Le collectif budgétaire du gouvernement Ayrault commence à se dévoiler

[Nombrilist]

Tu dois vouloir dire: augmentez la dette. Perso, je préfèrerais que la BCE prête directement aux Etats.

[Incognito]

A quel taux? À taux zéro, c'est plus cher que ce que les marchés offrent!
:lol:

[Nombrilist]

Profiter du malheur des autres, ça ne durera pas. Et puis si par derrière on paie pour ces autres, l'emprunt à taux négatif n'est qu'une illusion. Donc oui, à taux zéro de la part de la BCE.

[Incognito]

Nombrilist, ces prêts directs de la BCE aux états, c'est une forme d'assouplissement monétaire. Et c'est effectivement ce qu'il faut en ce moment. Mais une politique monétaire correcte, ce n'est pas de l'assouplissement ad vitam, pas plus qu'une bonne politique budgétaire ce n'est des déficits ad vitam.

Un jour, il y aura de nouveau des pressions inflationnistes. Le financement direct des états par la banque centrale ne permettra pas de les combattre correctement. C'est ce qui a mené Pompidou à mettre fin à cette pratique en 1973, après avoir constaté que depuis 1945 la France avait eu systématiquement plus d'inflation que quasiment tous ses voisins.

[Nombrilist]

Et l'inflation, même à 5%, c'est mal ? Et si les salaires n'augmentent pas, comment peut-on avoir de l'inflation ?

[Incognito]

Non, ce n'est pas nécessairement mal. Cela nous aiderait beaucoup en ce moment. Je dirais que 5%, c'est ma limite haute. Et 2% ma limite basse. Et bien entendu, cela implique des évolutions salariales d'ampleur similaire.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que le comportement de l'inflation a tendance à être procyclique: haute quand on voudrait qu'elle soit basse, et basse quand on voudrait qu'elle soit haute. Le financement direct des états ne pose pas de problème d'inflation en ce moment, mais sera très problématique en période de haute conjoncture.

[wesker]

Si nous voulons dégager des marges de manoeuvres et disposer de capacités d'investissements indispensables à la croissance future, il faut préalablement démontrer que nous sommes capables de réduire les déficits budgétaires, d'assumer nos échéances et en même temps de préparer l'avenir.

[Blaise]

Y'a plus qu'à.

[pierre30]

Si la société souhaite bénéficier de forces de l'ordre, de services de santé, d'infrastructures de transports ou d'énergies, les citoyens doivent accepter de s'acquitter de l'impôt pour les financer. Par conséquent, aujourd'hui, à l'heure où les créanciers exigent des garanties, c'est sur des investissements productifs, et la protection de nos entreprises, de nos emplois qu'il faut faire porter les réformes, alors qu'une politique d'austérité dure sans dévaluation ni protection n'aboutira qu'au ralentissement voire au recul des richesses produites annuellement, pour honorer des échéances budgétaires annuelles. CE simple calcul permets de comprendre que nous ne sommes pas sur la bonne voie.

Négliger les conséquences de l'endettement est irresponsables, cèder à la volatilité et aux exigences des marchés n'est pas sérieux pour faire face aux échéances.

Heu, je voudrais tout de même signaler une petite chose. Vu le niveau des taux d'intérêt sur la dette publique, les "marchés" donnent un signal clair à des pays comme la France et l'Allemagne: SVP, augmentez le déficit budgétaire!!!

Ne disent-ils pas surtout : on a de l'épargne à placer alors plutôt la France que l'Espagne ?

[wesker]

A titre personnel je serais assez favorable à ce que nous finançions des investissements d'avenir dans les secteurs de la santé, de la technologie moderne en général, des transport, du matériel de défense... grâce à des bons du Trésor qui permettraient de stabiliser et de fixer la charge d'intérêt indépendamment des marchés et des spéculations bancaires.

Cela éviterait bien des contraintes et serait plus efficace, c'est d'ailleurs ce qui explique que des pays tels que le Japon ou les Etats Unis sont, au regard des flux annuels que représente le PIB, amplement plus endetté que les pays européens mais sans subir les contraintes spéculatives.

[pierre30]

Emprunter à taux négatif pour payer des frais fixes est tentant. En période de stagnation du PIB, le risque, c'est d'augmenter ainsi l'endettement car les sommes empruntées n'étant jamais réellement remboursées mais refinancées par d'autres emprunts, leur refinancement se fera à des taux probablement supérieurs lors de l'arrivée à échéance. On verra alors le poids des intérêts augmenter encore et toujours.

C'est comme un ménage qui utilise le crédit à la consommation alors que ses revenus progressent peu. Si il en abuse, il sera condamné à s'endetter pour acquérir un grille-pain parce que le coût des intérêts ne lui laissera plus de marges.

[wesker]

C'est un peu çà...Sauf que la solution proposée par le pacte budgétaire est de le mettre sous les ponts, et de le priver de nourriture.

Or, chacun sait qu'un ménage ne pourra rembourser ses dettes que s'il a pu, préalablement investir (donc dépenser encore un peu) pour retrouver un emploi et que l'on ponctionne une partie de ses revenus pour rembourser les dettes qu'il a souscrite.

Cela étant, ramener la question de l'endettement aux flux générés sur une année de production n'a guère de sens puisque l'endettement se rembourse sur une certaine durée, c'est donc sur cette dernière qu'il faut mesurer l'endettement et l'on se rend compte alors qu'il n'a rien d'insurmontable.
En revanche, négliger son coût sur les échéances annuelles budgétaires qu'il entraine est une attitude peu sérieuse. Les investisseurs jugent la crédibilité des Etats sur leur capacité à produire des richesses et à rembourser ses dettes. C'est donc sur la réduction des déficits structurels qu'il faut faire porter l'effort, et non sur tout les investissements qui sont indispensables. La règle d'or budgétaire qui inscrira l'austérité dans le marbre s'apprête, pourtant à aller dans cette direction qui n'a fonctionné nulle part et qui ne peut aboutir sans assouplissement monétaire, sans investissements, sans protectionnisme, c'est à dire en restant dans ce système !

[mps]

C'est un peu çà...Sauf que la solution proposée par le pacte budgétaire est de le mettre sous les ponts, et de le priver de nourriture.

Qulle drôle d'idée !

Tu crois que les belges sont sous les ponts, privés de nourriture ? icon_biggrin icon_biggrin icon_biggrin

Ou même les grecs, dont on sait que des mesures d'austérité ont été prises ? Tu dois voir d'où ils partent, pour comprendre que quelques économies ne peuvent les affamer :

Dans un article très sévère pour la Grèce, le Daily Mail a énuméré quelques uns de ces gaspillages ou abus fiscaux contre lesquels le gouvernement de Papandreou tente de lutter :

1. Le métro d’Athènes est climatisé et offre des écrans plasma pour distraire les voyageurs. Et il est gratuit pour les cinq millions d’habitants de la capitale. Plus exactement, il ne l’est pas, mais comme il n’y a pas de barrière pour empêcher les usagers sans ticket de passer, rares sont les passagers qui se soucient d’acheter leur billet. C’est le contribuable européen qui a payé le métro athénien qui a coûté près de 1,7 milliard d’euros.

2. Le salaire moyen des employés de la compagnie nationale ferroviaire grecque est de 70.000 euros, ce qui englobe les ouvriers et les agents de nettoyage des trains, et qui représente le triple des employés du secteur privé grec.

3. Par ailleurs, le chiffre d’affaires annuel de cette compagnie est d’environ 90 millions d’euros, pour une masse salariale de près de 575 millions d’euros annuels, ce qui a même fait ironiser un politicien grec qui a remarqué qu’il eut mieux valu payer des taxis privés pour les déplacements des passagers.

4. En une décennie, la masse salariale du secteur public a doublé.

5. Plus de 600 professions bénéficient d’une retraite à 50 ans, avec une pension correspondant à 95% du salaire de la dernière année, en raison de leur caractère « ardu et périlleux ». Ces professions englobent les pâtissiers, les animateurs de radio, les coiffeurs et les masseurs des bains turcs.

6. Les déclarations d’impôts sont rédigées par les contribuables eux-mêmes, et sont rarement vérifiées. Ainsi, seuls 5000 personnes sur un pays de 12 millions d’habitants admettent gagner plus de 100.000 euros annuels. Or, plus de 60.000 foyers grecs détiennent pour plus de 1 million d’euros d’investissements, sans parler des montants investis à l’étranger. Beaucoup de contribuables grecs affirment ne gagner que 12.000 euros annuels, même lorsqu’ils possèdent des bateaux, des résidences secondaires sur des îles grecques et des propriétés à l’étranger.

7. Lorsque le percepteur s’en agace, ils lui remettent une « fakelaki », une enveloppe contenant des espèces. Il existe même une sorte de tarif informel qui vont jusqu’à 10.000 euros pour les foyers les plus riches (il se dit que la famille grecque moyenne paye 2.000 euros par an).

8. Les grands armateurs grecs, les plus riches de la banlieue riche de Kifissia, sont exonérés d’impôts, en raison des bénéfices qu’ils sont supposés apporter au pays. Mais les chantiers navals sont maintenant vides, seules 500 personnes restent pour entretenir les navires des compagnies maritimes déclinantes.

9. Seulement 300 résidents de la Kifissia (une banlieue riche d’Athènes) ont admis détenir une piscine. Le vrai chiffre est estimé à 20.000.

10. Au total, ces évasions fiscales coûteraient au pays la somme de 45 milliards d’euros à l’année.

« Après avoir livré bataille avec la police anti-émeute, qui a fait usage de gaz lacrymogènes pour les disperser, des milliers de manifestants campent toujours sur la place en attendant le vote des politiciens grecs de la semaine prochaine qui doit statuer sur les mesures d’austérité imposées par l’Europe. Pourtant, ces manifestants devraient retourner leur colère contre leur pays, contre ces Grecs qui se sont damnés pendant des années pour dénier à leur Etat les sommes qu’ils lui devaient. », conclut amèrement le Daily Mail

Max TYRANGIEL

Comme tu vois, il y a de la marge entre instaurer une certaine rigueur et affamer le bon peuple icon_biggrin

[Nombrilist]

J'aurais du aller bosser en Grèce moi. En balayant la rue 5 heures par semaine, j'aurais pu toucher 70 000 euros par an. Non imposables en plus ! Et avec aide au logement !

[pierre30]

Et au soleil ! Vive l'état Grec ! ;glod;

C'est ce modèle qu'il nous faut.