Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

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El Fredo
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Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par El Fredo » 07 déc. 2012, 22:09:56

Au moment où Alcatel-Lucent, ex-fleuron de la haute technologie française, quitte le CAC40 après avoir vu le cours de son action divisé par 200 pour finir en "penny stock", cet excellent article arrive à point nommé pour éclairer cette déconfiture historique. Récit d'un immense gâchis :

http://www.agoravox.fr/actualites/econo ... ent-127017
Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Le jeudi 29 novembre 2012, le Comité Central d’Entreprise de la principale société française du groupe Alcatel-Lucent a été informé du détail des suppressions d’emplois annoncées en octobre. Pour Alcatel-Lucent France (ALF), c’est 934 emplois, dont 365 dans la R&D, qui vont être supprimés, sur un total de 1353 en France.

Au premier abord, cette nouvelle vague de licenciement peut être vue comme le n-ième épisode d’un groupe qui peine depuis 20 ans à s’adapter à l’évolution du monde des télécoms. Pourtant, cette fois-ci, il semble bien qu’il s’agit d’une autre histoire qui s’engage.

Une brève histoire du passé récent d’Alcatel-Lucent


Depuis sa privatisation au milieu des années 1990, Alcatel puis Alcatel-Lucent traine une longue série d’échecs et d’erreurs stratégiques Le positionnement en « pure player » télécom juste avant l’éclatement de la bulle internet a été accompagné de la vente de pépites : Alstom, Saft, Nexans, qui sont autant de sociétés qui performent bien mieux que leur maison mère historique.

La conversion d’une société de téléphonie au monde Internet s’est faite au prix fort, les achats à prix faramineux de startups vides de contenu (PacketEngine par exemple) se sont succédé. Heureusement, dans le lot, certains de ses achats ont porté leur fruit : Genesys revendu en 2011, et Timetra qui est devenu la division la plus rentable du groupe multinational. C’est justement un des enjeux des mouvements actuels.

En 2006, la société Alcatel fusionne avec Lucent, issue d’AT&T et détenteur des prestigieux Bell Labs, laboratoires d’où sont sortis 6 prix Nobel, le transistor, les capteurs CCD, etc., et qui se repose sur ses lauriers passés.

En fait d’une fusion, c’est bel et bien le rachat par le français de la société américaine, qui pèse deux fois moins lourd, et qui est couverte de dettes. Ces engagements, en particulier envers les fonds de retraite de ses employés, continueront à peser sur les comptes d’Alcatel-Lucent pendant de nombreuses années.

En procédant à cette opération, la société se positionne sur le marché américain, vu comme un eldorado, en particulier pour le mobile, les USA étant alors en retard sur l’Europe.

Lors de la fusion, un grand ménage est fait et une comparaison des produits équivalents est réalisée. Dans la plupart des cas ce sont les produits ex-Lucent qui sont gardés, même lorsque l’équivalent de l’ex-Alcatel se vend mieux.

A la même époque Alcatel-Lucent reprend, sous la pression d’un de ses clients qui souhaite une continuité dans la maintenance de ses équipements, la division mobile 3G de Nortel en grand difficulté.

En 2009, Nortel dépose le bilan et Motorola cède sa division d’équipement réseau à Nokia Siemens Networks. A ce moment, Alcatel-Lucent devient le dernier équipementier que l’on peut qualifier en partie d’Américain.



Et c’est là que tout s’accélère.



En 2010, Alcatel-Lucent remporte un marché de 4 milliards dollars pour équiper l’opérateur américain Verizon en LTE, technologie 4G sur laquelle Alcatel-Lucent a décidé de jouer le tout pour le tout, après ses échecs répétés en 3G.

Ce contrat va repositionner Alcatel-Lucent comme un des acteurs majeurs du monde des télécoms, alors que la concurrence chinoise menée par Huawei à la fois sur les prix et la qualité croissante se fait dévastatrice. L’agressivité de Huawei va jusqu’à remplacer un tiers des équipements mobiles d’un opérateur français pour … rien ; ou proposer des contrats de câble sous-marin pour un euro.

Comme la plupart des groupes occidentaux, Alcatel-Lucent a succombé depuis longtemps à l’appel de l’extrême orient. Pour faire face à son extrême complication, le groupe n’avait que des idées simples : l’appétit d’un marché de plus d’un milliard d’habitants.

Rien n’a été négligé pour s’implanter sur ce marché : une Joint Venture en majorité d’une voix, des transferts de technologie constants.

Au final le marché chinois représente de 15% à 20% des ventes du groupe, et un tiers des effectifs, mais sans qu’aucun profit réalisé difficilement dans cette région ne puisse être utilisé ailleurs qu’en Chine. Ils appartiennent à la joint venture, qui reste sous contrôle des autorités locales. Au surplus, le turn over des employés dépasse de beaucoup les normes occidentales. Ce sont donc des salariés formés qui partent à la concurrence, avec formation et information sous le bras, une fois devenus productifs.

Au même moment, l’avenir du groupe se jouant sur le succès du contrat avec Verizon, un effort sans précédent pour répondre aux besoins de l’opérateur américain est mis en œuvre. La ligne de produit est adaptée à ses besoins propres... et parfois uniques, au détriment d’une conception plus universelle susceptible de répondre à l’ensemble des demandes sur le marché mondial.

Les compétences des ex-Nortel sont mises de côtés, le développement est commencé aux Etats-Unis, puis pour des raisons de coûts déplacé en Chine, puis en raison de retards importants, rapatriés aux USA.

Pendant ce temps, les résultats du groupe continuent de ne pas s’améliorer. Les divisions qui rapportent tirent le groupe hors du rouge. La division IP, issue quasiment exclusivement de la startup Timetra achetée en 2003 par Alcatel pour 1 milliard de dollars, engrange les contrats et place Alcatel-Lucent en numéro deux des fournisseurs de routeur IP. Fort de ce succès, l’autonomie de la division est conservée comme lorsqu’elle n’était qu’une startup, l’ensemble des décisions et développements se faisant en Amérique du Nord.

La division des services rapporte de plus en plus mais les contrats d’infogérance sur lequel Alcatel avait misé son renouveau en milieu des années 2000 sont loin de rapporter ce qui était escompté. Au contraire, ils contribuent aux pertes du groupe.

La division des câbles sous-marins, elle aussi très autonome du fait de la particularité de son métier, continue à rapporter de l’argent au groupe.

Ces résultats ne suffisant pas, Alcatel-Lucent vend une partie de son patrimoine presque chaque année : participation dans Alenia Space qui fabrique des satellites, sociétés de fabrication de pompes à vide et de moteurs électriques, Genesys le numéro 1 des solutions de centre d’appel, fabrication d’antennes.

Avec ces opérations, le groupe arrive à afficher un résultat 2011 positif, ratant de peu l’objectif de rentabilité de 5%, en atteignant 4%.

Le début de la fin d’un monde

L’année 2012 rappelle très durement le passé le plus douloureux d’Alcatel-Lucent. Trimestre après trimestre, les comptes sont dans le rouge, le groupe consommant toujours plus trésorerie, malgré les plans de réductions de besoin de fonds de roulements, ou les suppressions de plusieurs milliers d’emploi.

La crise mondiale est passée par là mais pas seulement. Les technologies optiques sont concurrencées sévèrement par les équipements chinois, les technologies de réseau fixe ne sont plus en croissance, les anciennes technologies mobiles qui étaient très rentables diminuent en volume. Le 4G commence à rapporter, mais la marge est toujours faible. Dans les services, les revenus des contrats de maintenance ne compensent pas les pertes des solutions IMS ou celles d’into-gérance. Les divisions IP et câble sous-marin continuent d’apporter un peu d’air au groupe.

Anecdotique en termes de chiffres, mais révélateur des visées à long terme, en janvier 2012, le centre de recherche Bell Labs France est restructuré en profondeur. L’activité d’un quart des chercheurs est stoppée du jour au lendemain, un sureffectif de 10% est décrété, et on passe d’un quart de responsables de recherche basés en France, à 1 sur 6.

En juin 2012, la valeur de l’action passe sous la barre symbolique de l’euro. En juillet le groupe annonce un plan de réduction d’effectif de 5000 personnes, sur un total de 72 000, spirituellement baptisé « Performance ».

Pour faire face à la situation d’urgence, le groupe ne pouvant continuer à perdre de l’argent à ce même rythme sans se retrouver en faillite à moyen terme, la direction annonce une remise à plat de l’organisation du groupe.

Parmi les changements, la division câble sous-marin et celle d’équipement d’entreprise sont rattachée directement du directeur financier.

Tous les mois à partir de mi septembre, un nouvel échelon de la nouvelle organisation est décliné.

Le fragile équilibre qui perdurait entre Europe et Etats-Unis depuis la fusion avec Lucent vole en éclat. Sur 17 personnes qui dépendaient du Directeur Général, 10 étaient en France, 2 aux US, 2 en Belgique, 2 en Chine, et 1 en Grande-Bretagne. Dorénavant sur 10 personnes, une fois le directeur financier et le responsable de la division réseau installés aux US, il n’y en aura plus que 3 en France et 4 aux Etats-Unis.

Au niveau hiérarchique inférieur, le mouvement est tout aussi clair. Alors qu’un tiers des managers étaient en France et un tiers aux US, on passe maintenant à près de 42% aux US.

Les réductions d’emplois sont également ciblées. L’Europe est concernée à hauteur de 3300 personnes, soit 60% de toutes les réductions, alors qu’elle représente un tiers des effectifs. Certains pays ont le malheur de payer plus que d’autre. C’est le cas de la France par exemple qui, avec 1353 suppressions d’emploi va représenter près du quart de la totalité des réductions dans l’ensemble du monde, alors qu’elle ne représente que 11% des effectifs.

Une étude un peu détaillée de la répartition des métiers montre que cette réduction d’effectif est massive dans certains pays. En effet, les réductions concernent avant tout les services de vente, de support et d’administration. Il faut donc rapporter les chiffres de suppression aux effectifs concernés.

Et là, la France ne subit plus une compression d’une personne sur 7, mais bien d’une sur 5 : 20% des effectifs supprimés dans un seul pays qui supporte un quart de l’ensemble des réductions. Pour la R&D, qui pourtant devait être épargnée selon les dires du Directeur Général, c’est une réduction de 10%.

Seule la Belgique subit une réduction plus importante, puis qu’au plat pays, c’est une personne des services concernés sur trois qui sera remerciée. Le point commun entre la France et la Belgique est d’avoir des lois plus protectrices que la plupart des pays. Les suppressions coûtent de l’argent. Tout ce qui est fait maintenant ne sera plus à faire après.

Durant toute cette période, le cours de l’action subit l’assaut des vendeurs à découvert, Alcatel-Lucent étant la valeur étant le plus « shorté » avec près de 6% du capital. Le cours se traine entre 70 et 90 centimes d’euros, la capitalisation peine à atteindre 2 milliards d’euros. A côté de cela, les 29 000 brevets détenus par Alcatel-Lucent, et issus pour 60% de l’activité d’Alcatel, sont évalués à plus de 5 milliards d’euros.

Le 20 novembre 2012, l’agence Moody’s place la note d’Alcatel-Lucent sous surveillance négative.

Trois jours plus tard, on apprend que la banque Goldman Sachs a été contactée pour refinancer la dette du groupe. Les conditions et les garanties exigées du groupe ne sont pas encore connues.

Entre fiction et réalité

L’impact de la réorganisation sur la situation d’Alcatel-Lucent en France, et plus généralement en Europe, n’est pas encore figé, mais les grandes lignes sont claires.

Avec 1353 emplois supprimés, ce seront environ 35 millions d’euros par an qui manqueront aux caisses des régimes d’assurance chômage et de retraite. En comptant les sous-traitants et prestataires, ce seront près de 1700 emplois supprimés, et 40 millions de manque. Les indemnités chômage des personnes hautement qualifiées risquent de faire largement augmenter ce chiffre.

Les réductions d’emploi ciblant particulièrement les services de vente, il est certain que la part de marché d’Alcatel-Lucent en Europe continuera à se dégrader. Si ce marché est en 2012 sinistré, il est tout aussi vrai que le marché au Etats-Unis va rapidement arriver à saturation, et l’Europe devra être un relais de croissance nécessaire. Comme indiqué précédemment, le marché asiatique et chinois en particulier ont la particularité de ne pas ramener de trésorerie au groupe, quelque soit sa performance sur ces marchés.

Avec 10% de réduction d’effectifs dans la R&D, c’est une nouvelle désorganisation qui s’annonce. Celle-ci va une nouvelle fois affaiblir les capacités des équipes basées en France de fournir les logiciels et équipements attendus.

Pour faire face à ses obligations de remboursement de dette, le groupe devra céder ou mettre en gage les divisions qui peuvent l’être : les câbles sous-marins et la division entreprise, déjà sous la tutelle de la direction financière, qui représentent environ 2000 personnes en France. Le pays n’accueillera alors plus que 5000 personnes, contre 8 500 actuellement.

Vue des Etats-Unis, la situation est tout autre. La division IP y est implantée et est rentable. Alcatel-Lucent est le dernier équipementier à forte composante Américaine, et devient un élément stratégique de souveraineté sur les réseaux de télécom. Pour bien faire et ne laisser aucun doute, les Etats-Unis ont banni les fournisseurs chinois de leurs réseaux au titre de la sécurité nationale.

Pendant ce temps, les ministères concernés annoncent qu’ils veilleront à ce que les suppressions d’effectifs se fassent de la meilleure manière possible. Il semble que là bas on ait accepté voir souhaité qu’Alcatel-Lucent quitte la scène industrielle. La meilleure preuve est le refus d’une manifestation symbolique devant Bercy alors que les sidérurgistes de Gandrange ont eu le droit d’y camper plusieurs jours. Les ingénieurs d’Alcatel-Lucent sont-ils de dangereux terroristes ?

Dès lors toutes les hypothèses, y compris les plus dramatiques sont envisageables. L’année 2013 ayant peu de chance de voir un rebond franc de l’économie qui impacterait les investissements dans les télécoms, les comptes vont continuer à se dégrader. En Europe, les équipes de vente ayant été largement réduites, Alcatel-Lucent n’engrangera plus de nouveaux marchés, et devra se séparer des équipes opérationnelles qui auront fini d’installer les équipements issus des précédents contrats. Les succès en Chine continueront à faire grossir la cagnotte de la Joint Venture, et les déploiements aux Etats-Unis continueront à rapporter à peine plus que ce qu’ils coûtent.

Au milieu de l’année, les ventes et prêts suffiront à peine à couvrir les pertes et les dettes dues en janvier 2014 ne pourront pas être remboursées. Le groupe sera alors dans les mains de ses créanciers, la banque Goldman Sachs en premier lieu.

L’analyse sera faite d’autant plus rapidement qu’elle aura déjà été faite. Le groupe se retirera du marché toujours en berne de l’Europe, abandonnant dans les conditions les pires la plupart de 20 à 25 000 employés encore présent. La casse sociale sera sévère. Un scénario à la Nortel ou la société Française, vidée de toute sa valeur, a licencié ses derniers employés aux conditions minimum, sera possible et même probable. Les actifs rentables seront conservés dans un giron américain, le groupe y rapatriant son siège social et y gardera ses clients. Les Etats-Unis gagneront alors un équipementier de nouveau 100% américain qui leur assurera une maîtrise de cet actif décisif pour l’économie moderne que sont les réseaux télécoms.

La branche chinoise pourra indifféremment être conservée dans le périmètre ou placée en propriété chinoise.

Pour la France, toutes les répercussions ont-elles été vraiment analysées ?

D’un coût pour la communauté de plus de 50 millions par an pour le plan « Performance », en étant optimiste sur le reclassement des personnes sur le départ, on passera à près de 500 millions par an, sous la forme de baisse des cotisations et indemnisations de chômage. Après avoir formé des experts en télécoms et en informatique, la France devra payer leur licenciement et leurs indemnités chômage. Il ne sera pas possible de parler d’employabilité et ou de reconversion : les ingénieurs des grandes écoles étant les plus et mieux formés sur le marché de l’emploi.

D’un point de vue industriel, ce sera une nouvelle filière technique qui sera abandonnée et détruite, au profit exclusif des services associés. Comme pour l’informatique, la France ne sera plus capable de fabriquer ou contrôler le matériel sur lequel une grande partie de son économie repose, augmentant son déficit commercial et sa vulnérabilité. Qui plus est, avec Alcatel-Lucent ce seront près de 30 000 brevets qui seront dans les mains de sociétés étrangères, y compris surement des exploiteurs de brevets. Celles-ci attaqueront sans vergogne toute société voulant innover dans les réseaux, y compris en France. La valeur directe des brevets d’Alcatel-Lucent est de l’ordre de 150 millions. Leur valeur indirecte, issue d’accords de neutralisation avec d’autres possesseurs de brevets, est de l’ordre de 1 milliard d’euros. Une telle valeur qui ne rapportera plus rien à la France et qui pourra être utilisée au détriment des sociétés françaises.

En grande difficulté mais avec de véritables atouts, l’avenir d’Alcatel-Lucent va se jouer dans les prochains mois. Un retour aux profits étant exclu à court terme compte tenu du contexte économique général, il est impératif de trouver une solution rapide pour permettre au groupe de respecter ses engagements financiers. Le recours à la banque Goldman Sachs se situe dans la logique pro-américaine des choix actuels de la direction. Les états de service de la banque ne permettent pas d'espérer qu’il s’agisse d’une stratégie industrielle mais laissent plutôt craindre une opération financière en vue de récupérer les actifs du groupe. Incidemment, cela permettra de former un équipementier 100% US, ce qui ne peut que plaire aux autorités et aux agences de sécurité nationale de ce pays. D’autres options restent possibles pour peu que la France ou l’Europe souhaite garder une filière d’avenir. Le syndicat CFE-GCC rappelle qu'une garantie financière publique permettrait au groupe de maintenir son activité en France. Un investissement minime comparé à l'énorme coût social d'un dépôt de bilan, et qui pourrait rapporter dans un horizon de quelques années, lorsque les investissements en Europe reprendront.

La peau de l’ours Alcatel-Lucent est à saisir. Le premier arrivé ramassera la mise.
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Golgoth
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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par Golgoth » 07 déc. 2012, 22:33:26

J'ai eu un téléphone portable Alcatel il y a moment, c'était vraiment de la m.... quand même.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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El Fredo
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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par El Fredo » 07 déc. 2012, 23:29:35

Les appareils Alcatel sont made in China sous licence de marque.
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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par politicien » 15 déc. 2012, 11:16:25

Bonjour,
Alcatel-Lucent a annoncé, vendredi 14 décembre, avoir obtenu une nouvelle ligne de crédit auprès des banques Credit Suisse et Goldman Sachs, de 1,615 milliard d'euros.

A priori une bonne nouvelle : cela va permettre à l'équipementier de télécommunications français d'éviter la crise de liquidité, alors qu'il doit faire face, à partir de 2013, à des remboursements importants sur des crédits déjà contractés. Néanmoins, l'opération ne résout rien pour le groupe, en difficulté sur un marché ultraconcurrentiel. A y regarder de plus près, elle est même inquiétante.

Pour obtenir son prêt, Alcatel-Lucent a dû mettre en gage des actifs : en l'occurrence, ses brevets français et américains – ces derniers provenant des Bell Labs, sans doute le plus fameux laboratoire de télécommunications au monde. Ce qui veut dire que si l'équipementier se trouvait un jour en défaut de paiement, les deux banques pourraient récupérer ces propriétés intellectuelles.

Par ailleurs, Alcatel-Lucent s'est engagé à rembourser une partie du prêt obtenu (500 millions de dollars, 381,4 millions d'euros), avec des liquidités issues de futures cessions. "Celle de l'activité câbles sous-marins est dans les tuyaux", croit savoir un analyste financier à Londres.

A Calais, le groupe dispose en effet d'une petite pépite, Alcatel-Lucent Submarine Networks, possédant une compétence rare : l'installation de câbles sous-marins.

Enfin, pour cette opération, Alcatel-Lucent emprunte à un taux plutôt élevé : entre 600 et 700 points de base au-dessus du taux interbancaire Libor, soit entre 7,25 % et 8 % sur les marchés. Et va verser pas moins de 73 millions d'euros aux établissements "arrangeurs" de l'opération (ils s'assurent que l'équipementier recevra bien son prêt)...

(...)

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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par politicien » 18 déc. 2012, 19:40:32

(...)

Selon Les Echos, le gouvernement craint que ce gage ne permette aux banquiers de s'emparer des brevets estimés à 5 milliards d'euros si Alcatel-Lucent n'honore pas son prêt. La ministre déléguée à l'économie numérique, Fleur Pellerin, a multiplié les contacts informels afin de mettre d'accord Bercy, l'Elysée, Matignon et la Caisse des dépôts, précise le journal.

Bercy travaille sur deux pistes, selon le quotidien. La première consisterait à faciliter des cessions d'actifs supplémentaires, dans l'activité entreprise ou dans les communications sous-marines. La deuxième porterait sur la création d'un consortium de valorisation des brevets, qui pourrait accueillir des industriels américains et permettrait notamment au groupe de demeurer copropriétaire des brevets. Personne n'était joignable dans l'immédiat pour un commentaire chez Alcatel-Lucent. Selon des données Thomson Reuters, la CDC détient 3,6 % du capital d'Alcatel-Lucent.

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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par politicien » 30 janv. 2013, 19:37:03

Bonjour,
Enfin une bonne nouvelle, ce qui n'est pas si courant, pour Alcatel-Lucent. L'équipementier français de télécommunications a assuré, mercredi 30 janvier, avoir obtenu une amélioration des conditions de son prêt contracté auprès de Goldman Sachs et Credit Suisse. Cet emprunt, d'un montant initial de 1,6 milliard d'euros, avait beaucoup inquiété les syndicats du groupe, et même le gouvernement français, lors de son annonce, fin 2012. Il devait, en effet, être au départ adossé à des actifs stratégiques d'Alcatel-Lucent, à commencer par son énorme portefeuille de brevets.

Désormais, selon un communiqué du groupe, et à la suite d'une opération de syndication sur le marché de la dette - Credit Suisse et Goldman Sachs revendent cette dette sur le marché dit secondaire de la dette, à d'autres investisseurs spécialisés -, Alcatel va pouvoir bénéficier d'une ligne de crédit plus importante, de près de 2 milliards d'euros. Par ailleurs, le taux d'intérêt auquel le groupe paie ce crédit devrait baisser de 90 points de base.

Mieux encore, les "covenants", ces ratios financiers que les établissements prêteurs voulaient fixer, fin 2012, ont disparu. Dans l'accord initial, s'ils n'étaient pas respectés sur une base trimestrielle ou semestrielle, les banques pouvaient exiger qu'Alcatel-Lucent leur cède une partie des actifs placés en garantie du prêt, à savoir ses brevets. Autre possibilité, que l'entreprise vende une de ses filiales pour rembourser ses dettes par anticipation.

"PLUTÔT UNE BONNE NOUVELLE"
En revanche, à en croire le communiqué d'Alcatel-Lucent, les nantissements du prêt n'ont pas sauté : ce dernier est toujours garanti par les brevets. La direction du groupe était injoignable, mercredi en fin d'après-midi, pour commenter ces informations.

(...)

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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par Nico37 » 07 févr. 2013, 09:11:06

Alcatel confirme le départ du DG et une perte de 1,4 md 07/02

L'équipementier des télécoms a confirmé le départ de son directeur général Ben Verwaayen en mai prochain, après avoir accusé une perte de 1,4 milliard d'euros en 2012, bien supérieure aux estimations du consensus qui prévoyait une perte nette de 474,8 million d'euros.

Pour l'ensemble de l'exercice, l'équipementier télécoms a dégagé un chiffre d'affaires de 14,446 milliards d'euros (-5,7%), contre 14,51 milliards d'euros attendu par les analystes, et une perte nette de 1,374 milliard d'euros.

(...)

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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par Nombrilist » 07 févr. 2013, 18:56:56

Il part avec combien ?

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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par politicien » 08 sept. 2013, 09:45:28

Bonjour,
La restructuration d'Alcatel coûte cher - elle a creusé les pertes de l'équipementier télécom au premier semestre. Mais elle est loin d'être terminé. Des "décisions difficiles" concernant la réduction des coûts dans le groupe seront annoncées à l'automne, a indiqué vendredi sur BFM Business son directeur général Michel Combes, arrivé en février dernier.

L'équipementier en télécommunications, lourdement endetté, a engagé en juin son plan "Shift" 2013-2015 qui prévoit une plus grande spécialisation des activités du groupe, des cessions d'actifs ainsi qu'un sévère plan d'économies.

"Nous n'en sommes qu'au tout début du plan (de restructuration) Shift, et le recentrage stratégique comme les efforts sont encore devant nous, les décisions difficiles sont encore devant nous", a déclaré M. Combes. "Une entreprise qui a perdu, depuis 10 ans, 800 millions d'euros de cash par an ne peut pas se redresser sur un seul contrat commercial", a-t-il ajouté, en référence au contrat 4G LTE de "plusieurs centaines de millions d'euros" signé la veille avec l'opérateur espagnol Telefonica.

(...)

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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par politicien » 08 oct. 2013, 20:43:46

Bonjour,
Le gouvernement français n'a pas tardé à réagir à l'annonce lundi 7 octobre du président d'Alcatel-Lucent de la suppression de 10 000 postes au sein des différents sites du groupe, dont 900 en France d'ici à 2014. L'équipementier télécom, dont le siège est situé à Paris, emploie 8 300 personnes dans le pays. L'objectif serait d'économiser 1 milliard d'euros d'ici là. "L'objectif du plan Shift est de redonner à Alcatel-Lucent la maîtrise de son destin. Dans le passé, le groupe a accumulé des retards par rapport à ses concurrents", explique ainsi mardi le PDG, Michel Combes, dans une interview au Monde.

Lire le détail du plan annoncé par Michel Combes, PDG d'Alcatel-Lucent
Inquiet, François Hollande a indiqué son intention de voir "dans le cadre des décisions qui seront prises, le plan social", comment "on peut réduire autant que possible l'ampleur des suppressions d'emplois". "Il y a eu des choix industriels du cote d'Alcatel qui n'ont pas été ceux qui auraient du prévaloir", a déploré le président de la République en ajoutant que l'Etat n'était pas "décideur" dans ce dossier.

Les salariés du groupe ont en effet déjà subi de nombreux plans de restructuration ces dernières années, comme l'a rappelé Jean-Marc Ayrault sur Twitter.

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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par politicien » 15 avr. 2015, 07:48:12

Bonjour,
Un coup de tonnerre sur le marché européen des télécoms. Ce mardi matin, l'équipementier finlandais Nokia et son concurrent franco-américain ont confirmé dans un communiqué commun «être en discussions sur un possible rapprochement, qui pourrait prendre la forme d'une offre échange en actions de Nokia sur Alcatel-Lucent».
Gagner du terrain en Chine sur les équipements télécoms
Si elle aboutissait, la transaction signerait l'absorption de Alcatel-Lucent et la naissance d'un nouveau géant dans les technologies destinées aux opérateurs télécoms et Internet.

De quoi concurrencer les géants asiatiques? C’est ce que semblent espérer Nokia mais aussi le gouvernement français. Le rapprochement entre Alcatel-Lucent et Nokia «permettra de créer un champion européen et de concurrencer les groupes chinois», a indiqué mardi après-midi le ministre de l’Economie Emmanuel Macron à l’issue d'une rencontre à l’Elysée entre François Hollande et les responsables des deux groupes.
Le nouvel ensemble fusionné représenterait un chiffre d’affaires de 27 milliards d’euros pour les seules infrastructures et rivaliserait avec les parts de marché des leaders mondiaux de l’équipement télécoms, Ericsson (17%) et Huawei (16%).

(...)

http://www.20minutes.fr/economie/158690 ... tel-lucent
Qu'en pensez vous ?
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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par El Fredo » 15 avr. 2015, 10:41:57

Si c'est Nokia qui absorbe ALU et vire tout l'exécutif incompétent de ce dernier, ça peut marcher. La dernière fois qu'il y a eu "alliance" entre Alcatel et Lucent, ce sont les Américains qui ont pris le pas sur les Français et ils ont coulé la boite.
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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par Narbonne » 15 avr. 2015, 21:05:19

Le slogan d'alcatel était: "l'industriel sans usine"
En 1980, c'était une entreprise qui marchait déjà mal. Ils licenciaient très souvent.
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.

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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par politicien » 20 avr. 2015, 07:36:49

Bonjour,
Alcatel est l'archétype d'un beau gâchis. Cette entreprise performante faisait partie des leaders mondiaux dans son secteur, avec un savoir-faire technologique élevé. Au début des années 90, en pleine dérégulation des marchés, Alcatel manque le virage des téléphones mobiles qui font leur apparition (le GSM). Après de multiples restructurations au cours des années 90, Alcatel n'atteint que 10 % des parts de marché de la téléphonie mobile. C'est alors qu'une seconde révolution survient : la 3G. Cette fois, le champion national s'allie avec Fujitsu, mais il se fait de nouveau distancer par Nokia et Ericsson dès 2002. Finalement, en 2006, Alcatel, espérant mettre fin à ses difficultés, fusionne avec Lucent, un ancien leader américain, lui aussi à bout de souffle.

La mariée était belle, mais trop dépensière...
La mariée apportait dans sa dot ses savoir-faire technologiques, brevets et réussites. Elle a inventé l'ADSL, mais ce fait d'armes ne suffit plus. Délestée de bon nombre d'activités (presse, nucléaire, etc.) pour éviter la dispersion des ressources et se concentrer sur son coeur de métier, Alcatel ne parvient pas à générer assez de cash. Avec des restructurations et des plans sociaux, ses effectifs et son chiffre d'affaires fondent comme neige au soleil. Plus grave encore, les activités de R&D les plus stratégiques sont transférées aux États-Unis.

Alcatel-Lucent en seconde noce avec Nokia, le phénix...
Nokia est un phénix qui a l'habitude de renaître de ses cendres. Au début des années 90, l'entreprise était en très mauvaise posture et elle décida d'abandonner purement et simplement son activité de téléviseurs pour se lancer dans la téléphonie mobile. Ce fut une belle réussite, jusqu'au moment où le smartphone fit son apparition, tout d'abord l'iPhone en 2007 puis ses concurrents Samsung, Huawei et consorts. En 2012, Nokia reconnaissait qu'elle n'avait pas su anticiper la rapidité des changements sur le marché de la téléphonie mobile, et, fidèle à son ADN, décida de s'en séparer en vendant cette activité à Microsoft en 2013.

(...)

L'intégralité de cet article à lire sur Le Point.fr
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wesker
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Re: Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Message non lu par wesker » 20 avr. 2015, 13:32:50

La responsabilité des dirigeants de cette époque, ayant raté cette évolution technologique, parfois partis avec des récompenses, assumeront ils leurs responsabilités ? Les libéraux, adeptes du principe de responsabilité exigeront ils qu'ils rendent, à l'entreprise des primes perçues en dépit de résultats décevants ou les salariés et autres exécutants, pas payés pour assumer ces responsabilités seront ils les seuls variables d'ajustement dont l'entreprise usera pour parvenir à se redresser ?

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