Qu'en pensez vous ?La France doit-elle vraiment ramener son déficit public à 3% du PIB, dès l’année prochaine, comme elle s’y est engagée auprès de Bruxelles ? Ou peut-elle bénéficier du même bol d’oxygène que l’Espagne, qui a été autorisée par les ministres des Finances de l’Union Européenne, le mardi 10 juillet, à revenir à 3% un an plus tard, en 2014, en raison de la dégradation de la conjoncture ?
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"Nous sommes très inquiets de la dégradation de la conjoncture en Europe et du caractère intenable de l’échéancier de réduction de la dette", écrit le Cercle des économistes dans sa déclaration finale.
Même S&P n'est pas contre un délai supplémentaire
Pour Patrick Artus, l’un de ses membres et directeur de la recherche de Natixis, la réduction aussi brutale du déficit aura même un effet très négatif sur la croissance. Si la France veut vraiment revenir à 3% en 2013, elle devra réaliser un effort budgétaire (hausse d’impôts et baisses de dépenses) de 48 milliards d’euros, selon ses estimations. Et si elle le fait, la croissance, prévue à 1% actuellement, se transformerait en récession (-0,4% selon Natixis).
Face à ce constat, l’agence de notation Standard & Poor’s, qui, en janvier, a fait perdre à la France son triple A, n’est aujourd'hui pas hostile à un allongement du délai pour ramener le déficit à 3% du PIB, le plafond prévu par le Traité de Maastricht. Interrogé par Challenges, Jean-Michel Six, le chef économiste Europe, Moyen-Orient et Afrique de l’agence américaine le dit sans détour : "Sur le fond, nous ne sommes pas opposés à un délai supplémentaire. Mais pour conserver sa crédibilité, "le gouvernement français devra alors démontrer que ce changement de timing est lié uniquement à une dégradation de la conjoncture. Et il devra respecter les objectifs de maîtrise des dépenses publiques qu’il avait affiché".
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Selon nos informations, certains membres du groupe d’économistes "La Rotonde" (qui comprenait Philippe Aghion, Elie Cohen, Gilbert Cette et Jean Pisani-Ferry), créé pour alimenter le programme du candidat socialiste, souhaitaient étaler dans le temps la réduction des déficits pour prendre en compte la dégradation de la conjoncture. Mais l’idée n’a pas été retenue, notamment pour pouvoir peser politiquement face à l’Allemagne. Avec la récession qui s’annonce, cet argument risque de voler en éclats.
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