Christophe Barbier, Jean-Luc Mélenchon et Maquillages (I)
Le 23 février, France Soir écrit « Sondage : Le Français, champions du monde du pessimisme », se référant à un sondage Ifop pour La Croix qui à son tour emploie le titre « L’anxiété face à l’avenir, une exception française ». Mais les Français peuvent-ils faire confiance au monde politique et « gestionnaire » ? La Croix rapporte également : « Vives réactions au discours de François Hollande sur la bioéthique », à propos du projet de ce candidat d'autoriser les recherches sur les cellules souches embryonnaires. D'après François Hollande, une telle recherche doit être « encadrée » pour « éviter toute marchandisation du corps humain ». Mais est-ce vraiment crédible, si on pense aux déclarations de ce candidat aux élections présidentielles françaises récemment publiées par The Guardian ? Pour rasurer les milieux financiers, François Hollande a ouvertement revendiqué devant la presse britannique la « libéralisation de l'économie » et les privatisations opérées depuis les années 1980 par les derniers gouvernements de « gauche ». Or de quels moyens peuvent disposer les pouvoirs publics, dans une économie privatisée, pour mener à terme un réel contrôle des recherches effectuées par le secteur privé ? A fortiori, dans un contexte où l'Assemblée Nationale vient d'approuver en première lecture le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) qui comporte une sévère limitation de la souveraineté des Etats au bénéfice des grands financiers et des multinationales. De toute évidence, la question de la crédibilité des milieux politiques constitue un souci majeur pour les citoyens, et pas seulement en France. Mais dans ce contexte, que penser des étranges déclarations attribuées par Christophe Barbier à Jean-Luc Mélenchon sur ce que Barbier appelle la « décadence du NPA » (Nouveau Parti Anticapitaliste) ? Mélénchon ayant estimé, d'après Christophe Barbier dans son livre Maquillages (Grasset) paru cette semaine : « Vous savez pourquoi le NPA est fichu ? Parce qu'on ne transforme pas un groupuscule d'intellectuels juifs du Quartier latin en parti de masse des banlieues musulmanes ». Jean-Luc Mélenchon dément-il avoir tenu de tels propos ?
Le 23 février, le livre de Christophe Barbier Maquillages (Editions Grasset & Fasquelle) se trouve en vente dans les librairies et par correspondance. La question d'un éventuel démenti de Jean-Luc Mélenchon à l'égard du contenu de cet ouvrage relève donc du domaine public et n'est pas sans importance.
En effet, Jean-Luc Mélenchon est un personnage public qui de surcroît sé présente aux élections présidentielles. C'est au public qu'il doit des explications, et il doit le faire de son propre chef. Précisément, la confiance des citoyens dans le monde politique exige des explications transparentes dans de telles situations.
Attendons donc la réaction publique de Jean-Luc Mélenchon, suite non seulement à la parution du livre de Christophe Barbier mais aussi au programme d'Europe 1 Il n’y en a pas deux comme Elle de dimanche dernier, où les mêmes propos ont été évoqués (minute 4) :
http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emiss ... n-y-en-a-p....
Même si nous sommes profondément choqués par de tels propos, nous attendrons la réaction publique de Jean-Luc Mélenchon avant de les analyser plus en détail. Mais force est de constater que Christophe Barbier écrit, page 193 de Maquillages :
(...) C'est Mélenchon qui me glissa un jour la verité sur la décadence du NPA. Démaquillé, il remettait son écharpe du geste éprouvé de syndicaliste qu'il aurait pu être, et se fit l'oeil piquant et la joue rose : « Vous savez pourquoi le NPA est fichu ? Parce qu'on ne transforme pas un groupuscule d'intellectuels juifs du Quartier latin en parti de masse des banlieues musulmanes ». Mélénchon le républicain parle clair quand il ausculte sa gauche. (...)
(fin de l'extrait de Maquillages, de Christophe Barbier, Editions Grasset & Fasquelle, 2012)
Il s'agirait donc bien de propos tenus « l'oeil piquant et la joue rose » par Jean-Luc Mélénchon auprès de Christophe Barbier. Le tableau est très explicite. Mais qu'en dit Mélenchon ?
Curieusement, les médias et le monde politique semblent rester silencieux en dehors du programme d'Europe 1 déjà cité. Pour quelle raison, alors que le livre circule déjà ? S'agirait-il de propos qu'il convienne de ne pas commenter ? Et qu'en pensent le Front de Gauche, ses composantes et ses militants ?
Le devoir de transparence des politiques nous semble exiger que cette affaire soit clarifiée par une déclaration publique du candidat du Front de Gauche aux élections présidentielles françaises de 2012 qu'est Jean-Luc Mélenchon. Oui ou non, Christophe Barbier a-t-il correctement transcrit ses propos ?
Le 23 février également, Le Monde écrit « Le climat social se dégrade dans les entreprises ». Doit-on s'en étonner ? Et que peut-on vraiment attendre des actuels candidats aux présidentielles, au vu des résultats des décennies récentes ?