intégralité de l'article ...« Je préfère un enfant présentant un faible risque de cancer colorectal, une grande probabilité d’avoir des yeux verts et la plus grande espérance de vie possible ». Ce cas concret, jugé réalisable, se trouve dans la description du brevet délivré le 24 septembre 2013 à la société 23andMe.
Un brevet qui devrait permettre, grâce au séquençage à haut débit des génomes couplé à un système informatique, de choisir des donneurs de gamètes en fonction des probabilités qu’ils ont de transmettre certaines prédispositions à des maladies, mais aussi des traits physiques et de tempérament.
Ainsi, les couples engagés dans un processus de procréation médicalement assistée avec donneurs (fécondation in vitro ou insémination) pourront indiquer leurs préférences : couleur des yeux, taille, tolérance à l’alcool... Ils pourront aussi choisir entre un enfant « plutôt sprinteur » et un enfant « plutôt endurant ».
Les réactions à la délivrance d'un tel brevet ne se sont pas fait attendre. Outre les médias, qui évoquent les risques d'eugénisme, de nombreux généticiens ou chercheurs en bioéthique appellent à ne pas développer ce brevet. Réagissant à la controverse, la société a précisé sur son blog qu’elle n’utiliserait pas l'outil de cette manière peu éthique : « Lorsque nous avons déposé le brevet, nous pensions que cette technologie pourrait connaître des applications dans les cliniques de fertilité, donc nous avons ajouté cette possibilité. Mais les choses ont évolué depuis et notre stratégie également. Notre société n’a encore jamais utilisé cet outil au-delà de notre "calculateur d’hérédité" et nous n’avons pas l’intention de le faire ». Une défense qui laisse dubitatif, puisqu'il a fallu quinze ans de travaux à 23andMe pour obtenir le brevet et des milliers de dollars d'investissement… Interrogée sur ce point, l’entreprise refuse de donner plus d’explications.
En cette période où l'on met beaucoup en avant le droit de l'enfant, trouvez vous contestable que des parents prennent les mesures afin que leur enfant naisse avec un bon patrimoine génétique ?