Qu'en pensez vous ?Au moment où le gouvernement n'a d'yeux que pour l'industrie, le fondateur du groupe Sodexo (391 000 collaborateurs dans le monde) plaide pour les services, qui emploient trois salariés sur quatre. Il dénonce quelques contre-vérités et s'inquiète de mesures dangereuses pour ce secteur.
On se soucie beaucoup ces derniers mois de l'état de notre industrie et les visites d'usines sont très prisées de nos politiques. Mais qu'en est-il des services ?
On les oublie complètement ! Dans la plupart des grands pays, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France ou la Chine, 75 % des emplois se situent dans les services. La part des services et du commerce dans la valeur ajoutée est passée en France de 45 % en 1980 à 56 % en 2008, alors que celle de l'industrie est tombée durant la même période de 24 % à 14 %. Il est donc incroyable que monsieur Sarkozy, durant toute la durée de son mandat, et monsieur Hollande, dans son programme de gouvernement, n'aient jamais parlé des services. Pourtant, je pense qu'on pourrait y créer 1,5 million d'emplois et réduire ainsi le nombre de chômeurs qui s'élève aujourd'hui à 2,35 millions.
Comment expliquez-vous ce silence ?
Par une méconnaissance des mécanismes de l'emploi de la part de nos hommes politiques et hauts fonctionnaires. Il circule beaucoup de contre-vérités à propos des services. Par exemple, il est faux de dire qu'ils se créent et se développent à partir de l'industrie. Il y a une cinquantaine d'années, l'industrie a été à l'origine d'un mouvement d'externalisation : au lieu d'assurer eux-mêmes la restauration de leur personnel, le nettoyage de leurs locaux, la maintenance de leurs matériels, les industriels les ont sous-traités à des entreprises de services. Mais, aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Les services engendrent de nouveaux services.
Pourquoi ? Jean Fourastié et Alfred Sauvy, grands économistes et visionnaires, l'ont expliqué il y a plus de 50 ans. Les travaux de Fourastié montrent que le progrès technique, l'innovation, l'amélioration de la productivité dans l'industrie vont entraîner une hausse de la qualité et une baisse des prix des biens industriels. C'est vrai de l'automobile, des réfrigérateurs et machines à laver, des ordinateurs, des téléphones portables, etc.
(...)
Pour les aides à domicile, 67 % des postes proposés par les employeurs ne trouvent pas de candidats. En informatique, c'est 62 %. Pour les cuisiniers, la proportion est de 61 %. Pour les infirmiers et puéricultrices, le taux est de 58 %.
Pourquoi ces pénuries de candidats ?
Parce que le système d'enseignement français est inadapté. Il y a aujourd'hui un consensus entre professeurs et parents d'élèves pour orienter les enfants vers des formations intellectuelles et l'acquisition de connaissances qu'ils trouvent facilement sur le Net. Beaucoup d'enfants ne sont pas faits pour poursuivre des études mais sont plus à l'aise dans des métiers manuels car ils ont le sens des réalités, c'est "l'intelligence de la main". Le paradoxe, c'est qu'en France, dans les domaines où il y a de très nombreux gisements d'emplois, on ne trouve pas de candidats.
(...)
L'intégralité de cet article sur Le Point.fr
A plus tard,