Jacques Sapir fait un sort à l'euro

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johanono
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Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par johanono » 10 août 2012, 19:31:47

Voici un résumé très intéressant de l'argumentation de Jacques Sapir contre l'euro. C'est un peu, mais très instructif :
Jacques Sapir fait un sort à l’euro (1/2)

En France, Jacques Sapir est sans aucun doute l’intellectuel qui fait le plus gros travail d’analyse sur les travers de l’euro, publiant de nombreux papiers très fouillés, dont le dernier il y a seulement deux jours. En janvier, il a publié un livre synthétisant ses arguments. Passionnant.

Le procès de la monnaie unique

Même si ce livre est sorti il y a six mois, il reste profondément d’actualité. Le temps passé, bien loin de le démonétiser, n’a fait que confirmer ce que Jacques Sapir écrit depuis longtemps, lui qui avait publié dès 2006 un papier sur « la crise de l’euro : erreurs et impasses de l’européisme » dans la revue Perspectives républicaines. Il dénonce ceux qui « ont cherché à imposer en contre-bande une Europe fédérale par le biais d’une monnaie unique à des peuples qui n’en voulaient pas ».

Il critique l’impasse dans laquelle nous sommes, avec un système bancaire soutenu à bout de bras, des pays qui finiront forcément par faire défaut sur leur dette après une austérité sauvage condamnée à l’échec. Il souligne très justement que la proximité de la crise de la zone euro avec la crise financière en perturbe la lecture, permettant aux défenseurs de la monnaie unique de défendre leur créature en attribuant la responsabilité de la crise aux dettes souveraines par exemple.

Il souligne également à quel point ce débat est devenu tabou. Pour lui, la monnaie unique européenne est devenue « un véritable fétiche au sens religieux du terme. L’euro, c’est la religion de ce nouveau siècle, avec de faux prophètes aux prophéties sans cesse démenties, avec ses grands prêtres toujours prêts à fulminer une excommunication faute de pouvoir en venir aux bûchers ». Pour lui, « l’euro est devenu le symbole du crépuscule de la raison politique et économique ».

Les raisons de la crise de la zone euro

Pour lui, il y en a trois. Tout d’abord, l’euro impose un taux de change unique, qui ne peut pas convenir à des pays aussi différents en matière de productivité, de taux d’inflation structurel ou de spécialisation économique. En outre, les traités imposent un financement de la dette publique uniquement sur les marchés financiers. Ensuite, il souligne le rôle de la surévaluation chronique de la monnaie unique, qui pénalise grandement les économies européennes, comme Airbus…

Enfin, il y voit une crise de la gouvernance européenne, patente depuis deux ans. Après 19 sommets, les dirigeants de nos pays sont toujours dans l’incapacité de présenter une solution un tant soit peu crédible à la crise qui sévit depuis deux ans et demi ! Il souligne également à quel point la reprise par le Front National de ses arguments a parasité le débat, soulignant néanmoins qu’il n’est pas responsable de qui le reprend et que cela sert de rideau de fumée aux partisans de l’euro.

Pour lui, la monnaie unique est une mauvaise réponse à une bonne question, celle des perturbations provoquées par les mouvements anarchiques des taux de change. Pour lui, il y a une solution beaucoup plus simple, à savoir le contrôle des mouvements de capitaux, qui a démontré son efficacité dans les crises des pays émergents, comme le soulignent également Joseph Stiglitz et Paul Krugman. Malheureusement, cette idée est également discréditée de manière bien cavalière.
http://www.gaullistelibre.com/2012/08/j ... ro-12.html
Jacques Sapir fait un sort à l’euro (2/2)

Après avoir étudié le débat français, ou plutôt les limites du débat sur la question de l’euro, puis les raisons de la crise que traversent les pays de la zone euro, Jacques Sapir s’interroge sur les raisons des problèmes de fonctionnement de la monnaie unique avant de revenir sur les solutions à apporter.

Le vice initial de l’euro

Pour lui, avec l’euro, c’est comme « si l’Allemagne obtenait un accès libre aux marchés de ses voisins, elle leur offrait la possibilité de s’endetter à bon compte… pour acheter des produits allemands ». La crise actuelle a boulversé ce compromis puisque les voisins de l’Allemagne ont vu leurs taux d’intérêt s’envoler, alors que « l’Allemagne, elle, bénéficie toujours de l’accès aux marchés de ses voisins ». Bref, il y a une rupture asymétrique des conditions du contrat initial.

Pour lui, « il y a bien une dimension pathologique, une dimension folle dans ce projet. C’est ce que l’on retrouve à chaque fois que l’on est confronté à la théorie néoclassique et à ses fantasmes glaçants d’homogénéité des agents et des situations (…). Parce que l’on croit détenir un savoir d’une essence supérieure, on veut à tout prix que la réalité s’y conforme ». Certains ont voulu montrer que l’euro allait créer les conditions de son fonctionnement (Aglietta, Orléan).

Pour lui, l’euro était vicié depuis le début car il nécessite une forte solidarité, mais « vouloir constituer ce sentiment d’appartenance collective par ce système et par ses crises probables revenait à mettre la charrue avant les bœufs ». Le saut quantique nécessaire (un décuplement a minima des sommes actuellement versées à l’Union Européenne), est totalement hors de question pour les pays qui seraient les créditeurs de ce système, et en premier lieu l’Allemagne.

Le mur de la réalité

Jacques Sapir montre qu’au contraire, l’euro a accentué la divergence des pays européens au lieu de permettre la convergence nécessaire, sur l’inflation, mais aussi la croissance, qui outre le fait de diverger au sein de la zone euro, baisse plus qu’ailleurs ! Il fait également un sort au mythe de l’euro protecteur, soulignant qu’il ne protège ni notre croissance ni de la spéculation… Je peux ajouter que la divergence d’une zone monétaire a été montrée par Paul Krugman.

Il souligne également le rôle de la politique néolibérale promue par l’Europe dans la crise que nous avons traversée. Cette déréglementation financière a créé les courroies de transmission de la crise venue des Etats-Unis à l’Europe et a également provoqué les énormes bulles immobilières espagnole et irlandaise. Il souligne le paradoxe de cette libéralisation extrême qui a abouti à rendre les Etats complètement dépendants de ces marchés à qui on a retirés toute entrave.

Enfin, il souligne qu’une monnaie unique pose de gros problèmes pour les échanges commerciaux. Il suffit en effet d’étudier l’évolution des balances commerciales depuis 10 ans pour constater que cette évolution n’était pas durable. Sapir dénonce également « l’impasse tragique de l’austérité et de la déflation », en soulignant que la récession induite, outre le fait d’être cumulative à l’échelle du continent, alourdit plus encore le poids de la dette, comme on le voit en Grèce.

L’impasse actuelle

Jacques Sapir revient sur quelques sommets pour en démonter les décisions qui ne font que renforcer l’impasse dans laquelle nous sommes. Il souligne que l’Allemagne est tout sauf un modèle, entre son krach démographique, sa très faible croissance depuis dix ans et le fait que sa réussite commerciale repose sur le fait que les autres pays ne suivent pas sa politique… Il s’oppose fermement à la camisole budgétaire que Nicolas Sarkozy, puis François Hollande, ont acceptée.

Il ne croit pas aux euros obligations, soulignant qu’en l’état, la note globale serait mauvaise et tendrait plutôt à renchérir les coûts d’emprunts de l’Allemagne et la France sans soulager suffisamment l’Espagne et l’Italie... Il souligne également que les « plans de sauvetage » de la Grèce sont bien plus coûteux qu’estimés, chiffrant à 345 milliards d’euros les besoins du pays de 2012 à 2019, une fois et demi son PIB, et conclut qu’une sortie serait moins chère.

Pour lui, le coût d’une aide aux banques frappées par le défaut de la Grèce serait largement inférieur, entre 110 et 160 milliards. Mais surtout, une sortie de l’euro, une dévaluation et un défaut permettraient à la Grèce de relancer son économie et de réduire le niveau du chômage. Il plaide pour une transformation de l’euro en une monnaie commune, une politique de réindustrialisation, allant de pair avec des mesures protectionnistes et enfin des mesures de justice sociale.

Jacques Sapir conclut son livre en prenant les exemples de l’Argentine, la Malaisie et la Russie pour montrer qu’il y a une issue à l’impasse actuelle et souligne que l’euro est dans sa crise terminale. Malheureusement, sa capacité de résilience est assez incroyable, même si l’issue semble déjà écrite.
http://www.gaullistelibre.com/2012/08/j ... ro-22.html

On constatera que de plus en plus d'économistes de renom (Sapir donc, mais aussi Stiglitz et Krugman, notamment) contestent désormais ouvertement le principe même de la monnaie unique. Espérons que ce soit le signe d'une fin prochaine.

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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par Nombrilist » 10 août 2012, 19:42:36

Le changement, ça fait toujours peur. Mais si on doit en sortir, sortons-en. On est quand même la 5ème puissance économique mondiale, avec une démographie qui ne décline pas, contrairement à tous les autres pays riches. Bon, même si on en sort, ça ne règlera, me semble-t-il, aucun de nos problèmes.

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johanono
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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par johanono » 10 août 2012, 19:44:32

Les euro-béats nous expliquent en permanence que la France est désormais un petit pays qui ne peut plus s'en sortir seul, que le repli sur soi serait catastrophique, etc. Alors même que nous sommes la 5e puissance mondiale...

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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par Nombrilist » 10 août 2012, 19:47:45

Si on sort de l'euro, il faudra alors mener une politique économique agressive.

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marco
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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par marco » 10 août 2012, 19:59:32

j'ai toujours pensé et dit que cette Europe fédéraliste était une connerie avec ce qui va avec ,c'est a dire ceux qui vivent sur les efforts des autres en cultivant leur irresponsabilité.
la remise en ligne des choses va être très dure mais nécessaire pour rattraper les conneries des y'a ka faut que de tous poils ,politiques et citoyens et malheureusement c'est encore celui qui aura bossé et payé qui devra recommencer a tirer la charrue dans l’ornière.
http://compte-a-rebours-francois-hollande.fr/
Le défaut du capitalisme c'est qu'il répartit inégalement la richesse; la qualité du socialisme c'est qu'il répartit la misère équitablement.

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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par johanono » 10 août 2012, 20:00:14

Nombrilist a écrit :Si on sort de l'euro, il faudra alors mener une politique économique agressive.
Je nuance ton propos : sortir de l'euro nous permettra de mener une politique économique agressive.

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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par Nombrilist » 10 août 2012, 20:05:32

Mais pour le coup, il faudra que nous fassions nous aussi du dumping salarial. Ou alors mettre en place un capitalisme d'Etat à la chinoise.

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Lucas
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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par Lucas » 10 août 2012, 21:40:40

C'est bien beau de vouloir revenir au franc, mais on ne connait pas les conséquences, va t-il y avoir une grave récession ? Le taux de chômage va t-il exploser ?

C'est une équation à plusieurs inconnus.

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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par Nombrilist » 10 août 2012, 21:45:04

Les conséquences ? On peut supposer que le Mark va s'envoler, ce qui foutra les allemands dans une belle m..... On redeviendrait alors compétitifs par rapport à eux. Qu'en pensez-vous ?

Papibilou
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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par Papibilou » 11 août 2012, 09:05:26

J'ai un grand respect pour les opinions de J.Sapir en général. Mais, il se veut pessimiste quand je le voudrais plus optimiste. Je l'ai entendu donner une solution (émission mots croisés) qui est la monétisation, 'est à dire la prise en charge par la BCE d'une partie de la dette (au delà de 60% il estimait que ce n'était pas tenable et il proposait de monétiser à hauteur de 1500 milliards). Mais il faisait déjà montre de pessimisme à l'époque en disant que plusieurs pays dont l'Allemagne n'y consentiraient pas. Il prône maintenant le défaut et si personnellement je préférerais la monétisation, c'est une solution qui devient de plus en plus probable.
C'est vrai aussi que l'on ne peut demander à la Grèce de sauter le pas et revenir à la drachme juste pour savoir si ça va être dur pour nous de revenir au franc. C'est vrai que l'on ne sait pas si revenir à leur monnaie d'antan serait une catastrophe pour les pays qui s'y résoudraient.
En revanche je reste persuadé que le fait qu'il y a des pays aussi dissemblables que l'Allemagne et la Grèce ne me gêne pas. Oui il faut que la Grèce fasse des efforts sinon elle devra sortir de l'euro. Mais, je l'ai dit par ailleurs, si vous prenez les USA il y a des états complètement dissemblables (autant que les 2 cités plus haut). Et pourtant ils cohabitent. C'est vrai que le budget fédéral est 20 fois le budget de Bruxelles. Certains souligneront que le système monétaire des USA est loin d'être parfait avec une endettement colossal. Mais on peut dire aussi sur ce point que si Bush n'avait pas supprimé des tas d'impôts ils n'en seraient pas là.
Bref, si tout le monde est d'accord pour dire que se serrer la ceinture ne pourra durer car on aggrave la dette, il faudra bien que l'Allemagne se résolve à accepter une solution (monétarisation ET défaut partiel par exemple) sinon ils deviendront les fossoyeurs de l'Europe.

pierre30
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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par pierre30 » 11 août 2012, 10:22:16

La monétisation impliquerait tous les détenteurs d'euros à l'extérieur de la zone. Les pays de la zone qui sont en difficultés ont des problèmes essentiellement vis à vis de leurs partenaires de la zone (commerce extérieur essentiellement dans l'UE). Si les dettes ne peuvent être remboursées en totalité, c'est à ceux-ci de se mettre d'accord pour en effacer une partie. C'est ce qui a été fait pour la Grèce.

Ils devront surtout faire en sorte d'éviter que ces déséquilibres ne réapparaissent.

La monétisation ne peut être que très partielle si on veut limiter les conséquences sur la totalité de la zone.

N'oublions pas qu'un effondrement de l'Euro est nettement plus envisageable qu'un effondrement du dollar.

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johanono
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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par johanono » 11 août 2012, 10:30:39

Nombrilist a écrit :Mais pour le coup, il faudra que nous fassions nous aussi du dumping salarial. Ou alors mettre en place un capitalisme d'Etat à la chinoise.
Pourquoi donc ? Récupérer notre souveraineté monétaire nous permettra d'utiliser certains outils tels que la dévaluation, la baisse des taux d'intérêts, la monétisation de notre dette, ou alors le prêts directement par la Banque centrale à l'Etat. Il n'est nullement question de dumping ou de capitalisme à la chinoise.
Papibilou a écrit :J'ai un grand respect pour les opinions de J.Sapir en général. Mais, il se veut pessimiste quand je le voudrais plus optimiste. Je l'ai entendu donner une solution (émission mots croisés) qui est la monétisation, 'est à dire la prise en charge par la BCE d'une partie de la dette (au delà de 60% il estimait que ce n'était pas tenable et il proposait de monétiser à hauteur de 1500 milliards). Mais il faisait déjà montre de pessimisme à l'époque en disant que plusieurs pays dont l'Allemagne n'y consentiraient pas. Il prône maintenant le défaut et si personnellement je préférerais la monétisation, c'est une solution qui devient de plus en plus probable.
C'est pourtant le coeur du problème. Force est de constater que l'Allemagne ne veut pas entendre parler de monétisation de la dette ou de prêt directement par la BCE aux Etats. Ce n'est pas du pessimisme que de constater cela, simplement de la lucidité. Certes, les Allemands peuvent toujours changer d'avis... dans cinq ou dix ans. Or on ne va pas attendre autant d'années, car pendant ce temps, le chômage augmente, les déficits augmentent, la désindustrialisation continue.
C'est vrai aussi que l'on ne peut demander à la Grèce de sauter le pas et revenir à la drachme juste pour savoir si ça va être dur pour nous de revenir au franc. C'est vrai que l'on ne sait pas si revenir à leur monnaie d'antan serait une catastrophe pour les pays qui s'y résoudraient.
En revanche je reste persuadé que le fait qu'il y a des pays aussi dissemblables que l'Allemagne et la Grèce ne me gêne pas. Oui il faut que la Grèce fasse des efforts sinon elle devra sortir de l'euro. Mais, je l'ai dit par ailleurs, si vous prenez les USA il y a des états complètement dissemblables (autant que les 2 cités plus haut). Et pourtant ils cohabitent. C'est vrai que le budget fédéral est 20 fois le budget de Bruxelles. Certains souligneront que le système monétaire des USA est loin d'être parfait avec une endettement colossal. Mais on peut dire aussi sur ce point que si Bush n'avait pas supprimé des tas d'impôts ils n'en seraient pas là.
Bref, si tout le monde est d'accord pour dire que se serrer la ceinture ne pourra durer car on aggrave la dette, il faudra bien que l'Allemagne se résolve à accepter une solution (monétarisation ET défaut partiel par exemple) sinon ils deviendront les fossoyeurs de l'Europe.
Mais on ne peut pas appliquer la même politique monétaire à des pays aussi dissemblables que l'Allemagne et la Grèce. C'est le coeur du problème. Si les Allemands ne veulent pas dévaluer ou monétiser leur dette, tant mieux pour eux. Mais les Grecs, dans leur situation, seraient contents de pouvoir dévaluer ou monétiser leur dette. Ca les soulagerait beaucoup. La monnaie unique les en empêche (puisque la politique monétaire européenne est de fait décidée par les Allemands) dont les Grecs en sont réduits à de drastiques politiques d'austérité qui ne mènent à rien.

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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par pierre30 » 11 août 2012, 10:42:57

J'apprécie en général les analyses de Sapir mais je partage rarement son point de vue.

L'article qui est cité est un condensé sans queue ni tête à visée de propagande qui n'est certainement pas du niveau des écrits de Sapir.

Selon cet article, Sapir distinguerait la crise de l'euro de la crise tout court, puis mélangerait tout ça allègrement en disant qu'il faut rétablir le contrôle des changes partout dans le monde. Or le contrôle des changes, c'est ce que fait la Chine qui se livre à une guerre monétaire avec les USA (qui ne pratiquent pas le contrôle des changes, mais pratiquent le QE et les taux zéro pour faire baisser le dollar, ce qui revient à peu près au même). Dans cette guerre des monnaies, que pèserait le franc ? Il faut cesser de tout mélanger : la crise de l'euro est bien propre à la zone euro comme le dit Sapir. Et le problème est à résoudre dans cette zone en traitant les problèmes d'harmonisation ou en supprimant l'euro si on n'en est pas capable. Mais essayons d'abord de traiter les problèmes d'harmonisation car l'enjeu en vaut la chandelle.

Notre salut n'est surtout pas dans le franc et le contrôle des changes. La puissance économique des USA et de la Chine nous laminerait si on voulait se lancer dans cette bataille contre eux.

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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par Nombrilist » 11 août 2012, 11:54:34

Comment on faisait avant ?

pierre30
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Re: Jacques Sapir fait un sort à l'euro

Message non lu par pierre30 » 11 août 2012, 12:33:13

Avant, il y avait un équilibre installé. Sortir de l'euro en période calme (relativement), pourquoi pas. Mais la sortie est préconisée comme médicament à la crise dans laquelle on se débat. Ce médicament nous jetterait dans la fosse aux lions dans un état de faiblesse : on se ferait dévorer logiquement.

Alors sortir de l'euro en période calme ? C'est à dire après la crise ? Mais dans ce cas plus personne ne parle de sortir de l'euro ! C'est bien la preuve que la sortie n'est pas la solution.

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