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La Cour des comptes a, en effet, dressé un constat alarmant à ce sujet dans son dernier rapport thématique publié jeudi. Principal sujet d'inquiétude, les entreprises et les collectivités locales ont de plus en plus de mal à trouver des financements. Profits au plus bas (la part de profits dans la valeur ajoutée la plus basse de l'Union européenne), autofinancement tombé à 70 % en 2011 : les entreprises hexagonales sont de plus en plus dépendantes au crédit bancaire. Non seulement cela renforce la dépendance de l'économie française vis-à-vis de la sphère financière et son instabilité croissante, mais cela pèse aussi particulièrement sur les PME dont l'accès au crédit est rendu plus cher et plus difficile. Résultat, elles peinent à investir, ce qui renforce encore leur manque de rentabilité.
La crise aggrave la situation durablement
L'accès au crédit ne risque pas de s'améliorer, au contraire : la crise devrait entraîner un certain tarissement du crédit bancaire avec l'application des normes prudentielles dites de Bâle III aux établissements financiers, d'autant que les banques françaises prêtent déjà plus qu'elles ne récoltent de dépôts.
L'État a sa part de responsabilité. Par sa politique d'incitation fiscale, comme la déductibilité des intérêts d'emprunts pour l'acquisition de titres de participation, il "a introduit un biais en faveur du financement par endettement au détriment du modèle de fonds propres". La Cour des comptes rappelle également que les PME de 10 à 249 salariés subissent un taux d'impôts sur les sociétés de 39 % contre seulement 19 % pour les entreprises de plus de 5 000 salariés.
De l'épargne, oui, mais pour l'immobilier
Dans le même temps, les sociétés non financières françaises ne peuvent pas vraiment compter sur l'épargne des ménages. Si les Français jouent les fourmis - ils placent de l'ordre de 15 à 17 % de leur revenu disponible brut selon les années -, leur manne s'oriente avant tout vers l'immobilier, boosté, de 2000 à 2010, par "d'importantes incitations fiscales".
S'ils ne mettent pas leur argent sur la pierre, ils le placent de préférence sur des supports non risqués et disponibles. "Dans le contexte de 2010, seuls 14,5 % des flux d'épargne s'orientaient vers des supports risqués", notent les magistrats de la rue de Cambon.
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Dans ce contexte, la crise menace de tarir les financements extérieurs, non seulement pour la dette publique (détenue aux trois quarts par des investisseurs étrangers), mais aussi pour les entreprises. Or celles-ci y sont de plus en plus dépendantes à l'endettement : entre 2000 et 2011, l'endettement privé est passé de 150 % à 210 % du PIB quand ce taux est demeuré stable en Allemagne, à 180 % du PIB, relèvent les magistrats de la rue de Cambon.
L'État peut-il faire face à une telle situation ? "Accroître les interventions financières publiques peut paraître, à court terme, une solution permettant de résoudre les difficultés de financement de certains acteurs économiques. Ce serait sans doute vain sur le moyen terme", avertit la Cour.
Les magistrats recommandent donc à l'État de tout faire pour orienter l'épargne vers le long terme pour pallier la faiblesse à venir des banques. Mais un rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) relevait que l'assurance-vie, qui coûte environ 1,2 milliard d'euros à l'État, joue de moins en moins ce rôle. "Moins de 10 % de [leurs] placements portent sur des titres - actions et obligations - d'entreprises résidentes (en France, NDLR) du secteur productif",
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