne pourrait pas survivre sur sa seule marque historique peu présente hors d'Europe, qui est un marché à faible croissance.

http://www.francesoir.fr/actualite/econ ... 74973.html
A l'étranger, peut-être, mais pas en France.
Si Renault pense qu'il va gagner de l'argent en délocalisant des usines françaises, alors il délocalisera. Si tu crois que Renault acceptera de financer des usines françaises déficitaires grâce au cash généré par le vente de voitures Dacia à l'étranger, tu te trompes.

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artragis
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Re: Automobile : les dégâts de la délocalisation

Message non lu par artragis » 10 févr. 2012, 11:06:54

Ce n'est pas vraiment le même public : les clio sont des citadines, pas le Duster ou le Sandero, qui restent donc plus consommateur que les petites voitures.
Duster apporte des marges énormes parce que ce sont les versions toute option qui sont vendues et quand on sait combien ces options sont dépendantes de PME françaises, alors on ne râle pas.
Les principales importations de voitures sont des importations de voiture allemandes, pas françaises donc l'effet "délocalisation" est assez minime, le Duster c'est pas non plus 1 million de véhicules en France.
http://zestedesavoir.com une association pour la beauté du zeste.

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