Faire du commerce avec la Chine sans transferts de technologies : mission impossible ?

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politicien
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Faire du commerce avec la Chine sans transferts de technologies : mission impossible ?

Message non lu par politicien » 17 nov. 2012, 20:01:27

Bonjour,
Céder aux sirènes hurlantes du plus grand marché du monde doit se faire avec toutes les précautions d'usage. Ce, pour éviter les transferts de technologies et de savoir-faire stratégiques et donc, in fine, la contrefaçon, la concurrence déloyale et le déséquilibre des relations commerciales.

"Ouvrir un magasin est facile, le garder ouvert est tout un art", selon un proverbe chinois mis en avant dans l’étude de l’assureur-crédit Atradius sur Les succès de vos relations commerciales avec la Chine. Aujourd’hui, environ 1500 entreprises françaises sont implantées en Chine, et leur chiffre d’affaires est trois à quatre fois plus important que celui des exportations françaises en Chine.

Un écart de conduite est si vite arrivé
Ne pas lever le voile sur ses secrets de fabrication relève du bon sens. Et pourtant. Sortir de son code de conduite est si vite arrivé pendant une négociation, un repas, une partie de golf avec ses futurs partenaires : un écart de langage, la présentation d’une pièce essentielle à la fabrication d’un produit, la diffusion d’une information technique sur un composant ou une formule, et c’est déjà trop tard…
"La Chine a considérablement renforcé son cadre législatif ainsi que la protection de la propriété intellectuelle, mais dans la pratique, les droits en la matière y sont encore violés. Selon des analystes du marché, près de 20 % des produits de consommation vendus sur le marché chinois sont des contrefaçons. Tout envoi de marchandises en Chine implique un risque de reproduction illégale dans le pays", lit-on dans le rapport d’Atradius.

Moyens de pression et d’influence
Quelles sont alors les erreurs à ne pas commettre ? Ubifrance, qui accompagne chaque année environ 1200 entreprises dans le développement de leurs affaires avec la Chine, observe une certaine naïveté des sociétés, parfois grisées par le potentiel de ce marché : "La notion d’eldorado chinois aveugle un peu les entreprises. Le marché chinois est très complexe d’un point de vue culturel. Lorsque vous arrivez en Chine, vous êtes aveugles, muets et sourds", constate Isabelle Fernandez, directrice d’Ubifrance Chine.
(...)

Une contrefaçon qui ne dit pas son nom
Me Paul Ranjard, responsable du bureau Unifab de Pékin, attire l’attention dans un rapport sur ce phénomène moins connu : "il existe des moyens plus subtils, comme, par exemple, conditionner la délivrance d’une autorisation de mise sur le marché d’un nouveau produit à une série de questions techniques, non seulement sur la composition mais aussi sur les méthodes de fabrication, avec par voie de conséquence des réponses qui équivalent à un véritable transfert de technologie, laquelle technologie est immédiatement diffusée dans la concurrence chinoise. Cet aspect de la contrefaçon, dont on parle peu, est, à notre avis, beaucoup plus dangereux que la contrefaçon de marques, dont on parle beaucoup.

(...)

Négocier les clauses du contrat pied à pied
Les clauses du contrat doivent être négociées pied à pied et rien ne doit être laissé au hasard.
Ubifrance recommande entre autres de préférer une délivrance de licence d’exploitation des technologies, plutôt qu’un transfert de brevets.
Et parmi les clauses les plus sensibles, citons celle qui est liée à l’encadrement de la propriété des améliorations de la technologie qui peuvent être effectuées par le partenaire chinois.
Une autre clause doit délimiter le champ, voire interdire, le "retro-engineering", qui n’est pas considéré en Chine comme une atteinte aux secrets commerciaux.

(...)

L'intégralité de cet article à lire sur La Tribune.fr
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Florian
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Re: Faire du commerce avec la Chine sans transferts de technologies : mission impossible ?

Message non lu par Florian » 17 nov. 2012, 20:16:15

C'est effectivement impossible de ne pas céder de technologie soit parce que la négociation y mène, soit parce que les disques durs des PCs sont régulièrement visités. Le Blackberry n'est pas vendu en Chine parce que les serveurs sont au Canada, et pendant lontemps Lotus Notes était bloqué (Lotus Notes est plutôt bien sécurisé, le reste est fliqué très facilement.

pierre30
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Re: Faire du commerce avec la Chine sans transferts de technologies : mission impossible ?

Message non lu par pierre30 » 19 nov. 2012, 17:24:31

ET SI LE TRANSFERT SE FAISAIT .... MAIS EN SENS INVERSE ???
la-chronique@publications-agora.fr
Le reshoring, ou comment les Etats-Unis se réindustrialisent

L'industrie américaine connaît une éclaircie. Les biens auparavant fabriqués en Chine le sont à présent à nouveau aux Etats-Unis -- c'est ce qu'on appelle le "reshoring".

J'ai déjà alerté mes lecteurs de cette nouvelle tendance qui arrive subrepticement. Scott Huff, directeur d'Innovate International, une entreprise dans le développement de produits et la fabrication en sous-traitance pour plusieurs industries, est très impliqué dans le reshoring. Voici ce qu'il en dit :

"Cela va à l'encontre du paradigme que les gens ont accepté [à propos de ce qui est fabriqué en Chine]. Mais les gens ont en général 10 ans de retard dans leurs perceptions. Tout ce qui coûte cher à transporter aux Etats-Unis, il faut envisager de le fabriquer aux Etats-Unis. Les coûts de transport qui sont économisés et le fait de ne pas avoir à transporter des stocks permet de dégager du cash".

Ceci est particulièrement important aujourd'hui, alors qu'il est difficile de financer le commerce. Une entreprise a toujours une certaine somme immobilisée dans des factures en attente d'être encaissées (créances) et dans des stocks. Généralement, les banques en financent une bonne partie. J'étais banquier avant de commencer à écrire des lettres d'information. Financer ces actifs négociables était une partie de mon travail (l'autre partie était de financer l'immobilier.) Mais aujourd'hui, les banques prêtent moins facilement pour de nombreuses raisons que nous ne détaillerons pas ici.

Le résultat de tout ceci ressemble à ce que nous voyons dans le marché du crédit hypothécaire : des taux extrêmement faibles auxquels peu d'emprunteurs ont accès. Par conséquent, les industriels doivent réduire la voilure ces derniers temps.

"Donc, si vous pouvez alléger votre processus de fabrication, vous pouvez dégager de la liquidité. Une façon de faire cela est de le faire localement et de faire circuler les dollars plus rapidement". Ainsi, on n'a pas à immobiliser du cash dans des marchandises qui se trouvent dans un bateau en provenance de Chine.

La Chine devient chère...
Naturellement, cette renaissance ne tire pas son origine que dans les coûts de transport. Beaucoup des facteurs que nous avions évoqués en mai dernier sont encore d'actualité aujourd'hui. A savoir : il devient coûteux de faire des affaires en Chine.

"La grande époque des exportations chinoises est terminée", remarque Scott. "Maintenant, il devient difficile de travailler dur. L'ajustement du renminbi [la monnaie chinoise] a un peu allégé la pression qui pesait sur les sociétés d'exportation mais le coût de la vie ne cesse d'augmenter -- en particulier la nourriture et le logement. Et ces coûts ne baisseront pas. Il y a toujours une limite à ce qu'on peut faire avec les monnaies".

Des prix de l'énergie aux Etats-Unis moins chers poussent également cette tendance au reshoring. Les entreprises chimiques et celles qui produisent des engrais veulent s'implanter durablement aux Etats-Unis et profiter des ressources en gaz naturel bon marché. En Asie, le gaz naturel coûte au moins quatre fois plus cher.

"La production de gaz naturel est parvenue au point où nous ne pouvons plus la stocker entièrement", explique Scott. "Le prix du gaz naturel devrait même être encore plus bas. Et ce qui est fabriqué à partir de gaz naturel, comme par exemple les plastiques oléfines, le propylène et l'éthylène, devraient être meilleur marché à fabriquer ici. Nous devrions avoir le propylène et l'éthylène les moins chers au monde aux Etats-Unis".

Il pourrait en aller de même avec le pétrole. La production américaine est en hausse de 25% depuis 2008 -- depuis que de nouvelles technologies ont permis d'exploiter de nouvelles ressources. Au moment où j'écris ces lignes, le prix du West Texas Intermediate, le standard dans la fixation du prix du pétrole aux Etats-Unis, est en baisse de près de 16% sur les douze derniers mois.

L'avantage concurrentiel de la Chine sur les coûts a ainsi été détruit de plusieurs façons. Toutefois, relocaliser aux Etats-Unis ne va pas sans difficultés -- entre autres, on constate un manque de savoir-faire industriel.

"Des expériences se déroulent dans l'Illinois et le Michigan et dans des endroits qui sont traditionnellement des centres d'excellence pour certains de ces processus industriels", explique Scott. "Un outilleur qui a des capacités et qui a suivi les évolutions technologiques -- eh bien, disons simplement qu'il n'y a pas beaucoup d'outilleurs au chômage. Il existe pléthore d'opportunités en ce moment puisque tout le monde essaie de se relocaliser".

Scott décrit également un renversement des rôles pour le moins fascinant :

"La grande majorité de mes ingénieurs d'études sont Chinois et travaillent dans mon bureau en Chine", raconte Scott. "Ces hommes sont avec moi depuis cinq ans ou plus, et pour certains depuis mon installation en Chine. J'y suis depuis huit ans. Ils ont acquis beaucoup d'expérience".

"Donc", continue-t-il dans un gloussement, "nous commençons aujourd'hui à faire venir certains employés des Etats-Unis pour travailler avec eux. C'est en quelque sorte un renversement des rôles. Nous avons des ingénieurs d'études qui établissent des schémas de conception en Chine pour que les produits soient fabriqués à Chicago. Il y a huit ans, je prenais quelques Américains plus âgés et expérimentés en Chine pour m'aider à travailler avec ces jeunes concepteurs chinois. Et maintenant c'est le contraire. A présent j'envoie de jeunes diplômés américains en Chine pendant six mois pour apprendre au contact des personnes qui maîtrisent le savoir-faire".

Incroyable, non ? Tout change. Comme je le dis souvent, si vous restez assez longtemps sur les marchés, vous assisterez au cycle entier.

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