Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

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johanono
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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par johanono » 05 nov. 2013, 10:01:50

Il y a déjà un sujet sur l'écotaxe. Inutile d'y revenir ici. Là, on parle des fermetures d'usines dans l'agroalimentaire, notamment en Bretagne, mais pas seulement. Et il me semble évident que nos usines agroalimentaires sont victimes d'une concurrence internationale déloyale. J'ai entendu dire que des cochons élevés en France partaient dans des abattoirs à l'étranger pour y être tués et désossés, avant de revenir dans des usines françaises pour y être transformés. Système écologiquement absurde, mais permis par le libre-échange...

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Jean
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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par Jean » 05 nov. 2013, 10:12:46

johanono » 05 Nov 2013, 11:01:50 a écrit :Il y a déjà un sujet sur l'écotaxe. Inutile d'y revenir ici. Là, on parle des fermetures d'usines dans l'agroalimentaire, notamment en Bretagne, mais pas seulement. Et il me semble évident que nos usines agroalimentaires sont victimes d'une concurrence internationale déloyale. J'ai entendu dire que des cochons élevés en France partaient dans des abattoirs à l'étranger pour y être tués et désossés, avant de revenir dans des usines françaises pour y être transformés. Système écologiquement absurde, mais permis par le libre-échange...


C'est bien de cela que je parlais.

l'écotaxe me paraissait être une solution vis à vis de la délocalisation de certaines activités.

Quand tu dis que le libre échange le permet, je pense plutôt qu'il l'impose.

Une entreprise a pour vocation de minimiser ses coûts, on ne peut pas lui reprocher car c'est grâce à cela qu'elle survit en maintenant des coûts bas qu'exigent les consommateurs.

Une taxe "anti-transport" aurait pour conséquence de la conduire à revoir ses calculs de rentabilité et donc à peut-être à avoir moins recours à l'externalisation.

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johanono
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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par johanono » 05 nov. 2013, 10:20:13

Nous sommes d'accord. Un patron cherche à minimiser ses coûts de production, à être compétitif par rapport à ses concurrents. S'il fait face à des concurrents qui présentent des coûts de production moindres, il est bien obligé de s'adapter. Il peut essayer de monter en gamme, c'est une façon d'éviter cette guerre des prix. Mais ça ne suffit pas toujours, loin s'en faut. Parfois, il n'a d'autres choix que de délocaliser sa production s'il veut survivre.

Il y a là une insuffisance dans le raisonnement des gens de gauche. Ils n'aiment pas les patrons. Pour eux, un patron qui délocalise est un méchant patron voyou. Fort bien, mais une fois qu'on a dit ça, on n'a pas dit grand-chose. Il ne leur vient pas à l'idée qu'il y a un contexte économique de guerre des prix, et que les patron est bien obligé de s'y adapter comme il peut pour survivre. Il ne suffit pas de fustiger le méchant patron voyou. Encore faut-il faire en sorte que le patron ne soit plus confronté à cette concurrence internationale, et qu'il ne soit pas plus tenté de délocaliser. Il y a aussi des patrons véreux qui délocalisent même quand ils ne sont pas obligés : sauf que dans un contexte de libre-échange, rien ne leur interdit de délocaliser leur production, donc toutes les imprécations contre ces patrons resteront vaines si on ne remet pas en cause le système de libre-échange qui leur permet de délocaliser librement.

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Jean
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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par Jean » 05 nov. 2013, 10:41:20

Je vois que nous sommes d'accord.

Le véritable pouvoir est dans les mains du consommateur.

Si pour certains produits, il accepte de payer un prix compatible avec les coûts français, il y a aucune raison de délocaliser.

Malheureusement ces niches sont rares et la course aux prix bas demeurent la motivation première du consommateur dans la plupart de ses actes d'achats, dès lors la délocalisation est synonyme de survie.

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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par Nombrilist » 05 nov. 2013, 10:41:41

Les délocalisations de grosses boîtes par obligation concurrentielle, ça n'existe pas.

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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par johanono » 05 nov. 2013, 10:48:19

Si, ça existe. Quand PSA ferme Aulnay et ouvre des usines dans les pays de l'Est, c'est par obligation concurrentielle. Renault et les autres constructeurs fabriquent déjà leurs modèles équivalents à la C3 dans des pays à bas coûts de production, ils arrivent ainsi à afficher un coût de production inférieur de 1000 €, cela leur permet de vendre leurs voitures moins chères... Le drame de PSA, aujourd'hui, est de ne pas avoir assez délocalisé. C'est triste à dire, mais c'est comme ça. Quand PSA délocalise, c'est bien par obligation concurrentielle, pour rester compétitif face à ses concurrents qui peuvent mener une politique de prix agressive.

Et c'est pareil dans l'agroalimentaire : si des coopératives vont faire abattre leurs bêtes dans des abattoirs étrangers, c'est pour économiser de l'argent, mieux résister à d'autres concurrents qui affichent des prix bas, et ainsi supporter les exigences de la grande distribution qui tire les prix vers le bas. Et si Leclerc se fournit en poulet allemand ou en bœuf brésilien, c'est pour afficher des prix bas et ainsi résister à la concurrence de Carrefour, etc.

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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par Jean » 05 nov. 2013, 11:31:56

Tout à fait d'accord.

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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par El Fredo » 05 nov. 2013, 11:46:47

A lire absolument cet article avec lequel je suis d'accord à 99% (les 1% étant constitués de détails sans importance) :

http://www.bakchich.info/2013/11/04/bon ... onds-62866
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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par Nombrilist » 05 nov. 2013, 13:56:36

"Du reste, le bon p’tit père Doux avait compris que la Bretagne, c’était foutu dans l’avenir : il a investi un max au Brésil, pour faire des poulets encore moins cher et s’auto-concurrencer, en quelque sorte, mais en préparant cet avenir peu breton. A l’heure de la fermeture de sa base bretonne, il avait 6000 employés Doux au pays de la lambada, contre 3800 au pays du biniou. Manque de pot, la grippe aviaire et d’autres conneries comme la hausse des céréales l’ont grillé grave. Mais l’idée était assassine : le poulet breton bas de gamme, même certifié halal, n’avait aucun avenir."

Quels enculés cette famille Doux !

Cela dit, il eut été intéressant que l'auteur (un néolibéral économique) nous explique en quoi les autres régions qu'il a cité ont réussi une mutation (laquelle ?).

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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par El Fredo » 05 nov. 2013, 15:46:55

Jacques Gaillard un néolibéral économique ? Faudrait peut-être pas trop pousser la déconnade trop loin quand même. Un échantillon de ses productions.


http://www.bakchich.info/france/2013/07 ... rale-62639
http://www.bakchich.info/france/2013/07 ... rale-62639


Et puis s'il suffit de dire pour être qualifié de néolibéral que le modèle breton est pourri jusqu'à la moelle et qu'on ferait mieux de le laisser crever vite fait plutôt que de faire de l'acharnement thérapeutique aux frais du contribuable, alors je suis un néolibéral. On ne manque pas de projets plus ambitieux à financer.
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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par Nombrilist » 05 nov. 2013, 15:55:52

Toi aussi tu penses que le TGV en Bretagne, c'est de l'argent foutu par les fenêtres ? Les bretons n'ont pas le droit de jouir d'un service publique eux-aussi ? C'est le genre de gars qui n'accepte le service publique que si ça lui sert à lui et que c'est rentable. Pas vraiment du discours de gauche.

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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par johanono » 05 nov. 2013, 16:08:30

J'ignore la tendance politique de Jacques Gaillard. Mais moi aussi, je suis d'accord avec la presque totalité de son article.

Je suis tenté d'être d'accord avec Fredo : le modèle agricole est pourri, laissons-le crever. Ces fermetures d'usines seraient presque une bénédiction de ce point de vue. Toutefois, on constate que les manifestants de Tilly-Sabco revendiquent une prolongation des aides à l'export. On peut craindre que le gouvernement ne cède aux manifestants et s'engage à obtenir cette prolongation. De façon générale, il est à craindre que le gouvernement, désireux d'acheter la paix sociale, déverse encore des millions d'euros de subventions, pour maintenir artificiellement en vie un système économique qui n'est plus viable mais qui ne survit que grâce aux subventions. Il est à craindre qu'une fois de plus, les bonnes questions soient écartées, et que ce système économique non viable ne perdure.

L'article évoque le député Marc Le Fur. Voici en effet un voyou de première, à la botte du lobby porcin : il y a quelques années, il avait déposé une proposition de loi pour faciliter les extensions de porcheries industrielles.

http://www.letelegramme.fr/ig/generales ... 959665.php

Aujourd'hui encore, il persiste à défendre ce système économique qui ne vit que sous perfusion d'argent public, en plus de causer des dégâts écologiques...

Nombrilist : je ne vois pas ce que la question du TGV vient faire là. Il me semble que, globalement, la Bretagne n'a pas à se plaindre du traitement qui lui est réservé par l'Etat (route à quatre voies gratuites, milliards d'euros de subventions agricoles, etc.). L'article le montre clairement. Et la Bretagne n'est pas plus excentrée ou pas plus à plaindre géographiquement que les régions du Massif central ou la Corse. Alors le discours misérabiliste de certains régionalistes qui se lamentent sur le sort de cette pauvre Bretagne isolée de tout et mal-traitée par Paris est assez indécent...

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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par Nombrilist » 05 nov. 2013, 16:16:44

Je n'aime pas trop ce discours dans lequel les bretons (vous compris) vivraient aux crochets du reste de la France. Ce passage:

"La note, on l’a toujours payée, à Paris, sous Mitterrand comme sous Chirac, sous Sarkozy comme sous Hollande. Pour l’eau des rivières polluées, pour les autoroutes gratuites offertes par De Gaulle, pour le TGV sur-subventionné mais non rentable."

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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par johanono » 05 nov. 2013, 16:33:36

Je suis moi-même breton d'origine. Fredo est breton et habite en Bretagne. Mais ce n'est pas parce que nous sommes bretons que nous devons cautionner tout ce qui s'y passe. Au contraire, c'est peut-être parce que nous aimons notre région que ça nous fait mal au coeur de la voir transformée en immense porcherie industrielle.

Ensuite, je ne dis pas que les Bretons vivent aux crochets de l'Etat. Je dis simplement : stop au discours misérabiliste de certains régionalistes (Troadec, Le Fur & Co) qui veulent nous faire croire que la Bretagne est une région mal-aimée, ostracisée et mal-traitée par un pouvoir parisien qui serait responsable de tous ses maux. La Bretagne n'est mieux ni moins bien traitée que d'autres régions. Par exemple, le contribuable parisien paye/a payé pour les routes gratuites en Bretagne, pour les subventions versées aux agriculteurs bretons, pour la restauration du Parlement de Bretagne, etc., de la même façon que l'argent du contribuable breton flambe dans les banlieues parisiennes.

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Re: Délocalisations : l'agroalimentaire touché à son tour

Message non lu par Nombrilist » 05 nov. 2013, 16:36:23

Je parlais des propos de l'auteur, pas de vos propos à toi ou El Fredo. Il y a des avis que je partage avec son analyse sur l'agriculture, mais je n'aime pas sa façon de penser.

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