Un complot consiste à renverser le pouvoir en place, or les gens qui ont de l'influence et qui ont du pouvoir ne cherchent pas à se renverser eux-mêmes. Cela n'a pas de sens. Ils cherchent simplement à défendre leurs avantages pour les conserver le plus longtemps possible voire les augmenter.
En clair, l'expression "théorie du complot" est piégeuse, elle nous incite à défendre ce que nous disons comme un complot, alors que cela n'en est pas un. Un exemple emblématique de pouvoir cherchant à rester au pouvoir est celui des Etats-Unis (en fait, des élites des Etats-Unis). On peut citer Georges Kennan, qui a écrit en 1948 dans le Policy Planning Study 23 du gouvernement américain :
Cependant, il y a effectivement un mouvement de concentration des pouvoirs, et notamment de concentration des média. Cela est important, parce que les média ont une fonction très particulières dans les "démocraties". Voilà par exemple ce qu'a répondu Alain Minc dans une interview de la Revue des Ingénieurs des Mines de juillet/août 2009 :Georges Kennan a écrit :Nous avons environ 50% des richesses mondiales mais seulement 6,3% de la population. Cette disparité est particulièrement importante entre nous [les Etats-Unis] et les peuples d'Asie. Dans cette situation, nous ne pouvons manquer d'être l'objet de l'envie et du ressentiment. Notre tâche réelle dans la période à venir est de concevoir un ensemble de relations qui nous permettront de maintenir cette position de disparité sans réel détriment pour notre sécurité nationale. Pour ce faire, nous devrons nous dispenser de toute sentimentalité ou rêve éveillé ; et nore attention devra être concentrée partout sur nos objectifs nationaux immédiats. Nous ne devons pas nous faire d'illusions que nous puissions nous permettre le luxe de l'altruisme et du bienfait mondial.
Dit plus crument, on manipule l'opinion publique pour diriger comme on l'entend. Cela n'est pas nouveau, et Walter Lippmann écrivait dans son livre Public Opinion en 1922 :Les médias se sont imposés comme un pouvoir clé car ils se sont attribués la représentation de l'opinion publique. En se l'attribuant, ils la façonnent. Or nous sommes dans une société où la principale force politique est l'opinion. Cette dictature de l'opinion ouvre un boulevard à l'influence des médias.
Avec la révolution numérique, les revenus de la presse écrite ont chuté (les articles sur Internet rapportent moins). La concentration des média avec les économies d'échelles que cela apporte permet en partie de pallier à cela. Mais surtout, les média sont internationalisés et avec la propagande auparavant nationale. Tout de même pas mondialisé puisque dans certains pays, la "démocratie" capitaliste n'a pas encore été mise en place. Je crois que l'on peut constater que la propagande a pris des ampleurs démesurées : 11 septembre, "guerre contre le terrorisme", grippe porcine et CO2. Derrière toutes ces propagandes se cachent des intérêts géopolitiques et financiers. La "guerre contre le terrorisme" est une justification de l'agenda militaire. On fait peur aux gens pour obtenir leur assentiment. Ainsi que l'énonce Brzezinski dans Le Grand Echiquier :Walter Lippmann a écrit :La création du consentement n'est pas un art nouveau. Il est un très ancien et était supposé disparaitre avec l'apparition de la démocratie. Mais ce n'est pas le cas. La technique de cet art a, en fait, été énormément améliorée, parce qu'elle est à présent basée sur l'analyse plutôt que sur des règles approximatives. Ainsi, grâce aux résultats de la recherche et psychologie, associée aux moyens de communication modernes, la pratique de la démocratie a effectué un tournant. Une révolution est en train de prendre place, infiniment plus significative que tout déplacement du pouvoir économique.
On a pu constater lors de ses discours pour le sommet de l'Otan qu'Obama a rappelé, après avoir dit qu'il y avait le terrorisme international, le réchauffement climatique et la crise financière globale, qu'il ne fallait pas avoir peur. Cherchez le paradoxe...Zbigniew Brzezinski a écrit :L'Amérique devenant une société de plus en plus multiculturelle, il risque d'être plus difficile de façonner un consensus en terme de politique internationale, sauf dans le cas de la perception d'une menace extérieure directe et massive.
Il me semble donc que nous allons vers une mondialisation du système de propagande qui fonctionnait nationalement, les Etats-Unis jouant bien sûr un rôle important. Ces derniers sont en effet concernés, puisqu'ils mettent en place la "démocratie" dans les pays stratégiques, à savoir notamment les pays ayant des ressources en pétrole (surtout au Moyen-Orient et en Asie Centrale) et des ressources en eau (surtout en Amérique Latine). Le but n'est pas de pourvoir les Etats-Unis en pétrole, mais simplement de contrôler les ressources et de les taxer.
Une question se pose, bien sûr. Faut-il avoir peur de la mise en place d'une dictature plus directe, à la place de la "fabrication du consentement" avec les média ? En 1975, la Commission Trilatérale publia un rapport intitulé Crisis of Democracy dont l'introduction commence ainsi :
Cependant, dans ce rapport, Michel Crozier conclut à une "vulnérabilité européenne". Il explique entre autres que la rationalité des Européens « nécessite un recours à la manipulation, au compromis et même à la coercition pour arriver à une décision ». A l'époque, donc, il pensait qu'on pouvait continuer la pseudo-démocratie dans la mesure où l'on utilisait le bon cocktail des trois types de méthodes évoquées. Qu'en est-il aujourd'hui ?Est-ce que la démocratie est en crise ? Cette question est posée avec un urgence croissante par certains des dirigeants de l'Ouest, par des éditorialistes et des spécialistes, et, si les sondages d'opinions sont fiables, même par le public. [...]
Le rapport qui suit n'est pas pessimiste. Ses auteurs croient que, dans un sens fondamental, les systèmes démocratiques sont viables.