Qu'en pensez vous ?Ce mercredi 29 février, la Banque centrale européenne (BCE) va à nouveau inonder l’Europe d’une vague de plusieurs centaines de milliards d’euros de liquidités. En décembre dernier, elle avait déjà injecté dans l’économie européenne 489 milliards d’euros par le biais de LTRO (Long term refinancing operation). Cette opération consiste à prêter de l’argent à trois ans, au taux de 1%, à toutes les banques privées qui le souhaitent, en échange du dépôt de créances de toute nature et pas toujours de première qualité.
Autrement dit, la BCE débarrasse les banques de leurs créances à risques et les charge d’injecter dans l’économie l’argent qu’elle leur prête.
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Le chirurgien Draghi branche l'oxygène
Ce 29 février, les banques devraient donc "échanger" leurs créances contre de l’argent frais, grâce à l’émission de LTRO : entre 500 et 1.000 milliards d’euros selon le consensus Bloomberg. Toutes les autorités bénissent cette opération. Mario Draghi, le président de la BCE, a d’ailleurs invité les banques à utiliser son guichet en leur rappelant qu’il n’y avait "pas de honte à recourir à cette facilité à trois ans". On ne voit pas pourquoi les banques se priveraient : pour Frank Oland Hansen, senior economist à la Danske Bank, "c'est une tellement bonne affaire que beaucoup de banques demanderont des montants importants".
Qu’en feront-elles ? Elles devraient presque aussitôt réinvestir ces sommes en valeurs boursières, en obligations des états les plus solides (Allemagne, Danemark, Suède…) et en prêts à des fonds d’investissements, qui les investiront eux-mêmes en bourse et sur les cours du pétrole, de l’or ou d’autres matières premières.
La finance apprécie ce dopage, mais...
La première vague de LTRO a montré que cette bouffée d'oxygène n'a pas vraiment ranimé le patient. Elle a surtout gonflé la valeur de tous les actifs liquides (et donc financiers) et ne s’est pas investie, comme l’espérait la BCE, dans les actifs réels, comme le financement des entreprises ou même l’immobilier, qui se bloque peu à peu depuis la fin de l’année dernière. Du coup, certains actifs ont connu des hausses spectaculaires, alors que rien dans la situation ne justifiait une telle envolée. Tous sont des actifs financiers, que l’ont peut récupérer facilement en cas de retournement, ce qui en dit long sur le degré de confiance de ces investisseurs.
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Il n’y a pas de raison que cela s’arrête : avec cette deuxième vague de LTRO, ce sont entre 1.000 et 1.400 milliards d’euros qui auront été injectés dans l’économie européenne en six mois. Et tous les grands pays s’y mettent ou s’y sont déjà mis : les Etats-Unis ont déjà injecté 2.400 milliards de dollars dans leur économie, le Royaume-Uni l’équivalent de 390 milliards d’euros, le Japon l’équivalent de 300 milliards d’euros et même 600 milliards si on prend en compte les opérations de LTRO de la Banque du Japon).
... gare au risque de stagnation de l'économie
Même Pékin a abaissé le montant que les banques doivent bloquer pour obtenir des liquidités auprès de la Banque de Chine. Au total entre 3 et 4.000 milliards d’euros supplémentaires en circulation : la plus grande vague de création monétaire qu’ait connu le monde depuis la "relance" japonaise de la fin des années 80. Pour mémoire, elle avait plongé l’archipel dans la stagnation économique doublée d’un taux d’endettement national supérieur à 250%.
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A plus tard,