M'PEP, seul parti de gauche cohérent ? 6 Juillet LAURENT PINSOLLE - BLOGUEUR ASSOCIÉ
Porte-parole du parti Debout la république dirigé par Nicolas Dupont-Aignan, ancien président... En savoir plus sur cet auteur
Jacques Nikonoff, membre fondateur d'Attac et porte-parole du M'PEP a annoncé son soutien à Nicolas Dupont-Aignan dans le second tour de la présidentielle. Notre blogueur associé Laurent Pinsolle, lui-même porte-parole de Debout la république! revient donc sur ce mouvement, à ses yeux «seul parti de gauche cohérent» sur la question des frontières et de l'internationalisme.
Cela a été une des jolies surprises des élections législatives : le soutien apporté à titre personnel par Jacques Nikonoff à Nicolas Dupont-Aignan pour le second tour. L’occasion de rendre la pareille à ce mouvement qu’il préside et qui vaut l’attention, le M’PEP.
En juin dernier, j’avais assisté à un très bon colloque organisé par ce mouvement qui réunissait Emmanuel Todd, Frédéric Lordon et Jacques Sapir. Le M’PEP occupe une place à part. Fondé par des anciens d’Attac qui souhaitaient passer à l’action politique, il s’agit du seul parti de gauche ayant mis en cohérence son analyse de la mondialisation avec son rapport à la nation. En clair, comme l’a écrit son porte-parole Aurélien Bernier, il prône «la désobéissance européenne ».
L’extrême gauche (NPA, LO) continue de faire de l’internationalisme et de l’ouverture des frontières un horizon indépassable, poutant totalement contradictoire avec les mesures qu’ils souhaitent mettre en place. En effet, si le programme de Philippe Poutou ou Nathalie Arthaud était mis en place avec des frontières ouvertes, ce serait un carnage, avec une fuite des capitaux et des entreprises qui ruinerait le pays et rendrait inapplicables les mesures qu’ils défendent.
La position de la gauche radicale, représentée par le Front de gauche, est compliquée. En effet, si leur analyse de la mondialisation est juste, elle est (logiquement) plus radicale dans les mesures à mettre en place (notamment pour la taxation des hauts revenus), mais Jean-Luc Mélenchon a toujours rechigné à évoquer le moindre contrôle des mouvements de capitaux, de biens et de personnes, sans lesquels son programme serait pourtant inapplicable.
Mais, jusqu’à présent, Jean-Luc Mélenchon refuse de franchir le rubicon. Du coup, le seul parti de gauche qui accepte de dire qu’il faut des frontières nationales pour dompter la mondialisation est le M’PEP de Jacques Nikonoff. Lors d’une conférence de presse du Manifeste pour un débat sur le libre-échange, Jacques Sapir avait dit que «la haine de la nation, c’est l’internationalisme des imbéciles». Cette forme d’internationalisme est malheureusement forte à gauche.
Pourtant, la nation est sans doute, avec la famille, la plus belle chose à laquelle les citoyens appartiennent, qui nourrit leur identité, les protège et leur permet d’agir sur leur destin. En outre, comme le disait le Général, «le patriotisme, c’est l’amour des siens, le nationalisme, c’est la haine des autres». D’ailleurs, d’une certaine manière, il était patriote et internationaliste. C’est exactement ce qu’a compris le M’PEP, qui n’a pas une vision caricaturale de la nation.
C’est sans doute pour cette raison que Jacques Nikonoff a appelé à voter NDA contre le PS en s’opposant au fédéralisme européen. Je l’en remercie chaleureusement et lui transmet mes amitiés républicaines pour ce geste qui transcende les clivages traditionnels.