Qu'en pensez vous ?Le Jdd a écrit :Il devait être limité à des cas exceptionnels, mais le travail de nuit ne cesse d’augmenter. Un rapport du Conseil économique, social et environnemental (Cese), adopté le mois dernier, a pointé du doigt cette tendance. La France comptait 3,6 millions de salariés débutant après minuit en 2008, après 2,5 millions en 1991. Le recours aux horaires décalés concerne de plus en plus de femmes. Une loi de mai 2001 a mis fin à l’interdiction du travail nocturne féminin dans les usines, mettant la France en conformité avec les directives européennes. Le Cese en fait une "véritable question de santé publique" qui n’a pas échappé aux autorités sanitaires. Le professeur Damien Léger, responsable du Centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel-Dieu, à Paris, pilotera à la rentrée un groupe de travail dont les recommandations seront remises à la Haute Autorité de santé l’an prochain. Il détaille les enjeux pour le JDD. Le Cese préconise la limitation de ces horaires qui nuisent "à la vie sociale et familiale". L’amplitude légale va de 21 heures à 6 heures. Le rapport encourage le gouvernement à prendre en compte sa pénibilité dans la réforme des retraites, une idée partagée par le ministre du Travail, Eric Woerth. Quels sont les effets du travail de nuit? Nous constatons un manque de sommeil et une moindre vigilance. Les gens qui travaillent la nuit dorment en moyenne une heure de moins que ceux qui travaillent de jour. Soit 40 à 50 nuits en moins au bout d’un an. A long terme, les risques de diabète et d’obésité augmentent. Car l’horloge biologique est désynchronisée. Or sa fonction est, entre autres, de favoriser l’équilibre énergétique et de lutter contre le surpoids. Quand on travaille la nuit, on a tendance à grignoter. Et à faire moins d’activité physique. A long terme, les travailleurs de nuit courent aussi deux à trois fois plus de risques d’infarctus ou d’accident vasculaire cérébral. Et de dépression? Ne pas dormir suffisamment fait réagir de façon plus anxiogène. La fréquence des dépressions est une fois et demie à deux fois plus importante que chez les travailleurs de jour. Les femmes semblent très exposées… Les études montrent un risque accru de cancer du sein, de fausse couche et d’accouchement prématuré. Les salariés sont-ils plus fréquemment victimes d’accidents du travail? Le nombre d’accidents est important mais ceux-ci ne sont pas toujours déclarés quand ils sont bénins. Il faut intégrer les accidents de la route, au retour du travail, deux à trois fois plus fréquents. Sans oublier les catastrophes industrielles. Je pense à l’Exxon Valdez et à la navette Challenger. Les ingénieurs de la Nasa avaient sommeillé trois à quatre heures les jours précédant le lancement. Ils auraient pu redresser la trajectoire de l’engin mais ils n’ont pas été assez réactifs. Que peut-on faire? La prévention et l’information peuvent être améliorées. Les salariés ne doivent pas limiter la durée de leur sommeil. Ils se réveillent au bout de quatre à cinq heures puis ils ont du mal à se recoucher. Ils devraient faire une sieste d’une heure au minimum et maintenir trois repas par jour, avec une nourriture riche en protéines avant d’aller travailler. Par ailleurs, il s’agit de limiter le travail de nuit qui n’est pas indispensable. Cette pénibilité doit-elle être prise en compte dans la réforme de la retraite? Il est sûr que le travail de nuit est pénible et fatigant. Et à long terme, les salariés semblent davantage affectés par l’altération de leur rythme biologique, même s’il est difficile de l’établir scientifiquement.
A plus tard,