Comment l'Islande est sortie de l'enfer

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Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par politicien » 26 févr. 2012, 13:11:39

Bonjour,
À la mi-février, l'agence de notation Fitch a relevé d'un cran la note de l'Islande. À l'heure où un second plan d'aide à la Grèce a été adopté par les ministres de l'Union européenne, l'Islande, premier pays frappé par la crise financière, se relève. Sa croissance devrait afficher cette année plus de 3 %, le taux de chômage est retombé à 7 %, l'endettement des ménages s'est contracté et la balance commerciale est positive.

Michel Sallé, titulaire d'un doctorat en sciences politiques et spécialiste de l'Islande, revient pour Le Point.fr sur ces cinq années de gestion de crise par ce petit État insulaire.

En octobre 2008, moins d'un mois après la faillite de Lehmans Brothers, la crise financière frappe de plein fouet l'Islande. Quelle a été alors la réaction dominante des habitants ?

Ça a été un grand coup de massue pour l'ensemble des Islandais. Pourtant, ce n'est que la conséquence d'une situation alors connue : les trois principales banques, qui gèrent essentiellement des actifs en Europe, représentaient plus de dix fois le PIB du pays. On savait qu'elles avaient des problèmes de financement après la crise des subprimes. Avant la faillite, c'était la martingale avec les produits financiers : le rêve que l'Islande puisse devenir à terme un nouveau Luxembourg. Et les Islandais étaient d'ailleurs très fiers d'être perçus comme performants dans ce domaine.

Pourtant, en l'espace d'une semaine, la situation s'est dégradée violemment...
Un vrai choc : tous les jours, des catastrophes étaient annoncées. L'économie entière s'est arrêtée, il n'y avait plus d'argent ! La société, en Islande, fonctionne beaucoup à crédit, ce qui est encouragé par le caractère très entreprenant, très aventureux des Islandais. Ils aiment prendre des risques pour leur bien-être ou leurs projets. Pendant longtemps, l'appétit de consommation à crédit a été facilité par une inflation à deux chiffres, et l'habitude est restée. Ainsi, une grande partie des ménages avait contracté des emprunts en devises étrangères pour financer maison, agrandissement ou encore voiture. Avec la crise, la devise du pays, la couronne islandaise, s'est effondrée, passant de 120 couronnes pour 1 euro à près de 200.

(...)

Au début de la crise, le gouvernement du moment, de droite libérale, ne tarde pas à réagir...
Dans un premier temps, une loi est promulguée, notamment pour autoriser la nationalisation des banques. Les trois banques du pays, Glitnir, Landsbanki et Kaupthing, étaient gérées comme des pompes à fric par leurs dirigeants qui multipliaient les investissements parfois hasardeux. Techniquement, le gouvernement a créé des banques de dépôt, pour les substituer aux banques existantes en faillite, puis les ont recapitalisées avant de vendre deux d'entre elles à des institutions financières européennes.

C'est également à ce moment que l'Islande prend les premiers contacts avec d'autres pays, et le FMI, pour être soutenue financièrement...
Dans un premier temps, les pays nordiques sont sollicités, mais ceux-ci renvoient les Islandais au FMI. Le FMI avait envoyé une mission dès l'été qui a précédé la crise. Très vite, à la fin du mois d'octobre 2008, le projet d'une aide de 5 milliards d'euros est bouclé. Il inclut une aide directe du FMI et une autre des pays scandinaves et de la Pologne. Pour l'anecdote, les îles Féroé sont le seul pays à n'avoir exigé aucune condition : le Parlement s'est mis d'accord, à l'unanimité et sans débat, pour une aide de 40 millions d'euros. Un appui conséquent pour un pays qui compte 48 000 habitants.

Que stipulait le plan du FMI ? N'était-il pas trop exigeant envers la population ?

Outre l'aide financière, l'institution internationale a apporté la compétence de ses fonctionnaires pour mettre en place le redressement économique et rendre crédibles les décisions islandaises. De plus, vraisemblablement sous l'influence de Dominique Strauss-Kahn, le FMI n'a pas exigé de coupes budgétaires drastiques dès la première année. Les Islandais avaient suffisamment de problèmes comme ça...

La population, elle, continue de manifester...
Depuis le début de la crise, tous les samedis, les manifestants ont été de plus en plus nombreux à Reykjavik. On a compté jusqu'à 6 000 manifestants. C'est impressionnant dans un pays qui compte 300 000 habitants. D'abord, ils ont réclamé le départ de David Oddsson, alors président de la Banque centrale islandaise. Premier ministre de 1991 à 2004, c'est lui qui a organisé la libéralisation à tout-va. Si Oddsson est remplacé en février 2009, les revendications des manifestants s'étendent progressivement à l'ensemble du gouvernement. Et puis le rêve du "grand soir" anime les manifestants - et enthousiasme des politiques français à l'époque. Il y a toujours eu un fond d'antiparlementarisme fort en Islande. Les manifestants, eux, souhaitaient en finir avec des responsables politiques qui se partagent le pouvoir de père en fils et qui sont considérés comme une clique, une mafia...

(...)


La sortie de crise a semblé laborieuse, avec un changement de majorité, avec ces deux refus populaires. Pourtant, aujourd'hui, l'économie s'est bel et bien relancée. Qu'est-ce qui explique cet état de fait ?
On ne peut pas dire que ce soit grâce aux référendums, d'autant que la gestion d'Icesave aurait coûté bien moins cher si le premier accord avait abouti. Parmi les raisons du redressement, l'aide du FMI a été primordiale, tout comme la recapitalisation des banques ou encore la dévaluation de la couronne, qui a permis à l'Islande d'avoir une balance commerciale positive dès la fin de 2008. Mais un des facteurs les plus importants, souvent oublié, est la signature fin juin 2009 du Pacte de stabilité. De longues discussions entre le patronat et les syndicats, publics et privés, ont alors abouti à cet accord, véritable feuille de route destinée au gouvernement. Ce pacte porte non seulement sur le gel des salaires, mais aussi sur le budget, la résorption partielle de l'endettement des ménages ou encore le démantèlement progressif du contrôle des changes. De plus, la faiblesse de la couronne a entraîné un véritable boom dans le secteur touristique.

La Grèce pourrait-elle s'inspirer de la façon dont l'Islande a géré la crise ?
Il serait très réducteur de comparer les deux situations. L'Islande a connu une véritable crise financière, qui a eu pour conséquence une crise des liquidités, un peu semblable à ce qui s'est passé en Irlande. En somme, on ne peut à proprement parler de crise économique pour l'Islande qui, à la différence de la Grèce, avait une bien meilleure capacité à faire face à la situation. En Grèce, les failles du système économique sont beaucoup plus importantes.

(...)
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A plus tard,
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Lucas
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Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par Lucas » 26 févr. 2012, 14:45:14

Il est clair que l'Islande va beaucoup mieux, après avoir été très touché en 2008, quelques chiffres :
Malgré quelques revers en chemin, le programme a jeté les bases d'un accès renouvelé aux marchés de capitaux internationaux à la mi-2011 et d'un rebond encourageant de la croissance économique de 3 % sur l'ensemble de l'année 2011", note l'agence. Elle relève également que le déficit primaire du pays (avant les intérêts de la dette) a été considérablement réduit, passant de 6,5 % du PIB en 2009 à 0,5 % en 2011, et que l'Islande est en bonne voie pour être en excédent primaire en 2012 et en excédent budgétaire en 2014.

Selon Fitch, la dette brute du pays a atteint un sommet à 100 % du PIB en 2011, tandis que la dette nette n'est que de 65 % en raison des dépôts conséquents auprès de la Banque centrale d'Islande. Si l'île affiche des résultats positifs de croissance pour la première fois depuis sa banqueroute de l'automne 2008, le chômage – qui est passé de 1 % dans les années fastes à 10 %, et le double pour les jeunes – y reste le problème le plus préoccupant.

http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html

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Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par El Fredo » 26 févr. 2012, 15:34:35

Outre l'aide financière, l'institution internationale a apporté la compétence de ses fonctionnaires pour mettre en place le redressement économique et rendre crédibles les décisions islandaises. De plus, vraisemblablement sous l'influence de Dominique Strauss-Kahn, le FMI n'a pas exigé de coupes budgétaires drastiques dès la première année. Les Islandais avaient suffisamment de problèmes comme ça...
Au temps pour l'image d' "affameur des peuples" qu'on lui a collée...
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Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par johanono » 26 févr. 2012, 17:59:38

L'Islande a pu librement dévaluer sa monnaie, ce que les pays de la zone euro ne peuvent plus faire aujourd'hui.

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Narbonne
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Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par Narbonne » 26 févr. 2012, 19:46:36

Le FMi n'a rien à voir avec le redressement de l'Islande.
Les Islandais ont laissé leurs banques tombées en faillite et ont refusé de rembouser leurs dettes exterieures (en particulier vis à vis de la hollande).
Ce pays est quasi independant en matiere energetique et leur balance commerciale est excedentaire.
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.

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Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par racaille » 26 févr. 2012, 20:15:59

A mon humble avis le sujet de l'Islande qui "sort de l'enfer" devrait plutôt se trouver dans la section politique du forum, l'aspect économique et la news du relèvement de note par Fitch n'étant que des conséquences de la révolution citoyenne ayant débouché sur le référendum, la convocation d'une assemblée constituante et la rédaction d'une nouvelle constitution.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par Narbonne » 17 avr. 2012, 22:03:55

"Référendum en Islande : seconde torgnole à la finance mondiale"
"Près de 60% de « non » sans condition ! Après une première claque retentissante en mars 2010, nos volcaniques amis islandais ont réitéré par référendum, le samedi 9 avril, à la finance internationale et à leur gouvernement, leur refus de payer les pots cassés de la Grande Crise."

Le blog de Rue89
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.

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Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par mps » 17 avr. 2012, 22:38:33

N'oublions pas (nous ne risquons par, que la Belgique et le Luxembourg ont été durement touchés : la Kaupfting avait lancé de grands emprunts obligataires sur des pays, et a purement et simplement refusé d'honorer son enagement, laissant des milliers de petits porteurs le bec dans l'eau. Ce sont nos gouvernements qui ont dû ouvrir leur escarcelle pour les indemniser et éviter un vrai drame social.

Que cette sale petite île malhonnête se gausse du cours de ses sardines, et de sa prospérité" artificielle, mais ici, Islande = totalement infréquentable.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par El Fredo » 17 avr. 2012, 22:46:27

Les malhonnêtes, ce ne sont pas les islandais mais les banquiers, les islandais ont seulement refusé à juste titre de payer pour les banques qui avaient dues être sauvés in extremis. Quant aux investisseurs, c'est triste pour eux, mais quand on accepte de toucher des intérêts, c'est qu'on accepte également les risques qui vont avec, c'est un peu le principe...
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Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par pwalagratter » 17 avr. 2012, 22:52:12

Quant aux investisseurs, c'est triste pour eux, mais quand on accepte de toucher des intérêts, c'est qu'on accepte également les risques qui vont avec, c'est un peu le principe...
Il est temps de leur rappeler cette notion basique.
C'est clair que la position de l'Islande va poser problème mais c'est une bonne chose.
Et tant pis pour les pauvres miséreux qui avaient investi. Ils ont bien dû garder de quoi se payer un peu de pain.

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Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par mps » 17 avr. 2012, 22:56:15

Sans ses banques, l'Islande n'aurait même pas de quoi saler ses poissons ... Mais ça, c'est leur problème.

Venir vous gausser des petits porteurs, c'est crétinissime : beaucoup de ces gens modestes avaient placé là leur future retraite, ou leur espoir d'ouvrir un commerce, par exemple.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

Cobalt

Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par Cobalt » 17 avr. 2012, 22:57:41

mps a écrit :Sans ses banques, l'Islande n'aurait même pas de quoi saler ses poissons ... Mais ça, c'est leur problème.

Venir vous gausser des petits porteurs, c'est crétinissime : beaucoup de ces gens modestes avaient placé là leur future retraite, ou leur espoir d'ouvrir un commerce, par exemple.
Sur ce point,je suis entièrement d'accord avec toi.

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Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par pwalagratter » 17 avr. 2012, 23:19:02

beaucoup de ces gens modestes avaient placé là leur future retraite
Ce sont les risques. Ah ils ne savaient peut être pas, on les a floué ? Alors qu'ils se retournent contre leurs courtiers

Cobalt

Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par Cobalt » 17 avr. 2012, 23:24:17

C'est pas sur,si c'est des gens qui ont placé,genre caisse d'épargne c'est grave,maintenant si ce sont des actions risquées et qu'ils ont placé sur des produits pour un rapport conséquent là,c'est tant pis pour eux,il faut savoir de quoi on parle,parce que si non on ne va pas se comprendre^^

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Re: Comment l'Islande est sortie de l'enfer

Message non lu par pwalagratter » 17 avr. 2012, 23:45:45

L'article blog89 est daté d'avril 2011.
Depuis une année est passée et il semble que l'Islande ne se porte pas trop mal d'avoir refusé de payer les bêtises des banques étrangères

http://www.agoravox.fr/actualites/inter ... nde-114748
L'Islande a terminé l’année 2011 avec une croissance économique de 2,1% et devrait, selon les prévisions de la Commission européenne, atteindre le taux de 2,7% en 2013 grâce principalement à la création de nouveaux emplois.

L'Islande est le seul pays européen qui a rejeté par référendum le sauvetage des banques privées, laissant s’effondrer certaines d’entre elles et jugeant de nombreux banquiers pour leurs crimes financiers mais curieusement les médias français et européens n’en parlent pas ou très peu…
L'article qui reprend tout l'historique est intéressant.

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