http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011 ... arfait.phpL'Allemagne, un modèle imparfait
L'Allemagne fait figure de modèle pour les dirigeants politiques. Pourtant la vérité économique est parfois très différente des discours officiels. Tour d'horizon de quelques contre-vérités sur l'Allemagne.
•«Je pense que nous, Français, nous ferions bien de nous inspirer du modèle allemand en termes de croissance économique» - Jean-François Copé, 30 avril 2010 sur France 24
La croissance allemande n'est pas garantie et montre des signes de faiblesses. «La croissance de l'Allemagne ne peut venir que des exportations, dont 60% vont vers les autres pays européens.
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•«Il faut aller vers la convergence fiscale franco-allemande» - François Fillon, 22 septembre 2011
La convergence fiscale vers l'Allemagne est le leitmotiv des dirigeants français. Pourtant, la situation fiscale allemande n'est pas très différente de celle de la France. L'imposition sur les sociétés est de 33% en France, de 29,83% outre-Rhin. En 2009, le taux d'imposition des sociétés était encore de 39%, c'est-à-dire le taux le plus élevé d'Europe. En ce qui concerne les PME, le taux d'imposition est de 15% en France, contre 20% en Allemagne. Pour les particuliers, le taux d'imposition maximum atteignait les 42% en Allemagne, un taux qui va baisser avec l'allègement fiscal de 6 milliards votés il y a un mois.
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•«Tous les moyens sont prioritaires pour réduire la dette et se tenir aux limites imposées par les traités» - Wolfgang Schäuble, ministre des Finances allemands, janvier 2010
La dette allemande est la plus élevée de tous les pays européens. Avec 1700 milliards d'euros, elle représentait 83,2% du PIB début 2011, plus que les 60% autorisés par le traité de Maastricht. Même si les recettes fiscales ont augmenté plus vite que prévu et que le déficit public est maîtrisé, les perspectives d'évolution du poids de la dette ne sont pas bonnes : «Un taux d'endettement public supérieur à 60% du PIB pendant de nombreuses années» se profile , et ce même sans une aggravation de la crise de la dette publique en zone euro, s'inquiétait la Bundesbank. L'Allemagne n'est pas le modèle qu'elle clame être, soulignait le magazine allemand Spiegel : «Les Pays-Bas (64,2%) ou la Finlande (49%) ont plus le droit à se présenter comme le champion de discipline.» En 2012, l'Allemagne fera 26 milliards de nouvelles dettes, a annoncé le ministre des Finances. Le montant de la dette allemande inquiète le président de l'Eurozone Jean-Claude Juncker : «L'endettement de l'Allemagne est plus élevé que celui de l'Espagne (69,6%). Seulement, ici personne ne veut le savoir», a-t-il déclaré à Berlin le 16 novembre.
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•«Il est clair que l'Allemagne a accompli un excellent travail au cours des dix dernières années, améliorant sa compétitivité, exerçant une forte pression sur ses coûts de main-d'œuvre.» - Christine Lagarde, ministre de l'Économie française, 15 mars 2010
Le chômage allemand a baissé en Allemagne, revenant de 9,5% en 2005 à 6,5%. Si la croissance a aidé à la création d'emploi, ce taux de chômage cache aussi un système qui a recours au travail à temps partiel et aux «mini-jobs». «Le rebond de l'emploi a été accompagné par un accroissement du poids des services, qui utilise plus de temps partiel et payent ses employés moins que le secteur industriel», analyse la BNP. L'absence de salaires minimum dans le secteur des services permet aux employeurs de payer les travailleurs moins de 5 euros de l'heure. Selon l'institut du travail de Duisbourg, l'Allemagne compte 6,5 millions de salariés pauvres, qui touchent moins de 10 euros de l'heure. Deux millions de personnes perçoivent un salaire inférieur à 4 euros de l'heure, soit 720 euros par mois pour un emploi à temps plein.
Voilà qui bat en brèche quelques idées reçues...