Le parti de gauche

Nico37
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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Nico37 » 22 juil. 2013, 20:49:41

Nombrilist a écrit :Pourquoi front "national" de gauche ?
Jeff Van Planetserait-il nostalgique du HMLP ultra libéral de 2002 :?: :mrgreen:
Ramdams a écrit :Il est vrai que le Parti de gauche n'a rien de "national". Le mot "nation" les dérange d'ailleurs, ça sonne trop facho pour eux.
Le PG s'affirme républicain donc...
L’action du nationalisme de gauche au Pérou

Voici donc ma synthèse de ce que j’ai compris de mon échange avec le président péruvien. Ici, il n’est question ni de rupture avec le capitalisme ni d’éco-socialisme. La politique du président Humala est celle d’un nationaliste de gauche. Il ne s’agit de rien d’autres que de donner a la communauté péruvienne, conçue comme un tout, son indépendance collective et personnelle. Cette position lui vaut la solide haine du parti médiatique qui l’accable ici comme le sont tous nos amis partout. Cela lui vaut aussi l’incompréhension de plusieurs secteurs de gauche et de sa majorité. Mais ce qu’il fait mérite attention et nous apprend aussi beaucoup de choses. A son sujet comme au sujet de beaucoup d’autres dirigeants et de beaucoup d’autres gouvernants de la vague démocratique il faut absolument renoncer aux vieilles habitudes mentales du passé qui voudraient voir partout ou bien des modèles ou bien des traitres. Ollanta Humala dans ses pires manques est dix mille fois plus à gauche que n’importe quel jour de la vie de François Hollande ou de l’un quelconque des membres de son gouvernement. Par de nombreux aspects de sa politique, il est aussi une source d’inspiration pour notre action.

Toute la politique mise en œuvre au Pérou repose sur la bonne santé de l'économie minière. Ce que l'on appelle « l'extractivisme » a donc encore ici de beaux jours devant soi. La croissance est de six points par an. La croissance reste un horizon indépassable pour nos gouvernements dans cette région. L'intensité de la misère à laquelle il leur faut arracher la société explique cette fixation. Je crois pourtant qu'il faut y ajouter quelque chose qui ne fait pas plaisir à entendre. Je veux parler du retard qui a été pris partout à gauche pour penser un modèle alternatif concret de production et d'échange. Ce genre de travail ne se commence pas quand on accède au pouvoir. Il faut l'avoir fait avant. Sinon tout ce qu'on peut dire ensuite reste des phrases creuses et abstraites que les urgences du quotidien renvoient toujours à demain. En regardant faire ce que fait le gouvernement Ayrault, on comprend plus facilement en quoi consiste le retard de prise de conscience de la vieille gauche. Dans l'Amérique du Sud, nos amis ont pris la direction de leur pays après une période terrible d'ajustement structurel imposé par le FMI. Une immense extension de la pauvreté et surtout de l'extrême pauvreté a été le résultat de cette période. La vague démocratique a d'abord été une rupture avec les politiques de coupes budgétaires et de privations dont le néolibéralisme est le prescripteur. Mais on ne doit pas perdre de vue que si cette urgence et la protestation contre elle ont permis de fédérer des mouvements sociaux et des électeurs de toutes sortes, pour autant, il n'a pas permis de formuler à soi seul un projet d'organisation économique réellement, c’est-à-dire complètement, alternatif. C'est pourquoi dans tous ces pays j'ai pu observer que la sortie de la misère, la formation d'une classe moyenne, l'extension de droits humains concrets, n'ont cependant fait remettre nulle part en cause les fondamentaux des modèles de consommation dominant. C’est un fait extrêmement important qui doit nous servir de leçon. Il ne suffira pas d'en finir avec les options politiques d'austérité et d'ajustement structurel qui dévastent l'Europe. Il faudra rompre aussi avec le modèle de consommation et d'échange. Il ne suffit pas d'en avoir conscience. Il faut se préparer effectivement avec des propositions concrètes et des modes opératoires. Sinon nous ne réglerons aucun des problèmes que rencontre aujourd'hui l'écosystème humain ni aucune des impasses existentielles que construit la société de frustration consumériste. Mais surtout si nous perpétuions les modes et les usages de la société de consommation néolibérale, nous reproduirons en même temps l'ensemble des valeurs et des comportements qui y sont attachés. Dés lors, la révolution citoyenne ne met pas seulement à l'ordre du jour la question du partage de la richesse et des formes de l'exercice du pouvoir. La définition et le contenu de cette richesse, l'objet du pouvoir à exercer et les domaines auxquels ils s'appliquent sont les dimensions qualitatives sans lesquelles le reste ne prend pas de sens de façon durable.

En tout cas, je dois préciser qu’Ollanta Humala ne fait pas de l'activité minière l'horizon indépassable de l'économie péruvienne. Il s'est réjoui de pouvoir me dire que, pour la première fois, le commerce compte davantage que la mine dans la contribution fiscale. Je comprends bien le circuit économique qu'il me décrit et j'admets que tous les plans du gouvernement dépendent de l'alimentation fiscale dont la source est dans les mines. Pour autant je ne sais pas quel est le rapport de force social et donc quelle est la proportion de ce qui est prélevé dans les mines qui revient dans les caisses de l'État. J'ai bien compris que Humala ne veut pas tuer la poule aux oeufs d'or. Il me l’a assez dit. J'ai trouvé qu'il avait tendance à reprendre à son compte des antiennes connues : il y a d'une part l'idéal et d'autre part le réel. Mais dans sa bouche cela ne m’a jamais semblé aussi plein de cette hypocrisie que l’on note sur ce thème en Europe où ce refrain sert de prétexte pour justifier que l’on ne fasse rien d’autres que de continuer « la seule politique possible ». J’ai lu que Manuel Valls avait réitéré son numéro sur ce thème en faisant l’apologie du « réformisme assumé » de François Hollande, pour faire semblant de recommencer le débat entre réforme et révolution qui a fait les grandes heures de ce type de droitier complexé. Aucun journaliste n’a eu l’insolence de lui demander de quelle réforme progressiste accomplie par François Hollande il parlait. Il est vrai que beaucoup de ses auditeurs ne comprennent même pas de quoi il est question, tout simplement.

J’en reviens à Ollanta Humala. Il ne se résigne sur aucun thème. Je l’ai trouvé très pointu sur bien des questions concrètes concernant les moyens d'agir. Son souci sincère est de parvenir à ce point ou l’activité minière ne sera plus l’alpha et l’oméga de la politique de ce pays. Du coup, il souligne avec beaucoup d'insistance ce fait que l'économie péruvienne ne dispose ni de cadres intermédiaires techniques ni d'ouvriers hautement qualifiés. Il voit bien quelle dépendance en résulte à l'égard du capital étranger qui s'investit au Pérou et amène avec lui des techniques que personne d'autre ne sait mettre en oeuvre. Je crois que les capitalistes concernés savent faire sentir par ce biais là que leur présence est indispensable. J’avais pu m'en rendre compte à l'occasion d'un voyage en Bolivie en rencontrant des professionnels du gaz et du pétrole. Ceux-là plaisantaient sur le fait qu’en toute hypothèse, nationalisation ou pas, les Boliviens ne sauraient pas faire les trous comme eux savent les faire pour sortir les matières premières. Du coup j’ai senti Ollanta Humala bien plus avancé dans la compréhension de l'importance de l'enseignement technique qu'aucun autre des dirigeants latino-américains que j'ai rencontré. Ni même que la plupart des dirigeants européens que je connais. À ce qu'on m'a dit c'est là un thème récurrent de ses interventions en matière d'éducation. Pour ma part je l'ai entendu faire plusieurs développements sur le sujet. Il m'a fait la démonstration classique pour prouver qu'une carrière technique assure un métier et qu'elle est souvent mieux rétribuée qu'une autre, plus généraliste. Il m'a dit qu'il voulait combler le fossé de ce manque « à marche forcée ». « Nous ne dépendrons plus de l'économie minière le jour où nous serons capables de faire autre chose », m'a-t-il dit. Il faut mesurer ce que ce propos a d'extraordinaire. L'enseignement technique et professionnel est la partie du système éducatif la plus méprisée et la moins connue des dirigeants de tous les pays du monde et davantage dans le monde latin que nulle part ailleurs. J’affirme que nous avons exactement le même problème de mépris de caste dans notre pays. Entendre le président du Pérou en parler comme d'une urgence absolue est pour moi un fait sans précédent. Ce n'est pas tout, sur le sujet.

À propos de la jeunesse, le plus grand problème pour lui, me dit-il, c'est cette énorme quantité de jeunes qu’il nomme les « ni-ni ». Ni étudiant, ni travailleurs. Il s'agit des jeunes qui n'étudient pas et qui ne travaillent pas. « Alors que peuvent-ils faire, me dit le président ? Rien, ou de la violence, ou de la délinquance ! Ou alors faire les fourmis pour le trafic de drogue. On leur met un sac sur le dos avec quelques kilos de drogue, ils mettent une capuche par-dessus et ils passent des jours et des nuits dans la montagne à essayer de traverser avec leur cargaison. Nous en capturons beaucoup. Vraiment beaucoup. Nous en avons déjà trois à quatre mille en prison. Et bien sûr ils ne sont pas condamnés à vie. Que veux-tu qu'ils fassent ensuite en sortant de la ? Ils retournent à la vie quotidienne et ils recommencent la seule chose qu'ils savent faire, de la violence et des trafics, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Nous préparons un programme de formation technique pour ceux qui seront volontaires. Ceux-là passeront leur temps de peine à étudier. Sinon quel avenir peuvent-ils espérer ? En Amérique du Sud, le phénomène des bandes de «ni-ni » qui se répartissent des territoires de délinquance est maintenant généralisé. C'est un fléau dont personne ne sait comment sortir une fois qu'il a commencé. Comment convaincre un jeune d'aller chercher du travail quand il peut gagner grâce au trafic de drogue davantage en une journée que son père en un mois de travail honnête ? Il faut régler le problème avant d'en arriver à la cartelisation des zones de délinquance. Il faut que les jeunes aillent directement au travail après leurs études. Pour ça il faut qu'ils finissent leurs études et qu’ils trouvent du travail. Ça c'est notre responsabilité ». Je partage complètement, cela va de soi. J'ai été heureux de l'entendre formuler ce diagnostic. Je sais que nous n’échapperons pas en Europe à ce qu’il décrit. D’une certaine façon je crois que cela est commencé en France et que la récession va précipiter le mouvement. Je n'ai pas relancé cette discussion. Je sais comme lui que le Pérou est devenu le premier pays producteur de cocaïne. Je sais ce qu'il m'en aurait dit et je sais aussi qu'il est sincère.

Je me suis renseigné. Les gens avec qui j'ai pu échanger attestent du fait que les autorités péruviennes au sommet de l'État et du gouvernement sont totalement déterminées et ne font aucun compromis avec le narcotrafic. Ce n'est pas si courant ! Au cours du premier semestre de l'année 2013, presque 300 laboratoires de production de pâte base de cocaïne ont été détruits ainsi que 529 puits de macération et trois pistes d'atterrissage clandestines. Plus de 10 000 hectares de surface de cultures de la coca ont été éradiquées. 10 tonnes de cocaïne ont été saisies et détruites. C'est bien, c'est spectaculaire. Mais ça ne suffit pas. Au Pérou sont produites 325 tonnes de cocaïne par an. Il faut comprendre ce qui se cache derrière ce chiffre, le défi que cela représente pour l'autorité de l'État et même pour la construction d'une société organisée. La culture et le commerce de la drogue pourrit tout ce qui l'approche et l'entoure. En 2011, il y avait eu 11 pistes clandestines d'aviation repérées par satellite. En 2013 il y en avait déjà plus de 75 repérées à la moitié de l'année. Ainsi de tous côtés l'État est mis au défi ! Son espace aérien, son espace fiscal, ses ports, sa jeunesse, les instruments de l'État comme la police, tout est rapidement contaminé. Sans oublier la dimension politique. Car 60 % des cultures sont actuellement sous le contrôle de la pseudo guérilla maoïste « Sentier lumineux ».

Cet aspect ne saurait être négligé. Le lien qui existe entre la culture et le commerce de la cocaïne et la prétendue guérilla « Sentier lumineux » n’est pas anecdotique ici. Il fait ressurgir le fantôme d’un passé qui a laissé un terrible souvenir : celui des années de guerre qui ont défiguré la société péruvienne pendant une décennie. Les gens que j'ai rencontrés, porte-paroles des associations de victimes, parlent de 70 000 morts et 4000 disparus. Comme je m'ébahissais du nombre des morts et du fait que cela se sache si peu, même de gens comme moi qui suivent l'actualité de l'Amérique du Sud depuis tant d'années, on me demanda de bien prendre en compte qui sont ces morts et ces disparus ! Au contraire de la situation du Brésil, de l'Argentine ou du Chili dans le cadre des meurtres planifiés par les dictatures et les nord américains avec le plan Condor, ici toute la bataille a eu lieu dans les campagnes. Les protagonistes dans tous les autres pays étaient urbains. Ils venaient de toutes les classes sociales, certes. Mais beaucoup étaient des cadres, des étudiants, des enfants de la classe moyenne. Ils avaient une voix, des relais et se firent entendre. Rien de tel ici. L'armée patrouillait dans les campagnes, le «Sentier lumineux » et le Mouvement Révolutionnaire Tupac Amaru de même. Les paysans étaient seuls devant eux. Tous seuls. « Tupac Amaru était mieux équipé, m’a raconté un témoin. Ils avaient des armes et certains étaient en uniforme. Ils fusillaient les gens qu’ils condamnaient. Les militaires aussi. Ceux du « Sentier lumineux » étaient plus pauvres, en haillons. Souvent ils n'avaient pas de chaussures. Ils tuaient les gens leur écrasant la tête avec une pierre ou en leur coupant la gorge avec un couteau ou une machette.» Il y avait aussi des attentats en ville qui tuaient les gens à l'aveuglette. Mais pour l'essentiel les victimes sont de pauvres paysans illettrés, sans relation, coupés du monde. Il y a une commission admirable qui a fait le décompte des morts et qui s'est efforcé de rétablir la vérité. Tant d'années après, évidemment, la société veut tourner la page. Il faut le comprendre. Mais beaucoup de familles des victimes ne lâchent pas la prise. Elles se battent encore pour la vérité et les réparations. Ce sont de pauvres gens. Ils méritent notre aide.

Ce 14 juillet, au terme de la cérémonie place de France à Lima, pour la fête nationale des Français à laquelle participent de nombreuses personnalités péruviennes, il y avait un groupe de représentantes des familles des victimes. Elles se sont groupées devant nous pour nous présenter une modeste pancarte large comme une feuille de papier sur lequel était écrit : « familles des victimes ». Rien de plus. L'ambassade de France avait organisé une exposition de photographies qui donnaient des témoignages de cette époque. Je pense que c'est ce qui explique la présence de ces personnes. Quand on voit les photos on comprend mieux… Et on comprend surtout pourquoi le narcotrafic est aussi vécu comme un ticket de retour du passé de guerre civile. Dans ce domaine encore il n'y a pas d'autre issue que la reconstruction de l'État, de son autorité et des moyens qu’il peut mettre en œuvre pour donner à la population une autre issue que la production de coca qui finira dans les puits de macération et les sentiers de fourmis.

C'est tout cela l'arrière-plan d'une discussion comme celle que j'ai pu avoir avec le président péruvien. Un passé terrible, un présent incertain, surplombent toute la décision politique. Le programme le plus simple prend alors une dimension qu’il n'a pas ailleurs ! Il s’agit de construire un État et de le mettre à la disposition de toute la population et non pas seulement de quelques secteurs. Il faut développer massivement les infrastructures pour unifier le marché péruvien et par ce seul moyen offrir des débouchés aux régions enclavées qui s'en tiennent à une économie de subsistance. Par-dessus tout, l’objectif est d’élever le niveau d'éducation et de santé du peuple. Le but est d’éradiquer la très grande pauvreté et de réduire massivement la pauvreté ordinaire. Voilà les quelques axes essentiels auxquels Ollanta Humala s'accroche. En deux ans les résultats sont solides, sérieux, avérés. Pour faire tout cela, il dit qu'il a besoin de la rente minière. « Et tout cela, rappelle-toi, nous sommes en train de le réussir dans la démocratie ». Il aurait pu ajouter : et dans… l'honnêteté. Car ses pires adversaires ne lui disputent pas ce point d'honneur : pour la première fois depuis bien longtemps le président de la république du Pérou est un homme honnête.
Modifié en dernier par Nico37 le 22 juil. 2013, 21:11:55, modifié 1 fois.

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Ramdams
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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Ramdams » 22 juil. 2013, 20:52:44

Ça ne veut plus rien dire "républicain". Tout le spectre politique se dit républicain. Ce mot fait partie de ceux dont a dénaturé complètement le sens, à l'instar de "développement durable".

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wesker
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Re: Le parti de gauche

Message non lu par wesker » 22 juil. 2013, 21:39:31

Le PG, durant la campagne prenait des tonalités "nationales" en particulier à l'égard d'un électorat proche du MRC, un peu orphelin, mais continuent de chanter l'internationale et de nier les vertus de la nation, par conséquent....il ne peut être comparé au FN

Nico37
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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Nico37 » 22 juil. 2013, 21:51:44

wesker a écrit :Le PG, durant la campagne prenait des tonalités "nationales" en particulier à l'égard d'un électorat proche du MRC, un peu orphelin, mais continuent de chanter l'internationale et de nier les vertus de la nation, par conséquent....il ne peut être comparé au FN
Comparer les nationalistes républicains et les autres nationalistes est en effet toujours risqué...
L’action du nationalisme de gauche au Pérou

Voici donc ma synthèse de ce que j’ai compris de mon échange avec le président péruvien. Ici, il n’est question ni de rupture avec le capitalisme ni d’éco-socialisme. La politique du président Humala est celle d’un nationaliste de gauche. Il ne s’agit de rien d’autres que de donner a la communauté péruvienne, conçue comme un tout, son indépendance collective et personnelle. Cette position lui vaut la solide haine du parti médiatique qui l’accable ici comme le sont tous nos amis partout. Cela lui vaut aussi l’incompréhension de plusieurs secteurs de gauche et de sa majorité. Mais ce qu’il fait mérite attention et nous apprend aussi beaucoup de choses. A son sujet comme au sujet de beaucoup d’autres dirigeants et de beaucoup d’autres gouvernants de la vague démocratique il faut absolument renoncer aux vieilles habitudes mentales du passé qui voudraient voir partout ou bien des modèles ou bien des traitres. Ollanta Humala dans ses pires manques est dix mille fois plus à gauche que n’importe quel jour de la vie de François Hollande ou de l’un quelconque des membres de son gouvernement. Par de nombreux aspects de sa politique, il est aussi une source d’inspiration pour notre action.

Toute la politique mise en œuvre au Pérou repose sur la bonne santé de l'économie minière. Ce que l'on appelle « l'extractivisme » a donc encore ici de beaux jours devant soi. La croissance est de six points par an. La croissance reste un horizon indépassable pour nos gouvernements dans cette région. L'intensité de la misère à laquelle il leur faut arracher la société explique cette fixation. Je crois pourtant qu'il faut y ajouter quelque chose qui ne fait pas plaisir à entendre. Je veux parler du retard qui a été pris partout à gauche pour penser un modèle alternatif concret de production et d'échange. Ce genre de travail ne se commence pas quand on accède au pouvoir. Il faut l'avoir fait avant. Sinon tout ce qu'on peut dire ensuite reste des phrases creuses et abstraites que les urgences du quotidien renvoient toujours à demain. En regardant faire ce que fait le gouvernement Ayrault, on comprend plus facilement en quoi consiste le retard de prise de conscience de la vieille gauche. Dans l'Amérique du Sud, nos amis ont pris la direction de leur pays après une période terrible d'ajustement structurel imposé par le FMI. Une immense extension de la pauvreté et surtout de l'extrême pauvreté a été le résultat de cette période. La vague démocratique a d'abord été une rupture avec les politiques de coupes budgétaires et de privations dont le néolibéralisme est le prescripteur. Mais on ne doit pas perdre de vue que si cette urgence et la protestation contre elle ont permis de fédérer des mouvements sociaux et des électeurs de toutes sortes, pour autant, il n'a pas permis de formuler à soi seul un projet d'organisation économique réellement, c’est-à-dire complètement, alternatif. C'est pourquoi dans tous ces pays j'ai pu observer que la sortie de la misère, la formation d'une classe moyenne, l'extension de droits humains concrets, n'ont cependant fait remettre nulle part en cause les fondamentaux des modèles de consommation dominant. C’est un fait extrêmement important qui doit nous servir de leçon. Il ne suffira pas d'en finir avec les options politiques d'austérité et d'ajustement structurel qui dévastent l'Europe. Il faudra rompre aussi avec le modèle de consommation et d'échange. Il ne suffit pas d'en avoir conscience. Il faut se préparer effectivement avec des propositions concrètes et des modes opératoires. Sinon nous ne réglerons aucun des problèmes que rencontre aujourd'hui l'écosystème humain ni aucune des impasses existentielles que construit la société de frustration consumériste. Mais surtout si nous perpétuions les modes et les usages de la société de consommation néolibérale, nous reproduirons en même temps l'ensemble des valeurs et des comportements qui y sont attachés. Dés lors, la révolution citoyenne ne met pas seulement à l'ordre du jour la question du partage de la richesse et des formes de l'exercice du pouvoir. La définition et le contenu de cette richesse, l'objet du pouvoir à exercer et les domaines auxquels ils s'appliquent sont les dimensions qualitatives sans lesquelles le reste ne prend pas de sens de façon durable.

En tout cas, je dois préciser qu’Ollanta Humala ne fait pas de l'activité minière l'horizon indépassable de l'économie péruvienne. Il s'est réjoui de pouvoir me dire que, pour la première fois, le commerce compte davantage que la mine dans la contribution fiscale. Je comprends bien le circuit économique qu'il me décrit et j'admets que tous les plans du gouvernement dépendent de l'alimentation fiscale dont la source est dans les mines. Pour autant je ne sais pas quel est le rapport de force social et donc quelle est la proportion de ce qui est prélevé dans les mines qui revient dans les caisses de l'État. J'ai bien compris que Humala ne veut pas tuer la poule aux oeufs d'or. Il me l’a assez dit. J'ai trouvé qu'il avait tendance à reprendre à son compte des antiennes connues : il y a d'une part l'idéal et d'autre part le réel. Mais dans sa bouche cela ne m’a jamais semblé aussi plein de cette hypocrisie que l’on note sur ce thème en Europe où ce refrain sert de prétexte pour justifier que l’on ne fasse rien d’autres que de continuer « la seule politique possible ». J’ai lu que Manuel Valls avait réitéré son numéro sur ce thème en faisant l’apologie du « réformisme assumé » de François Hollande, pour faire semblant de recommencer le débat entre réforme et révolution qui a fait les grandes heures de ce type de droitier complexé. Aucun journaliste n’a eu l’insolence de lui demander de quelle réforme progressiste accomplie par François Hollande il parlait. Il est vrai que beaucoup de ses auditeurs ne comprennent même pas de quoi il est question, tout simplement.

J’en reviens à Ollanta Humala. Il ne se résigne sur aucun thème. Je l’ai trouvé très pointu sur bien des questions concrètes concernant les moyens d'agir. Son souci sincère est de parvenir à ce point ou l’activité minière ne sera plus l’alpha et l’oméga de la politique de ce pays. Du coup, il souligne avec beaucoup d'insistance ce fait que l'économie péruvienne ne dispose ni de cadres intermédiaires techniques ni d'ouvriers hautement qualifiés. Il voit bien quelle dépendance en résulte à l'égard du capital étranger qui s'investit au Pérou et amène avec lui des techniques que personne d'autre ne sait mettre en oeuvre. Je crois que les capitalistes concernés savent faire sentir par ce biais là que leur présence est indispensable. J’avais pu m'en rendre compte à l'occasion d'un voyage en Bolivie en rencontrant des professionnels du gaz et du pétrole. Ceux-là plaisantaient sur le fait qu’en toute hypothèse, nationalisation ou pas, les Boliviens ne sauraient pas faire les trous comme eux savent les faire pour sortir les matières premières. Du coup j’ai senti Ollanta Humala bien plus avancé dans la compréhension de l'importance de l'enseignement technique qu'aucun autre des dirigeants latino-américains que j'ai rencontré. Ni même que la plupart des dirigeants européens que je connais. À ce qu'on m'a dit c'est là un thème récurrent de ses interventions en matière d'éducation. Pour ma part je l'ai entendu faire plusieurs développements sur le sujet. Il m'a fait la démonstration classique pour prouver qu'une carrière technique assure un métier et qu'elle est souvent mieux rétribuée qu'une autre, plus généraliste. Il m'a dit qu'il voulait combler le fossé de ce manque « à marche forcée ». « Nous ne dépendrons plus de l'économie minière le jour où nous serons capables de faire autre chose », m'a-t-il dit. Il faut mesurer ce que ce propos a d'extraordinaire. L'enseignement technique et professionnel est la partie du système éducatif la plus méprisée et la moins connue des dirigeants de tous les pays du monde et davantage dans le monde latin que nulle part ailleurs. J’affirme que nous avons exactement le même problème de mépris de caste dans notre pays. Entendre le président du Pérou en parler comme d'une urgence absolue est pour moi un fait sans précédent. Ce n'est pas tout, sur le sujet.

À propos de la jeunesse, le plus grand problème pour lui, me dit-il, c'est cette énorme quantité de jeunes qu’il nomme les « ni-ni ». Ni étudiant, ni travailleurs. Il s'agit des jeunes qui n'étudient pas et qui ne travaillent pas. « Alors que peuvent-ils faire, me dit le président ? Rien, ou de la violence, ou de la délinquance ! Ou alors faire les fourmis pour le trafic de drogue. On leur met un sac sur le dos avec quelques kilos de drogue, ils mettent une capuche par-dessus et ils passent des jours et des nuits dans la montagne à essayer de traverser avec leur cargaison. Nous en capturons beaucoup. Vraiment beaucoup. Nous en avons déjà trois à quatre mille en prison. Et bien sûr ils ne sont pas condamnés à vie. Que veux-tu qu'ils fassent ensuite en sortant de la ? Ils retournent à la vie quotidienne et ils recommencent la seule chose qu'ils savent faire, de la violence et des trafics, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Nous préparons un programme de formation technique pour ceux qui seront volontaires. Ceux-là passeront leur temps de peine à étudier. Sinon quel avenir peuvent-ils espérer ? En Amérique du Sud, le phénomène des bandes de «ni-ni » qui se répartissent des territoires de délinquance est maintenant généralisé. C'est un fléau dont personne ne sait comment sortir une fois qu'il a commencé. Comment convaincre un jeune d'aller chercher du travail quand il peut gagner grâce au trafic de drogue davantage en une journée que son père en un mois de travail honnête ? Il faut régler le problème avant d'en arriver à la cartelisation des zones de délinquance. Il faut que les jeunes aillent directement au travail après leurs études. Pour ça il faut qu'ils finissent leurs études et qu’ils trouvent du travail. Ça c'est notre responsabilité ». Je partage complètement, cela va de soi. J'ai été heureux de l'entendre formuler ce diagnostic. Je sais que nous n’échapperons pas en Europe à ce qu’il décrit. D’une certaine façon je crois que cela est commencé en France et que la récession va précipiter le mouvement. Je n'ai pas relancé cette discussion. Je sais comme lui que le Pérou est devenu le premier pays producteur de cocaïne. Je sais ce qu'il m'en aurait dit et je sais aussi qu'il est sincère.

Je me suis renseigné. Les gens avec qui j'ai pu échanger attestent du fait que les autorités péruviennes au sommet de l'État et du gouvernement sont totalement déterminées et ne font aucun compromis avec le narcotrafic. Ce n'est pas si courant ! Au cours du premier semestre de l'année 2013, presque 300 laboratoires de production de pâte base de cocaïne ont été détruits ainsi que 529 puits de macération et trois pistes d'atterrissage clandestines. Plus de 10 000 hectares de surface de cultures de la coca ont été éradiquées. 10 tonnes de cocaïne ont été saisies et détruites. C'est bien, c'est spectaculaire. Mais ça ne suffit pas. Au Pérou sont produites 325 tonnes de cocaïne par an. Il faut comprendre ce qui se cache derrière ce chiffre, le défi que cela représente pour l'autorité de l'État et même pour la construction d'une société organisée. La culture et le commerce de la drogue pourrit tout ce qui l'approche et l'entoure. En 2011, il y avait eu 11 pistes clandestines d'aviation repérées par satellite. En 2013 il y en avait déjà plus de 75 repérées à la moitié de l'année. Ainsi de tous côtés l'État est mis au défi ! Son espace aérien, son espace fiscal, ses ports, sa jeunesse, les instruments de l'État comme la police, tout est rapidement contaminé. Sans oublier la dimension politique. Car 60 % des cultures sont actuellement sous le contrôle de la pseudo guérilla maoïste « Sentier lumineux ».

Cet aspect ne saurait être négligé. Le lien qui existe entre la culture et le commerce de la cocaïne et la prétendue guérilla « Sentier lumineux » n’est pas anecdotique ici. Il fait ressurgir le fantôme d’un passé qui a laissé un terrible souvenir : celui des années de guerre qui ont défiguré la société péruvienne pendant une décennie. Les gens que j'ai rencontrés, porte-paroles des associations de victimes, parlent de 70 000 morts et 4000 disparus. Comme je m'ébahissais du nombre des morts et du fait que cela se sache si peu, même de gens comme moi qui suivent l'actualité de l'Amérique du Sud depuis tant d'années, on me demanda de bien prendre en compte qui sont ces morts et ces disparus ! Au contraire de la situation du Brésil, de l'Argentine ou du Chili dans le cadre des meurtres planifiés par les dictatures et les nord américains avec le plan Condor, ici toute la bataille a eu lieu dans les campagnes. Les protagonistes dans tous les autres pays étaient urbains. Ils venaient de toutes les classes sociales, certes. Mais beaucoup étaient des cadres, des étudiants, des enfants de la classe moyenne. Ils avaient une voix, des relais et se firent entendre. Rien de tel ici. L'armée patrouillait dans les campagnes, le «Sentier lumineux » et le Mouvement Révolutionnaire Tupac Amaru de même. Les paysans étaient seuls devant eux. Tous seuls. « Tupac Amaru était mieux équipé, m’a raconté un témoin. Ils avaient des armes et certains étaient en uniforme. Ils fusillaient les gens qu’ils condamnaient. Les militaires aussi. Ceux du « Sentier lumineux » étaient plus pauvres, en haillons. Souvent ils n'avaient pas de chaussures. Ils tuaient les gens leur écrasant la tête avec une pierre ou en leur coupant la gorge avec un couteau ou une machette.» Il y avait aussi des attentats en ville qui tuaient les gens à l'aveuglette. Mais pour l'essentiel les victimes sont de pauvres paysans illettrés, sans relation, coupés du monde. Il y a une commission admirable qui a fait le décompte des morts et qui s'est efforcé de rétablir la vérité. Tant d'années après, évidemment, la société veut tourner la page. Il faut le comprendre. Mais beaucoup de familles des victimes ne lâchent pas la prise. Elles se battent encore pour la vérité et les réparations. Ce sont de pauvres gens. Ils méritent notre aide.

Ce 14 juillet, au terme de la cérémonie place de France à Lima, pour la fête nationale des Français à laquelle participent de nombreuses personnalités péruviennes, il y avait un groupe de représentantes des familles des victimes. Elles se sont groupées devant nous pour nous présenter une modeste pancarte large comme une feuille de papier sur lequel était écrit : « familles des victimes ». Rien de plus. L'ambassade de France avait organisé une exposition de photographies qui donnaient des témoignages de cette époque. Je pense que c'est ce qui explique la présence de ces personnes. Quand on voit les photos on comprend mieux… Et on comprend surtout pourquoi le narcotrafic est aussi vécu comme un ticket de retour du passé de guerre civile. Dans ce domaine encore il n'y a pas d'autre issue que la reconstruction de l'État, de son autorité et des moyens qu’il peut mettre en œuvre pour donner à la population une autre issue que la production de coca qui finira dans les puits de macération et les sentiers de fourmis.

C'est tout cela l'arrière-plan d'une discussion comme celle que j'ai pu avoir avec le président péruvien. Un passé terrible, un présent incertain, surplombent toute la décision politique. Le programme le plus simple prend alors une dimension qu’il n'a pas ailleurs ! Il s’agit de construire un État et de le mettre à la disposition de toute la population et non pas seulement de quelques secteurs. Il faut développer massivement les infrastructures pour unifier le marché péruvien et par ce seul moyen offrir des débouchés aux régions enclavées qui s'en tiennent à une économie de subsistance. Par-dessus tout, l’objectif est d’élever le niveau d'éducation et de santé du peuple. Le but est d’éradiquer la très grande pauvreté et de réduire massivement la pauvreté ordinaire. Voilà les quelques axes essentiels auxquels Ollanta Humala s'accroche. En deux ans les résultats sont solides, sérieux, avérés. Pour faire tout cela, il dit qu'il a besoin de la rente minière. « Et tout cela, rappelle-toi, nous sommes en train de le réussir dans la démocratie ». Il aurait pu ajouter : et dans… l'honnêteté. Car ses pires adversaires ne lui disputent pas ce point d'honneur : pour la première fois depuis bien longtemps le président de la république du Pérou est un homme honnête.

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Ramdams
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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Ramdams » 23 juil. 2013, 10:17:56

Systématiquement, le nationalisme de gauche s'accompagne d'un culte de la personnalité du chef d’État. C'est moins souvent le cas pour le nationalisme de droite.

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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Narbonne » 23 juil. 2013, 11:38:06

C'est kif kif.
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.

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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Nombrilist » 23 juil. 2013, 11:52:43

Sous Sarko, il y avait culte de la personnalité.

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Ramdams
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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Ramdams » 23 juil. 2013, 13:17:24

Sarkozy n'était pas nationaliste, loin de là...

Nico37
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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Nico37 » 23 juil. 2013, 17:59:04

Ramdams a écrit :Sarkozy n'était pas nationaliste, loin de là...
Non, non, pas du tout :mrgreen: Et Franco, Salazar, Mussolini, Hitler, Pinochet etc. tu connais :?: Sinon demande à Vodrebka...
Et donc le PG n'est pas nationaliste :?:

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Jeff Van Planet
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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Jeff Van Planet » 23 juil. 2013, 18:50:35

wesker a écrit :Le PG, durant la campagne prenait des tonalités "nationales" en particulier à l'égard d'un électorat proche du MRC, un peu orphelin, mais continuent de chanter l'internationale et de nier les vertus de la nation, par conséquent....il ne peut être comparé au FN
et pourtant...
qu'est ce que le nationalisme?
Le nationalisme est la collectivisation et la planification centralisée de:
-l'identité(identification)
-de la culture
-de la morale
-de la culture
-de nos achats.

les deux fronts sont identiques dans leurs volonté de contrôle sur la population. d'où ma provocation à les appelés "front national de gauche" et "front de gauche national".

De plus si vous regardez le programme économique de dame Le Pen, çà ressemble franchement au programme des socialos historiques.

Bref, rien de nouveau, juste ce qui à était fait maintes fois toujours suivit d'échecs et toujours abandonné.
Le grand problème de notre système démocratique c'est qu'il permet de faire démocratiquement des choses non démocratiques.
J.Saramago

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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Nombrilist » 23 juil. 2013, 19:12:20

Le nationalisme est la collectivisation et la planification centralisée de:
-l'identité(identification)
-de la culture
-de la morale
-de la culture
-de nos achats.

Maintenant, il faudrait démontrer cela pour le FG. Bon courage.

Nico37
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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Nico37 » 23 juil. 2013, 19:27:18

Jeff Van Planet a écrit :
wesker a écrit :Le PG, durant la campagne prenait des tonalités "nationales" en particulier à l'égard d'un électorat proche du MRC, un peu orphelin, mais continuent de chanter l'internationale et de nier les vertus de la nation, par conséquent....il ne peut être comparé au FN
et pourtant...
qu'est ce que le nationalisme?
Le nationalisme est la collectivisation et la planification centralisée de:
-l'identité(identification)
-de la culture
-de la morale
-de la culture
-de nos achats.

les deux fronts sont identiques dans leurs volonté de contrôle sur la population. d'où ma provocation à les appelés "front national de gauche" et "front de gauche national".

De plus si vous regardez le programme économique de dame Le Pen, çà ressemble franchement au programme des socialos historiques.

Bref, rien de nouveau, juste ce qui à était fait maintes fois toujours suivit d'échecs et toujours abandonné.
Le nationalisme est aux antipodes de la collectivisation puisque c'est la collaboration de classe en l'absence de toute planification. De plus s'il y a planification (et collectivisation) il n'y a plus d'achat mais redistribution de la production...
Mr Mélenchon et le Pérou CS Cajamarca

COMITÉ DE SOLIDARITÉ AVEC CAJAMARCA : LES DÉCLARATIONS DE JEAN-LUC MÉLENCHON SUR LE GOUVERNEMENT D’OLLANTA HUMALA

Le dimanche 14 juillet 2013, Jean-Luc Mélenchon, un des leaders du Parti de Gauche, était au Pérou où il s’est entretenu avec le président de la République péruvienne, Ollanta Humala. Cette visite cordiale d’une des figures de la gauche française a été relatée par Mr Mélenchon lui-même sur son blog et sur le site du Parti de Gauche. S’il fallait n’en retenir que quelques mots, elle se résumerait ainsi : « Ollanta Humala, le président du Pérou, fait vite et bien ce que le président d’un pays riche comme le nôtre se montre incapable de commencer ». [le texte de JL Mélenchon sur son blog]

Eloge du gouvernement péruvien d’un côté et critique au gouvernement français de l’autre, la manœuvre est simple et efficace. Problème : il semble que Mr Mélenchon ait été mal renseigné sur la politique menée par le président péruvien. Rappelons que « la création d’une retraite » évoquée par Mr Mélenchon est en fait un programme social « Pension 65 » – et non un système de retraite – qui, jusqu’à présent, n’est opérationnel que sur 5% du territoire et se trouve déjà entaché d’un scandale de corruption. La croissance n’est pas de six points mais de sept pour l’année 2012, largement soutenue par les exportations du secteur minier (60% des exportations nationales en 2012). Or, les principales régions d’extraction des matières premières coïncident encore et toujours avec les régions les plus pauvres du pays (Cajamarca en est l’exemple).

Ceci ne nous semble pas « être le chemin du développement humain ». L’est encore moins la violente répression s’exerçant dans le cadre des nombreux conflits sociaux agitant le pays. Selon un rapport de la CIDH : depuis 2011, année de l’arrivée d’Ollanta Humala au pouvoir, 24 manifestants ont été assassinés et 649 personnes ont été blessées par la police et l’armée, qui ont utilisé même des armes de guerre contre eux. Au Pérou, on ne se réjouit peut-être pas de l’existence des riches mais on en subit autant qu’ailleurs l’emprise, le peuple de Cajamarca dans sa lutte contre la multinationale Newmont-Buenaventura-Yanacocha en sait quelque chose : il y est le spectateur quotidien de l’acoquinement du gouvernement d’Humala avec le grand capital.

Le président Ollanta Humala perpétue la même politique et suit le même chemin que ses prédécesseurs Alberto Fujimori ou Alan Garcia, par ailleurs critiqués par Jean Luc Mélenchon, c’est-à-dire l’octroi sans limites de concessions et de droits à des sociétés multinationales dans l’extraction des ressources du pays et ce au détriment des industries et des populations locales. Actuellement plus de 50% du territoire péruvien est sous concession d’entreprises minières ou pétrolières, essentiellement des multinationales et dans leur majorité Nord-Américaines, c’est une étrange manière d’être indépendant quand on sait que la loi permet aux multinationales de louer les services de la police nationale.

Qu’un homme de gauche comme Mr Mélenchon se retrouve soudainement à soutenir un gouvernement de droite est suffisamment grave pour être dénoncé par les acteurs qui, depuis la France, travaillent activement pour dénoncer les dérives de la politique néolibérale de Mr Humala. Le Comité de Solidarité avec Cajamarca, formé il y a presque deux ans, en soutien à un des mouvements sociaux les plus importants en Amérique Latine actuellement (le mouvement du « No à Conga » né de l’opposition au mégaprojet minier Conga), se déclare préoccupé par cette utilisation politicienne que Mr Mélenchon fait de la politique péruvienne.

Cette manœuvre de désinformation des citoyens français et des militants du Parti de Gauche nous paraît d’autant plus scandaleuse que Mr Mélenchon peut difficilement nier que plusieurs tentatives de sensibilisation sur la situation péruvienne ont été menées par le Comité de Solidarité avec Cajamarca auprès du Parti de Gauche. D’ailleurs, des représentants parisiens du PG avaient participé à une mobilisation devant l’ambassade du Pérou l’an dernier pour dénoncer la répression du gouvernement ayant tout de même coûté la vie à cinq manifestants. Cependant et depuis lors, le Parti de Gauche s’est abstenu – à la différence des 23 organisations politiques, syndicales et sociales signataires du communiqué du premier juin 2013 adressé au président Humala – de toute participation aux actions ou communications publiques réalisées par le Comité. Ce silence, puis les dernières déclarations de Mr Mélenchon, laissent penser que l’intérêt de ce dernier pour le Pérou est des plus superficiels et ne vise qu’à une chose : multiplier les déclarations d’opposition envers le gouvernement français. Pire, Mr Mélenchon, loin de méconnaître le cas péruvien, le balaie d’un revers de main en faisant le jeu de la droite péruvienne et en délégitimant la lutte des peuples originaires qui défendent sans relâche leurs terres et une autre vision du développement humain depuis déjà presque deux ans. C’est le cas, entre autres, des Gardiens des lacs de la région de Cajamarca.

Le Comité de Solidarité avec Cajamarca invite Mr Mélenchon, mais aussi tous les militants du Parti de Gauche, à reconsidérer cette prise de position qui va à l’encontre du travail réalisé par le Comité et les organisations signataires et qui alimente des pratiques aussi condamnables que celle de la désinformation. Notre Comité et ses alliés redoubleront d’efforts pour surmonter tous les obstacles à cette tâche indispensable, à cet engagement solennel avec le peuple de Cajamarca dans sa lutte légitime que nous avons pris ensemble, au compte des intérêts finalement de l’ensemble des peuples du Pérou.

Non à l’imposition du projet minier Conga par l’État péruvien et la multinationale minière Newmont-Buenaventura-Yanacocha !
Non à la répression violente exercée par le gouvernement Humala !
Vive les Gardiens des lacs et le peuple de Cajamarca !

Conga No Va, ni ahora ni nunca !

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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Ramdams » 23 juil. 2013, 19:40:09

Nico37 a écrit :
Ramdams a écrit :Sarkozy n'était pas nationaliste, loin de là...
Non, non, pas du tout :mrgreen:
C'est de l'ironie ? Car j'ai bien envie que tu me prouves en quoi Sarkozy est nationaliste. :shock: À part quelques renvois d'immigrés pour sa com', je ne vois pas.
Jeff Van Planet a écrit :Le nationalisme est la collectivisation et la planification centralisée de:
-l'identité(identification)
-de la culture
On peut déjà s'arrêter là. Le Parti/Front de gauche ne veut pas uniformiser l'identité et la culture, loin de là. Il veut multiplier le plus possible les sources et influences directes. En petits chimistes, ils veulent le métissage à tout prix. La sacrosainte di-ver-si-té. La promotion, voire la revendication des origines de chaque individu. Le nationalisme vise au contraire à ce que les citoyens aient une histoire, une culture, des références communes.

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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Jeff Van Planet » 23 juil. 2013, 20:08:41

Nombrilist a écrit :Le nationalisme est la collectivisation et la planification centralisée de:
-l'identité(identification)
-de la culture
-de la morale
-de la culture
-de nos achats.

Maintenant, il faudrait démontrer cela pour le FG. Bon courage.
Pour le FDG, c'est de la collectivisation et de la planification centralisée de:
-Notre temps de travail
-de nos salaires
-de notre façon de produire/consommer.


Bref: dans les deux cas, de la collectivisation, un état intrusif dans nos vies.

********************** @Nico37:

Détrompez vous! le socialisme à besoins de la nation pour appliquer ses planifications économiques. Sans un état fort il est totalement impossible de façonner la société(voir définition de socialisme du larousse -présente en ligne- ).
De plus il suffit de lire ce que disent les plus fanatique du FN pour constater que c'est un discours clairement socialiste, d'ailleurs la seule chose qui leurs fait "aimer" la nation est un besoin de celle-ci pour appliquer des doctrines socialisantes(n'est ce pas Wesker? ^^ )

Maintenant on peut toujours se voiler la face avec l'axe droite/gauche en se disant que ces deux mouvements sont très différents car aux antipodes.
Mais pour moi qui regarde les choses par un diagramme de Nolan ( http://ami.du.laissez-faire.eu/_test1.php5 je parle du tableau en bas) ils sont très proches.
Le grand problème de notre système démocratique c'est qu'il permet de faire démocratiquement des choses non démocratiques.
J.Saramago

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Re: Le parti de gauche

Message non lu par Nico37 » 23 juil. 2013, 21:07:58

Déjà Nolan est obsolète vu la montagne de critique subie et la distance entre Bolcheviks (orthographe à l'ancienne) et Nationalistes laisse songeur... Et tous les nationalistes ne sont pas fascistes mais si c'est l'inévitable porte d'entrée vers...
La sociale démocratie keynésienne a besoin d'un Welfare state qui peut être un Etat fort, le socialisme a fortiori révolutionnaire a pour but le dépérissement de l'Etat pour arriver à une société sans classe ni Etat (le communisme).

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