Jacques Sapir fait un sort à l'euro

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johanono
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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par johanono » 13 août 2012, 19:47:17

Florian a écrit :
johanono a écrit :Tu ne peux pas reprocher aux Allemands ou aux Britanniques de défendre leurs propres intérêts. Si Merkel estime que l'intérêt de l'Allemagne était de refuser le financement des Etats directement par la BCE, alors elle est tout à fait légitime à refuser cette idée.

L'euro contenait en lui-même les germes de son propre échec. Ce sont ces fondements mêmes qui expliquent son échec, et pas le désaccord entre tel ou tel dirigeant européen. Tout simplement car une monnaie unique implique une politique monétaire unique pour des pays pourtant très très différents, et il était évident que tous ces pays n'arriveraient pas à se mettre d'accord sur une politique qui satisfasse tout le monde, et que ce désaccord engendrerait l'inertie, donc l'échec.
On ne saurait demander à l'Allemagne de garantir la dette de toute la zone Euro en tant que pays le plus prospère, et çà se traduit par le NEIN aux eurobonds. A partir de là, l'Euro est cuit. El Fredo n'a pas complètement raison même s'il va vers la même conclusion quant à la fin de l'histoire. Il est normal que quand on demande à l'Allemagne, les pays du Benelux et la France de garantir des plans refinancement grecs, ces pays demandent des garanties qui sont des plans d'économies, de réorganisations qui permettent d'envisager de récupérer l'argent un jour. Le problème est que la saignée du Docteur Diafoirus tue le malade. A partir de là, la solution la plus simple est de laisser les pays qui n'arrivent pas à suivre décrocher du peloton de l'Eurozone, rétablir les monnaies nationales et les dévaluer et régler leurs problèmes entre grecs, espagnols, italiens. Je crois bien d'ailleurs que Rajoy qui refuse de demander l'aide de l'Eurozone est dans cette logique là.
Fredo nous retorquera que les Allemands profitent de la situation actuelle en exportant leur production dans les pays de la zone euro, et que donc, il est assez logique de leur demander de payer pour quelque chose dont ils profitent. C'est possible. En attendant, ils estiment que leur intérêt est de ne payer, donc ils disent non aux euro-bonds, et non au financement des Etats directement par la BCE, et on ne peut pas leur reprocher d'avoir cette position s'ils estiment que tel est leur intérêt.

Les européistes nous expliquent que l'Europe nous renforcent, que l'union fait la force, etc. En réalité, l'Europe nous affaiblit, elle nous condamne à l'impuissance, car elle est l'addition de nos divisions. Ce qui se passe avec l'euro nous le montre bien.

Je me permets d'insister sur un point qui a été soulevé par l'article que j'ai posté : si l'Italie pouvait emprunter au même taux que l'Allemagne, elle aurait un budget en excédent... C'est là qu'on s'aperçoit que les taux d'intérêts pratiqués par les marchés financiers sont totalement irrationnels, qu'ils ne reflètent nullement les efforts budgétaires des pays concernés, et que c'est la monnaie unique qui nous enferme dans cette dépendance aux marchés financiers.
Jean a écrit :1. Au risque de tempérer ta précocité icon_lol , je pense que les délocalisations auraient eu lieu quelque soit la monnaie. La preuve elle a lieu aussi avec les pays asiatiques.
Je pense plutôt qu'en perdant la possibilité de dévaluer les monnaies nationales on a perdu la possibilité de réquilibrer périodiquement les choses. Aujourd'hui on a une grandeur réglé: la monnaie et 17 grandeurs réglantes les politiques économiques de chaque pays... !!!!!!

2. En effet le débat sur le travail était interessant mais on l'a simplement effleuré le temps de la campagne et encore en faisant peur aux gens d'où leur réaction anti-européenne (au demeurant trop tardive pour avoir le moindre effet)

Un referendum mal compris est la pire des choses... quoique la croyance en promesses intenables s'en approche
Les délocalisations sont d'abord liées au libre-échange, c'est-à-dire la possibilité pour les entreprises d'écouler leur production dans de nombreux pays, en faisant fi des frontières étatiques. Ce libre-échange est permis par la suppression des barrières douanières, dans le cadre de certains traités européens (pour le marché intérieur européen) et des accords de l'OMC et du GATT (pour les échanges avec les pays extérieurs à l'UE). La monnaie unique n'est donc pas directement en cause, toutefois, on peut considérer qu'en éliminant les risques liés à l'évolution des taux de change, elle a rendu les délocalisations encore plus intéressantes pour les entreprises concernées.
Jean a écrit :
johanono a écrit :Tu ne peux pas reprocher aux Allemands ou aux Britanniques de défendre leurs propres intérêts. Si Merkel estime que l'intérêt de l'Allemagne était de refuser le financement des Etats directement par la BCE, alors elle est tout à fait légitime à refuser cette idée.

L'euro contenait en lui-même les germes de son propre échec. Ce sont ces fondements mêmes qui expliquent son échec, et pas le désaccord entre tel ou tel dirigeant européen. Tout simplement car une monnaie unique implique une politique monétaire unique pour des pays pourtant très très différents, et il était évident que tous ces pays n'arriveraient pas à se mettre d'accord sur une politique qui satisfasse tout le monde, et que ce désaccord engendrerait l'inertie, donc l'échec.
Tout à fait d'accord.

La possibilité de dévaluation était indispensable pour maintenir dans un même ensemble des pays très différents
Ca me semble tellement évident... Si les Grecs ou les Italiens pouvaient dévaluer ou monétiser leur dette, ils ne seraient pas obligés de s'astreindre à de drastiques politiques d'austérité totalement contre-productives...

Incognito
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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par Incognito » 13 août 2012, 20:02:30

albert a écrit :
Florian a écrit :la solution la plus simple est de laisser les pays qui n'arrivent pas à suivre décrocher du peloton de l'Eurozone, rétablir les monnaies nationales et les dévaluer et régler leurs problèmes entre grecs, espagnols, italiens. Je crois bien d'ailleurs que Rajoy qui refuse de demander l'aide de l'Eurozone est dans cette logique là.
Si la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie quittaient la zone euro, la France devrait faire la même chose. Dans le cas contraire, elle subirait de plein fouet la surévaluation de l’euro et les dévaluations des pays sortis de l’euro. La France est fondamentalement dans la même situation que ces pays du Sud : euro surévalué, désindustrialisation, déficit du commerce extérieur..., même si pour l’instant elle peut encore emprunter sur les marchés à des taux corrects.
+1
Dès que la périphérie aura quitté l'Euro, une nouvelle périphérie remplacera l'ancienne et subira exactement le même sort que la précédente tant que l'Allemagne et la Hollande poursuivront leur politique prédatrice. Politique prédatrice qui n'est possible que dans une monnaie unique.

Cette nouvelle périphérie, ce sera la France, la Belgique, l'Autriche, la Slovaquie et l'Estonie.
Dieu est mort. Marx est mort. Et moi-même je ne me sens pas très bien ... (Woody Allen)

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johanono
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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par johanono » 13 août 2012, 20:07:50

On constatera aussi que de nombreux Allemands ne sont guère satisfaits de la tournure des événements, par exemple cette histoire de MES. Des plaintes ont été déposées pour empêcher la ratification du MES.

En résumé : en France, on n'est pas satisfaits de ce qui se passe, on n'est pas contents contre l'intransigeance des Allemands, mais en Allemands, ils ne sont pas satisfaits non plus, car ils ont l'impression de se faire plumer par tous ces pays méditerranéens laxistes qui ne savent pas gérer leur argent.

Ce qui prouve une fois de plus qu'il est impossible d'avoir une politique monétaire commune qui satisfasse tout le monde.

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Narbonne
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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par Narbonne » 13 août 2012, 21:07:27

La France ayant une balance commerciale négative et une balance des paiements négative depuis fort longtemps, la sortie de l'€ nous achèvera.
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.

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albert
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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par albert » 14 août 2012, 14:00:51

Narbonne a écrit :La France ayant une balance commerciale négative et une balance des paiements négative depuis fort longtemps, la sortie de l'€ nous achèvera.
Au contraire : les dévaluations rendent les pays plus compétitifs en abaissant leurs coûts, ce qui permet de relancer les exportations et de réduire le déficit de la balance commerciale. L’une des raisons du déficit de la balance française, c’est justement la surévaluation de l’euro.

Bien sûr, lorsqu’un pays est très désindustrialisé (ce qui est le cas de la Grèce et du Portugal, mais pas encore de l’Italie ni de la France), il faut reconstruire entièrement l’outil productif, ça prend du temps et durant ce laps de temps le déficit peut se creuser à cause des importations plus chères, et ça nécessite par conséquent des politiques d’austérité, mais de toute façon il n’y a pas d’autre alternative pour s’en sortir à long terme, sauf à demander aux pays exportateurs d’Europe du Nord de nous subventionner ad vitam aeternam, ce qu’ils ne voudront pas faire !
« le capitalisme est cette croyance stupéfiante que les pires des hommes feront les pires choses pour le plus grand bien de tout le monde » (Keynes)

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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par Papibilou » 29 août 2012, 19:57:05

albert a écrit : Au contraire : les dévaluations rendent les pays plus compétitifs en abaissant leurs coûts, ce qui permet de relancer les exportations et de réduire le déficit de la balance commerciale. L’une des raisons du déficit de la balance française, c’est justement la surévaluation de l’euro.

Bien sûr, lorsqu’un pays est très désindustrialisé (ce qui est le cas de la Grèce et du Portugal, mais pas encore de l’Italie ni de la France), il faut reconstruire entièrement l’outil productif, ça prend du temps et durant ce laps de temps le déficit peut se creuser à cause des importations plus chères, et ça nécessite par conséquent des politiques d’austérité, mais de toute façon il n’y a pas d’autre alternative pour s’en sortir à long terme, sauf à demander aux pays exportateurs d’Europe du Nord de nous subventionner ad vitam aeternam, ce qu’ils ne voudront pas faire !
D'accord à 100%.

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mps
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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par mps » 29 août 2012, 21:56:37

Ce genre de mec est aussi rasoir que le barde d'Astérix.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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