Trop fort en émotion.

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Libre penseur
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Message non lu par Libre penseur » 02 nov. 2009, 15:05:00

Bonjour,

On a tous des textes qui nous touchent, ou qui ont plus ou moins marqués notre vie, moi c'est Le Renard et le petit prince de Saint Exupéry :

C'est  alors qu'apparut le renard :

Bonjour dit le renard.

Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.

Je suis là, dit la voix, sous le pommier...

Qui es-tu? dit le petit prince. Tu es bien poli...
 
Je suis un renard, dit le renard.
 
Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...
 
Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.
 
Ah! pardon, fit le petit prince.

Mais, après réflexion, il ajouta :
 
Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?
 
Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu?
 
Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?
  
Les hommes, dit le renard, ils sont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant !
Il élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules?
  
Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
  
C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie créer des liens..."

Créer des liens?
  
Bien sûr, dit le renard. Tu n'es pas encore pour moi qu'un petit garçon tout
semblable à cent mille petits gerçons. Et je n'ai pas besoin de toi.
Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable
à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre.
Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
  
Je commence à comprendre, dit le petit prince.
Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...

C'est possible, dit le renard. On voit sur terre toutes sortes de choses...
  
Oh! Ce n'est pas sur terre, dit le petit prince

Le renard parut très intrigué :

Sur une autre planète?
  
Oui.
  
Il y a des chasseurs, sur cette planète-là?

Non.

Ca, c'est intéressant! Et des poules?

Non.

Rien n'est parfait, soupira le renard.

Mais le renard revint à son idée :

Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent.
Toutes se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent.
Je m'ennuie donc un peu.
Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée.
Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres.
Les autres pas me font rentrer sur terre.
Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique.
Et puis regarde! Tu vois  là-bas, les champs de blé?
Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile.
Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste!
Mais tu as des cheveux couleur d'or.
Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé!
Le blé qui est doré, me fera souvenir de toi.
Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...

Le renard se tut et regard longtemps le petit prince :

S'il te plaìt... apprivoise-moi, dit-il.

Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps.
J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaìtre.

On ne connaìt que les choses que l'on apprivoise, dit le renard.
Les hommes n'ont plus le temps de rien connaìtre.
Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands.
Mais comme il n'existe point de marchands d'amis,
les hommes n'ont plus d'amis.
Si tu veux un ami, apprivoise-moi!

Que faut-il faire? Dit le petit prince.

Il faut être très patient, répondit le renard.
Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe.
Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien.
Le langage est source de malentendus.
Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...

Le lendemain revint le petit prince.

Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard.
Si tu viens, pas exemple, à quatre heures de l'après-midi, dés trois heures je
commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux.
A quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur!
Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur...
Il faut des rites.

Qu'est-ce qu'un rite? Dit le petit prince.

C'est quelque chose de trop oublié, dit le renard.
C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures.
Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village.
Alors le jeudi est jour merveilleux! Je vais me promener jusqu'à la vigne.
Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous,
et je n'aurais point de vacances.

Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure de départ fut proche :

Ah! Dit le renard... Je pleurerai.

C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...

Bien sûr, dit le renard.

Mais tu vas pleurer! Dit le petit prince.

Bien sûr, dit le renard.

J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
Puis il ajouta :
Va revoir les roses. Tu comprendras. Tu comprendras que la tienne est unique au monde.
Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret.

Le petit prince s'en fut revoir les roses :
Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il.
Personne ne vous a apprivoisées et vous n'avez apprivoisé personne.
Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres.
Mais, j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.
Et les roses étaient bien gênées.
Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous.
Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble.
Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes,
puisque c'est elle que j'ai arrosée.
Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe.
Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent.
Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles
(sauf les deux ou trois pour les papillons).
Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter,
ou même quelquefois se taire.
Puisque c'est ma rose.

Et il revient vers le renard :
Adieu, dit-il...

Adieu, dit le renard.
Voici mon secret. Il est très simple:
on ne voit bien qu'avec le coeur.
L'essentiel est invisible pour les yeux.

L'essentiel est invisible pour les yeux,
répéta le petit prince, afin de se souvenir.

C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.

C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose...
fit le petit prince, afin de se souvenir.

Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard.
Mais tu ne dois pas l'oublier.
Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé.
Tu es responsable de ta rose...

Je suis responsable de ma rose...
répéta le petit prince, afin de se souvenir.

Trop fort en émotion...

Et vous, des textes, des poèmes, des histoires que vous aimez intensément...?

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Gis
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Message non lu par Gis » 02 nov. 2009, 18:50:00

Mon cher Hugo,


Il y en a sans doute quelques uns des textes, mais déjà 2 phrases sont issues de ton texte "On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux"..

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Message non lu par Libre penseur » 02 nov. 2009, 19:03:00

Oui, j'aime bien cette phrase aussi : "C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante."

ou encore ce passage sur le terme apprivoiser :

"Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
  
C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie créer des liens..."

Créer des liens?
  
Bien sûr, dit le renard. Tu n'es pas encore pour moi qu'un petit garçon tout
semblable à cent mille petits gerçons. Et je n'ai pas besoin de toi.
Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable
à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre.
Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..."

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Message non lu par artragis » 02 nov. 2009, 19:29:00

Il y a eu, effectivement des textes qui m'ont accroché, le plus fort fut le poème de verlaine "Mon rêve familier"
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
d'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
et qui n'est, chaque fois, ni tout a fait la même,
ni tout à fait une autre, et même et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule. Hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême
elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
l'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Vient ensuite celui de prévert Sables mouvants
Démons et merveilles,
vents et marées,
Au loin, déjà la mer s'est retirée
Et toi
Comme une algue doucement caressée par le vent
Dans les sables du lit, tu remues en révant
Démons et merveilles,
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Mais dans tes yeux entrouverts
Deux petites vagues sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer


J'ai vécu plein de bons moments dans mes lectures, mais ceux là valaient la peine d'etre vécus
http://zestedesavoir.com une association pour la beauté du zeste.

anonyme
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Message non lu par anonyme » 03 nov. 2009, 11:24:00

Amusant ces coïncidences entre les différents débats : mon association de défense du droit des enfants handicapés et la promotion de leurs scolarisations, s'appelait :
"S'il vous plait, dessine moi une école"...

Dont le nom fut cité en pleine séance ouverte au Sénat le 08 avril 2003.

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Message non lu par Libre penseur » 03 nov. 2009, 14:10:00

J'ai choisis l'extrait du Renard car je trouve ce passage très émouvant, et c'est l'histoire que l'on me racontait quand j'étais petit. ;)
Je n'ai jamais lu le conte en entier. La phrase "S'il vous plait, dessine moi un mouton" c'est au début de l'histoire quand l'aviateur se fait réveiller par le petit prince...
Ce qui est bien avec ce texte c'est qu'il s'adresse à la fois aux enfants et aux plus grand, c'est un genre à part, à mi chemin entre la poésie et la philosophie, très beau.

Pas mal celui de Prévert artagis.

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Message non lu par racaille » 03 nov. 2009, 15:32:00

J'étais aussi accro au Petit prince quand j'étais tout môme. Celui dit par Gérard Philippe. Par contre ça me foutait un de ces bourdon, c'est hyper triste comme histoire ! ^^
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Message non lu par Libre penseur » 03 nov. 2009, 15:56:00

C'est vrais que ce texte est mélancolique, c'est le seul qui m'a fait verser une petite larme. :cry:

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