"Nous vivons une troisième révolution industrielle"

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politicien
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"Nous vivons une troisième révolution industrielle"

Message non lu par politicien » 04 janv. 2013, 21:06:47

Bonjour,
Dominique Lacroix : Michel Volle, vous êtes historien de l'économie, statisticien et spécialiste des systèmes d'information d'entreprise. Comment interprétez-vous la crise actuelle ?

Michel Volle : Contrairement à des commentaires fréquents, c'est plus qu'une crise économique. Nous vivons une troisième révolution industrielle. Elle comporte la transition douloureuse d'un système technique à un autre.
Bertrand Gille, Histoire des techniques Je me réfère sur ce point aux travaux de Bertrand Gille et à son Histoire des techniques. Toute la société est profondément bouleversée et les rapports géopolitiques sont en cours de redéfinition.

Au 18e siècle une première révolution industrielle s'est produite, fondée sur les progrès de la métallurgie et l'invention de la machine à vapeur. 

À la fin du 19e siècle, sont apparues deux formes nouvelles d'énergie, l'électricité et le pétrole et le cortège d'inventions qui en ont découlé : moteur électrique, lampe électrique, moteur à essence etc.

 La troisième révolution s'est produite vers 1975 avec l'informatisation.

L'informatique et les réseaux transforment tellement la vie économique qu'il est utile d'employer un néologisme pour désigner le nouveau paradigme. C'est « l'iconomie ».

Lors des deux révolutions précédentes, fondées sur la mécanisation et la maîtrise de l'énergie, les pays qui n'ont pas voulu ou su s'adapter ont été incapables de se défendre contre les canons anglais. Ils ont été pillés, occupés, humiliés. C'est le cas de la Chine. Avant le 18e, elle avait été la plus grande puissance, un empire et une civilisation riche et inventive. Aujourd'hui, elle est en train de retrouver son rang. D'après Angus Maddison, en 1820, la Chine produisait 33% du PIB mondial et en 1950, elle n'en produisait plus que 4%.
Image[/align]
Angus Maddison : évolution des parts des puissances
dans l'économie, en fonction des PIB (Produits intérieurs bruts)


Refuser les apports d'une révolution industrielle, c'est s'exposer au sous-développement, se transformer en proie.

DL : L'automatisation tue l'emploi. Est-ce transitoire ? Si oui, que préconisez-vous comme accompagnement social ?
MV : À court terme, oui, cela pose un problème d'emploi. La population n'est pas préparée. Elle a été formée à des tâches répétitives, manuelles ou mentales. Voyez la crise chez les lawyers américains, les cabinets d'avocats. Ils ne savent plus comment justifier leurs honoraires. Auparavant, il facturaient la recherche de jurisprudence. Maintenant, il existe des logiciels très rapides et efficaces.
Kuka, chaîne robotisée de lise en palette du pain

Les usines se vident. Ce sont des hangars à robots, enfermés chacun dans une cage de verre pour protéger les passants. Les seuls humains présents dans l'usine sont un superviseur derrière un ordinateur et l'équipe de maintenance.

Où passe l'emploi ? Où seront les emplois de demain me demandez-vous ?
En amont d'abord, dans la conception des produits et des automates.
Et en aval, dans le service au client. Les produits sont devenus des assemblages de biens et de services.
C'est déjà le cas des voitures, par exemple. Auparavant, il fallait de la main d'œuvre. Maintenant, il faut du cerveau d'œuvre.

Nous ne sommes qu'à mi-chemin du processus. Entre 1812 et 1975, il s'est écoulé environ un siècle et demi. De 1975 à aujourd'hui, cela fait même pas un tiers de la période précédente. Ce qui a été réalisé représente epsilon de ce qui nous attend.

(...)

DL : Si on ne peut pas retrouver le plein emploi, que pensez-vous de modèles comme le revenu de vie ?
MV : Je crois qu'à long terme, c'est-à-dire dans 20 ou 30 ans, on peut retrouver le plein emploi. Toute économie parvenue à la maturité utilise la totalité de la force de travail disponible. Mais les auteurs ne sont pas unanimes sur ce point. Brynjolfsson et McAfee, eux, ne voient pas venir d'équilibre.
En France, en 1812, les deux tiers de la population travaillaient dans l'agriculture. Ils étaient encore 33% en 1939. Jamais on n'aurait cru alors que l'agriculture puisse un jour fonctionner, comme aujourd'hui, avec 3 à 4% de la population sans que cela ne mette le plein emploi en danger.
Donc, non, le revenu de vie n'est pas intéressant de mon point de vue. Je reconnais que la transition est compliquée mais ce n'est pas sur elle que je focalise mon attention : je tente de modéliser la structure cible de l'économie, que je nomme iconomie. Je laisse le souci de la transition à des personnes plus compétentes que je ne le suis, il est d'une grande complexité.

DL : Pensez-vous que la France est à la traîne, dans cette révolution ?
MV : Oui, la France est en train de rater le coche.
Ce n'est pas faute de parler du « numérique ». Mais justement, ce vocable fait oublier l'essentiel. On parle beaucoup des effets médiatiques et culturels de ces mutations. On parle des problèmes de la presse, notamment. Mais presque jamais on n'évoque les effets sur le système productif.
Les politiques français ne connaissent pas les entreprises.
Or les chiffres européens sont clairs. La France a 5 fois moins de robots que l'Allemagne et 2 fois moins que l'Italie. De plus, le parc français de robots a vieilli. En France, la durée de vie des robots est de 20 ans, en Allemagne, elle est de 10 ans.
Quand on discute de système d'information avec des dirigeants d'entreprise français, on entend très souvent : « L'informatique coûte trop cher. ». On en a un exemple avec Henri Proglio à la tête d'EDF. La seule consigne donnée à son DSI (Directeur des systèmes d'information) a été : « Diminuez le coût de l'informatique. » C'est exactement l'opposé de ce qu'il faut faire. Une informatique modernisée rend l'entreprise plus fluide, permet d'améliorer la relation client, de mieux la documenter.
En France, peu d'économistes traitent ce sujet et les dirigeants de la politique et de l'économie n'y comprennent pas grand chose.
Il existe heureusement quelques exceptions comme Henri de Castries, le président du groupe Axa, ou Laure de la Raudière, député UMP d'Eure-et-Loir. Mais elles sont trop rares.

(...)

L'intégralité de cet article à lire sur Le Monde.fr
Qu'en pensez vous ?
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Blaise
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Re: "Nous vivons une troisième révolution industrielle"

Message non lu par Blaise » 04 janv. 2013, 21:08:39

Bon encore un truc sur lequel on est à la masse quoi.
Les Français vont instinctivement au pouvoir; ils n'aiment point la liberté; l'égalité seule est leur idole. Or l'égalité et le despotisme ont des liaisons secrètes. Chateaubriand

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artragis
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Re: "Nous vivons une troisième révolution industrielle"

Message non lu par artragis » 04 janv. 2013, 21:43:20

Tiens, rifkin a fait des petits.
bon, sinon c'est quoi encore? un article pour montrer combien la France c'est de la m....? Faut arrêter l'autoflagellation.
Alors, oui, il y a des comportements à changer et des personnes à virer mais arrêtons un peu avec ce genre de choses.

La France n'a pas assez de robots? Normal on a arrêté d'en acheter en 2000.
Les entreprises style EDF veulent "baisser le coût de l'informatique", normal, on centralise tout alors l'informatique perd de son efficacité.
Il suffirait d'une simple décision gouvernementale en défaveur de la centralisation et on aurait un effet en chaîne plus qu'intéressant !
http://zestedesavoir.com une association pour la beauté du zeste.

pierre30
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Re: "Nous vivons une troisième révolution industrielle"

Message non lu par pierre30 » 05 janv. 2013, 00:26:26

J'ai assisté à un séminaire où le formateur disait que l'informatique ne doit pas être considérée comme un centre de coût mais comme un centre de valeur au même titre que la R&D. Selon lui, en France, c'est souvent considéré comme un centre de coût, c'est à dire qu'on la gère en fixant trop l'attention sur le ratio entre le coût de l'informatique et le chiffre d'affaire, ce qui est, selon lui, une erreur grave.

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Golgoth
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Re: "Nous vivons une troisième révolution industrielle"

Message non lu par Golgoth » 05 janv. 2013, 07:39:08

Mais même la R&D est considéré comme un centre de coût par nos chers patrons, non ?
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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