D'emblée je constate quelque chose de très clair : ce documentaire personnifie la planète et nous dit qu'elle est en danger, que nous la mettons en danger. Que les gens se sentent concerné par l'avenir du monde est positif, soit.
Nous avons peur de notre propre mort, et nous visualisons que les êtres vivants vivent un temps et meurent. Mais ce danger de mort ne s'applique par à la Terre. Parmi l'ensemble des êtres vivants, certains peuvent mourir, mais la Vie ne peut pas mourir. Même s'il y avait un déluge avec la montée des eaux (ce que je ne crois pas), la vie ne disparaitrait pas. La planète, en tant que gros cailloux n'est pas en danger (il faudrait plutôt une grosse météorite), et la vie qui s'y trouve n'est pas en danger non plus. Donc la planète n'est pas en danger. C'est une sorte de mythe apocalyptique qui n'a qu'une vocation, nous faire culpabiliser et nous faire devenir "raisonnables".
Cette vision des choses canalise nos aspiration aux bonheur collectif, mais pour en faire quoi ? Je note que le film surfe d'emblée sur l'association entre CO2 et chaleur, c'est-à-dire la propagande du financier Al Gore, utilisant donc l'hystérie sur le réchauffement climatique. Déjà c'est mal barré. Je note une grosse erreur à la position 7:50 quand le narrateur dit que les végétaux cassent la molécule d'eau pour récupérer l'oxygène, alors que les végétaux cassent les molécules de CO2.
Sinon ça ressemble à un cours de biologie de lycée, avec un zeste de bouddhisme et un autre de communisme. Encore la confusion entre la fragilité de la vie des êtres vivant et la fragilité de la Vie qui est une ineptie. C'est dommage que cette peur vienne polluer les belles images. C'est l'angoisse assurée. Par ailleurs, cela donne le sentiment que nous ne sommes pas chez nous sur Terre. Alors ça me fait repenser au début du film où l'on voit tous les noms d'entreprises qui se fondent pour donner le mot "HOME". Message à peine subliminal : nous sommes dans la maison des grands groupes financiers.
Sinon, oui je suis d'accord, la vie est merveilleuse et les riches ne sont pas nombreux. Au passage, le documentaire fait l'amalgame "des pays riches" sans distinguer dans ces pays qu'il y a des très très riches. Il y a un drôle de rapprochement entre le travail des enfants et le génie de l'utilisation des animaux. Un rapprochement qui plaira sans doute à Jacques Attali.
Le film parle de la "révolution agricole" qui a permis de nous nourrir si bien, mais oublie de mentionner que c'est grâce au réchauffement climatique de l'ère inter-glaciaire dans laquelle nous sommes que cela a été rendu possible. Et puis il y a toujours cet émerveillant pour le travail laborieux des enfants, des agriculteurs, des immigrés que je trouve assez douteux.
Sinon, l'analyse sur l'agriculture extensive servant à nourrir les animaux, les agrocarburants, les engrais et les pesticides me semble correcte. Mais le fait d'amalgamer tout ça sur la question du "pétrole" est aussi douteux.
Il y a une sorte d'émerveillement sur la monde "dont on arrache les minerais enfouis depuis sa création". Voilà une adaptation de la religion monothéiste pour les allergiques à la mention de Dieu. Les chrétiens aiment bien le film je pense.
Le problème de Dubaï qui est abordé n'est pas que le fait que cela utilise beaucoup de ressources, mais c'est aussi qu'ils n'y a que la minorité des nantis qui peuvent se payer ces hôtels hyperluxueux. Je ne vois pas en quoi le commun des mortels devrait en changer son comportement, rouler moins en voitures et mettre des panneaux solaires.
Ca y est, à la position 1:01:15, le mot est lâché, le problème central c'est qu'on rejette trop de "carbone", en fait il parle du CO2. Le tout avec la petite musique stressante dans le fond. Puis il affirme que nous avons bouleversé l'équilibre climatique de la Terre. Cela fait pourtant encore débat chez les climatologues mais ça permet une bonne grosse culpabilisation collective... sur la mort imaginaire de la planète. Quand à l'équilibre de la planète, c'est une mythe, étant donné que la Terre passe son temps à changer de température et les espèces apparaissent et disparaissent.
En réalité, cette limite, cette ère inconnue suscite beaucoup d'inquiétude. Mais il faudrait savoir de quoi on parle. Parle-t-on du déluge biblique entre inondation et incendies, ou bien de la fin des nantis si le peuple se réveille et que le feu de la conscience l'embrase ? Finalement, dans le film transparait la réelle interrogation des élites, c'est-à-dire de savoir comment gérer les changements climatiques éventuels mélés à la surpopulation.
Les statistiques sont pas mal, mais après c'est pour justifier la suppression des frontières et la globalisation, celle-là même qui nous a mis dans la situation présente, par exemple parce qu'on vend de la nourriture qui concurrence déloyalement l'agriculture vivrière, ou parce que les multinationales exploitent les gisements sans faire profiter les populations locales des bénéfices engendrés. Mais le documentaire accuse à la place les nations, qui portent facilement le chapeau.
En fait, je trouve que c'est un beau film, mais sans la bande son. Ah, je sais ce que je vais faire, je vais le reregarder avec Enya en musique de fond, je suis sûr que ça passera beaucoup mieux.
racaille a écrit :2. Quand j'ai vu que c'était réalisé par Besson avec les sous de François Pinault, j'ai directement passé mon chemin ! Ce film n'est qu'une entreprise publicitaire pour le groupe PPR - qui n'a évidemment pas manqué de faire savoir au JT du 20 heures avant le film que PPR respecte l'environnement et que le groupe s'investit énormément dans l'écologie (on ne rit pas).
Ah ben là ça démontre clairement à quoi sert le film, à défendre l'industrie du luxe envers et contre le développement industriel global qui pourrait réchauffer la planète. Le peur de la disparition des riches dans le déluge de la surpopulation ?