Il ne s'agit pas du kilo de patates... encore que les différences d'inflation sont effectivement un obstacle à la réussite de l'euro. Mais votre réponse me laisse à penser que vous n'avez pas lu l'article que j'ai mis en lien et qui explique pourquoi en ce moment, tout se passe comme si Chypre n'avait plus la même monnaie que les autres pays de la ZE. D'ailleurs même certains défenseurs de l'euro sont d'accord sur ce point, comme par exemple Jacques Attali l'autre soir à l'émission "ce soir ou jamais".Narbonne a écrit :Avec ce raisonnement, il y a autant d'€ que de pays. En effet le prix d'un kilo de pates n'est pas le même en € dans tous les pays européens.albert a écrit : il y a bien de facto un euro chypriote qui n'a plus la même utilité ni la même valeur que l'autre euro.
Avec 100€, j'achete plus de biens en slovaquie qu'en France.
Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
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Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
Sauf qu'avec 1€ français tu peux acheter pour 1€ de patates en Slovaquie. Ce qui n'est pas le cas avec les € chypriotes.Narbonne a écrit :Avec ce raisonnement, il y a autant d'€ que de pays. En effet le prix d'un kilo de pates n'est pas le même en € dans tous les pays européens.albert a écrit : il y a bien de facto un euro chypriote qui n'a plus la même utilité ni la même valeur que l'autre euro.
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If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.
Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
Un très bon papier d’Alexandre Delaigue sur le blog FranceInfo : "Chypre doit-elle quitter la zone euro ?"
Comme d’autres commentateurs l’ont déjà fait remarquer, Delaigue note que Chypre n’est plus vraiment dans la zone euro. Il lui serait donc facile d’en sortir pour de bon. Mais serait-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Delaigue fait donc la liste des bonnes raisons d’en sortir et des bonnes raisons d’y rester, et le choix n’est pas si évident ! mais au moins Delaigue a-t-il une position équilibrée, non dogmatique, et n’est ni en faveur ni en défaveur de l’euro, ce qui n’est pas si courant.
Une chose est sûre : quel que soit le choix qui sera fait, l’avenir s’annonce sombre pour Chypre. Soit le pays sort de l’euro et devra faire face à une crise terrible à l’Argentine ; soit il reste dans l’euro, et dans ce cas le scénario sera celui d’une longue, très longue déflation. Autrement dit, soit les Chypriotes s’en prennent plein la tronche tout de suite, soit l’ajustement se fera sur la durée, moins violent mais beaucoup plus long.
Sur sa dette, Chypre devra de toute façon faire défaut, qu’elle reste ou non dans l’euro.
Il y a ensuite l’aspect politique et géopolitique. Chypre craint la Turquie qui occupe la partie nord du pays. Une sortie de l’euro précipiterait le pays sous la dépendance de la Russie. S'il reste dans l’euro, il sera sous la dépendance de l’UE, c’est-à-dire de l’Allemagne.
Delaigue conclut en citant Thucydide :
Comme d’autres commentateurs l’ont déjà fait remarquer, Delaigue note que Chypre n’est plus vraiment dans la zone euro. Il lui serait donc facile d’en sortir pour de bon. Mais serait-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Delaigue fait donc la liste des bonnes raisons d’en sortir et des bonnes raisons d’y rester, et le choix n’est pas si évident ! mais au moins Delaigue a-t-il une position équilibrée, non dogmatique, et n’est ni en faveur ni en défaveur de l’euro, ce qui n’est pas si courant.
Une chose est sûre : quel que soit le choix qui sera fait, l’avenir s’annonce sombre pour Chypre. Soit le pays sort de l’euro et devra faire face à une crise terrible à l’Argentine ; soit il reste dans l’euro, et dans ce cas le scénario sera celui d’une longue, très longue déflation. Autrement dit, soit les Chypriotes s’en prennent plein la tronche tout de suite, soit l’ajustement se fera sur la durée, moins violent mais beaucoup plus long.
Sur sa dette, Chypre devra de toute façon faire défaut, qu’elle reste ou non dans l’euro.
Il y a ensuite l’aspect politique et géopolitique. Chypre craint la Turquie qui occupe la partie nord du pays. Une sortie de l’euro précipiterait le pays sous la dépendance de la Russie. S'il reste dans l’euro, il sera sous la dépendance de l’UE, c’est-à-dire de l’Allemagne.
Delaigue conclut en citant Thucydide :
les forts font ce qu'ils veulent, les faibles doivent leur céder. Loin d'être un partenariat entre égaux, l'Union Européenne est un assemblage de pays dans lequel les logiques d'intérêt national triomphent, au bénéfice des pays les plus puissants. Est-ce vraiment ce que les européens veulent?
Modifié en dernier par albert le 01 avr. 2013, 15:54:17, modifié 2 fois.
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Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
Si Chypre sort, elle aura son destin en main. ça me paraît être une raison suffisante.
Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
C'est une petite île occupée au nord par la Turquie, et qui risquerait de tomber sous l'influence russe, elle n'aurait donc pas vraiment son destin en main, disons qu'elle changerait de maître. Mais elle aurait au moins la maîtrise de sa monnaie, et puis j'incline à penser qu'il vaut mieux une crise violente mais brève qu'un lent effondrement. Je pense donc aussi qu'elle devrait sortir de l'euro.Nombrilist a écrit :Si Chypre sort, elle aura son destin en main. ça me paraît être une raison suffisante.
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Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
Elle sera maître de son destin, et il n'y aura pas de crise du tout.
Dieu est mort. Marx est mort. Et moi-même je ne me sens pas très bien ... (Woody Allen)
Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
Voici ce qu'écrit Alexandre Delaigue dans le cas d'une sortie de l'euro suivie d'une dévaluation :Incognito a écrit :Elle sera maître de son destin, et il n'y aura pas de crise du tout.
Le secteur du tourisme chypriote pourrait bénéficier du gain de compétitivité lié à une dévaluation; mais ce secteur est en déclin depuis des années et nécessiterait des investissements. Le pays exporte beaucoup (40% de son PIB) mais dans des activités qui dépendent fortement des importations. Les engrais pour l'agriculture, le pétrole pour l'industrie chimique, l'énergie, les biens d'investissement, tout est importé. Il risquerait donc de n'y avoir aucun gain à une dévaluation, dans la mesure ou le renchérissement des importations se répercuterait instantanément dans les exportations, anéantissant les gains de compétitivité. Il faudrait s'attendre à une dévaluation très forte, la valeur de la nouvelle devise divisée par deux ou plus par rapport à l'euro, et une inflation considérable, de l'ordre de 30-40% la première année, et un effondrement du niveau de vie des habitants.
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Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
J'ai lu. Je ne suis pas d'accord.
Dieu est mort. Marx est mort. Et moi-même je ne me sens pas très bien ... (Woody Allen)
Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
Si Chypre n'avait pas été gouverné par un communiste de l'AKEL du 28 février 2008 au 28 février 2013, l'ile n'en serait pas là.
Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
Ça serait bien de développer...Incognito a écrit :J'ai lu. Je ne suis pas d'accord.
Sinon, autre article intéressant : l'interview de Paul De Grauwe.
Avec le plan de sauvetage de Chypre, "on a vraiment changé le régime", estime Paul De Grauwe, économiste à la KUL et à la London Business School. Pour lui, la zone euro s'est fragilisée, le risque a augmenté. Très dur face à la gestion de la zone euro, l'économiste se montre pessimiste face à l'avenir de l'euro.
Autre problème soulevé par Paul De Grauwe, la "politisation" de la Banque centrale européenne. Il rappelle qu'elle avait été créée à la base avec l'idée que ce serait une institution indépendante. "C'est une bonne chose. Mais l'indépendance veut dire que la politique ne doit pas interférer dans les affaires dans la Banque centrale... mais l'inverse doit être aussi valable !". C'est un vrai problème pour la démocratie, juge-t-il: "On ne peut pas accepter que des institutions technocratiques prennent des décisions politiques sans contrôle politique".
"Si ça continue comme cela, on ne peut pas maintenir un tel système. À ce moment-là, ce serait mieux de revenir aux monnaies nationales", estime l'économiste de la KUL qui se dit pessimiste par rapport à l'avenir de l'euro: "La construction a été mal conçue, inachevée. (...) Si on ne finit pas la construction, je crois que la zone euro n'a pas d'avenir".
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Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
L'euro chypriote n'est pas tout à fait une nouvelle monnaie, notamment si tu as des euros en liquides à Chypre, ils gardent leur valeur. Pas sûr non plus que Chypre y gagnera un avantage à l'export.
Mais l'article reste intéressant.
Mais l'article reste intéressant.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI.
Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
Paul de Grauwe dit exactement ce que je pense: soit on accélère et on va vers le fédéralisme (et là les contribuables de tous les pays contribueront à réparer les désordres quels qu'ils soient, et les truands du sud s'acharneront à créer des désordres), ou bien on arrête l'Euro (et la construction européenne sera très retardée voir annulée).
Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
Chypre peut parier sur un redressement de l'économie européenne qui pourra redevenir généreuse avec eux comme elle le fait avec les pays qui entrent dans l'UE et se développent grâce aux aides.
Cela peut se faire dans l'euro ou hors de l'euro, mais dans l'euro elle gagne du temps car la récession sera moins brutale. Hors de l'euro elle prend le risque de l'influence Russe. Je ne crois pas que la Turquie l'envahira, par contre elle peut devenir très dépendante de l'économie Turque.
Cela peut se faire dans l'euro ou hors de l'euro, mais dans l'euro elle gagne du temps car la récession sera moins brutale. Hors de l'euro elle prend le risque de l'influence Russe. Je ne crois pas que la Turquie l'envahira, par contre elle peut devenir très dépendante de l'économie Turque.
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Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
"Hors de l'euro elle prend le risque de l'influence Russe. Je ne crois pas que la Turquie l'envahira, par contre elle peut devenir très dépendante de l'économie Turque."
Les gentils européens et les méchants turques et les méchants russes.
Les gentils européens et les méchants turques et les méchants russes.
Re: Pourquoi le risque chypriote n'est pas à prendre à la légère
Non : les méchants européens et les gentils Russes et Turcs.
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