Qu'en pensez vous ? Selon vous la mondialisation est une chance ?La thèse du livre que vous venez d’écrire est bien résumée par son titre, Le Défi des pays émergents, une chance pour la France. Qui voulez-vous convaincre ?
Cela fait maintenant plus de 20 ans que je suis l’évolution spectaculaire des économies émergentes. J’ai prêché dans le désert pendant toutes les années 90. On ne regardait alors que ce qui se passait aux Etats-Unis, en Europe, au Japon… Les choses n’ont vraiment changé qu’à partir de 2008, où le potentiel de croissance des "Brics" s’est révélé aux yeux de tous. Avec ce livre, je souhaite démontrer aux politiques et en particulier au gouvernement français que la mondialisation n’est pas, ou plus, une menace pour la France mais bel et bien une chance.
Soyons honnête, il y a 15 ans, la question du protectionnisme aurait pu se poser, mais nous avons mangé notre pain noir. Les conséquences négatives sont derrière nous. Et en choisissant de fermer nos frontières, nous nous priverions d’un formidable marché. Je ne dis pas que cela sera un long fleuve tranquille. Il va notamment falloir veiller à ce que la propriété intellectuelle soit mieux respectée.
L’Allemagne a davantage profité de la croissance des pays émergents que la France. Croyez-vous que nous puissions rattraper notre retard en la matière ?
Oui, et si le différentiel de compétitivité entre nos deux pays joue en notre défaveur, nous avons des atouts à mettre en avant. Les Allemands ont beaucoup profité de l’expansion des émergents, parce que la croissance de ces pays était liée à des investissements massifs des entreprises présentes sur leur territoire. L’industrie allemande, très en pointe dans les machines-outils, en a pleinement profité. Mais aujourd'hui la croissance de ces pays est de plus en plus tirée par la consommation intérieure et par la modernisation de leurs infrastructures. Tout cela joue en notre faveur. Désormais, la spécialisation de l’industrie française est bien en phase avec les besoins des BRICs.
On parle depuis longtemps des performances de nos grandes marques de luxe dans les pays émergents, mais je vous rappelle que Danone y réalise aussi plus de 50% de son chiffre d’affaires. Et n’oublions pas que nous avons des géants mondiaux dans le secteur de l’assainissement, des travaux publics, de l’énergie, des transports…
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Vous plaidez donc pour une réindustrialisation de la France ?
C’est le sujet clé. Mais pas n’importe quelle industrialisation. Il ne s’agit pas de produire des chaussettes françaises. Il fait que nous développions la production de biens à forte valeur ajoutée, des technologies d’avenir que les Chinois ou les Brésiliens n’ont pas: énergies alternatives, traitement des eaux, etc…Il faut donc identifier les secteurs stratégiques.
Je propose dans mon livre de créer une commission de prospective sur ce sujet qui devra intégrer les représentants du secteur privé, y compris les PME, des économistes, des universitaires, des représentants du secteur public (Coface, Ubifrance) et de la société civile. Elle définira le cadre qui permettra d'orienter l'économie française vers la demande émergente.
(...) L'intégralité de cette interview sur Challenges.fr
A plus tard,