Qu'en pensez vous ?Il y a comme une petite musique qui s'installe dans l'air. Deux personnalités de premier plan de la majorité ont exprimé leurs réserves, mercredi 10 octobre, sur l'objectif de réduction du déficit public à 3% du PIB en 2013.
D'abord Harlem Désir, qui, au prix d'intenses circonvolutions, a admis sur France Inter que "les 3%, c'est un des moyens" et non un "chiffre sacralisé". "Ce qui est important -l'objectif- c'est le désendettement, et c'est surtout de continuer à soutenir l'emploi, l'activité économique, la compétitivité, la relance de l'économie réelle", a déclaré le futur Premier secrétaire du Parti socialiste.
Il a par ailleurs laissé entendre qu'une discussion européenne sur le report du calendrier pourrait avoir lieu "s'il y a des circonstances économiques qui font que, l'année prochaine, on ne peut pas atteindre l'objectif de 0,8% (hypothèse de croissance sur laquelle est fondée le budget 2013, ndlr)".
Même argument sur l'antenne concurrente de RTL, dans la bouche cette fois de Laurent Fabius. Les 3%? "Il faut viser cet objectif, et si possible l'atteindre", a lancé prudemment le ministre des Affaires étrangères.
(...)
Les prédictions négatives du FMI
Les craintes ont été renforcées mardi par la publication des nouvelles prévisions de croissance du FMI. L'institut international ne table plus que sur une croissance de 0,4% en 2013, contre 0,8% auparavant. Ce qui signifie moins de recettes fiscales pour l'Etat, et donc un déficit qui ne pourra être réduit davantage que 3,5% selon le FMI.
Que faire alors? Donner un coup de vis supplémentaire, malgré un effort de rigueur déjà supérieur à 30 milliards d'euros l'an prochain? De tous horizons, les économistes ont mis en garde: la France risque alors de s'enfoncer dans une spirale dépressive et plonger dans une situation "à la grecque", qui touche actuellement l'Italie, le Royaume-Uni, l'Espagne...
Le gouvernement semble plutôt pencher pour un report du calendrier, même si, officiellement, il s'en défend encore.
(...)
Ensuite, ce PLF inscrit dans ses chiffres clés les objectifs budgétaires en termes de "déficit structurel", faisant ainsi écho au Traité européen de stabilité budgétaire (TSCG) voté mardi par l'Assemblée nationale. La notion n'a été définie clairement par personne, ni par Bruxelles, ni par le gouvernement français. Contacté à ce sujet par Challenges, le ministère de l'Economie et des Finances n'a pas répondu à notre demande de précision.
Un déficit structurel limité à 1,6% en 2013
Tout juste sait-on, si l'on se reporte au texte du TSCG, que le déficit structurel est le "solde budgétaire corrigé des variations conjoncturelles et net des mesures ponctuelles ou temporaires". C'est-à-dire qu'il est calculé sans tenir compte des effets multiplicateurs des périodes de croissance ou de récession.
Selon le gouvernement, le déficit structurel de l'Etat s'élèvera à 1,6% du PIB l'an prochain, puis 1,1% en 2014, 0,5% en 2015 et 0% en 2016. La France respectera donc les nouveaux critères européens en 2015, puisque le TSCG demande aux Etats de ne dépasser 0,5% de déficit structurel. Le traité ayant été validé par l'Assemblée nationale, cette exigence rend presque caducs les fameux 3%. A condition de savoir détourner les marchés vers cette nouvelle référence budgétaire. La majorité socialiste semble l'avoir compris.
L'intégralité de cet article sur Challenges.fr
A plus tard,