Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

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mps
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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par mps » 11 oct. 2012, 09:30:25

Alors faute de se décider à monétiser nos dettes souveraines, on se retrouve enfermés dans un débat hausses d'impôts/baisse des dépenses publiques qui ne mène à rien.

Exact, les débats ne mènent à rien icon_biggrin

En France, on discute encore, quand la plupart des pays ont déjà fait la moitié du chemin.

Normal qu'ils s'intéressent peu aux systèmes "D" et autres martingales foireuses.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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johanono
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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par johanono » 11 oct. 2012, 09:32:52

@ Fredo : Nous sommes d'accord, il faut jouer sur tous les tableaux, et ne pas se contenter d'une seule solution. Je constate cependant que dans les pays les plus touchés par la crise des dettes souveraines (Italie, Portugal, Espagne, Grèce), les gouvernements pratiquent les hausses massives d'impôts et les baisses drastiques des dépenses publiques, et que cela accentue la récession. En France, la "rigueur" pratiquée par le gouvernement reste encore très "soft" par rapport à ce qui se passe dans ces pays. Et donc je pense que, pour ces pays, la monétisation de la dette serait la bienvenue. Sauf que les traités européens l'interdisent, ce qui enferme ces pays dans la crise.

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El Fredo
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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par El Fredo » 11 oct. 2012, 11:32:42

Plus exactement, les traités ne l'interdisent pas mais la compliquent. Il est par exemple parfaitement autorisé par les traités que la BCE puisse prêter à taux zéro à la BEI, qui ensuite prête à des taux très faibles aux Etats (0.1%). Solution souvent énoncée par Pierre Larrouturou, Jean-Luc Mélenchon et même Michel Rocard.

http://www.larrouturou.net/2011/12/on-p ... ites-rtbf/

Ça permettrait d'activer le 3e volet de ma proposition. La 4e étant du ressort de la BCE, marquée à la culotte par les Allemands, mais je crois Draghi beaucoup plus pragmatique que Trichet qui n'aurait pas hésité à tous nous ruiner s'il avait pu atteindre l'inflation zéro.
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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par pierre30 » 12 oct. 2012, 11:16:54

Je n'ai pas trouvé grand chose sur le sujet de la planche à billets pour l'Euro, hors-mis les éternels laïus à propos des traités européens et de l'Allemagne réticente. Alors je fais part de quelques réflexions sur le sujet.

D'abord, imprimer de la monnaie via la BCE ne permet de rembourser les dettes souveraines que si l'état emprunte directement à la BCE ou si l'inflation augmente. Dans le premier cas (l'état emprunte à la BCE), l'état devient débiteur de la BCE et profite de taux proches de zero. Mais n'oublions pas que la France emprunte déjà à des taux très bas et dans l'immédiat, ça n'a pas beaucoup d'intérêt pour la France. Il faudrait donc maintenir ce système assez longtemps pour qu'il éponge les dettes qui viennent à échéance au fil du temps et que nos propres taux remontent pour que ça vaille la peine.

Pour ce qui est des pays comme l'Espagne, est-il intéressant de reprendre au compte de la BCE (les citoyens européens en quelque sorte) les créances disséminées un peu partout dans le monde et qui risquent de ne pas être honorées ? La BCE se retrouverait alors avec un bilan très mauvais. Pourquoi prendre ce risque à la place des autres ?

On peut imaginer que la BCE reprendrait ces dettes pour ne pas en demander le remboursement. Sinon pourquoi reprendre ces créances ?
Mais alors cela revient à injecter en quelques années dans le système, des euros qui couvriraient le montant des dettes des pays comme l'Espagne, l'italie, la Grêce, Le portugal, et ensuite les autres pays qui viendront au guichet. A terme, il s'agit d'injecter dans le circuit l'équivalent en monnaie du montant du PIB européen. C'est gigantesque.

Que vaudrait alors l'euro ? Plus grand chose probablement, ce qui entrainerait un fort taux d'inflation. La conséquence, c'est que la seule monnaie disponible pour les échanges internationaux serait le dollar. Ainsi l’Europe dépendrait en totalité du dollar, dont seule la banque centrale américaine a le contrôle. Les américains pourraient ainsi nous faire payer leurs propres dettes en imprimant des dollars. C'est déjà le cas, mais dans ce cas nous serions totalement dépendants (rappelez-vous l'émission d'ARTE et le passage à propos de Brettons-Woods qui a permis aux USA d'utiliser le dollar pour installer leur hégémonie économique). En échange, nos propres dettes souscrites en euro ne vaudraient plus rien. Mais on s'endetterait alors à nouveau et à des taux délirants en euros, ou dans une autre devise car personne n'aurait confiance dans notre signature. Cela nous permettrait ... de payer la dette des USA qui nous serait transmise par l'inflation sur le dollar que nous serions obligés d'utiliser.

Si on veut être indépendant du point de vue économique, il semble bon de commencer par éviter de détruire notre monnaie.

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Nombrilist
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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par Nombrilist » 12 oct. 2012, 19:37:37

Pierre, l'intérêt du taux zéro n'est pas que la France emprunte à taux zéro. Mais que la Grèce, l'Espagne ou même l'Italie puissent le faire. C'est à dire des pays qui ont connu le taux à 10% et qui sont actuellement à 6, si je ne me trompe pas.

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Golgoth
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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par Golgoth » 12 oct. 2012, 20:06:42

Mais alors cela revient à injecter en quelques années dans le système, des euros qui couvriraient le montant des dettes des pays comme l'Espagne, l'italie, la Grêce, Le portugal, et ensuite les autres pays qui viendront au guichet. A terme, il s'agit d'injecter dans le circuit l'équivalent en monnaie du montant du PIB européen. C'est gigantesque.

Que vaudrait alors l'euro ? Plus grand chose probablement, ce qui entrainerait un fort taux d'inflation. La conséquence, c'est que la seule monnaie disponible pour les échanges internationaux serait le dollar. Ainsi l’Europe dépendrait en totalité du dollar, dont seule la banque centrale américaine a le contrôle. Les américains pourraient ainsi nous faire payer leurs propres dettes en imprimant des dollars(...)
Il y a un juste milieu non ? Monétiser 20 % de la dette n'aurait pas d'effets catastrophiques et améliorerait notre balance commerciale. Par contre l'essence grimperait encore.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

pierre30
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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par pierre30 » 12 oct. 2012, 21:08:53

Comment faire pour monétiser 20% ? Tu achètes 20% des obligations émises ?

L'effet risque d'être limité, car il s'agit seulement des dettes qui arrivent à échéance. Cela ne ferait pas forcément baisser le taux de l'Espagne plus efficacement que les achats d'obligations sur le marché secondaire.

Pendant ce temps, les intérêts continuent à être versés sur la dette non échue.

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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par pierre30 » 12 oct. 2012, 21:12:16

Nombrilist a écrit :Pierre, l'intérêt du taux zéro n'est pas que la France emprunte à taux zéro. Mais que la Grèce, l'Espagne ou même l'Italie puissent le faire. C'est à dire des pays qui ont connu le taux à 10% et qui sont actuellement à 6, si je ne me trompe pas.
Comment pourras-tu acheter de la dette à 0% à la Grèce ? Pourquoi pas à l'Irlande, l'Autriche, et tous les autres ?

Là encore, acheter la dette sur le marché secondaire évite ce problème et ramène les taux du marché à un niveau plus bas. L'autre avantage, c'est que tu achètes juste ce qu'il faut : tu décides. En prêtant directement, tu achètes ce qui vient.

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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par pierre30 » 13 oct. 2012, 07:51:49

L'autre solution, c'est d'injecter suffisamment de devises dans l'économie réelle pour générer de l'inflation, mais en essayant de la limiter à 5 ou 6%. Le problème c'est que cette inflation n'est pas uniforme sur l'ensemble de la zone. On pourrait voir des pays culminer à 9% et d'autres rester à 3%. Et ça parait difficile à prévoir : l'argent ira-t-il vers les pays dont l'économie est la plus dynamique ? Ou sera-t-il dépensé dans les pays en mal de consommation ?

Si l'inflation est bien contrôlée, l'euro devrait garder une bonne partie de sa crédibilité. Les taux des financements monteraient pour tout le monde.

Dans ce cas, ce sont les investissements étrangers en Europe qui sont pénalisés. Les bénéfices générés en euros perdraient une grande partie de leur valeur si on les rapatrie dans les pays d'origine.

Il y a aussi les effets dont on a déjà parlé sur le pouvoir d'achat. Cela toucherait toute la population de la zone euro; alors que les mesures actuelles déflationnistes touchent les populations des pays concernés. Cela peut s'apparenter à de la solidarité. Le problème, c'est que dans ce cas, la compétitivité des pays en difficultés n'est pas améliorée vis à vis du reste de la zone euro. Il faudrait prendre d'autres mesures dans ce sens.

Pour l'ensemble des pays de la zone, la dette se verrait allégée.

Le risque parait plus diffus que dans la solution précédente. Il s'agit aussi de se lancer dans une bataille monétaire avec les autres devises comme le Yuan et le dollar. Avec le dollar, ça présente un certain intérêt puisque les USA sont nos concurrents directs sur bien des marchés. Toutefois la force du dollar est telle que la bataille risque d'être déséquilibrée et qu'on risque de mettre en péril l'euro si on veut aller trop loin.

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johanono
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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par johanono » 13 oct. 2012, 10:52:45

pierre30 a écrit :Je n'ai pas trouvé grand chose sur le sujet de la planche à billets pour l'Euro, hors-mis les éternels laïus à propos des traités européens et de l'Allemagne réticente. Alors je fais part de quelques réflexions sur le sujet.

D'abord, imprimer de la monnaie via la BCE ne permet de rembourser les dettes souveraines que si l'état emprunte directement à la BCE ou si l'inflation augmente. Dans le premier cas (l'état emprunte à la BCE), l'état devient débiteur de la BCE et profite de taux proches de zero. Mais n'oublions pas que la France emprunte déjà à des taux très bas et dans l'immédiat, ça n'a pas beaucoup d'intérêt pour la France. Il faudrait donc maintenir ce système assez longtemps pour qu'il éponge les dettes qui viennent à échéance au fil du temps et que nos propres taux remontent pour que ça vaille la peine.
Des pays comme la France ou l'Allemagne empruntent actuellement à des taux très bas. Aujourd'hui, ce sont surtout des pays comme la Grèce, le Portugal ou l'Italie qui ont intérêt de la monétisation. Et indirectement, la monétisation permettrait de relancer la croissance économique dans ces pays, qui favoriserait les autres pays comme la France, qui doivent financer les "plans d'aide", et dont les entreprises perdent actuellement des débouchés à l'export.

Par ailleurs, rien ne dit qu'un pays comme la France profite longtemps de faibles taux d'intérêts. La hausse des taux d'intérêts est une épée de Damoclès au-dessus de la France. Aujourd'hui, les "marchés" exigent que les pays européens pratiquent l'austérité pour apurer leurs déficits publics, mais cette austérité joue contre la croissance, et si ça se trouve, dans quelques mois, ils vont commencer à douter de la possibilité, pour les Etats, de rembourser leurs dettes à cause de la récession, ce qui entraînerait une hausse des taux d'intérêts.
Pour ce qui est des pays comme l'Espagne, est-il intéressant de reprendre au compte de la BCE (les citoyens européens en quelque sorte) les créances disséminées un peu partout dans le monde et qui risquent de ne pas être honorées ? La BCE se retrouverait alors avec un bilan très mauvais. Pourquoi prendre ce risque à la place des autres ?
Ce n'est pas comme ça que je vois les choses. Le but n'est pas que la BCE reprenne à son compte les dettes de ces pays disséminées un peu partout dans le monde. L'idée, c'est que la BCE prête à taux zéro à ces pays, pour permettre à ces pays de rembourser eux-mêmes leurs autres dettes. A mon avis, ces autres dettes peuvent être remboursées par anticipation, grâce à l'argent de la BCE. Et si ce n'est pas le cas, elles seront apurées progressivement, grâce également à l'argent de la BCE. Cela prendra du temps, certes, mais moins que la spirale récessive actuelle qui, elle, risque de durer longtemps.
On peut imaginer que la BCE reprendrait ces dettes pour ne pas en demander le remboursement. Sinon pourquoi reprendre ces créances ?
Mais alors cela revient à injecter en quelques années dans le système, des euros qui couvriraient le montant des dettes des pays comme l'Espagne, l'italie, la Grêce, Le portugal, et ensuite les autres pays qui viendront au guichet. A terme, il s'agit d'injecter dans le circuit l'équivalent en monnaie du montant du PIB européen. C'est gigantesque.

Que vaudrait alors l'euro ? Plus grand chose probablement, ce qui entrainerait un fort taux d'inflation. La conséquence, c'est que la seule monnaie disponible pour les échanges internationaux serait le dollar. Ainsi l’Europe dépendrait en totalité du dollar, dont seule la banque centrale américaine a le contrôle. Les américains pourraient ainsi nous faire payer leurs propres dettes en imprimant des dollars. C'est déjà le cas, mais dans ce cas nous serions totalement dépendants (rappelez-vous l'émission d'ARTE et le passage à propos de Brettons-Woods qui a permis aux USA d'utiliser le dollar pour installer leur hégémonie économique). En échange, nos propres dettes souscrites en euro ne vaudraient plus rien. Mais on s'endetterait alors à nouveau et à des taux délirants en euros, ou dans une autre devise car personne n'aurait confiance dans notre signature. Cela nous permettrait ... de payer la dette des USA qui nous serait transmise par l'inflation sur le dollar que nous serions obligés d'utiliser.

Si on veut être indépendant du point de vue économique, il semble bon de commencer par éviter de détruire notre monnaie.
Je ne vois pas trop le rapport entre la monétisation et l'affaiblissement de l'euro. L'euro est déjà très faible aujourd'hui, puisque les dirigeants européens sont obligés de multiplier les "plans d'aide de la dernière chance" pour sauver cette monnaie. Le malade est déjà bien souffrant, et survit grâce à un acharnement thérapeutique.

Rappelons que quand la BCE décide de prêter 500 milliards d'euros aux banques, elle pratique la création monétaire. La création monétaire est utilisée pour aider les banques. Sauf que cet argent-là a servi à financer les activités spéculatives des banques, puisque celles-ci peuvent ensuite prêter aux Etats à des taux usuraires.

D'autres pays comme les EU, le RU et le Japon pratiquent aussi la monétisation, mais au profit des Etats : ainsi la création monétaire profit-t-elle à la collectivité, au lieu de servir à des investisseurs financiers.

Dans une économie comme la nôtre, où il n’y a pas de croissance, avec un fort taux de chômage, et des agents économiques (ménages, entreprises, Etats) qui ne consomment pas, n'investissent pas et cherchent plutôt à se désendetter, il faut créer de la monnaie pour éviter de rentrer dans le cercle vicieux de la récession. Et dans un tel contexte, la monétisation ne risque pas d'être inflationniste.

La monétisation me semble donc nécessaire pour éviter que les crises grecque, espagnole, portugaise, ne contaminent l'ensemble de l'Europe. Et il faut la réserver aux Etats. Evidemment, avec une monnaie unique, elle est plus difficile à organiser à l'échelle de plusieurs pays. C'est un des inconvénients de la monnaie unique...

pierre30
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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par pierre30 » 13 oct. 2012, 11:28:27

johanono a écrit :
pierre30 a écrit :Je n'ai pas trouvé grand chose sur le sujet de la planche à billets pour l'Euro, hors-mis les éternels laïus à propos des traités européens et de l'Allemagne réticente. Alors je fais part de quelques réflexions sur le sujet.

D'abord, imprimer de la monnaie via la BCE ne permet de rembourser les dettes souveraines que si l'état emprunte directement à la BCE ou si l'inflation augmente. Dans le premier cas (l'état emprunte à la BCE), l'état devient débiteur de la BCE et profite de taux proches de zero. Mais n'oublions pas que la France emprunte déjà à des taux très bas et dans l'immédiat, ça n'a pas beaucoup d'intérêt pour la France. Il faudrait donc maintenir ce système assez longtemps pour qu'il éponge les dettes qui viennent à échéance au fil du temps et que nos propres taux remontent pour que ça vaille la peine.
Des pays comme la France ou l'Allemagne empruntent actuellement à des taux très bas. Aujourd'hui, ce sont surtout des pays comme la Grèce, le Portugal ou l'Italie qui ont intérêt de la monétisation. Et indirectement, la monétisation permettrait de relancer la croissance économique dans ces pays, qui favoriserait les autres pays comme la France, qui doivent financer les "plans d'aide", et dont les entreprises perdent actuellement des débouchés à l'export.
Peux-tu préciser comment ?

Par ailleurs, rien ne dit qu'un pays comme la France profite longtemps de faibles taux d'intérêts. La hausse des taux d'intérêts est une épée de Damoclès au-dessus de la France. Aujourd'hui, les "marchés" exigent que les pays européens pratiquent l'austérité pour apurer leurs déficits publics, mais cette austérité joue contre la croissance, et si ça se trouve, dans quelques mois, ils vont commencer à douter de la possibilité, pour les Etats, de rembourser leurs dettes à cause de la récession, ce qui entraînerait une hausse des taux d'intérêts.
Oui c'est une épée de Damoclès, mais je ne suis pas sûr qu'une mesures de monétisation ne ferait pas s'abattre l'épée. Peux-tu préciser pourquoi ça ne serait pas le cas ?
Pour ce qui est des pays comme l'Espagne, est-il intéressant de reprendre au compte de la BCE (les citoyens européens en quelque sorte) les créances disséminées un peu partout dans le monde et qui risquent de ne pas être honorées ? La BCE se retrouverait alors avec un bilan très mauvais. Pourquoi prendre ce risque à la place des autres ?
Ce n'est pas comme ça que je vois les choses. Le but n'est pas que la BCE reprenne à son compte les dettes de ces pays disséminées un peu partout dans le monde. L'idée, c'est que la BCE prête à taux zéro à ces pays, pour permettre à ces pays de rembourser eux-mêmes leurs autres dettes.
Mais dans les faits, cela ne revient-il pas à reprendre ces créances ?
A mon avis, ces autres dettes peuvent être remboursées par anticipation, grâce à l'argent de la BCE. Et si ce n'est pas le cas, elles seront apurées progressivement, grâce également à l'argent de la BCE. Cela prendra du temps, certes, mais moins que la spirale récessive actuelle qui, elle, risque de durer longtemps.
Cela prendra du temps et ces pays continueront à supporter les intérêts. Ensuite, pourquoi les autres pays ne demanderaient-ils pas la même chose ? La BCE se mettrait alors à acheter des quantités de dettes considérables.
On peut imaginer que la BCE reprendrait ces dettes pour ne pas en demander le remboursement. Sinon pourquoi reprendre ces créances ?
Mais alors cela revient à injecter en quelques années dans le système, des euros qui couvriraient le montant des dettes des pays comme l'Espagne, l'italie, la Grêce, Le portugal, et ensuite les autres pays qui viendront au guichet. A terme, il s'agit d'injecter dans le circuit l'équivalent en monnaie du montant du PIB européen. C'est gigantesque.

Que vaudrait alors l'euro ? Plus grand chose probablement, ce qui entrainerait un fort taux d'inflation. La conséquence, c'est que la seule monnaie disponible pour les échanges internationaux serait le dollar. Ainsi l’Europe dépendrait en totalité du dollar, dont seule la banque centrale américaine a le contrôle. Les américains pourraient ainsi nous faire payer leurs propres dettes en imprimant des dollars. C'est déjà le cas, mais dans ce cas nous serions totalement dépendants (rappelez-vous l'émission d'ARTE et le passage à propos de Brettons-Woods qui a permis aux USA d'utiliser le dollar pour installer leur hégémonie économique). En échange, nos propres dettes souscrites en euro ne vaudraient plus rien. Mais on s'endetterait alors à nouveau et à des taux délirants en euros, ou dans une autre devise car personne n'aurait confiance dans notre signature. Cela nous permettrait ... de payer la dette des USA qui nous serait transmise par l'inflation sur le dollar que nous serions obligés d'utiliser.

Si on veut être indépendant du point de vue économique, il semble bon de commencer par éviter de détruire notre monnaie.
Je ne vois pas trop le rapport entre la monétisation et l'affaiblissement de l'euro.
Si les dettes sont remboursées à la BCE, le risque d'affaiblissement est faible. Encore faut-il que les marchés aient confiance dans la réalité de ces remboursements. Mais si ces dettes ne le sont pas, cela revient à inonder le marché avec des euros qui ne seront jamais détruits. La valeur de l'euro s'effondrerait probablement dans ce cas. Rappelles-toi que tous les pays de la zone demanderaient légitimement à bénéficier de ces mesures.
L'euro est déjà très faible aujourd'hui, puisque les dirigeants européens sont obligés de multiplier les "plans d'aide de la dernière chance" pour sauver cette monnaie. Le malade est déjà bien souffrant, et survit grâce à un acharnement thérapeutique.
Mais son cours reste stable et le prix du pétrole notamment reste raisonnable.

Rappelons que quand la BCE décide de prêter 500 milliards d'euros aux banques, elle pratique la création monétaire. La création monétaire est utilisée pour aider les banques. Sauf que cet argent-là a servi à financer les activités spéculatives des banques, puisque celles-ci peuvent ensuite prêter aux Etats à des taux usuraires.
500 milliards sont une faible somme à côté de l'ensemble de la dette des états. De plus ce montant est défini à priori, tandis qu'en cas de rachat systématique la somme à créer dépendrait de la demande des états et pas de la décision de la BCE. Pas de visibilité, ça entraîne pas de confiance et des cours qui plongent.

D'autres pays comme les EU, le RU et le Japon pratiquent aussi la monétisation, mais au profit des Etats : ainsi la création monétaire profit-t-elle à la collectivité, au lieu de servir à des investisseurs financiers.
Le japon, le RU, créent de la monnaie à la hauteur qu'ils souhaitent, comme le fait la BCE lorsqu'elle achète de la dette sur le second marché. Ces pays contrôlent donc les montants créés. Ce ne serait pas le cas pour la BCE, qui devrait acheter ce qui se présente. Pourquoi accepter la demande l'Espagne et pas celle de la France ? De plus, la dette du Japon est détenue en grande partie par les japonais. Quant aux USA, en plus de contrôler la quantité créée, ils diluent la masse créée dans la masse de dollars en circulation dans le monde, ce qui atténue énormément les effets inflationnistes sur le territoire des USA.


Dans une économie comme la nôtre, où il n’y a pas de croissance, avec un fort taux de chômage, et des agents économiques (ménages, entreprises, Etats) qui ne consomment pas, n'investissent pas et cherchent plutôt à se désendetter, il faut créer de la monnaie pour éviter de rentrer dans le cercle vicieux de la récession. Et dans un tel contexte, la monétisation ne risque pas d'être inflationniste.
Tou dépend de la quantité créée. De plus, créer de la monnaie aux USA a été un échec pour relancer l'économie réelle. Même Stiglitz en convient maintenant. Leur reprise actuelle serait due en grande partie à l'exploitation des gaz de schistes. De plus aux USA, il s'agissait de mettre de l'argent en circulation dans l'économie réelle. Or le rachat de dette par la BCE ne fait pas cela. Une très faible partie va dans l'économie réelle du fait de prélèvements plus faibles, mais l'effet est dilué par la fait que la dette arrive à échéance très progressivement.
La monétisation me semble donc nécessaire pour éviter que les crises grecque, espagnole, portugaise, ne contaminent l'ensemble de l'Europe. Et il faut la réserver aux Etats. Evidemment, avec une monnaie unique, elle est plus difficile à organiser à l'échelle de plusieurs pays. C'est un des inconvénients de la monnaie unique...

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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par Golgoth » 13 oct. 2012, 13:06:14

Aujourd'hui, les "marchés" exigent que les pays européens pratiquent l'austérité pour apurer leurs déficits publics, mais cette austérité joue contre la croissance, et si ça se trouve, dans quelques mois, ils vont commencer à douter de la possibilité, pour les Etats, de rembourser leurs dettes à cause de la récession, ce qui entraînerait une hausse des taux d'intérêts.
Au contraire les marchés aimeraient bien que la BCE prennent ses responsabilités pour couvrir les états et fasse une politique agressive style "assouplissement quantitatif". Ce sont les pays du Nord et en particulier l'Allemagne qui nous imposent cette politique de m.....
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par pierre30 » 14 oct. 2012, 12:09:14

C. Lagarde soutient le QE américain, mais ...
"Les politiques monétaires accommodantes (dans les pays développés, ndlr) pourraient alimenter des flux de capitaux volatils vers les économies émergentes", a déclaré Mme Lagarde en clôture de l'assemblée annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale qui se tenait à Tokyo.

D'après elle, cette tendance est "clairement accentuée" par les taux d'intérêt élevés en vigueur dans les principales puissantes émergents, synonymes de rendement élevés pour les investisseurs.

La conjugaison de ces facteurs "pourrait restreindre la capacité de ces économies à absorber ces potentiels vastes flux de capitaux et conduire à une surchauffe, à la formation de bulles financières et à la naissance de déséquilibres financiers", a-t-elle déploré.
Une partie importante de ces capitaux va à la spéculation là où existent des bulles à gonfler.

http://actu.orange.fr/une/banques-centr ... 29824.html

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Golgoth
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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par Golgoth » 14 oct. 2012, 15:09:58

Les capitaux vont là où il y a des petits à faire, QE ou pas. On ne veut pas réguler la finance, donc acte...
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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Re: Réduire le déficit budgétaire par les impôts accroît moins les inégalités : le rapport du FMI qui valide les choix budgétaires du gouvernement

Message non lu par pierre30 » 16 oct. 2012, 14:12:29

Oui, mais ça explique une partie de la faible efficacité des QE : si il n'y a pas d'appétence pour la consommation, ce qui est le cas dans les pays en crise où le moral est bas, l'argent va en grande partie à la spéculation, ce qui est inverse au but recherché.

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