La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
L'expression "drôle de crise" n'est pas de moi, je l'ai trouvée dans le livre de François de Closets et Irène Inchauspé intitulé "l'Echéance" que je suis en train de lire actuellement. Cette expression fait évidemment écho à la Drôle de guerre, période vécue par la France entre la déclaration de guerre le 3 septembre 1939 et l'invasion du pays par les Allemands en mai 1940, au cours de laquelle les Français, tranquillement retranchés derrière la ligne Maginot, attendaient sereinement et en toute confiance l'attaque allemande. L'illusion dura quelques mois, le réveil fut très douloureux.
En effet, depuis quelques années maintenant, le monde traverse une grave crise économique, mais les Français, à part les quelques centaines de milliers de chômeurs supplémentaires, n'ont guère ressenti les effets de cette crise. La majorité des salariés du privé a conservé son emploi, les traitements des fonctionnaires continuent d'être versés, le versement des prestations sociales continue d'être assuré. Les gouvernements en place s'efforcent de rassurer les Français et glosent sur cet amortisseur social qui atténue les effets de la crise. Sauf que ce système de protection sociale que le monde entier est censé nous envier se finance à crédit. Pendant ce temps-là, les déficits publics ne cessent d'augmenter, mais il semble que les Français dans leur majorité ne s'en soucient guère.
Au Portugal, en Italie, en Espagne, sans même parler de la Grèce, les prestations sociales sont rognées, les salaires des fonctionnaires sont réduits, de nombreux impôts nouveaux sont créés. Rien de cela en France, à part peut-être quelques niches fiscales rabotées, et une réforme des retraites probablement accélérée par la crise, mais qui était de toute façon nécessaire. Pendant que leurs voisins sont frappés par cette cure d'austérité, les Français manifestent contre toute évidence économique pour le maintien de la retraite à 60 ans, persuadés probablement d'avoir raison contre le monde entier. Comme si tout un peuple, inconscient, vivait dans l'illusion que la crise financière s'arrêterait à la frontière... Le réveil risque, tôt ou tard, d'être douloureux...
Je m'interroge sur cet état d'esprit assez particulier à la France, cette forme d'inconscience face aux périls, qui fait que les Français ne savent pas se mobiliser tant que l'urgence ne leur saute pas à la figure... icon_frow
En effet, depuis quelques années maintenant, le monde traverse une grave crise économique, mais les Français, à part les quelques centaines de milliers de chômeurs supplémentaires, n'ont guère ressenti les effets de cette crise. La majorité des salariés du privé a conservé son emploi, les traitements des fonctionnaires continuent d'être versés, le versement des prestations sociales continue d'être assuré. Les gouvernements en place s'efforcent de rassurer les Français et glosent sur cet amortisseur social qui atténue les effets de la crise. Sauf que ce système de protection sociale que le monde entier est censé nous envier se finance à crédit. Pendant ce temps-là, les déficits publics ne cessent d'augmenter, mais il semble que les Français dans leur majorité ne s'en soucient guère.
Au Portugal, en Italie, en Espagne, sans même parler de la Grèce, les prestations sociales sont rognées, les salaires des fonctionnaires sont réduits, de nombreux impôts nouveaux sont créés. Rien de cela en France, à part peut-être quelques niches fiscales rabotées, et une réforme des retraites probablement accélérée par la crise, mais qui était de toute façon nécessaire. Pendant que leurs voisins sont frappés par cette cure d'austérité, les Français manifestent contre toute évidence économique pour le maintien de la retraite à 60 ans, persuadés probablement d'avoir raison contre le monde entier. Comme si tout un peuple, inconscient, vivait dans l'illusion que la crise financière s'arrêterait à la frontière... Le réveil risque, tôt ou tard, d'être douloureux...
Je m'interroge sur cet état d'esprit assez particulier à la France, cette forme d'inconscience face aux périls, qui fait que les Français ne savent pas se mobiliser tant que l'urgence ne leur saute pas à la figure... icon_frow
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Re: La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
Combien de peuples ont zigouillé leur roi ? A la différence de la majorité des autres peuples, le français ne se laisse pas niquer. Je crois qu'on peut résumer ça comme ça.
- artragis
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Re: La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
Si la France a tenu c'est avant tout grâce aux amortisseurs sociaux. Maintenant le débat est de savoir si la retraite à 60 ans en est un ou non. mais souvenons nous que le principal ennemi reste l'évasion fiscal, on a de quoi rembourser notre dette rien qu'avec ce qui est parti pendant la crise?les Français manifestent contre toute évidence économique pour le maintien de la retraite à 60 ans, persuadés probablement d'avoir raison contre le monde entier
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Re: La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
Le principal ennemi, c'est l'emprunt auprès des banques privées.
Re: La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
Il suffit de voir les réponse à cet article intéressant et clairvoyant pour comprendre qu'en effet, comme le disait déjà Tapie il y a quelques mois, la France vit sur un nuage, en total déni de sa situation.
Il y a quelques mois, il suffisait de confisquer les avoirs de Mme Bettencourt, maintenant de nationaliser les banques, de sortir de l'euro, et autres cornichonneries de bar du commerce ...
Pendant ce temps, comme la petite bête, la dette enfle, les caisses se vident, mais "veux pas savoir".
Tout va très bien, Madame la Marquise ...
Il y a quelques mois, il suffisait de confisquer les avoirs de Mme Bettencourt, maintenant de nationaliser les banques, de sortir de l'euro, et autres cornichonneries de bar du commerce ...
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C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)
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Re: La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
Non, ça ne va pas. Et ça continuera à mal aller tant qu'on ne changera pas le système financier.
- El Fredo
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Re: La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
Et encore un plaidoyer pour l'austérité. Ou comment faire passer de l'inculture économique pour du bon sens.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.
Re: La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
La "culture économique", ce serait Krugman ? :-)
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- artragis
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Re: La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
Si ça n'était que lui.La "culture économique", ce serait Krugman ?
Parlons par exemple de Keynes qui dit qu'en période de crise il faut dépenser.
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Re: La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
Oui, pour la France, c'est un assez bon qualificatif je pense.
La France ne souffre pas trop de la contraction monétaire en cours qui ravage les économies de ses voisins, en particulier l'Espagne et l'Italie. Sa politique budgétaire est trop restrictive, mais pas autant qu'ailleurs.
A mon avis, la faiblesse de l'économie francaise est principalement due à la faiblesse de ses marchés d'exportation traditionnels: Espagne, Italie, Portugal, etc.
La France ne souffre pas trop de la contraction monétaire en cours qui ravage les économies de ses voisins, en particulier l'Espagne et l'Italie. Sa politique budgétaire est trop restrictive, mais pas autant qu'ailleurs.
A mon avis, la faiblesse de l'économie francaise est principalement due à la faiblesse de ses marchés d'exportation traditionnels: Espagne, Italie, Portugal, etc.
Dieu est mort. Marx est mort. Et moi-même je ne me sens pas très bien ... (Woody Allen)
Re: La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
Pour les exportations, j'ai déjà expliqué que quand tous les pays euro font de l'austérité simultanément, c'est évidemment hors Europe qu'il faut aller chercher ses marchés.
Pour les démonstrations de Keynes ou Krugman, endetter les peuples pour les faire dépenser, ce n'est pas une solution mais un report de problème.
Pour les démonstrations de Keynes ou Krugman, endetter les peuples pour les faire dépenser, ce n'est pas une solution mais un report de problème.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)
- wesker
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Re: La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
Il est évident aussi pour moi que les français n'ont pas commencé à ressentir les effets et les conséquences de la crise engendré par le système euro mondialiste dans lequel les dirigeants de gauche et de droite maintienne le pays. Au prix d'un endettement abyssal, de déficits budgétaires qui ne réduiront pas dans les proportions escomptés, l'industrie est en déclin, de même que les service, bref, il est temps de fournir les efforts nécessaires au redressement, mais que ces derniers ne porteront leurs résultats que si l'on change le modèle économique qui, au vu des résultats est condamné.
Nous ne pourrons assurer les paiements dans des conditions actuelles que si nous relevons le défi de la production industrielle qui ne doit pas être abandonné. C'est cette production et les recettes fiscales qu'elle génère auprès de l'Etat que nous réduirons nos déficits budgétaires et nos dettes. Encore que nous sommes capable de faire face aux échéances que les créanciers nous présentent, contrairement à ce qu'on pourrait penser.
Nous ne pourrons assurer les paiements dans des conditions actuelles que si nous relevons le défi de la production industrielle qui ne doit pas être abandonné. C'est cette production et les recettes fiscales qu'elle génère auprès de l'Etat que nous réduirons nos déficits budgétaires et nos dettes. Encore que nous sommes capable de faire face aux échéances que les créanciers nous présentent, contrairement à ce qu'on pourrait penser.
Re: La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
Oui, surtout qu'un Etat à sec doit restreindre ses prestations sociales, ce qui ne se ferait pas sans la fureur des socio-rentiers .
La France est condamnée à se relever, ou à avoir la guerre civile.
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C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)
Re: La France vivrait-elle une "drôle de crise" ?
Mon propos n'est pas de plaider pour l'austérité. J'ai déjà indiqué ce que je pensais des politiques d'austérité, dont on sait qu'elles sont contre-productives.El Fredo a écrit :Et encore un plaidoyer pour l'austérité. Ou comment faire passer de l'inculture économique pour du bon sens.
Ceci dit, je m'interroge sur l'état d'esprit des Français, qui ne me semblent pas tout à fait conscient de la gravité de la crise économique.
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