Les défis de l'aviculture française

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johanono
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Les défis de l'aviculture française

Message non lu par johanono » 11 sept. 2012, 20:32:02

Je me permets de poster le très intéressant éditorial du journal Ouest-France d'aujourd'hui :
Le défi des éleveurs français

Le réveil est brutal. Au début des années 2000, les poulets français faisaient partie du menu des consommateurs allemands ou anglais. Aujourd'hui, l'aviculture hexagonale bat de l'aile. Et 40 % des poulets consommés en France sont importés. Les coups de becs de la concurrence, allemande notamment, ont mis à genoux les éleveurs français.

La mise en vente du pôle frais de Doux décidée, hier, par le tribunal de commerce de Quimper, illustre cette spirale infernale. L'ex-numéro un européen de la volaille accuse le coup. Si une partie des activités a été reprise, un millier d'emplois restent sur le carreau. C'est dans ce contexte que François Hollande inaugure, aujourd'hui, le Salon international de l'élevage à Rennes (Space).

En venant en Bretagne, le président de la République affiche son soutien à des éleveurs chahutés par la hausse brutale du prix des matières premières. La symbolique est forte. Pas sûr que cela soit suffisant pour rassurer des agriculteurs qui attendent d'abord du grain à moudre. En clair des réponses concrètes à un problème désormais récurrent : celui de la volatilité du prix des matières premières.

Pourquoi les prix s'envolent-ils ? En dix ans, le monde a basculé. Les Chinois font désormais la loi sur le marché des matières premières, comme le soja dont ils s'accaparent à eux seuls près de la moitié des importations mondiales. Une situation appelée à durer. Outre-Atlantique, les Américains ont, de leur côté, mis le turbo pour développer les agrocarburants. 40 % de la production américaine de maïs est transformée en éthanol. Plus rare sur le marché, il est désormais aussi plus cher.

Changement de paysage aussi sur le Vieux Continent. L'industrie pour l'Allemagne, l'agriculture pour la France : depuis la création de la Communauté économique européenne, cette ligne de partage semblait s'imposer en Europe. C'est fini. Les Allemands appliquent désormais à leur agriculture ce qui a fait leur succès avec les machines-outils. Sans complexes, ils exportent leurs cochons et leurs poulets. S'appuient sur une main-d'oeuvre à bon marché venue des pays d'Europe centrale. Et jouent de l'incapacité de l'Europe à imposer des règles du jeu sociales et fiscales équitables. S'y ajoute la montée en puissance des pays qui ont rejoint, depuis dix ans, l'Union européenne.

Tous les éleveurs européens sont confrontés aux mêmes incertitudes. Mais pour les professionnels français, le défi est plus redoutable. La France a pris du retard dans la mise aux normes des bâtiments d'élevage exigée par l'Europe. Tardé aussi à prendre la mesure des défis posés par l'environnement quand les Allemands ou les Hollandais en faisaient un outil au service de leur compétitivité.

L'État ne peut pas - ou plus guère - jouer les banquiers. Mais il peut encore agir. En veillant à ce que les éleveurs puissent répercuter une partie de la hausse des matières premières dans la chaîne alimentaire. En pesant aussi pour que les aides européennes, aujourd'hui fortement favorables aux producteurs de céréales, soient mieux réparties. Enfin, en jouant sur les charges sociales pour redonner un peu d'air aux professionnels.

La réponse passe aussi par l'innovation. Certains groupes comme LDC ou Gastronome réussissent à tirer leur épingle du jeu malgré la crise. En répondant à de nouvelles attentes des consommateurs. Partout dans le monde, l'appétit pour les produits français reste fort.
http://www.ouest-france.fr/actu/editorial.php

On ne peut pas vraiment suspecter le journal Ouest-France d'être souverainiste ou anti-européen. Et pourtant, ce journal admet volontiers que la filière avicole française souffre de la concurrence internationale déloyale...

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Golgoth
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Re: Les défis de l'aviculture française

Message non lu par Golgoth » 11 sept. 2012, 20:43:07

Chez les concurrents, le prix du maïs et du soja augmente aussi. Quand à la main d'oeuvre, on a notre lot de marocains payés que dalle.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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Nombrilist
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Re: Les défis de l'aviculture française

Message non lu par Nombrilist » 11 sept. 2012, 21:00:54

Doux ferme parce que la politique avicole européenne et donc française est une politique complètement absurde: on exporte de la m.... et on importe du bon. Du coup, la balance commerciale est déficitaire. Voici l'extrait d'un document édifiant:

"En 2011, l’UE a exporté un peu plus d’1,2 million de tonnes (Mt, poids produits) de viandes et préparations de volailles pour 1,4 milliard d’euros (Md€) et importé 790 000 t pour près de 2,2 Md€, soit un déficit de 740 M€ (20 M€ de moins qu’en 2010) malgré un excédent en volume de 410 000 t. En effet l'UE, et surtout la France, importe des pièces à haute valeur ajoutée et exporte des produits de bas de gamme (comme les poulets et dindes congelés)."

http://www.eauxglacees.com/IMG/pdf/Dump ... -06-11.pdf

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mps
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Re: Les défis de l'aviculture française

Message non lu par mps » 11 sept. 2012, 22:52:18

Golgoth a écrit :Chez les concurrents, le prix du maïs et du soja augmente aussi. Quand à la main d'oeuvre, on a notre lot de marocains payés que dalle.
icon_biggrin Je me faisais la même réflexion !
Les vilains chinois augmentent le prix du soja, les américains du maïs, et cela pénalise les français mais pas les allemands ?
Bizarre, comme c'est étrange ... icon_biggrin
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Re: Les défis de l'aviculture française

Message non lu par El Fredo » 12 sept. 2012, 08:45:39

En parlant de concurrence internationale déloyale, la France n'est pas en reste vu que Doux, entre autres, a pendant des années exporté du poulet à vil prix grâce aux subventions européennes, tuant le marché local dans de nombreux pays africains. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.
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Re: Les défis de l'aviculture française

Message non lu par Nombrilist » 12 sept. 2012, 19:06:23

Le taux de financement européen du poulet de m.... Doux exporté est énorme. Dans les 70%, selon le document. Autrement dit, l'Europe finance quasi 100% du prix de revient. Et malgré ça, Doux arrive à se planter. A se demander comment ils font, ces charlots.

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