Il semble qu'à partir d'un certain niveau, il n'y a plus aucune différence entre les idéologies. Il ne reste plus que l'argent et les intérêts. Qu'en pensez-vous ?Jeune journaliste, j'assiste, à l'université de Stanford en Californie, à une manifestation riche d'enseignements : la cinquième conférence industrielle internationale, qui regroupe les responsables des plus grandes banques et des principales entreprises mondiales, auxquels se sont joints de nombreux dirigeants politiques. J'ai l'impression d'assister à l'Assemblée générale d'une ONU du monde des affaires. Je rencontre pour la première fois David Rockefeller, courtois et souriant, je crois John McCone, ancien directeur de la CIA et vice-président d'ITT, dont j'ignore bien évidemment à l'époque le rôle qu'il vient de jouer dans la chute d'Allende.
Un couple me fascine : celui formé par le ministre des Finances allemand, le socialiste Helmut Schmidt, futur chancelier, et le président d'honner de la Deutsche Bank, qui n'est autre que Hermann Abs, ancien collaborateur d'Hitler.
Un autre spectacle me stupéfie, alors que Salvador Allende vient à peine d'être assassiné ! Le président du quotidien chilien El Mercurio, qui fut l'adversaire déclaré d'Allende et affiche son soutien à Pinochet, converse cordialement avec German Vishiany. Ce personnage, gendre du Premier ministre soviétique Alekseï Kossyguine, responsable de haut rang du KGB, préside le comité d'Etat pour la science et la technologie, l'organisme chargé de négocier avec les banques et les entreprises occidentales.
Moi qui crois encore aux clivages et antagonismes idéologiques, j'observe, fasciné, ces représentants des deux formes de totalitarismes, fasciste et communiste, s'esclaffer, échanger des plaisanteries comme deux vieux complices.
A l'entrée de l'université de Stanford, de petits groupes de manifestants brandissent des pancartes condamnant le rôle joué par certaines banques et firmes multinationales dans la chute du gouvernement chilien. L'une des cibles des manifestants est Peter Peterson, présent à la réunion. Le ministre du Commerce de Nixon qui va, quelques mois plus tard, prendre la tête de la banque Lehman Brothers, a joué un rôle clé dans la coopération financière et commerciale accrue avec Moscou, mais aussi dans la coordination du blocus économique à l'encontre du Chili. Face à ces accusations, je le vois hausser les épaules, indifférent, en lâchant : "Cette conférence n'a rien à voir avec la politique".
La face cachée des banques
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Voilà un livre incroyable dont je vous met un extrait qui m'a interpellé (p. 41) :
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